
A n . u86 V°ÜeZ' pap£ Croit fe Plaindre avec raifon , de
' ce qu’après la mort des évêques on dépouille les
églifes : on enleve tous les meubles & les revenus
de l ’année courante, enforte que le fucceffeur ne
trouve rien. Si vous voulez nous faire juftice fur ce
point, nous ferons les médiateurs entre vous & le
pape, finon nous ne pouvons abandonner la vérité.
L empereur répliqua : Nous fçavons certainement
que les empereurs nos prédeceffeurs donnoient les
inveftitures des evechez, & les remphffoient de per-
ionnes plus dignes, que l'on ne fait depuis qu’ils
vous ont permis 1 eleétion, que vous appeliez canonique.
Nous nous tenons a ce qu’ils ont réglé, mais
nous voulons conferver ce petit refte de notre droit
tel que nous 1 avons trouvé. Cependant comme je
voi que vous n’êtes pas de mon avis, je ne veux
point que vous veniez à la cour que je dois tenir à
Geilenhufen.
«•‘ s. Il s y affembla grand nombre d’évêques & de
feigneurs, & 1 empereur leur dit : Vous fçavez comme
je fuis attaqué par le pape, fans que je fçache
avoir jamais manqué à ce que je lui dois. Il dit
qu aucun laïque ne doit poffeder les dîmes que le
Seigneur a deftinées à ceux qui fervent l ’autel.
Mais nous fçavons que l’églife étant attaquée a accorde
les dîmes à perpétuité à des perfonnes nobles-
& puiifantes, qui ont entrepris fa défenfe , fans
quoi elle n auroit pu conferver fes biens. Le pape
dit encore, qu il n eft pas jufte, que perionne s’attribue
droit d’avouerie fur les terres ou les vaffaux
de 1 eglife ; mais que les prélats doivent en joüir
L i v r e s o i x a n t e q j j a t o r z i e ’m e . 551
librement, comméilsles ont reçûs d’abord. Or nous
ne croïons pas que l’on puiiTe changer facilement
ce qui eft établi par une ancienne coûtutne. Je demande
donc aux prélats leurs avis fur ce fujet. Alors
Conrad archevêque de Maïence fe leva & dit : Cette
affaire eft importante, Si il ne nous appartient pas
de déterminer un fi grand différend. Je fuis d’avis
que nous écrivions au pape, pour l’exhorter à faire
la paix & à vous rendre juftice.
Cet avis fut fu iv i, & 011 écrivit une lettre au
fiom de tous les évêques d’Allemagne & fcellée
de leurs bulles, c eft-a-dire, de leurs fceaux , où ils
difoient : Nous fournies fenfiblement affligez de la
difeorde qui s’élève entre l’égîife & l’empire , &
qui fait entre-choquer les deux glaives qui fe de-
vroient mutuellement fecourir. L’empereur dans
une cour folemnelle qu’il vient de tenir, s’eft plaint
que lorfqu’il vous témoignoit le plus d’amitié, &
qu’il avoit envoie fon fils unique le roi des R o mains
s’expofer à toutes fortes de périls, pour la défenfe
de l’églife Romaine, vous avez affe&é d’exercer
votre inimitié contre lui ; en recevant les
Cremonois qu’il avoit déclarez ennemis publics de
l ’empire ; & détournant les villes d’Italie & particulièrement
les évêques, de lui prêter aucun fe-
cours. Il aajoûté de grandes plaintes toucha nt l’affaire
de Trêves. Car il n’y a point de mémoire
qu’aucun de vos prédeceffeurs ait fait une relie injure
à aucun des fiens, de facrer un évêque du
roïaume Teutonique avant qu’il eût reçû les régales
par le feptre impérial ; & des perfonnes dignes
A n . 118 .
v.
Lettre des évêques
Allemands.
ap. Ra d,d eDic.
p. 6 j i .