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ront le choix de plaider devant leur feigneur, ou
S ’ leur profeffeur, ou l'évêque delà ville,.ious peine
à celui qui voudroit les traduire devant un autre
juge de perdre fa caufe. C ’efbla première loi que je
trouve en ces derniers iîéçles pour établir les privilèges
des étudianSi
x x v i i i . Elle fpecifie l ’étude des loix divines & imperia-
&cm.n ôt f°n f es > qui eft en effet ce que l’on étudioit le plus a
Boulogne. L'étude du droit c iv i l, c’eft-à-dire,de$
loix de Juffinien, s’y étoit renouvellée dès lefiécle
précèdent | Si celle du droit canonique y avoit repris
un nouveau luftre depuis quelques années, par
la publication du décret de Gratien. C ’étoit unBe-
nediâin du monaftere de faint Félix de Boulogne ,
na t i f de Clufiumou Chiulî en Tofcane; qui à i imitation
de Bouchard de Vormes, d’Ives de Chartres,
&c de tant d’autres compilateurs , fit un nouveau
recueil de canons, qu'il intitula: La concorde des
canons difeordans: parce qu’il y rapporte plufieurs
autoritez qui paroiffent oppofées Sc qu’il s’efforce
de concilier. La matière de ce recueil font les canons
des conciles anciens & nouveaux, les decre-
v,seUurnàn.ie taies despapes, entre autres les fauffes decretales
ftript.m Gmt, j g [a compilation d’Ifidore , plufieurs extraits des
peres, comme de faint Ambroife, faint Jerôme ,
faint Auguftin, faint Grégoire, faint ifidorede Se-
ville, Bede : mais fous les noms des peres il cite fou-
vent les ouvrages qui leur étoient fauffement attribuez
, comme lacritique a fait voir depuis. Il rapporte
auffi des loix tirées du Code & du Digefte,
& du capitulajre de nos rois.
L i v r e So i x a n t e - D i x i e ’ m e . 54
Gratien a divifé ion recueil en trois parties : la
première comprend cent-une diftinétion , & il y
traite premièrement du droit en général Sc de fes
parties ; enfuiteil traite des miniftres de l’églife depuis
le pape jufqu’aux moindres clercs. Laieconde
partie eft divifée entrente- fix caufes , qui font autant
d’efpeces ou cas particuliers, fur chacun dei»
quels il propofe plufieurs queftions -, 8c à 1a tren-
te-troifiéme il inferepar diigrdlion fept queftions
fur la penitence.. La troifiéme partie eft intitulée
de la confecration , Sc traite des trois facremens
d’euchariftie , batême Sc confirmation , & de
quelques cérémonies. Dans tout l’ouvrage l’ auteur
traite par oecafion quelques queftions de théologie.
On dit que le pape Éugene III. l’approuva Sc ordonna
de l'enleigner publiquement à Boulogne. Ce
qui eft certain , c’eft que depuis ce tems on ne connut
prefque plus d’autre droit canonique > que celui
qui étoit compris dans ce livre, & on le nomma
fimplement le Décret.
il favorife par tout les nouvelles prétentions de
la cour de Rome,, fondées fur les fauffesdécretales,
en faveur defquelles il ne manque pas de citer la
lettre du pape Nicolas I. dont j’ai parlé en fon
tems: Après avoir rapporté plufieurs autoritez des
papes mêmes, qui fe reçonnoiffenc obligez à garder
les canons ôc les décrets de leurs predeceffeurs,,
il ajoute : A cela on répond ainfi : Lafainte-églife
Romaine donne l’autorité aux canons , mais elle
a ’eft pas liée par les canons , & ne s’y foumet pas
elle-même.: Comme J.C. qui a fait la loi l’a accom-
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Dijl I *«•
T>t8 . 19.
Sup.-liv.- 1 . ri*
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