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Guil. Armort.
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joS H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
canons ils avoient chez eux des efclaves Chrétiens ;
de l’un Sc de l’autre fexe, qu’ils faifoient judaïfer ;
& qu’ils exerçoient des ufures fans bornes avec les
Chrétiens, nobles, bourgeois Sc païfans, dont
plufieurs étoient contraints de vendre leurs héritages
, d’autres de demeurer dans les maifons des
Juifs comme prifonniers, leur étant engagez par
ferment. Si pour le befoin des églifes on leur em-
pruntoit de l’argent, ils prenoient en gage le crucifix
Sc les vafes facrez, qu’ils profanoient, Sc bu-
'Voieht dans les calices, ou les cachoient dans les
lieux les plus infeéts de leurs maifons. Le roi con-
fulta fur ce fujet un hermite nommé Bernard, qui
vivoit dans le bois de Vincennes en réputation
de fainteté ; Sc par fon confeil il déchargea tous
les Chrétiens de fon roïaume de ce qu’ils dévoient
aux Juifs, en retenant à fon profit la cinquième
partie. Enfin au mois d’Avril n8z. il publia
un édit portant, que tous les Juifs fe tinlfent
prêts à fortir de fon roïaume dans la S. Jean : leur
donnant ce temps pour vendre leurs meubles, Sc
confifquant à fon profit leurs maifons , leurs terres
Sc leurs autres biens immeubles. Quelques-uns
fe firent baptifer & obtinrent la confervation de
leurs biens Sc de leur liberté ; d’autres gagnèrent
par prefens Sc par promeffes. des prélats & des
feigneurs, pour ioliicicer le roi de révoquer fon
édit. Mais il demeura ferme dans fa réfolution ;
& les Juifs aïant réduit leurs meubles en argent
fortirent au mois de Juillet de la même année n 8 i,
avec leurs femmes, leurs enfans Sc toute leur fuite,
L i v r e s o i x a n t e -t r e i z i e ’m e . 50?
L ’année fuivante le roi fit dedier toutes les fyna-
gogues pour les changer en églifes: ce qui lui attira
la benedi&ion de tout fon peuple. I MüÈÊIMÊS
Au commencement de lI a mAe meanne/ e 1183. /G-> ui*Tllaume
archevêque Rheims & Philippe comte de
Flandres, eurent une conférence à Arras pour leurs
affaires fecretes. Une femme des terres du comte y
découvrit plufieurs heretiques Patarins, c’eft-à-dire
Manichéens. Ils furent convaincus par leur propre
confeffion, de tenir une doétrine très-impure. Il y
avoit des clercs, des gentilshommes, des païfans,
des filles, des femmes mariées, Sc des veuves. L’archevêque
Sc le comte les condamnèrent au feu ayec
confifcation de leurs biens.
L’empereur Manuel Comnene avoit été très- XLII.
favorable aux Latins, Sc ne confioit qu’à eux les .^ ups ma£6“ e*
plus grandes affaires, y trouvant plus de fidélité Guiu.Tyr,XÏU.
Sc de vigueur que dans les Grecs. Il répandoit fur c-la-
eux abondamment fes liberalitez, ce qui les atri-
roit auprès de lui de toutes parts : mais les Grecs,
principalement les nobles Sc les parens de l’empereur,
n’en étoient que plus indignez Sc plus confirmez
dans la haine qu’ils avoient déjà contre
les Latins. Ils étoient encore échauffez par les
différends de religion ; ne voulant point ceder à
l’autorité de l’églife Romaine , & regardant comme
heretiques tous ceux qui ne fuivoient pas leurs
traditions. C ’eft ainfi qu’en parle Guillaume archevêque
de T y r qui avoit été plufieurs fois à C. P.
Sc il ajoute , qu’après la mort de l’empereur Manuel
les Grecs cherchoient l’occafion d’affouvir
S f f iij