
■i<o4 H i $ TiO t R 5E E c c l e s ï a s t i qj i E.
légats voïoient l’affaire de l’égiiie en grand pe-
• ril : parceque plufieurs n’ofant ouvertement combattre
la vérité, difqient par une politique humaine
qu’il falloir différer, 8c attendre l’évenemenc
plutôt que d’expofer la réputation dedeux fi grands
princes. Que l’églife Romaine avoit toujours éié
à chargeaux fouverains, 8c qu’il falloit profiter de
l'occafion de fecoüer ce joug. Que la queftion ie-
rpic décidée par la mort de l’un ou de l’autre, &
que l’autorité des évêques pouvoir cependant fuffi-
re en chaque roïaume. Les envoies de l’empereur
infilloient fur ces raifous avec les deux cardinaux
Jean 8c Gui légats d’O&avien, 8c ils auroient triomphe
du moindre délai : d’autant plus que roui le
mondé croïoit que les deux rois étoient favorables
a Alexandre. D’ailleurs le roi rie France fe rapor-
toit au roi d’Angleterre de ladécifion de l ’affaire,
8c avoit déclaré publiquement qu’il fuivroit ion
avis. Ainfi il falloit plûtôt accorder la difpenfe au
roi d'Angleterre, que l’éloigner par la ieverité ¿d’un
refus : puifque des qu’il s’eft déclaré pour vous,
vous avez gagné la France, l’Angleterre, l'Efpagne,
l’Irlande 8c en dernier lieu la Norvège.
Je ne voi point quelle pouvoir être cette difpenfe,
finon pour le mariage qui avoit été refolu entre
Henri fils du roi d’Angleterre 8c Marguerite fille
du roi de France er,eore enfans. Car il fut confirmé
par l’autorité des légats du pape Alexandre, ôc il
ne pouvoir l’être fans difpenfe : tant à caufeduhas
âge des parties, que parce que Je prince étoit fils
id’Alienor, qui avoit loog-tems paffépour la femr
me
L i v r e S o i x a n t e - D i x i e ’ mb: r o j
me légitime de Louis, ôcdont il avoit eu des en- Y
o r i . a . An.IIÔOJ
f a n s . Or encore que ce prince iouhaitat ce mariage
, il pouvoir être feandalifé de la facilité des légats
à accorder là difpenfe»
On voit encore mieux ce quïfe paffa en Angle- LetJ sLj ' j tat
terre fur l’affaire du fchifme, par les lettres de Jean desansberi.
de Sarifbm, qui étoit alors chapelain 8c lecretaire
. . i I l 1 ■ ^ I “P• Sariih
d e Thibaut archeveque de Cantorben. Ce prélat,
ou plutôt Jean fous Ion nom, écrivit donc au roi
d’Angleterre en ces termes : Le fchifme de l’églife
Romaine excite ceux qui aiment la nouveauté &
encourage les audacieux. Car chez nous les uns
prétendent aller trouver Alexandre, les autres Vic tor.
Pour nous , nous ne favons lequel des deux a
la meilleure caufe: nous ne pouvons retenir ceux
qui vont par legereté vers l'un ou l’autre,, Ôc nous
necroïons pas permis de reconnoître l’un des deux
dans vorre roïaume fans votre confeil, tandis que
la chqié eft en fufpens. Que ferons- nous donc, nous
qui fournies plus fournis à vos ordres que Les autres
8c plus engagez à l’églife Romaine , étant obligez
par notre ferment à la vifiter en certains terns i
C ’eft que l’on prenoit alors ferieufement la pro-
meffe que font les évêques, d’aller à Rome tous
les trois ans ou tous les cinq ans, fuivant la diftan-
ee des lieux, qui n’eft plus regardée que comme de
ftyle. L’archevêque continue : Or il liroit dangereux
pour nous d’être prévenus auprès du pape
quil’emporrera,parceux quiont reçâmoins d’ho-
neur que nous de l’églife Romaine. Nous attendons
& défiions fur tout-cela votre conieil ôc votre fe-
Tome X K O