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**** tous les paffages. Il fut obligé de prendre des che-
A n , a s t . m-ns détournez & dc fe déguifer en valet ; & on
r.6i. le prefenta en cet équipage au pape.Celeftin , qui
¡en fut touché jufques aux larmes. Il l’embraffa &c
le coniola, le connoiffant déjà de réputation, Albert
arriva à Rome aux fêtes de Pâques , qui cette année
n p i . fut le cinquième d’A v r il, & y demeura
jufques après l’oétave de la Pentecôte. Il produi-
iit les preuves de la régularité de fon éleétion :
mais quelques cardinaux étoient d’avis de ceder a
la violence des Allemands & à la haine implacable
de l’empereur. Enfin le pape aïant pris jour pour le
jugement, il fut rendu publiquement dans le palais
de Latran, l’élection d'Albert jugée canonique, &
.confirmée par le pape 5 qui même le fit cardinal ,
l ’ordonna diacre le famedi des quatre-temps de la
Pentecôte, & lui fit chanter l’évangile à la meife,
*. «t. Il lui donna toutes les bulles neceffaires, entr’autres
une pourfe faire facrer par Guillaume archevêque
de Rheims, en cas que Brunon archevêque de C o logne
fon métropolitain le refusât par la crainte de
l’empereur, & il lui fit délivrer toutes ces expéditions
gratis.
Albert étant venu à Rheims fut parfaitement bien
«.<4. reçu par l’archevêque Guillaume, qui l’ordonna
prêtre le famedi des quatre-temps de Septembre ;
& le dimanche fuivant vingtième du même mois
il Je facra folemnellement évêque de Liege. Le lendemain
on apprit que l’empereur étoit à Liege extrêmement
irrité, & refolu de perdre tous ceux
_qui adheroient à l’évêque Albert. Leduçd’Ardçnne
m a m m
L i v r e s o .i x a n t e -q o a t o r z 1 e’m e . 62.1.
oncle de ce prélat qui l’avoit amené àRheims, lui
propofoit de fe foutenir par la force avec le fecours
de leurs amis, mais Albert lui déclara , qu’il ne
vouloit point ufer de tels moïens, & qu’il efperoit
appaifer l’empereur par fon humilité & fa patience.
Peu de temps après arrivèrent à Rheims trois chevaliers
Allemands &c quatre écuïers, qui fe di-
foient chaifez de la cour de l’empereur à l’occafion
d’une querelle. Ils vinrent faluer l’évêque de Liege
& s’infinuerent fi bien dans fon amitié , qu’ils
l ’accompagnoient ordinairement, & mangeoient
fouvent à fa table ;plufieursperfonnes lesfoupçon-
noient de quelque mauvais defléin , mais l’évêque
ne s’en défioit point. Enfin l’aïant tiré hors de
la ville fous préeexte d’une promenade, fuivi feu-
ment d’un chanoine & d’un chevalier : quand ils
furent à cinq cens pas, les deux qui marchoient à
fes cotez lui percerent la tête par les temples, & tous
cnfemble lui donnèrent tant de coups d epée & de
couteau , qu’on lui trouva treize grandes plaies.
Aufli-tôt ils piquèrent leurs chevaux , & quoique
la nuit fut proche ils firent telle diligence, qu’ils
arrivèrent à Verdun à neuf heures du matin ; puis
ils allèrent trouver l’empereur , de qui ils furent
très-favorablement reçûs.
L’évêque Albert fut ainfi tué le mardi vingt-
quatrième de Novembre u p i . & enterré folemnellement
dans l’églife métropolitaine de Rheims :
on le regarda comme martyr de la liberté eccle-
fiaftique, & on lui en donna le titre dans fon épi-
taphe. On rapporte quelques miracles faits à fon
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