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Punition du duc
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rager, p. 748.
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à mépris, & afin que les autres femmes apprennent
par cet exemple à fuir la débauche & l’adultere. Et
fon ordre fut exécuté.
Le pape Celeftin avoit excommunié Leopold
duc d’Auftriche , pour avoir pris le roi Richard ,
qui comme croifé , étoit fous la protedtion du faint
fiege ; & en avoit exigé une grofFe rançon-, & pour
fureté, des otages. Le duc témoigna vouloir fatis-
fairc, & le pape écrivit ainfi à levêque de Vérone
fon légat : Nous voulons que vous preniez ferment
du duc d’Auftriche , qu’il obéira en tout à
nos ordres ; puis vous lui commanderez de délivrer
tous les otages du roi d’Angleterre, de le décharger
des conditions qu’il a exigées de lu i, & de
reftituer tout ce qu’il a reçû de fa rançon , & de
fatisfaire entièrement pour l’injure & le dommage
qu’il lui a caufé. Alors vous lui donnerez l’abfolu-
tion , à lui & aux fiens , 8c leverez l'interdit jetté
fur fes terres. Vous leur ordonnerez de plus, d’aller
au plutôt à la terre fainte & d'y faire le fervice
de J. C . autant de tems que le roi a été en prifon.
A faute de q u o i, vous les remettrez dans l’excommunication.
La lettre eft du fixiéme de Juin
1 1 5 4 .
Le duc d’Auftriche aima mieujc demeurer excommunié
, à quoi on attribua les malheurs qui
lui arrivèrent cette année. Toutes les villes de fon
duché furent brûlées fans qu’on en fçût la cau-
fe : le Danube en inonda une partie , ou plus de
dix mille perfonnes furent noyées : il y eut pendant
l ’été une fceheieiTe extraordinaire , & des
vers
i l V R E s o i x a n t e - q u a t o r z i e ’me. ' 64Ï
Vers confirmèrent les herbages ; les plus nobles du
païs moururent de la maladie. Tous ces fléaux ne le
touchèrent point -,8c il jura qu’il feroit mourir les
otages du roi d’Angleterre, s’il n’accompliiîoit au
plutôt tout ce qu’il lui avoit promis. Mais la même
année 1124. le lendemain dé Noël jour de faint
Eftienne, le duc d’Auftriche étant forti, fon cheval
tomba fur lui 8c lui rompit le pied , en forte qu’il
le lui fallut couper ; 8c comme perfonne n’ofoit
faire cette opération, il la fit lui-même aidé par un
Valet de ehambre, mais iî mal qu’on defefpera de
fa vie. Alors il fit appeller les évêques & les fei-
gneurs qui étoient venus celebrer avec lui la fête,
& demanda aux prélats i’abfolution des cenfures
portées contre lui par le pape. Tout le clergé lui
répondit, qu’il ne feroit point abfous, s’il ne pro-
metcoit par ferment de fe foumettre au jugement
de l’églile pour les faits dont il s’agifToit,. 8c fi les f.7
grands de fon duché ne faifoicnc avec lui le même
ferment, 8c ne promettoient de l’accomplir pour
lui fi la mort le prévenoit.
Aïant reçû l’abfolution à ces conditions, il commanda
de délivrer les otages du roi d’Angleterre ,
êc lui remit l’argent qu’il lu idevo it.il mourut ainfi ;
mais le duc fon fuccefleur, s’oppofa avec quelques
feîgneurs à l’execution de fes ordres ; c’eft
pourquoi le clergé ne permit point que fon corps
fût enterré, & il demeura huit jours fans fépulture
jufques à ce qu’on eût délivré tous les otages. On
leur offrit meme quatre mille marcs d’argent pour
reporter en Angleterre, de ce qui avoit été paie de
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