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| | i torité à l'exemple des anciens empereurs, comme
J9* Juftinien, Theodofe & Charlemagne;& pour cet
effet il envoïa citer les deux prétendus papes , pat
deux évêques, Daniel de Prague & Herman de
Verden. La lettre del’empereur au pape Alexandre
le nommoit feulement Roland chancelier,& étoie
auffi adreffée aux cardinaux quil’avoient élu. Il y
difoit,que pour remedierau fchifme ilavoit réfolu
de tenir à Pavie une cour ou affemblée generale
dans l'oétave de l'Epiphanie : où il avoit appelle
tous les évêquesdel’empireSi desautres royaumes,
favoir d’Angleterre, de France, de Hongrie , de
Dannemarc-.afin que cette grande affaire fût terminée
par un jugement ecclefiaffique , fans que
les féculiers en priffent connoiffance.il ordonnoit
donc à Roland, & aux cardinaux de fon parti de la
part de Dieu & de toute l’égliie de veuirà cette
affemblée: offrant de les y faire conduire en fureté
parles deux évêques, députez & par le comte Pala-
c’ 56■ tin. Dans la lettre circulaire aux évêques pour les
appeller au concile,l’empereurdifoit: Aïantaffemî*
blé les évêques Italiens &i Allemans, avec les fei-
gneurs &des perfonnespieufes&zeléespourl’é-
glife:nous avons trouvé ïuivant les décrets des palpes
& lesregles ecclefiaftiques,que lorfqu’il s’élève
un fchifme dans l’églife Romaine, nous devons,
appellerles deuxprétenduspapesôi décider lacon-
teft ition fuivant le confeil des orthodoxes. Laiet-
tre finit par une défenfe à l’évêque àquielles’a-
dreffe de prendre parti entre les deux papes. Elle
eft datéedeGrêmele vingt- troiiïéme d’O&obre.,
L i v r e Soi x a n t e - D i x i b m e . 85
Les deux évêques de Prague &c de Verden députez
de l’empereur étant arrivez à Anagni où
étoit le pape Alexandre, entrèrent dans fon palais
& s’aihrent devant lui avec les cardinaux & plu-
fieursautres tantclercsque laïques,fans lui rendre
le refpeét convenable à fa dignité, parce qu’ils ne
le reconnoiffoient pas pour pape, ils dirent leur
charge & prefenterent la lettre de l’empereur fcel-
lée d’or : àlaledure de laquelle les cardinaux furent
troublez, craignant d’une part la violence
d’un prince fi puiffant,& del’autrela diminution
de ta liberté de leglife. Aprèsune longue délibérat
ion, i l s refolurent de demeurer fermes dans l’obéïflance
d’Alexandre, à quelques périls qu’ils fe
dûffent expofer. Et comme les envoyez du roi
preffoient pour avoir réponfe, le pape Alexandre
répondîtainfi devant toutlemonde:Nous recon-
noi fions l’em pereur pouravoiie ôidefenfeur del e-
glife Romaine , &; nous prétendons l’honorer au
deffus de tous les princes de la terre , pourvu que
r h o n e u r d u r o id e s r o i s n ’ y f o i tp o in t in t e r e f f é .C ’e f t
pourquoi nous fommes furpris de la maniéré dont
ilnoustraitecontrelacoûtumedefesprédeceffeurs,
enc o n v o q u a n tu n c o n c i l e i a n sn o t r e p a r t i c ip a t io n , .
& nous ordonnant de nous trouver en fa prefen-
ee,comme s’il avoit puiffance fur nous. Or J..C. a
donné à S.Pierre & par lui àl’églife Romaine ce privilège,
qui s’eft confervé jufques.àprefent, qu’elle
juge les caufesde toutesles églifes, fansavoir jamais
été foûmife au jugement de perfonne.. Nous
ne pouvons donc affez nous étonner^que ce. privi-
An. m j 7.
Acla> ap» Bar*