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Jr pape , Si promis d’obferver inviolablement les
A n . i i 70. droits r0iaume : voulant ainfi l'engager à l’ob-
fervation des coutumes conteftées. Ilsdifoientque
fans ces précautions fon retour feroit préjudiciable
au roi. Ils avoient auffi fait appeller de chacune dés
églifes vacantes fix perfonnes,aïant pouvoir d’elire
un évêque au nom de la communauté, afin défaire
les élections au gré du roi ; & que fi Thomas s’y
op p o fo it, il encourut la difgrace,
Thomas étoit venu à Roüen par ordre du r o i,
efperant,comme on lui avoit promis,y acquitter fes
dettes, & être renvoïé en Angleterre avec honneur.
Mais Jean d’Oxford lui apporta une lettre du r o i ,
par laquelle il le prioit de retourner inceiTam.ment
en Angleterre , & lui donnoit le même Jean pour
l’accompagner. Thomas obéît, & apprit en chemin
les mauvais defleins de fes ennemis, qui etoicnt
déjà venus à la mer ; Si attendoient le vent favora-
yitxiu.c.5. ble,comme il l’attendoit de Ion cote. Ces enne-?
mis étoient l’archevêque d Y o r c , Si les eveques de
Londres Si de Sarifberi-, 8c pour leur prêter main-
forte, Gervaisvicomte de C a n t , Raoul de Broc Si
Renauld de Varennes, qui menaçoient hautement
de lui couper la tête,s’il ofoit paifer. Quelques amis
confeilloient à Thomas de ne point s’expofer à ce
paifage, que la paix ne fût mieux affermie ; mais
il répondit : Je vois 1 Angleterre Si j y entrerai,
Dieu aidant, quoique je fçache certainement que
j’y vas fouffrir le martyre. La veille de fon embarquement
il envoia les lettres du pape portant fui-
penfecontre l’archevêque d’Yorc Si leveque de
* purham^
L i v r e s o i x a n t e -d o u z i e ’m e . 345
Durham ; & d’aütres lettres qui remettoiçnt dans ------------ —
l ’excommunication l’évêque de Londres & celui A N .1 170 .
de Salifburi, Si portoient fufpenfe contre tous les
évêques qui-avoient affilié au facre du jeune roi.
Ces lettres furent rendues aux prélats dans le port
de Douvres , où ils croïoient que Thomas dût
aborder.
Le vent étant devenu favorable, il s’embarqua xxvm.
à Guiffand la nuit du fécond jour de l’A v en t, c’efl- Angleterre,
à-dire du lundi jour de faint André dernier de N o - Gir-vl/.Bmt
vembre 1170. la feptiéme année de fon exil ; 8c il
arriva heureufement au port de Sanduic, pour éviter
ceux qui l’attendoient à Douvres. Le vaiffeau
qui le portoit étoit remarquable par la croix ar-
çhiepifcopale qui y étoit dreffée : Si quand on l’ap-
perçut,une multitude de pauvres qui étoient venus
au-devant du faint prélat, fe mit à crier : Beni foit
celui qui vient au nom du Seigneur, le peredesorfe-
iins Si le juge des veuves. Ils pleuroient, les uns
de compaffion , les autres de joie ; les uns fe pro-
Îlernoient à terre, les autres aïant leurs habits re-
trouffez s’avançoient pour le prendre au fortir du
Vaiffeau, & recevoir les premiers fa bénédiction.
Mais les gentilshommes quiavoient crû qu’ilabor-
deroit à Douvres, apprenant fbn arrivée,accoururent
promptement à Sanduic.
Ils s’approchèrent armez du bâtiment où étoit
l’archevêque, comme pour lui faire violence. Ce
que voïant Jean d’Oxford , il craignit que lahon-*
te n’en retombât fur le r o i , Si qu’on ne l’accusât
de trahifon ; c’eft pourquoi il s’avança, Si leur
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