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Roed. Die et. p.
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Jo. Brotnpt. p
1079.
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3 7 1 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
par un grand ,concours de peuple , à caufe des miracles
qui fe faifoient au tombeau de l'archevêque
Thomas, & qui commencèrent vers la fête de Pâques
1171.
Sans l’arrivée des légats le roi d’Angleterre feroit
demeure en Irlande , pour achever de la foumet-
tre en faifant la guerre au roi de Conaéte , qu’il
auroit aifément vaincu. Mais étant preffé d’aller
trouver les légats, il s’embarqua le dix-feptiéme
d’A vril 1171. quiétoit le lendemain de Pâques, &
arriva a S. David au païs de Galles. D ’Angleterre
il paifa en Normandie , & le mardi avant les rogations,
c’eft-à-dire le dix-feptiéme de Mai,il joignit
les légats qui lui donnèrent le baifer de paix. Le
lendemain ils vinrent à l ’abbaïe'de Savigny près
d Avranches, ou tous les évêques & les feigneurs
étoient alfembîez. Après que l’on y eut long-temps
traité de la paix,le roi refufa de prêter abfolumen t
le ferment que les légats lui demandoient, 8c fe
fépara d’eux avec indignation , difant : Je m’en retourne
en Irlande où j’ai beaucoup d’affaires ; allez
en paix dans mes terres où il vous plaira, ¿¿exécutez
votre légation. Les légats aïant confulté en particulier
rappellerent les évêques de Lifieux.de Poitiers
8c de Saliiburi ; 8c par leur moïen firent convenir
le roi de fe trouver avec eux à Avranches le
vendredifuivant. Là ils s’accordèrent entièrement,
& le roi convint de tout ce queles légats lui propo-
ferent. Mais parce qu’il vouloit que fon fils y fût
pour faire les mêmes promeffes, on remit au dimanche
fu ivan t, qui étoit le vingt-deuxième de MaL
L i v r e s o i x a n t e -d o u z i ë ’m e . 373
Ce jour le roi fit publiquement ce ferment en . ^
touchant les faints évangiles : Je n’ai ni penfé, ni fçû, ‘ 117
ni commandé la mort de Thomas archevêque de
Cantorberi ; & quand je l’ai apprife j’en ai été plus
affligé que fi j’avois perdu mon propre fils. Mais je
ne puis m’exeufer d’avoir donné occafionau meurtre
, par l’animofité 8c la colcre que j’avois conçue
contre le faint homme. O r pourlaréparation de cette
faute, j’envoïerài inceffammentà Jerufaîemdeux
cens chevaliers pour la défenfe de la Chrétienté,&
ils y ferviront un an à mes dépens. Je prendrai
même la croix pour trois ans, 6c je ferai le voïage
en perfonne , à moins que le pape ne me permette
de demeurer. Je caffe abiolument les coutumes illicites
quej’ai introduites de mon temps en tous mes
é ta ts , &c défends de les obferveràl’avenir. Je permettrai
déformais de porter librement les appellations
au faint fiege,fans en empêcher perfonne. Le
roi promit encore de rendre à l ’églife de Cantorberi r~ef' ^
toutes fes terres & fes autres biens , comme elle les
poffedoit un an avant que l’archevêque encourût
fa difgrace , 8c de rendre fes bonnes grâces 8c leurs
biens à tous ceux contre lefquels il avoit été irrité
à caufe de ce prélat. Les légats lui enjoignirent de
plus en fecret des jeûnes, dés aumônes & d’autres
oeuvres pénales , dont le public ffeût pas de con-
noiffance.
Le roi accepta tout avec grande fourmilion',
puis il dit devant tout le monde : Seigneurs légats,
ma perfonne eft entre vos mains ; fçaehez certainement
que quoi que vous m’ordonniez, foit d’altei