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'— ---------- fauteüil aïant des deux cotez fes évêques 6c Tes
A N. 1177. <;arJ inauXi il fie aiTeoir l’empereur à fa droite au-
deflus de fes évêques & des cardinaux prêtres, &
Romuald archevêque de Salerne à fa gauche au-
deflus des cardinaux diacres. Quand on eut fait fi-
lence le pape fit un petit difeours, où il témoigna
fa joie de la converfion de l’empereur , & finit en
déclarant qu’il le recevoir à bras ouverts, comme
fon cher fils, avec l’imperatrice fon époufe & leur
fils le roi Henri. Enfuice l’empereur aïant ôté fon
manteau fe leva de fon fauteüil, & commença a
parler en Allemand : fon chancelier Chriftien expliquant
en Italien vulgaire ce qu’il difoit. En ce
difeours l’empereur reconnut publiquement qu’il
s’étoit trompé en fuivant de mauvais confeils , &
qu’il avoit attaqué l’églife croiant la defendre : il
remercia Dieu de l’avoir tiré d’erreur, & déclara
qu’ il quittoit le fchifme , qù’il reconnoiffoit Alexandre
pour pape légitime , 6c rendoit fa paix au
roi de Sicile 6c aux Lombards.
Ce difeours fut fuivi de grandes acclamations à
la loüange de l'empereur, puis on apporta les évangiles
, les reliques 6c la vraie croix ; & par ordre de
l ’empereur Henri comte de DieiTe jura fur l’ame
de ce prince, qu'il obfervcroit fidelemei* la paix
entre l ’églife & l’empire, la paix avec le' roi de Sicile
pour quinze ans,& Ia trêve de fix ans avec les
Lombards , comme les commiifaires l’avoient accordée
& rédigée par écrit. Douze princes de
l’empire tant ecclefiaftiques que féculiers, firent
JLe même ferment. Auffi-tôt Romuald archeveque
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de Salerne fe leva 6c jura fur les évangiles, que "-------------*
quand les envoïez de l’empereur feroient arrivez en n 7 ? ‘
Sicile, le roi feroit jurer pour lui par quelqu’un des
feigneursl’obfervation de la pai'x pour quinze ans ;
& feroit faire le même ferment par dix autres fei-
gneurs. Le comte Roger jura comme l’archevêque
de Salerne. Lesreéteurs des villes de Lombardie ,
quiétoient prefensyfirent auffi le ferment pour leur
trêve de fix ans, 6c promirent de le faire faire par les
confuls & les nobles de chaque ville. Il eft remarquable
en cesfermens,quc l ’empereur 6c le roi font
jurer par d’autres, comme s’il eut été au deifous de
leur dignité de jurer en perfonne. Après l’abfolu-
tion de l’empereur ceux qui avoient fuivi le fchifme
vinrent en foule l’abjurer 6c fe faire abfoudre.
Les plus connus furent Chriftien archevêque de
Maïence&chancelier, Philippe de Cologne, Vere-
mond de Magdebourg, Arnold de Trêves, les évêques
de Paifau, de Vormes, d’Auibourg, de Mar-
feille, deStraibourg, d’Halberftat, de Pavie, de Plai-
fance, deBreife, d eN o v a re ,d’Aqui, deMantouë,
de Bagnarée, de Pefaro, de Fayence.
Chriftien fe fit alors confirmer l’archevêché de vr.
Maïenqe. Car comme il avoir beaucoup travaillé ré %
à la conclufion de la paix, il follicita l’empereur 6c Sals6ours-
les feigneurs Allemands de demander inftamment
au pape fa confirmation. Conrad qui avoit été
avant lui élu 6c facré archevêque de Maïence s’en
apperçut, 6c étant venu trouver le pape, il lui dit :
Votre fainteté fçait que c’eft à fa confiderationque
j’ai quitté mes parens, ma patrie, & I eglife de
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