
191 H i s t o i r e E c c l e s IASTIQ.UE. ’
• d’aller crouver le pape à ANf.1164. Sens , où les envoyez du roi d’Angleterre etoient arrivez le jour précèdent.
c' *’ Leur arrivée ébranla plufieurs cardinaux : tant par
l’efperance du gain, que par la crainte du trouble
que la colere du roi pourroit caufer dans les affaires
publiques. Les uns difoient que Thomas etoit
le défenfeur de la liberté de l’églife, que fa caufe
étoit jufte &c qu’il le falloit ioûtenir : les autres
que c’étoit un broüillon , dont il falloit reprimer
les entreprifes. La prévention fut telle que fes envoyez
ne purent obtenir des cardinaux d être reçus
feulement au baifer de paix- Toutefois dès lé
jour de leur arrivée ils eurent le foir audience du
p ap e, qui les écouta favorablement Sc fut touché
juiques aux larmes , du récit qu’ils lui firent des
fouffrances de l’archevêque. Il leur dit : Votre maître
a déjà acquis de fon vivant la gloire du martyre:
Sc comme il etoit fort tard, il leur donna fa bené-
diétion Sc les renvoïa à leur logis.
Le lendemain le pape tint confiftoire avec les
cardinaux qui étoient prefque tous prefens à fa
cour. On appella les envoyez de part Sc d’autre. Sc
Gilbert,évêque de Londres parla ainfi pour ceux du
roi d’Angleterre: C ’eft vous, S, pere, que regarde le
foin de l’églife catholique , pour protéger lesfages
& corriger les temeraires. Il s’eft formé depuis peu
en Angleterre unedivifion entre le roi Sc le facer- O " T gÿjRr- - doce fur une legereoccafion ; Sc onauroit pu facilement
l’éteindre, fi on avoituféde remedes modérez:
mais le feigneur archevêque de Cantorberi
fuivant fon avis particulier Sc non pas le nôtre ,
L i v r e S o i x a n t e - o n z i e ’ me . 1^3
a pouffé les chofestrop vivement; fan|s confiderer
letm s contraire, ni le mal qui lui en pouvoir arriver.
Et n’ayant pu nous attirer à fon fentiment,
il a voulu rejetter fa faute lut le roi , fur nous &
fur tout le royaume ; Sc pour nous rendre odieux
il s’en eft fu i, fans queperfonne usâc contre lui de
violence ni de menaces: comme il eft é c r it, que
l’impie s’enfuitlans êtrepoutfuivi.Tout beau,ditle
pape; Sc l’évêque de Londres ajouta, Voulez-vous
que je l’épargnei1 Je ne dis p as, reprit le pape, que
vous l’épargniez, mais que vous vous épargniez
vous-même. Hilaire évêque deChicheiire parla
dans le même fens; Sc Roger archevêque d’Yorc
ajouta: Perfonne ne connoît mieux que moi leca-
raétered’efpritde l’archevêque de Cantorberi ; on
ne lui fait pas quitter aifément le ientiment qu’il
a une fois embraffé , Sc je ne vois point d’autre
moïen de le corriger, que d’emploïer fortement
Votre autorité. Barthelemi évêque d’Exceftre ajouta
: Cette caufe ne peut être terminée en l’abfen-
ce de l'archevêque de Cantorberi : c’eft pourquoi
nous demandons des légats pour la juger.
Enfuite le comte d’Arondel qui étoic préfent
avec grand nombre degentilshommes demanda
d’être écouté , & dit: Nous ne favons nous autres
gens fans lettres ce qu’ont dit les êvêques. C’eft
qu’ils avoient parlé en Latin. C’eft pourquoi, continua
t-il, il faut que nous difions auffi comme
nous pouvons pourquoi nous fommes envoyez.Ce
n’eftnipourdifputer , ni pour injurier perfonne ,
principalement en préfence de celui à qui de
Tome X V , B b
A n . 1164.
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