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f 7| s'étendent dans tout l’empire du calife ; mais il re-
connoît qu’il recevoir du calife cette dignité, &
l’achetoit chèrement -, ce qui fuffit pour montrer
que ce chef cle la captivité n etoic rien moins qu un
ïpi. 101« fouverain 3 8c le feul nom de captivité le mon-
treaifez. Il eft vrai que Benjamin met au-delà,
dans un païs feptentrional des Juifs Recabites
indépendans de toute autre nation, gouvernez par
un Rabi Hanan dont la domination s’étendoit à
feize journées ; mais pour y arriver il falloir paiTer.
v in ° î journées de detert. Hanan avoir un frere
nommé Salomon , qui gouvernoit aufli un état ;
ils éçoient defeendus de David , & il y avoit fous
leur conduite trois cens mille Juifs. Benjamin re-
prefente encore ailleurs des habitations de Juifs
nombreux & indépendans •, mais toutes dans des
païs éloignez & inacceifibles, pour ne pas dire in-r.
ponnùs. Or lui & les autres Juifs n’ont inventé ces
fi étions , que pour eluder les prophéties , par lef-
quelles nous leur prouvons que le Meifie doit être
venu , puifque leur nation , Si en particulier la
race de Davidl nç règne plus en aucun lieu de la
terre.
En général la relation de Benjamin eft remplie
de fables & de fautes groifieres contre la géographie
; en forte qu’on le foupçonne avec raifon de
ne parler que fur le rapport d’autrui de plufieurs
lieux qu’il dit avoir vus. Après avoir parcouru
la Perfe & l’Arabie, il vient en Egypte , où Ü
marque la réfidence du calife feftateur d A l i , &
tenu pour fchifmatique par le calife de Bagdad-^
L i v r e s o i x a n t e -d o u z i e ’m e . 38/
Il ne parle point.des plus fameux Rabins d’Egypte,
entr autre de Moife fils de Maïmon qui vivoit
alors. Il met près d’Alexandrie l’école d’Ariftote , IpfL;
comme fi ce plnlofophey avoit enfeigné ; & marque
qu’en cette ville le trafic attiroit un grand
concours de toutes les nations. D ’Egypte il vint par p. ||i
mer a Me (fine, ou il dit que plufieurs Chrétiens
s’embarquoient pour paifer à Jerufalem. De Sicile
il revint en Italie , d’où il pafl’a en Allemagne. Il
marque les villes qui avoient des fynagogues, &
loue l’affe&ion des Juifs Allemands pour l’étude ,
leur hofpitalite envers leurs freres & leur efperance
dans la venue du Meifie, qu’ils croïoient proche.
D ’Allemagne Benjamin vint en France , où il ne mn.
parle que de Paris, qu’il nomme la grande ville re-
iîdence du roi Louis. L à, dit-il, font des difciples
de la fageife qui n ont point aujourd’hui leurs fem-
blables dans toute la terre ; étudiant la loi jour &
nu it, & exerçant 1 hofpitalite envers leurs freres
Juifs. C eft par-la qu il finit farelation. Il revintert
Caftille fuivanrl’auteur de la préfacé, l’an 633. félon
1 es Juifs, félon nous 1173.
C ’eft le temps des premiers Rabins fameux *
dont il me femble à propos de dire un m o t , afin
que l’on juge quel fondement on peut faire furies-
traditions rapportées par des auteurs fi modernes.
Depuis les paraphrafes Chaldaïques compofées vers- Buxtcrf MUotir,
le temps de Jeius-Chrift, & le Thalmud achevé en- * ^
viron jo o . ansapres, les Juifs n’ont que cinq ou fix
livres écrits avant l’an mil de Jefus-Chrift. C ’eft
depuis ce temps que les études fe font renouvellées-
Tome X V . C c c