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qu’il n’en étoit point, 6c comme on lui demanda
s’il en feroit ferment, il dit qu’il étoit homme
d’honneur ôc qu’on devoit le croire fur fa fimplc
affirmation. Toutefois on le preifa tan t, qu’il promit
de jurer, craignant que le refus même qu’il
en feroit ne fût une conviétion de cette héréfie ,
qui condamnoit le ferment. Auffi-tôt on apporta
des reliques avec grande folemnité, & comme on
chantoit l ’hymne du faint Efprit, Pierre Moran
pâlit &c demeura tout interdit.
Il jura publiquement qu’il diroit la vérité fur
tous les articles de foi dont on l’interrogeroit, ôc
quelqu’un aïant ouvert le livre des évangiles fur
lequel il avoir juré, y trouva ces paroles : Qui a t’il
Mutth.vm. 29. entre vous ôc nous, Jefus fils de Dieu ? vous êtes
venu nous tourmenter avant le temps. Ce que l’on
appliqua à ces hérétiques, par un refte de fuperfti-
tion des forts des Saints. On demanda àPierreMoran
en vertu de fon ferment, ce qu’il croïoit touchant
le S. facrement de l’autel ; ôc il fourint que le pain
confacré par le prêtre n’étoit point le corps de
J. C . Alors les commiifaires feleverent fondant'en
larmes ôc déclarèrent au comte qu’ils le condam-
noient comme hérétique ; & auffi-tôt il fut mis
dans la prifon publique fous la caution de fes pa-
rens. Le bruit s’en étant répandu les catholiques
furent encouragez ôc reprirent le deifus dans la
ville. Cependant Pierre Moran voïantlamortpre-
fente revint à lui, & promit de fe convertir. On le
fit venir nud en chemife ; il fe reconnut publiquement
hérétique, renonça à fon erreur, & promit
Pas.
Sup. U x x x iy . n.
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par ferment ôc fous caution aii cifmte,‘ à ! a hôblèffie’-—T.'''; 1;— \—
ôc aux principaux bourgeois, de.fe Fou mettre à tous ^ N’ Î I 7^-
les ordres du légat. On avertit le peuple de fé trouver
le lendemain à faint Sernin pour voir la peni-»
tcnce de Pierre. '
Le concours y fut tel, qu’à peine y avoir il de
l’cfpace autour de l’autel pour y donner au légat la
liberté de dire la mefle. Pierre entra par la grande
porte de leglife au milieu de cette foule en chemife
ôc nuds pieds, frappé d’un côté par levêque de Tou-
loufe, de l’autre par l’abbé de faint Sernin, jufques
à ce qu’il vint aux pieds du légat fur les dégrez de
l’autel. Là il fit fon abjuration ôc fut réconcilié à
l ’eglife. Tous fes biens furent ■confifqùèz,j !& orr
lui donna pour penitence de quitter le pâïs dans
quarante jours, pour aller fervir les pauvres à Jeru--
ialem pendant trois ans. Cependant il devoit tous
les dimanches-parcourir les églifes de Touloufe
nuds pieds ôc en chemife recevant la difeipline ,
reftituer les biens d’églife qu’il a voit pris & les ufu-
res ; réparer les torts qu’il avoir fait aux~Jpalivres,
ôc abattre de fond en comble fon château où fe te-
noient les aifemblées des hérétiques.
Henri abbé de Clairvaux obtint la permiffion xrn.
de s’en retourner, à caufe du chapiire général dè *Aiya"^éens CB
fon ordre qui approchoit; mais à condition de paf-
fer dans le diocefc d’A lb i avec Renauld évêque
de Bath ; ôc d’admonefter Roger de Beders fei-
gneur du païs, de délivrer l’évêque d ’A lb i, qu’il te--
noit prifonnier fous la garde des hérétiques, ÔC de
leschaflcr de tout PAlbigeois. L’abbé de Clairvaux-
Tome X V . L U