
t i 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ;
**1* ceux qui feront quelque défordre: carileft impof-
î* fible qu’il ne fe trouve quelques étourdis dans une
fi grande multitude. La lettre eft dattée du mois
de Mars indiètion treizième qui eft l’an 116 j.
Lé pape Alexandre partit de Montpellier* dans
Toètave d el’Aflomption ; & après une navigation
aflez dangereufc il arriva àMeflîne, ce que Guillaume
roi de Sicile aïant appris à Palerme , où il
étoit, il donna ordre que le pape , qu’ilreconnoif-
foit pour fon pere 8c fon feigneur, fut traité avec
l’honneur convenable, 8c lui envoïa de magnifiques
préfens. Il fit armer une galere rouge pour la
perfonne du pape & quatre autres pour les cvêques
8c les cardinaux ; 5c envoïa un archevêque 8c d’autres
feigneurs pour conduire le pape jufques à R o me.
Le pape partit de Meifine au mois de N o v em bre,
pafla par Salerne 8c Gaëtc , puis par l’embouchure
du Tibre arriva à Oftie où il pafla la nuit. Le
lendemain matinjcs fenateurs avec les nobles8cune
grande multitude de clergéôcde peuple fortirent de
Rome,vinrent le recevoir, 8c portant des branches
d’olivierleconduifirentavec joïe jufques à la porte
de Latran, tout le refte du clergé l’attendoit revêtu
folemnellement.Les Juifs s’y trouvèrent aufli portant
leur loi fur les bras fuivant la coutume: les gon-
faloniers avec leurs enfeignes, les écuïers, les fecre-
ta'ires, lés juges 8c les avocats. Ainfi marchant en
M proceffion Scchantant à deux choeurs ils le condui-
firent au Palais patriarcal de Latran. Cétoit le 21.de
Novembre indidfcion 13. Trois jours après le pape
écrivit à Henri archevêque de R eim s, 8c à fes fuf-
L t v r e S o i x a n t e -c n z i e ’ m e . 215
fragans, pour leur faire part de fon arrivée a R o me,
marquant qu’il avcit évité dans fon voïage de
grands périls de la part de fes ennemi's.C’étoit Tempe
retir Frideric 8c les fchifmatiques que ce prince
protegeoit.
Vers ce tems-là Thomas ayant écrit à Arnoul
évêque de Lifieux, qui étoit en grand crédit à la
cour d’Angleterre : ce prélat lui répondit par une
grande lettre , où il difoit en iübftance : Quelques
uns de ces gens qui devinent les intentions
croïoient que vous agifliez par ambition, & que
Vous aviez encore étant archevêque les mêmes
penfées qu’étant chancelier , d’étendre votre puif-
fance fans bornes 8c l’égaler à celle dur.oi, qui la
tient de vous; que par ce m otif vous aviez dès le
commencement refifté à fes ordres, afin d’intim ider
tous les autres par cet exemple. O n v o u sfa i-
foit dire avec vos amis, qu’il ne falloit pas flatter la
jeuneflè inconfiderée de ce prince: mais la reprimer
d’abord vigoureufement. Que vous le connoifliez
mieux que perfonne, 8c qu’il favoit combien vous
lui étiez neceffaire. Ces difcours étoient rapportez
au roi : 8c il difoit dans facolere, qu’il avoit befoin
de toute fa force 8c de toute fon adrefle puis qu’il
s’agifloit de ia d ig n ité, 8c que vous n’étiez pas
homme à abandonner vos entreprifes.
Mais le tems a diflipé tous les doutes, 8c la pureté
de vos intentions eft devenue fi évidente ,
qu’elle a rempli de jaye les gens de bien 8c couvert
vos ennemis de confufipn. il eft clair, que
vous avez préféré la juftice 8c la liberté de l’églife
A n . i 165.
. XXI.
Lettre d’Arnoul
de Lifieux à
Thomas.
1. ef> 8 y. to. 1,
Spicil />. 4 8 5 .