
4 H i s t o i r e e c c l e s i a s t i q u e . •
affinez que je ne me relâcherai point de la fenten-
ce que j’ai prononcée. Les deux prélats fe retirèrent
fans ofer paffer outre ; mais le pape l’aïanc
appris, donna l’abfolution au comte & le fit fça-
voir à Anthelme.
Il en fut tellement touché, qu’il quitta fon fie-
ge & fe retira dans fa cellule de la Chartreufe ;
mais fur les plaintes de tout le pais le clergé de
Bellai obtint des lettres du pape en vertu def-
quelles il le fit revenir : &c le comte de Savoie
ne fe tint point abfous &c n’ofa entrer dans l’é-
glife , jufques à ce que s’étant humilié devant le
faint prélat, il reçut fon abfolution. Comme il ne
fe corrigeoit point & n’accompliffoit pas fes pro-
jmeffes, ils fe broiiillerent encore ; tk toutefois le
comte dans le temps même qu’il haïffoit & mena*
çoic le prélat, ne laiifoit pas de le refpe&er. En
•effet Anthelme s’.étoit acquis par fa vertu une mer-
r.ij. veilleufe a utorité. Tout l’ordre des Chartreux le
regardoit comme fon fuperieur, & tous les prieurs
étoient fous fa dépendance ; auiïi veilloit-il avec
un grand zele fur ce faint ordre pour y prévenir le
«.î*. moindre relâchement. Quand il fe trouvoit dans
des conciles ou dans des affemblées pour affaires
temporelles, il n’y avoit ni évêque ni autre de
quelque rang qu’il fut qui ne lui cédât : la cour
de Rome elle-même le refpetffoit. Aufli ne fei-
gnoit-il point de reprendre en qui que ce fur
ce qui étoit repréhenfible ; & comme on voïoic
que fes corre&ions n’avoient pour principes que
la charité, la plûpart les recevoient volontiers.
Mais
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L IVRE S OIXANTE-TR EIZ IE’ME. 4J7
¡Mais il avoit une grande indulgence pour les pécheurs
penitens,& mêloit fes larmes avec les leurs.
Pendant la maladie dont il mourut on l’exhor-
toit à pardonner au comte de. Savoie avec lequel
il étoit encore en différend ; mais il répondit : Je
n ’en ferai rien , s’il ne fe d é filé de fon fnjufte prétention,
s’il ne promet de ne jamais rien demander
à cette églife, & ne fe reconnoît coupable de
la mort de ce prêtre. Perfonne n’ofoit rapporter ce
difeours au comte , qui étoit dans le même lieu ;
il rt’y eut que deux Chartreux qui s’en chargèrent ;
3c le comte touche de Dieu fondit en larmes
vint trouver le faint homme, reconnut fa faute,
renonça à fa prétention & demanda pardon. A n thelme
lui impofa les mains & pria Dieu de lui
donner fa benedi&ion â lui & à fon fils. Comme
le comte n’avoit qu’une fillle , on crut que le prélat
fe méprenoit & on voulut lui faire dire la fille,
mais il répéta plufieurs fois le fils j 3c en effet il
en vint un au comte peu de temps après la mort
d’Anthelme. Elle atriva le vingt-fixiéme de Juin
1178. la quinzième année de fonépifeopat. Il avoit
vécu plus de foixante & dix ans, & l’églife honora
fa mémoire le jour de fa mort. Son fucceffeur
dans le fiege de Bellai fut Rainald tiré comme lui
de la grande Chartreufe, qui fix ans après eut pour
fucceffeur Arnaud auffiCharcreux.
Environ trois mois après mourut fainte*EIilde-
garde abbeffe du mont faint Ruperr près de Mayence
, dont les révélations avoient été approuvées par
le pape Eugene I I I. trente ans auparavant. Elle
Tome X V . M m m
A n . 1 1 78 .
c ■ X i ,
Martyr. R.
Jun. G ail. Chr»
to. z.p. J64.
X V .
Fin dé fainte
Hildegarde.
Sup. lîv . J .X IK .
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