
A n . j ijo
XXXII.
M a r ty re de faim
T h om a s de Cari-
^orberi.
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352, H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
évêques, ce n’eftpasrooi qui les aifufpendus , c’eft
le pape. C ’eft bien vous , dit Renaud , puifque
e’eftà votre pourfuite. Thomas reprit : J ’avouë que
je ne fuis pas fâché fi le pape venge les injures faites
à mon églife. Enfuite il fe plaignit des torts &
des infultes qu’il avoit reçûës depuis la conclufion
de la paix, & dit à Renaud : Vous étiez prefent
vous &c plus de deux cens chevaliers, quand le roi
m’accorda de contfaindre par les cenfures ceux qui
avoient troublé l’églife, à lui faire fatisfaftion ; &
je ne me puis difpenfer de remplir m on devoir de
pafteur. A ces mots les chevaliers fe levèrent en
priant ¡'Voilà des menaces ,& dirent aux moines:
Nous vous commandons de la part du roi de le
garder ; s’il s’échappe, on s’en prendra à vous. Ils
fortirent aulfi-tôt, & Thomas les fpivitjufqua la
porte de fon anticham bre, en difant : Sçachez que
je ne fuis pas venu pour m’enfuir, & que je fais
peu de cas de vos menâtes. Iis répondirent : Il y
aura autre çhofe que des menaces.
Etant fortis du palais, ils ôterent leurs chapes &
leurs robes, & on vie les cottes de mailles dont
ils étoient revêtus. Ceux de leur fuite s’armèrent
auifi , & outre leurs épées, ils portoient des arcs,
des fléchés , des haches & d’autres inftrumens
pour rompre les portes. Thomas demeuroit tranquille
dans fa chambre ; & loin de s’enfuir, à peine
fe laiffa-t’il përfuader d’aller à l’églife entendre
vêpres : mais il ne venoit que d’y entrer , quand
les quatre chevaliers y entrèrent auifi par le cloître
l’çpée à ja main. Le premier s’éçria ; Où eft çe
traître' ?
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L i v r e s o i x a n t e - d o u z i e ’m e . 373
traître’ Etcommeperfonnenerépondoit, ilajoûta: *
O ù eft l’archevêque ? Thomas defeendant des de- II7°*
grez qu’il avoit montez, répondit : Me voici. Et il
ajouta : Renaud, Renaud , je t’ai fait beaucoup de
b ien , & tu viens armé me chercher dans l’églife.
Renaud prenant le pallium de 1 archevêque dit :
T u le vas voir. S o rs , tu mourras tout à l’heure.
Thomas retira le pallium de fes mains , & dit : Je
ne fortirai point ; mais fi vous me cherchez,je vous
défends delà parc de D ieu, fous peine d’anathême,
de faire aucun mal aux miens.
Renaud recula un peu , & voïant que fes com- u.
pagnons étoient venus, il voulut donner un grand
coup d’épée fur la tête de l’archevêque : mais un
clerc nommé Edoüard Grim, étendit le bras pour
recevoir le coup , dont il eut le bras prefque emporté.
Le refte du coup porta fur le prélat, abattit
fon bonnet & le bleifaàla tête. Alors Renaud s’écria
: Frappez, frappez ; Thomas baiifa la tête pour
prier, & dit: Je me recommande & la caufc de l’é-
glifeà D ieu,à la fainte Vierge , aux faints patrons
de cette églife & au martyr faint Denis -, & ce furent
fesdernieres paroles. Alors il fe mit à genoux
devant l’autel, les mains jointes, & levant les yeux
ikattendit le fécond coup , qui entra plus avant
jufques au cerveau, & fit tomber le prélat profter-
né comme en priere. Le troifiéme acheva de lui
couper le teft , qui tomba en devant fur fon vifa-
gc. Enfin un nommé Hugues Mauclerc enfonça
la pointe de fon épée dans la tête ouverte, & répandit
la ccrvellefur le pavé ; puis ils’écria : Il eft mort,
Tome X V , Y y