
ig£ H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ,
■“— du pape , à qui j ’en appelle en préfence de vous
N.1164. toijs ^ mets fous fa protection léglife deCantor-
b e r i , ma dignité 8c tout ce qui en dépend. Et Vous
mes confrères les évêques qui obéïiTez à un homme
plûtôt qu’à Dieu, je vous appelle auffi au jugement
du p ape> 8c ainfi je me retire par l’autorité
***' de l’églife 8c du faint fiége. Cette derniere féance
fut tenue le mardi treizième d’OCtobre.
f . 3 4 . Comme il fortoit les courtifans lui dirent beaucoup
d’injures, l’appellant parjure 8c traître : mais
quand il fut dehors, la preffe étoit fi grande pour
recevoir fa benediétion, qu’à peine pouvoit-il conduire
fon cheval. C ’étoit principalement les pauvres
qui beniffoient Dieu de l’avoir délivré de ce
péril : car on le croyoit déjà mort. On le conduifit
ainfi à fon logis qui étoit le monaftere de S. André,
8c il ordonna de faire entrer tous les pauvres 8c de
leur donner à manger. Comme il dînoit l’évêque
de Londres 8c celui de Chicheftre vinrent lui dire
qu’ils 2Voient trouvé un moïen d’accommodement:
favoir, d? donner au roi deux terres de l’archevêché
pour fureté des fommes qu’il demandoit.
L’archevêque dit, que le roi retenoic déjà une autre
terre de l’églife de Cantorbcri,& qu’il s’expoferoic
à tout plûtôt que d’y renoncer. Les évêques indignez
rapportèrent au roi cette réponfe, qui l’é-
chaufa encore plus. Au même dîner la leéture de
table étoit de la perfécution du pape Libéré dans
l’hiiloire Tripartite.Et fur ce paifage de 1 évangile:
sup. 1. mi. ». Qjan d on vous pcrfecutera en cette ville fuïez à
1 13, une autre, le prélat regarda le doéteur Hebert, qui
L i v r e S o i x a n t e -o n z i e’ m e . 187
comprit depuis que fa fuite étoit dês-lors réfoluë.
Au fortir de table il envoya au roi les évêques de
Vorcheftre.d’Herford 8c de Rocheftre, lui demander
fureté pour fortir du roïaume. Ils rapportèrent
la réponfe du r o i , qu’il en parleroit le lendemain
au concile.
Vers la nuitdeuxdes plus grands feigneurs vinrent
trouver l’archevêque tous en pleurs 8c fe fra-
pant la poitrine, l'aifurant que des hommes con-
Îîdcrables 8c accoutumez au crime, s’étqient engagez
enfemble par ferment à le tuer. Cet avis détermina
le prélat à s'enfuir, pour ne pas faire périr
la caufe de l’églife q u n étoit pas encore bien
éclaircie. Il Te fit donc préparer un lit dans l’égliie
de faint André entre deux autels, il s’y profterna
avec quelques-uns des fiens, 8c commença à chanter
les pfeaumes penitentiaux avec les litanies, fai-
fant une génuflexion au nom de chaque faint : puis
étant fatigué il fe coucha feignant de vouloir prendre
du repos , mais il fe déroba fecretement & for-
tit parla porte de derrière, un peu avant le chant
du coq.
Lelenderoainmatinfi-tôtquelebruit fe fut répandu
de la fuite de l’archevêque , ceux qui lui
étoient attachez fe cachèrent; 8c le roi fortallar-
mé aiTembla les évêques 8c les feigneurs , 8c demanda
ce qu’il y avoit à faire. Ils réfolurent d’envoyer
au pape,pour accufer Thomas de parjure,
8c d’avoir mis la divifion entre le royaume-& le
facerdoce ; laiflant en paix tout ce qui lui apparte-
noi t , jufques à ce que le pape eût prononcé. On
A a ij
A n. 1164.
x. Thomas Cere*
tire eu France*
f¡ f1H
I
Lib, 1 1 . e. i ,
Chr. Gervafl
£.13*5.