
348 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ."
T ~ mer l’arrogance & l’opiniâtreté de Thomas : ne
A n . 1170. 1 -rr ni ■ 11 1* a 1 vous laiilez pas ieduire, allons plutôt trouver le
ro i, qui nous a fi fidelement protégez jufqu’icn Si
vous le quittez pour vous attachera fon adverfaire,
car il n’y aura jamais entre eux de réconciliation
parfaite , il vous regardera comme des transfuges,
& vous chaflera de vos terres. Que deviendrezvous
alors ? En quel païs irez vous mandier votre
pain ? Au contraire fi vous demeurez avec le r o i ,
que peut faire contre vous Thomas plus que cequ’ft
a fait ?
Les deux évêques furent touchez de cette rémora
rrance, & ils partirent tous.troisaufli-tôtpouraller
trouver le roi en Normandie : en même temps ils
envoïerent au roi fon fils qui étoit à Londres Geo-
froi Ridel & quelques autres, pour lui perfuader
7j- que Thomas vouloir le dépofer. Mais rien n’étoit
plus éloigné de fa penfée, comme il l’aifure lui-
même dans la lettre qu’il écrivit alors au pape , contenant
la relation de fon retour en Angleterre, &
qui eft fa derniere au pape Alexandre.
vitxm.c. 9. peu ¿g jours après fon arrivée à Cantorberi , il
envoïa à Londres Richard prieur de faint Martin
de Douv res, qui fut depuis fon fucceifeur, donner
part au jeune roi de fon arrivée,& lui fit faire fes ex-
cufes touchant la fufpenfe des prélats. Ce député
fut mal reçu par le jeune prince , dont les mini-
ftres ne regardoient que la volonté du roi fon pere.
Thomas ne lailfa pas de fe mettre en chemin peu
de jours après, voulant voir le jeune r o i , qui avoit
été fon difciple,& enfuite vifiter fa province aban-
L i v r e s o i x a n t e - d o u z i e ’me . 3 4 9
donnée depuis,fi long-temps. Comme ilappro-
choit de Londres, tous les bourgeois vinrent au-
devant de lui & le reçurent avec grande joie ; mais
il vint deux chevaliers de la part du roi lui défendre
de paifer outre , ëc lui ordonner de retourner
à fon églife. Ses ennemis en devinrent plus fiers,
ëc Robert de Broc frere de Ren oul, pour infulter
au prélat, coupa la queuë d’un cheval quiportoit
quelques uftaneiles de fa cuifine le jour de Noël.
L’archevêque monta en chaire & fit un fermon, à
la fin duquel il prédit fa mort prochaine, fondant
en larmes & attirant celles de tout l’auditoire. Mais
il prit un ton d’indignation , & parla avec véhémence
contre les ennemis de l’églife , ëc en particulier
contre plufieurscourtifans du roipere. Il les
excommunia , ëc nommément les deux freres Renoul
& Robert de Broc. A près la mefle il tint table
comme il avoit accoutumé les grandes fêtes, avec
gaïeté;& quoique le jour de Noël fût cette année là
le vendredi, il mangea de la viande comme les
autres. On voit ici l’antiquité de cette difpenfe de
l ’abftinence au jour de Noël.
Cependant l’archevêque d’Yorc & les deux
évêques étant arrivez en Normandie peu de jours
avant la fête , fe jetterent aux pieds du roi, implorant
fa juftice,& fe plaignant amerement que T h o mas
abufoit de la paix qu’il lui avoit accordée ,
& que dès qu’il étoit arrivé il avoit troublé le
roïaume par les cenfures qu’il avoit publiées contre
eux. Le roi dit : Si tous ceux qui ont confenti
au facre de mon fils font excommuniez, par les
X x iij
A n . 1170.
Ci 19.
XXX*
Conjuration con*
tre la vie de T h o t
mas.
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