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~ ne fa mere & du patriarche , il établit regent du
’■ roïaume Gui de Lufignan comte de Joppé & d’A fi
calón ; fe refervant la dignité royale , la feule ville
de Jerufalem & une penfion de dix mille écus d’or.
Mais quelque temps après le roi connoiilant l’incapacité
de ce jeune feigneut, & d’ailleurs mal fatis-
fait de lui , retira le pouvoir qu’il lui a voit donné;
&: pour lui ôter même l’efperance de la fucceiïion
à fa couronne , il fit couronner folemnellement
Baudouin fon neveu fils de Sibile & du marquis
de Montferrac fon premiermari; quoiquecenefut
qu’un enfant , qui avoità peine cinq ans. Il fut
couronné le vingtième de Novembre 1181. & les
plus fages n’approuverent cette aôtion ,q u ’entant
qu’elle ôtoit l’autorité à Gui de Lufignan ; car le
royaume demeuroit toujours fans gouvernement,
par la maladie du premier roi & le bas-âge du
fécond. Gui de Lufignan s’enferma dans Afcalon,
& refufa ou vertement d’obéïr au roi fon beau-frere,
qui donna la regencç du royaume au comte de
Tripoli,
Alors ce pauvre roi voyant les progrès de Sala-
din & en craignant de plus grands , envoya en
Occident Heraclius patriarche de Jerufalem, A r naud
maître des Templiers & Roger maître des
Hofpitaliers. Ils arrivèrent heureufement à Brindes
& ayant appris que le pape & l’empereur étoient
à Verone , ils s’y rendirent , mais ils ne reçurent
aucun fecours cffe&if de l’un ni de l’autre.
Seulement le pape leur donna des lettres de recommandation
pour les rois de France & d’An-
L i v r e s o i x a n t e - t r e i z i è m e . 535
gleterre. Le maître des Templiers mourut à V e rone
, le patriarche & le maître de l’hôpital paf-
ferent en France, & arrivèrent à Paris le feizié-
me de Janvier 1185. Maurice évêque de Paris,
les reçut en proceifion avec le clergé & le peuple;
& le lendemain le patriarche célébra lameflc
dans Nôtre - Dame, & y prêcha. Le roi Philippe
Augufte ayant appris l’arrivée des ambaiïa-
deurs quitta toutes fes autres affaires , pour venir
promptement les trouver. Il les reçut avec honneur
, leur donna le baifer de paix ; & ordonna
à fes prévôts &. à fes intendans de les défrayer
par tout fur fes terres. Ils lui prefencerent les
clefs de la ville de Jerufalem & du faint fepul-
cre; & quand ils eurent expliqué le fujet de leur
voyage le roi aifembla à Paris un concile général
des évêques Sc des feigneurs de fon royaume 1
& par leur confeil il ordonna à tous les prélats
d’exhorter fes fujets par de fréquentés prédications'
à faire le voyage de Jerufalem pour la défen-
fe de la foi. Mais on ne lui eonfeilla pas d’y aller
en perfonne , parce qu’il navoit pas encore d’en-
fans. Il y envoya feulement à les dépens de braves
chevaliers avec une grande multitude de sens de
pied. &
Les deux ambaifadeurs de Jerufalem paiferent
promptement en Angleterre , & y arrivèrent vers
le commencement de Février 1185. Le roi Henri
les reçût à Redingues ; ils fe jetterentà fes pieds &
luiprefenterentlabanniere royale avec les clefs du
S. fepulcre, de la tour de David & de la ville de Je-
A N. 1185,
Rfgord.p. £4.
£ÿîïi: AmbaiTadeurs d& gJelerutefrarlee.m en An
Roger. Hoved.
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