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qui a imaginé la fontange ancienne ; comme palatine,
parure de cou, celui de la princeffe qui en a introduit
l’ufage en France.
* FON TE, f. f. {Arts mèchaniq.) il fe dit des métaux
, des pierres, en un mot de tous les corps dans
lefquels on parvient à rompre par le moyen du feu ,
la cohéfion des petites maffes aggrégatives qui les
composent, & de les réduire ainfi fous une forme liquide.
Voilà l’acception générale : il en eft une particulière.
Fonte fe dit chez chaque artifte, de l’emploi
aéluel d’une certaine quantité plus ou moins
grande d’une fubftance fufible expofée fur le feu pour
être employée. Si l’on dit, i l a écrit un ouvrage fu r la
fonte des métaux , fonte fera pris généralement : fi l’on
dit, i l a fa it une belle fonte aujourd'hui , il fera pr-is
particulierement.On dit métaphoriquement, une fo n te
d'humeurs, dans l’hypothèfe peut-être vraie, peut-
être fauffe, qu’une maffe d’humeurs, qu’on imaginoit
auparavant fous une forme épaiffe, vifqueufe , naturelle
ou non, ait acquis fubitement un certain degré
de fluidité, en conféquenee duquel il s’en fait
une évacuation abondante. Voye{ à l'prt. F o n d r e ,
& ci-après , les autres lignifications du mot fonte.
F o n t e , {Fonderie en caractères.) On entend par ce
mot, un affortiment complet de toutes les lettres ma-
jufcules, minufcules, accentuées, points, chiffres,&c.
néceffaires à imprimer un difeours, & fondues fur un
fenl corps. Voye^ C o r p s .
On dit, une fonte de cicéro, de petit-romain ,lorf-
que ces fontes font fondues fur le corps de cicéro ou
petit-romain ; & ainfi des autres corps de l’Imprimerie
.L
es fontes font plus ou moins grandes fuivant le be-
foin ou le moyen de l’imprimeur, qui demande par
cent pefant ou par feuilles ; ce qui revient au même.
On dit une fonte de cinq cents, de fix cents plus
ou moins ; c’eft-à-dire qu’on veut que cette fonte bien
affortie de toutes fes lettres, pefe cinq cents ou fix
cents livres, &c.
On dit auflï, une fonte de tant de feuiIles,ou de
tant de formes , pour faire entendre que l’on veut
qu’avec cette fonte on puiffe compofer de fuite tant
de feuilles ou tant de formes, fans être obligé de distribuer.
En conféquenee, le fondeur prend les mefu-
res, & compte pour la feuille cent vingt livres pefant
de caractères, y compris les cadrats & efpaces ;
& foixante livres pour la forme, qui n’eft que la moitié
de la feuille. Ce n’eft pas que la feuille pefe toûjours
cent vingt livres, ni la forme foixante, étant
plus grandes ou plus petites : mais comme il n’entre
pas dans toutes les feuilles le même nombre ni les
mêmes fortes de lettres, il faut qu’il en refte toûjours
dans la caffe pour fuppléer au befoin Voye[ C a s s e .
F o n t e , ( à la Monnoie. ) eft la converfion des
monnoies de cours en d’autres nouvelles , que le
prince ordonne être fabriquées. Les dernieres font,
après le délai porté par les édits & ordonnances ,
feules reçues dans le Commerce, les premières devenant
alors vieilles efpeces.
F o n t e , ou Fo n d r e , en terme cFOrfevre , fe dit de
l’aélion de liquéfier le métal en poudre, en piece, ou
autrement, enl’expofant dans un creufet à différons
feux : car la fonte demande divers degrés de feu. On
doit le modérer d’abord , pour ne pas expofer les
creufets qui font de terre, a être caffés par la v iolence
du premier feu : il faut le pouffer avec vigueur
fur la fin de l’opération, félon les différentes matières
du mélange. Lorfque la matière eft en poudre, il
faut un feu violent pour l’affembler; & de même, lor f-
qu’elle a befoin d’être affinée, en y ajoutant les intermèdes
néceffaires, comme le falpetre & le borax.
F o n t e , f. f. terme de Sellier. Des fontes au nombre
de deux , font des faux-fourreaux de cuir fort,
fixément attachés à l’arçon de la felle, pour y met-
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tre les piftolets dans l’occafion. Il ne faut pas confondre
, comme font quelques perfonnes, les fontes
avec les faux-fourreaux. Ces derniers font faits ou
d’étoffe, ou de cuir pliant & maniable , pour y tenir
chez foi les piftolets dans un lieu fec & ferme , afin
de les préfer ver des ordures & de la rouille. C’eft
dans les faux-fourreaux & avec eu x, qu’on met les
piftolets dans les fontes. {D. J.)
FONTENAY-LE-COMTE, ( Géog.) petite v ille
de France, capitale du bas Poitou, fituée fur la Ver-
dée, à environ 6 lieues de la mer, à 14 lieues N. E.
de la Rochelle, à 5 N. de Marans. Long. i5 . 4 2 .
latit. 4 6 . 3 o. {D . J.')
FONTENOY, {Géog.') village des Pays-Bas près
de T ourna y, célébré par la viûoire que l’armée de
France y remporta le 11 Mai 1745, fur l’armée combinée
des Autrichiens, des Anglois, & des Hollan-
dois.
FONTEVRAUD, ( Géog. & hifl. monajl. ) Font-
Evraud, & fuivant Ménage, Fontévaux, Font-Ebral-
d i , eft un bourg en Anjou à trois lieues de Saumur.
Long. ty . 41. 6 4 . latit. 4 y . 10. 4/.
Ce bourg n’eft cependant connu que par une célébré
abbaye de filles , chef d’ordre érigée par le
bienheureux Robert d’Arbriffel, né en 1047, & mort
en 1 1 1 7 ; perfonnage trop fingulier, pour ne pas
rappeiler dans cette occafion un petit mot de fa mémoire
& de f ordre qu’il fonda.
Après avoir fixé fes tabernacles à la forêt de Fon-
tevraud, il prit l’emploi de prédicateur ambulant,
& parcourut nuds-piés les provinces du royaume,
afin d’exhorter principalement à la pénitence les femmes
débauchées, & les attirer dans fon cloître de
Marie-Magdeleine. Il y réufîit merveilleufement,
fit en ce genre de grandes converfions, & entr’au-
tres celle de toutes les filles de joie qu’il trouva dans
un lieu de débauche à Rouen, où il étoit entré pour
y annoncer la parole de vie. On fait encore qu’il
perfuada à la reine Bertrade, fi connue dans l ’hif-
toire, de prendre l’habit de Fontevraud, & qu’il eût
le bonheur d’établir fon ordre par toute la France.
Le pape Pafchal 11. le mit fous la protection du
faint fiége en 1 10 6 , le confirma par une bulle en
1113 , & fes fucceffeurs lui ont accordé de magnifiques
privilèges. Robert d’Arbriffel en conféra quelque
tems avant fa mort le généralat à une dame
nommée Pétronille de Chemillé; mais il ne fe contenta
pas feulement de vouloir que fon ordre pût tomber
en quenouille , il voulut de plus qu’il y tombât toûjours,
& que toûjours une femme fuccédât à une autre
femme dans la dignité de chef de f ordre, commandant
également aux religieux comme aux religieufes.
Il n’y a rien fans doute de plus fingulier dans le
monde monaftique, que de voir tout un grand ordre
compofé des deux fexes, reconnoître une femme pour
fon général ; c’eft néanmoins ce que font les moines
& les nones de Frontevraudy en vertu de l’inftitut du
fondateur. Ses volontés ont été exécutées, & même
avec un éclat furprenant ; car parmi les trente-quatre
ou trente-cinq abbefies qui ont fuccédé jufqu’à
ce jour ( 1756 ) à l’heureufe Pétronille de Chemillé,
on compte quatorze princeffes, & dans ce nombre,
cinq de la maifon de Bourbon.
L'ordre de Fontevraud eft divifé en quatre provinces
, qui font celles de France, d’Aquitaine, d’Auvergne
, & de Bretagne. Il y a quinze prieurés dans
la première, quatorze dans la fécondé, quinze dans
la troifieme, & treize dans la quatrième. C ’eft fur
cet ordre, fi l’on veut fatisfaire pleinement fa curio-
fité, qu’il faut lire Sainte-Marthe dans le IV. vol.
du G allia chrijliana, & fur - tout l’ouvrage du P.
de la Mainferme, religieux de Fontevraud, intitulé
Clypeus ordinis Fontebraldenfis. Le premier volume
fut imprimé en 1684, le fécond en 1688 3 le trpifiç:
me en 1692. ; & il faut joindre à cette leélure, celle
de l’article de Fontevraud dans la derniere édition du
Diûionnaire de Bayle. {D . J .) ■
FÔNTICULE , f. m. ( Chirurgie. ) petit ulcéré artificiel
pratiqué par le Chirurgien en différens endroits
du corps, foit pour prévenir une maladie
qu’on prévoit avec certitude , foit pour rétablir la
fanté. Le mot de xautere dont on fe ferf communément
dans le même fens, eft bien moins propre que
celui defonticuje, parce qu’il eft équivoque, & qu’il
fignifie généralement ou un fer rouge, ou un remede
corrodant & cauflique.
Les Chirurgiens en pratiquant un fonticuley fepro-
pofent d’imiter la nature qui produit quelquefois
d’elle-même des ulcérés de cette efpece, par lefquels
elle chaffe comme par des égouts les matières lùra-
bondantes ou viciées, qui ne manqueroient pas fans
ce fecours de caufer des maladies fâcheufes.
Les parties du corps où l’on ouvre le plus communément
& le plus commodément ces ulcérés artificiels,
font i°. la partie fupérieure de la tête ; 2°.
le cou ; 30. les bras fur lefquels on choifit la partie
la plus baffe, ou l’extrémité du mufcle deltoïde &
du biceps ; 40. les parties inférieures du corps, particulièrement
le genou, le côté intérieur delà cuiffe,
à l’endroit où il y a une cavité qu’on apperçoit au
doigt ; 50. enfin le deffous du genou, c ’eft-à-dire le
côté intérieur de la jambe où l’on remarque une efpece
de cavité.
La plus courte méthode de former un fonticule,
un ulcéré artificiel, eft celle où après avoir marqué
1 endroit qu on veut cautérifer, on tient la peau éle-
yee avec les doigts, & on fait avec le biftouri une
incifion dans laquelle on puiffe aifément introduire
un pois. Lorfque le pois eft p lacé, on le couvre d’un
emplâtre ; enluite on leve cet appareil foir & matin,
on nettoye l’ulcere, on introduit un nouveau pois,
& l’on applique de-rechef l’emplâtre & le bandage.
En peu de jours le petit ulcéré fe trouve formé, &
jette une humeur purulente.
s Unq autre maniéré de former un fonticule , eft
d ouvrir la peau avec un fer rouge : cette fécondé
méthode eft effrayante, mais elle produit furement
quand elle eft néceffaire,unerévullion considérable.
Une troifieme maniéré de cautérifer, c’eft de fe fer-
vir d’une fubftance rongeante & cauftique. Voye^
C a u t e r e & C a u s t iq u e .
De quelque maniéré que le petit ulcéré ait été
pratique, il en faut faire le panfement tous les jours,
ôc quelquefois deux fois par jour. En même tems
à chaque panfement on nettoÿera toûjours foigneu-
fement la plaie avec un linge propre. On fubftituera
un nouveau pois à celui qu’on aura ôté ; on appliquera
un emplâtre à-peu-près de la largeur de la
paume^de la main , ou au lieu d’emplâtre un morceau
d étoffé de foie couvert de cire, ou même une
feuille de lierre qu’on fixera par un bandage. M.
Heifter trouve que les bandages de linge font moins
commodes que ceux de cuir, ou qu’une plaque de
cuivre, à laquelle font ajuftés des cordons ou des
agraffes, de maniéré qu’un malade peut fe les appliquer
fans aucune incommodité. Voyer^-en la machine
dans cet auteur.
On tiendra le fonticule ouvert, jufqu’à ce que la
maladie pour laquelle on l’avoit pratiqué foit radicalement
guérie. Les adultes attaqués de maux invétérés,
feront fagement de garder ces petits ulcérés
jufqu’à la mort, s’ils veulent éviter de s’expofer
aux accidens qu’ils a voient éloignés par ce moyen.
Les avantages principaux que l’on attend des fon-
ticules, c’eft la guérifon ou l’affoibliffement de plu-
fieurs maladies de la tête, des yeux , des oreilles ,
des mammelles, & d’autres parties, comnx auflï
des douleurs de la feiatiaue. Comme dans tmis
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cas * où a quelquefois inutilement recours à ce re-
mede, alors il faut pçpmptement refermer l’ulcere;
& pour cet effet il ne s’agit 'qye d’ôter le pois.
S’il fe forme à la partie qui Ja été ulcérée des ex*
croiffances fongueufes', on les emportera avec un
peu de poudre d’alun brûlé. Si les fonticules ceffent
de fuppurer dans les vieillards, & que les bords, de
1 ulcéré deviennent fees, livides,.ou noirs ; cet état
eft très-dangereux ; il menace d’une maladie violent
e , & même d’une mort prochaine. Il eft donc à-
propos de recourir promptement aux remedes capables
de prévenir l’un ou l’autre de ces accidens.
Comme cette matière eft d’une grande importance
, différens auteurs en ont traité expreflément.
Eoye[ entr’autres.
Galvani (Dominici ) trattato delle fontanelle. In
Padoua, 1620. 40. c. f oeneis.
Wolter { Gualther Ambrof.) Pyrotechnicum opuf-
culum de cauteriorum , yè&fonticulorum ufu. Watif-
Iaviæ , 1672. in-8°.
Glandorpius (Matth. Lud. ) Ga^ophylacium fon-
ticulorum & fetpnumrcjh-acum. Bremæ , 1631.4°..
editio prima,
Hoffmanni ( Frederici ) de veficantium & fonticu-
lorum circonfpeclo in medicina ufu. vol. VI. de l ’édit,
de Geneve , 1740. ■
Pour ce qui regarde en particulier la maniéré de.
pratiquer un cautere ou un ulcéré artificiel à la future
coronale, voyeç la dijfert. d’Hoffman que nous
venons de citer; & furies avantages de cette opé*
ration, confultez Marc Donatus, liv. I I . hiß. efiiral.
cap. jv . M. A. Severinus, Pyroth, Chirurg, liv. I I .
part. I. cap. vj. Ri viere, centßj^obf. 5 3 . Aqùa.pen-
dente, operationes chirurgien , cap. j . , Claudinus
refponf. de cauterio in futur a coronali. Heifter., Chirurgie
, & c . {D . J .)
FONTINALES, f. f. plur. ( Mythol. & antiquité
rom.) Fontinalia, fête que les Romains célebroient
à l’honneur des nymphes qui préfidoient aux fontaines
& aux fources.
Les payens accoutumés à fe faire des dieux de
toutes chofes, ne manquèrent pas d’en imaginer,
auxquels ils attribuèrent un pouvoir fur les fleuves
& fur les fontaines. Ils appelierent ces dieux, les
dieux des eaux, d'd aquatiles, comme on le voit par
une infeription rapportée par Reinéfius ; mais ils
mirent ces divinités dans le rang des demi-dieux
qu’ils diftinguerent par des noms différens. Les nymphes
marines furent nommées néréides, parce qu’elles
étoient filles de Nérée. On donna le nom de
nayades à celles qui préfidoient aux fontaines. On
appella potamides , les nymphes des fleuves & des
rivières, & limmades, les nymphes des lacs & des
étangs : enfin le mot de nymphes, nymphes, fignifioit
fouvent les feules divinités des fontaines. Foyei Ne-
r e id e s , N ym ph e s , &c.
On étoit fi fort perfuadé de l’exiftence de ces nymphes,
que l’on faifoit des fêtes tous !les ans à leur
honneur; le jour en étoit fixé au 13 O â o b re, qui
étoit le troifieme jour devant les ides ; pour lors on
jettoit des fleurs dans les fontaines, & l’on en cou-
ronnoit les puits. Feftus nous apprend que ces fêtes
étoient célébrées à une des portes de Rome que l’on
nommoit fontinalis porta. Voyeç Feftus/ Varron,
Struvius, & autres auteurs de ce' genre. {D. J.)
FONTS Baptifmaux, ou Amplement FONTS, f.
m. pl. {Théolog. 6' Hiß. Eccl. ) c’eft un vaiffeau de
pierre ou de marbre, qui eft à l’entrée intérieure
des églifes paroifîîales, où l’on conferve l’eau dont
on fe fert pour baptifer. Voyeç Ba p t ê m e .
L es fonts baptifmaux étoient autrefois la marque
d’une églife paroifliale. Voye^ les. articles Pa r o is s e
& É g l is e .
Les fonts baptifmaux font aujourd’hui auprès de
O'iJ