
8i H i s t o i r e Ec c l e s i a s t i q u e .
— . reur, qui travailloit à recouvrer les,droits de l’etn-
Aîl. 1159 pjre ^ tirerl’églife de fervitude. A ce diicours
les parcifans du Sicilien demeurèrent confus , fie
fe defifterentde leur entreprife.
Enfuite pendantque nôtre frereO&avien,alors
cardinal & maintenant pape , étoit en légation
près de l'empereur avec Guillaume cardinal de S.
Pierre aux liens : le pape fortit de Rome & vint à
Anagni avec les partifans du Sicilien.Ce fut là que
par une confpiration manifefte ils s’engagèrent
avec ferment, à faire excommunier l'empereur &c
às’oppofer jufquesà la mort à fa v o lo n t é s que fi
le pape mouroit, ils n’éliroient pour lui fucceder
qu’un de ceux qui avoient fait ce ferment.Ils firent
auili jurer aux évêques voifins, de ne faerer pour
pape que celui qui ieroit élu par la fadion du Sicilien.
Le pape Adrien étant mort & ion corps porté
à Rome, avant que de l’enterrer nous convînmes
tous par écrit, que l’éledion fe feroit félon la
coutume de l’églife Romaine;c’eft-à-dire que l’on
fepareroit quelquesperfonnes d’entre nous pour
recevoir lesfuffrages& les écrire, & que toutfe
feroit d’uncommunconfentement.Nous étant af-
fcmblezdansl’églifede faintPierre, Péledionprocéda
lentementi& le troifiéme jour étant prefque
paiTé; quatorze cardinaux de la conjuration nommèrent
le chancelier Roland ; & nous au nombre
de neuf nous élûmes Odavien, fachant qu’il étoit
le plus convenable pour la paix & pour l’union
entre l’églife & l’empire.
Alors voïant que le parti contraire vouloit vio-
L i v r e S o i x a n t e -D i x i e’ Me . 8j
1er la convention que nous avions faite : nous leur -------- -
défendîmes de la part deDieu d’inveftir perfonne 11 i 9'
de la chape, finon du confentement de tous; &c à
Roland de la recevoir. Et comme au mépris de
cette proteftation ils fe mettoient en devoir de le
revêtir, ayant qu’ils l’euifent fait, nous revêtîmes
nôtre élû à la priere du peuple Romain,fur l’élection
de tout le clergé & du confentement prefque
de tout le fenat, de tous les capitaines, les barons
St les noblesjnous l’intrônifâmes dans la chaire de
S.Pierre, & nous le menâmes au palais, avec les
acclamations du peuple &toutes lesfolemnitez re-
quifes. Les cardinaux du parti contraire fe retirèrent
au château de S.Pierre, & y demeurèrent enfermez
plus de huit jours : puis en aïant été tirez
par des ienateurs, ils fortirent de Rome;& étant
au château nommé la Cifterne, entre Aricie &c
Terracine, ils y revêtirent de la chape le chancelier
Roland, & le dimanche fuivant, ils le facre-
rent. Auffi- tôt ils envoïerent par toute l’Italie,
pour détourner les évêques de venirau facrede nôtre
élu,les menaçant d’excommunication &de dé-
pofition ; & toutefois il a été facré le premier dimanche
d’O&obre. Tel eft lerecit des cardinaux
du parti d’Oéfavien : où, ce qui eft à remarquer ,
c ’eft qu’ils conviennent eux-mêmes, que Roland
avoir été élû le premier, & par la plus grande partie
des cardinaux, & facré le premier.
L’empereur Frideric aïant reçû les lettres des xi.
« . / r 1 1 r • 1 1 c • Députation de deux partis, relolut par le conleil des leigneurs remPereUr à
d’affembler un concile : croïant en avoir l’au- Alcxandre-
• . . Radev. u.c. 54.