
A n . 1187
K o g r r .p . 63 j .
V ie M . S.
X. •
Bataille dé Ti-
beriade.
E p if i. tn c h r .
R e zeb e rfp . an ,
II87.
j 6 o H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e . '
maître de 1 hôpital. Il les furprit le premier jour de
• Mai 1187. & les battit : Girard s'enfuit, Roger fut
tué, plufieurs Templiers pris, foixante tuez. Sala-
din encouragé parce fuccès, affiegeaTiberiade qui
appartenoit au comte de Tr ip o li, mais ce prince
cédant aux prières de la reine de Jerufalem avoit
renoncé à fon traité avec Saladin. La ville deTibe-
riade fut d’abord emportée de force, mais la citadelle
fit une telle refiftance quelle arrêta l’armée
ennemie pendant plufieurs jours.
Cependant le roi Gui de Lufignan & tous les
princes Chrétiens qui venoient au fecours, aïant
aifemblé leurs forces, campèrent auprès d’Àcre.
Les deux armées fe trouvèrent en prefence le jeudi
fécond jour de Juillet 1187. & commencèrent æ
combattre le vendredi , jour heureux & facré félon
les Mufulmans, Le combat dura deux jours, &
fut très-fanglant ; mais enfin les Chrétiens accablez
par le nombre & abbatus par la fo if & là fa-
tigue, furent entièrement défaits. Tous ceux qu’on’
trouva les armes à la main, furent taillez en pièces
: les principaux prifonniers furent le roi Gui
de Lufignan, Arnaud de C haftillon, le maître du
Temple & celui des Hofpitaliers ; mais la perte
qui fut eftimée la plus confiderable fut celle de la
vraie croix. On l’avoit portée en cette bataille félon
la coûtume, & c’étoit levêque d’Acre qui la;
tenoit ; après quil fut tué un officier de t’églife de
Jerufalem la releva, & elle fut prife entre fes mains.
Les Chrétiens Orientaux & fchifmatiques n’en furent
pas mefins affligez que jË| Latins , & les
Mufulman
L i v r e s o i x a n t e - q u ^ t o r z i e ’m e
Mufulmans regardèrent cette conquête comme le
fruit le plus precieux de leur viétoire. Le comte
de Tripoli après avoir fait des prodiges de valeur ,
fe fauva lepée à la main au travers des ennemis, &
fe retira à T y r où il mourut quelque temps après
détefté des uns & des autres. Les Chrétiens attri-
buoient à fa trahifon la perte de la bataille, & les
Mufulmans l’accufoient de perfidie , pour avoir
rompu fon traité.
Auffi tôt après la bataille Saladin fit dre/fer fa
tente ; on lui prefenta les principaux prifonniers,
puis ayant fait retirer tout le monde , il fut quelque
tems en priere pour remercier Dieu ; reconnoif-
fant que cette viétoire étoit moins l’eiïet de fa va leur
, que des crimes des Chrétiens. Il fit ramener
en fa prefence le roi Gui de Lufignan, Arnaud de
Chaftillon &£ les autres feigneurs. Il les fit aifeoir
El r a • 1 / • » a les cotez , & comme ils etoient extrêmement alserez,
il fit apporter duforbet rafraîchidans laneige
dont il prefenta au roi. Ce prince après avoir
bû , donna la taffie à Arnaud -, mais le fultan lui fit
dire par un interprète : C ’eft à toi que j’ai donné à
boire , non pas à cet homme maudit, qui ne doit
pas efperer de quartier. C ’eft que les Arabes avoient
une ancienne coûtume obfervée encore à prefent
par ceux du defert, tout voleurs qu’ils font, de ne
jamais faire mourir leurs prifonniers quand ils leur
ont donné à boire ou à manger ;c?eft un droit d’h o f
pitalité inviolable entre-eux.
Saladin envoya donc manger les princes François
dans un lieu féparé, & quand on les eut amenez t
Tome X V . B b b b
Vie M S.