
334 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ?
------------ - il voïoic entre fes fpeétateurs quelques-uns de ceux
N* u 7 °- quifomentoient la divifion, il s’approcha d’eux &
d it, pour leur fermer la bouche : Comme je trouve
l’archevêque parfaitement bien difpofé , ii de
mon côté je n’en ufe pas bien avec lui je ferai le
plus méchant de tous les hommes, & je montrerai
la vérité de tout le mal qu’on dit de moi. Mais
je ne vois point de parti plus honnête ni plus utile
que de m’étudier à le furpalfer en amitié & en bons
offices. Tous les affiftans donnèrent de grands ap?
plaudiffemens à ce difeours du roi.
Alors il envoïa à l’archevêque des évêques de
fa fuite , lui dire de propofer publiquement fa demande
; & quelques-uns lui confeilloient de remettre
tout à la diferétion du roi ; mais Thomas
ne jugea pas à propos de compromettre la caufe
de féglife. Aïant donc tenu confcil avec l’archevêque
de Sens & les compagnons de fon e x i l , il
réfolut de ne point remettre à la diferétion du roi
la queflion des coutumes, les dommages que fon.
eglife ayoit fouffert, ni la plainte touchant le fa-
cre du jeune prince. Ainfi fe rapprochant du roi,il
le pria humblement par la bouche de l’archevêque
de Sens, de lui rendre fes bonnes grâces, de lui
donner la paix & fureté à lui ôc aux liens, de lui
reftiruer l’églife de Cantorberi & les terres de fa
dépendance, dont il ayoit lfi l’état dans un papier j
& de reparer l’entreprife du facre de fon fils. A
ces conditions Thomas promettoit l’amour, l’honneur
& tout le fervice qu’un archevêque peut rendre
a fon r o i , félon Dieu. Le roi accepta la propo-
A n . 1170.
L i v r e s o i x a n t e - d o u z i e ’m e . 33;
fition,& reçut à fes bonnes grâces Thomas & ceux
de fa fuite qui étoient prefensj. mais la reftitution
des biens fut differee , parce que le pape ne l’avoic
pas ordonnée expreffément. Le roi s’entretint encore
long-temps avec l’archevêqüe , fuivant leur
ancienne familiarité, enforte que leur conférence
dura prefque jufqu’au foir. Le roi voulut l’emmener
avec lu i , difant qu’il lui étoit avantageux
que leur paix fût connue de tout le monde ; mais
le prélat repondit qu’il paiferoit pour un in g ra t,
s’il ne prenoit congé du roi de France & de fes autres
bienfaiteurs : & le roi d’Angleterre en convint.
I Comme Thomas étoit prêt à fe retirer, Arnoul Vo ep,
eveque de Lifieux le preffa vivement en prefence
du ro i, des eveques & des feigneurs, d’abfoudre les
excommuniez, difant : Comme le roi a reçu en
grâce tous ceux qui vous ont fu iv i , vous devez
aufïi recevoir en grâce tous ceux qui ont été attachez
au roi. Thomas lui répondit : Il faut necef-
fairement faire diftinétion. Entre ceux pour qui
vous parlez, les uns font plus coupables que les
autres ; les uns font excommuniez direéfcement ,
les autres par communication j les uns par nous ou
par leurs évêques, les autres par le pape ; & ceux-
là ne peuvent être abfôus que par fon autorité.
Quant a nous, comme nous avons de la chanrépour
eux tous, quand nous aurons oui le confeil du roi,,
nous efperons travailler de telle fbrte à leur réconciliation,
que fi quelqu un n’y cft pas compris,il ne
devra l’imputer qu’à foi-même. Geofroi R,idcl ar-
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