
318 H i s t o i r e E c o l e s i a s t i q u e .
nature du Verbe incarné. Theorien d it: Si C y r ille
n'a pas dit: Une nature en Jefus-Chrift, ni une
nature de Jeius-Chrift ; mais une nature du V e r b
e , 5c a ajouté, incarnée : ôcvôtrefainteté dit une
nature en Jefus-Chrift. C ’eft la même chofe, dit
Norfefis : Non pas, reprit Theorien: le nom de
Ghrift fignifie proprement l’un 6c l’autre, Dieu
& homme tout enfemble , c’eft pourquoi nous di-
fons : Le Verbe s’eft fait chair 5c non pas : Le Chrift
s e ft fa it chair. Auifi aucun des peres n 'ad ïf.u n e
nature du C b r ift, mais S. Athanafe a dit avant faint
C y r ille , une nature du Verbe, c'eft à-dire, la nature
divine du Fils-, 5c en a jo u ta n t in c a rn é e ,
comme S. Cyrille dans la fécondé lettre à Succédais,
on exprime tout le myftere de l'Incarnation.1.
Norfefis: Et qui d’entre les peres en a ainfi parlé
expreffément aprèsl’union f Theorien : Tous ceux
que vous avez nommez. Norfefis: Unfeu lm e fu -
fit; car ce que dit un des peres tous ledifent: comme
étant tous infpirez par l’efprit de Dieu qui eib
te même.
Mais avant que de raporter les paifages des
peres, Theorien jugea neceifaire de définir les quatre
termes de fubftance, nature, hypoftafe ôc per-
fonne: ce qu’il fit tant félon les philofophes païens
que félon les théologiens Chrétiens, dont il montra
la différence, quanta l’ufagede cestermes. Or
dans la philofophie il fuivoit les principes d’Arif-
îoce. Il établit les définitions theologiques de ces
quatre termes, par 1 autorité des peres, favoir de
S, Bafilc qu’il qualifie très-philofophe, Ôc de faint
L i v r e S o i x a n t E' DOu z i e ’ji.e . 319
Grégoire de Nazianze. Enfuite il vient aux peres
qui ont reconnu deuxnatures en Jefus-Chrift après t*s- 447,
l ’union ; ôc commence par S. Athanafe, dont il ra- llt-XVI-"-
porte un paifage de la lettre à Epiéfcete : contre
ceux qui difoient que le corps de Jefus-Chrift étoit
confubftantiel au Verbe. Sur quoi Theorien rai-
fonne ainfi: Subftance ôc nature font le même .
chez les Théologiens. Or félon S. Athanafe le corps
de Jefus-Chrift n’eft pas de même fubftance que
le Verbe : .donc il n’eft pas de même nature : donc
il y a deux natures en Jefus-Chrift.Xheorien cire
enfuite S. Cyrille même, fur lequel les Arméniens
s’appuïoient le plus, S. Grégoire de Nazianze,faint
Grégoire de N y ffe , S. Bafile, S. Ambroife le feùî
des peres Latins qu’il cite, ôc enfin S. ChryLoftome;
ôc montre que l ’églife tient le milieu entre l’erreur
de Neftorius ôc celle d’Eutychés. Alors un A 413»'
évêque Arménien nommé Grégoire, qui étoit
préfent à la difpute , s’écria : Je fuis Romain : ana-
theme à qui ne reçonnoît pas deux natures en Je»
fus-Ghrift.
Le lendemain arriva Pierre évêque de Sappi-
r io n , à qui le catholique communiqua ce que
Theorien lui avoit d it , ôc lui montra combien i l
avoit de paifages des peres, qui reconnoiffoient
deux natures en Jefus-Chrift. Mais l’évêque, qui
étoit in ftru it, les détournoit à fon fens. Le catho-
lique voiant donc qu’il réfiftoie viveute n & iî t .venir
Theorien, ôclui dit : Cet évêque defire de conférer
avec nous fur notre queftien. Mais Theorien
lui ferma b ien tô t la bouche s Sc l’évêque Grégoire