
r ai H i s t o i r e E c c i e s i a s t i ç^u e .
An. i i <Sq Cette lettre eft dateed Anagnile premier d’Avril
ntfo.
En confequénce de cet ordre d'Alexandre,
Arnoul écrivit aux évêques d'Angleterre une lettre
, ou il marque la différence des deux papes &
des deux eLeêtions, dont il releve les circonftances,
puis il ajoute parlant des évêques affemblez à
Pavie: De quel droit ont-ils ofé décider la caufe
commune, par leur autorité privée ? Et nous faire
la loi comme a leurs inférieurs , nous que Dieu a
fait leurs égaux ? Et enfuice : Beni foit Dieu quia
fait à 1 eglife Gallicane fa mifericorde ordinaire ;
de reconnoître toujours la vérité, & ne point s’écarter
du chemin de la juftice. Car comme la
puiffance divine a abbatu tous ceux que la fureur
des Allemans a élevez contrel’églife Romaine:
ainiî elle a donne la viéfoire a tous ceux que la
piete des François a reçus, A prefent mêmeaïant
examiné à fonds lesperfonnes & les élections, ils
font convenus de reconnoître le pape Alexandre
du consentement de leur roi vraïement catholique;
& reçoivent par tout avec honneur fes lettres &
fes nonces. Ce témoignage eft remarquable venant
d un prélat fujet du roi d’Angleterre, il continué
: Mais parce que l’union vient d’être rétablie
entre, le roi de France & lenôtre, on a refolu de
différer un peu a publier 1 editde la réception d’A lexandre
: jufques à ce que nôtre toi puifTe coniul-
ter 1 eglife de fon roïaume , & confirmer par vôtre
confentement ce qu’il a d^ns l’efprit. Car il ne coa-
t venoit ni à fa prudence ni au refpeêt qui vous eft dê,
L i v r e S o i x a n t e - D i x i e ’ m e . ioj
de rien faire fans vous confulter en une affaire ' ^ ^ ^
d e cette importance, il s’eft toutefois dès le com- 11
mencement affez déclaré fut ce fujet : il a toujours
reçu les nonces & les lettres du pape Alexandre
avec refpeét 8t agrément, & a fouvent déclaré en
public qu’il n’en recevroit point d’autre. Au contraire
quand la lettre d’Oélavien lui fut preientée,
il ne voulut pas la toucher de fa main, la regardant
comme quelque chofe d’immonde : il la
reçût fut un morceau de bois qu il ramaffa dans
la poufliere, & la jetta derrière fon dos le plus
haut qu’il put en prefence du nonce : ce qui fit
rire tous les affiftans.
Arnoul de Lifieux écrivit auifi aux cardinaux ^ ,l}'
qui étoient avec le pape Alexandre : leur marquant 8
les diligences qu’il avoit faites, pour le faire reconnoître
par le roi d’Angîererre. Il dit, qu’il eft toû-
jours avec les légats, pour procurer avec eux l’a- M
vantagede l’églife Romaine. C ’étoit Henri de Pife né®.
& Guillaume de Pavie prêtres cardinaux. Il rend
témoignage à leur vertu, à leur doêtrine & à la
douceur avec laquelle ils traitoient les affaires.
Enfuite il ajoûte : quant au fait pour lequel le
roi de France a été icandalifé contre eux , nedou- /
tez point qu’ ils ne foient excufables : car jamais
on ne les auroit fait confentir à cette difpenfe,
s’ils n’y avoient été engagez par une neceflîté invincible,
8c par l’efperance de procurer un bien
ineftimable. On s’étoit affemblé par ordre du roi
pour traiter de la réception du pape, dont on
»‘avait encore rien ordonné publiquement. Les