
1181. eu rh a in e> & d'exterminer les Latins dans tout
leur empire. Ils ne la trouvèrent pas ; tant que
1 autorité fut entre les mains d’Alexis protovef-
tïaire & protofebafte, qui gouvernoit l’impera-
trice & le jeune empereur fon fils. Car Alexis
le lervoit auffi du confeil & du fecours des La-
tins.
. Mais fon arrogance & fon avarice le rendirent
bien-tot odieux ; & les mécbntens appelèrent '
Andronicde la même famille des Comnenes, homme
inquiet & perfide , qui fous l’empereur Manuel
avoit été en prifon, puis fu g itif dans tout
1 Orient. Enfin Manuel trois mois avant fa mort
I avoit rappelle pour le tenir dans un exil honorable,
& lui avoit donné le gouvernement du Pont.
Etant donc invité par les mécontens, il vint avec
une armée camper fur l’Helefpont en prefenee de
î.ïî2. C . P. tout lui céda, on prit le protoleballe, on
le lui envoïa, & il lui fit crever les yeux. En fui te
il fit palier C . P. des troupes contre les Latins ,
qui toutefois furent avertis du mauvais deffein
des Grecs. Les plus vigoureux s’embarquèrent fur
quarante-quatre galeres &p!ufieurs vaiffeaux: qu’ils
trouvèrent au p ort, emmenant leurs familles ôc
ce qu’ils pouvoient emporter : les plus foibles &
les plus negl¡gens furent attaquez dans leur quartier
par les troupes d’A ndron ic, & par le peuple
de C . P. Le peu de ces pauvres Latins qui purent
prendre les armes réfifterent long-temps &
vendirent chèrement leur vie les autres, c’eft-à-
dire les femmes, les enfans| les vieillards & les
L i v r e s o i x a n t e - t r e i z i e ’m e . p i
malades furent brûlez impitoyablement dans leurs
maifons, & tout le quartier réduit en cendre. Les
Grecs n’épargnèrent pas même les églifes & les autres
lieux de pieté , qui furent brûlez avec ceux
qui s’y étoient réfugiez; & ils ne diftinguerent les
prêtres & les moines d’avec les laïques, qu’en les
traitant plus cruellement.
Entr’eux fe trouva Jean .cardinal foudiacre ,
que le pape à la priere de l’empereur Manuel,
avoit envoie travailler à la réünion des deux églifes.
Comme il étoit dans fon logis pendant ce
maifacre, quelques perfonnes pieufes vinrent l’exhorter
à fe retirer. A Dieu ne plaife, dit-il, je fuis
ici pour l’union de l’églife, & par l’ordre du pape
mon maître. Alors les Grecs entrèrent, & lui
coupèrent la tête qu’ils attachèrent à la queue d’un
chien, & la traînèrent ainfi par les rues. Ils traînèrent
auffi par la ville les corps des Latins déjà
morts, après les avoir déterrez : ils entrèrent dans
l ’hôpital de faint Jean appartenant aux chevaliers
hofpitaliers de Jerufalem, & égorgerent tous les
I I malades qu’ils y trouvèrent. Les prêtres & les
moines Grecs étoient les plus ardens à exciter le
maiTacre ; ils cherchoient les Latins dans le fonds
de leurs maifons & dans les lieux les plus cachez.,
de peur que quelqu’un n’échapât ; & le s livroient
aux meurtriers, a qui même ils donnoient de
l ’argent pour les encourager. Les plus humains
vendoient aux Turcs Si aux autres infidèles ceux qui
s’étoient réfugiez ’chez eux , & à qui ils avoient
promis de les fauver ; on en comptoir plus de
A n . h 8 z .
Ro i. de Monte,
an, 1181,
Cange. C. P,
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