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— parer d’avec les Lombards : c’eft pourquoi par le
70, confeil des cardinaux, il leur manda de lui en voïer
de chaque ville un député pour entendre les pro-
polîtions de l’évêque de Bambcrg : ce qui fut exécuté.
Mais ce prélat s’étant avancé jufques eu
Campanie,pria le pape de vouloir bien y revenir,,
parce qu’il lui étoit défendu d’entrer fur les terres
du roi de Sicile. Le pape y condefcendit , partit
de Benevent avec les cardinaux & les députez des-
Lombards , & vint àVe roli attendre l’évêque de'
Bamberg.
Le lendemain ce prélat fe prefenta devant le pape
en plein coniiftoire ; &i après s’ètre profterné
lui d it :L ’empereur Frideric mon maître m’a commandé
étroitemenc de ne dire ma charge qu’à vous
feul. Le pape lui répondit : Cela eft inutile , puif-
que je ne vous ferai point de réponfe fans la participation
de mes freres les cardinaux & de ces députez
: mais l’évêque infifta tant que le pape* convint
de l’entendre en particulier , à condition der
communiquer à qui il voudrait ce qu’il auroit entendu.
L’évêque déclara au pape quel’empereur ne'
vouloit plus agir contre fa perfonne, au contraire
qu’il maintiendrait toutes fes ordonnances : mais
quant à lui obéir & le reconnoître pour pape, le
prélat n’en parloit qu’ambiguëment ; le pape ne
put jamais l’obliger à s’expliquer nettement fur ce
point. Le pape étant donc revenu à la chambre où?
étoient les cardinaux &Ies Lombards, leur rapporta
le difcours delevêque, & d e leur avis lui répondit
: Nous nous étonnons quêtant auffi prudent
que vous êtes, vous vous foiez chargé d’une telle — -
.commiilion. L’empereur veut maintenir nos or- ^ N- p P | î
donnances fans nous reconnoître pour pape : c’eft
honorer Dieu en partie, & en partie le renoncer.
Toute l’églife a jugé notre caufe jufte , les autres
rois & les autres princes Chrétiens l ’ont embraiTée:
pourquoi votre maître différé-1-il davantrge de s’y
réunir ? Nous fommes prêts, s’il ne tient à lui, de
J honorer plus que tous les princes du monde , &
de lui conferver fes droits, pourvu qu’il aime l ’é-
^glife Romaine fa mere. Le pape renvoïa ainfi 1 e-
'vêque de Bamberg, que les Lombards conduifirerit
pour retourner vers l’empereur.
De Veroli le pape paifa à Ferentino,qui n’en eft
q u ’à fept milles, de là à Anagni, où il écoit Îe huitième
d’Oébobre , puis à Segni, & enfin à T u f-
culum , où il étoit encore le vingt-quatrième de
Novembre. C ’eft ce qui paraît par les dattes des lettres
qu’il écrivic de ces lieux-là fur l’affaire de
-Cantorberi.
Premièrement, aïant appris le couronnement du xxvrjeune
H en r i, il écrivit a 1 archevêque Thomas, p°ur r Angleterre,
pour lui déclarer que cette entreprife de l’arche- K £/,' î4‘
veque d Yorc faite contre fa défenfe ,ne porterait
aucun préjudice au droit de l ’églife de Cantorberi.
Enfuite il écrivit à Roger archevêque d’Yorc , & à »'•«m ?.
Hugues ev.eque de Durham ; & après s’être plaint
de la perfecution que le roi d’Angleterre fait iôuf-
frir a 1 eglife , ij fe plaint en particulier de ce que
jRoger a facre le jeune prince dans une autre province
, au mépris de l’archevêque abfenc, & de ce
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