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Hijt. Occ, c, 1 7 .
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G 1 6 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
ne permettent fon état. Il fe retira donc avecla per-
miffion de fes fuperieursdans un bois à deux lieues
de Louvigni, & y demeura quelque temps caché
dans une caverne , pratiquant des aufteritez ex-
traordinaires. Enfin il fut découvert par les peuples
du voifinage, 5c vint même à la connoiiïance du
duc de Bourgogne, qui le vifita fouvent. Ce prince
étant prêt adonner un combat dangereux , promit
à Viard que s’il en revenoit vainqueur, il lui fonderait
un monaftere dans le même lieu. Il remporta
la viétoire 5c exécuta fa promeife ; 5c le nouveau
monaftere garda le nom du lieu , qu’on nommoit
le Val des Choux. Une ancienne infeription de
l ’églife porte que Viard y entra le fécond jour de
Novembre n p i.
Il donna à fes difciples des conftirutions fort
fembLbles à celles des Chartreux , qui furent depuis
confirmées par le pape Honorius III. Voici
comme en parle Jacques de Vitriauteur du temps,
qui toutefois s’eft trompé en ce qu’il a crû qu’ils
fuivoient i’inftitut de Cifteaux. Ils logent , dit-
il , dans de petites cellules ,pour vacquer plus tranquillement,
à la leéfure, la priere & la méditation.
Pour retrancher les foins extérieurs ils n’ont ni
troupeaux ni terres labourables, & fe font marqué
des bornes hors l’enclos du monaftere , au-delà def-
quélles il ne leur eft pas permis de s’éloigner. Il
n’y a que le prieur qui puifle fortir, & encore avec
quelqu’un des freres , pour vifiter les monaftere*
qui lui font fournis , ou pour quelqu’autre caufe
neceiTaiïc. Ils ont dans leurs limites des jardins
»
L i v r e so i x a n t e -q u a t o r z i e ’m e . .61 y
fruitiers & potagers ; 5c ils fartent à certaines heures
pour les cultiver 6c manger le fruit de leur travail.
Pour fuppléer au refte de leurs befoins Us ont
des revenus annuels qu’ils reçoivent fans grande
peine. Et de peur qu’une exceffive pauvreté ne les
détourne de leurs occupations fpiricuelles, ou ne
les oblige à mandier, ils ne reçoivent en chaque
maifon qu’autant de fujets qu’elle en peut entretenir
de fes revenus.
Le roi Richard inftruit des troubles excitez en
Angleterre à l’occafion de fon abfence , fe prefla
de faire avec Saladin une trêve de trois ans ; par
laquelle Jatfa, Cefarée, A r fo u f , Hiffa 5c Acre demeurèrent
aux Chrétiens. Saladin jura en mettant
la main fur l’Alcoran , & Richard dit qu’en fon
païs on fe contentoit de la parole des rois : c’eft
pourquoi les Mufulmans lui touchèrent la main
fans exiger d’autre cérémonie. Enfuite il s’embarqua
au portd’Acrele jeudi huitième jour d’Oéto-
b r en p i. Il évita la route de IaPoiiille,où l’empereur
avoit des troupes & prit celle de Dalmatie :
mais aïant fait naufrage au fond du golfe de V e -
nife , il fut obligé de marcher furies terres de
Leopold duc d’Autriche, qu’il avoit fenfiblement
offenfé pendant le fiege d’Acre. Richard,quoique
déguifé en Templier , fut reconnu & mené au d u c ,
qui le retint à Vienne en une étroite prifon , 5c le
livra enfuite à l ’empereur fon ennemi. Le roi Richard
fut arrêté le vingtième de Décembre n p z .
&c demeura prifonnier pendant toute l’année fui vante.
La nouvelle en étant venue en Normandie , l’ar-
K k k k ij
A n . h <,z .
xli.
L e fo i Richard
pris par le duc
d’Autriche.
Roger, p. 717.
Netibr. 4.c. 19 31.
Vie S al ad* M'S.
Chr. Retcbtrfy.
p.iÿ o.