aux furets. Depuis le mois d’Aout jufqu’au mois de I
Novembre, le panneau eft à préférer, parce que c’eft
un moyen plus facile 8c plus prompt. Pour s’en fer-
vir on a une petite route couverte, fi l’on peut, d’un
coteau ou d’un revers de foffé, & tracée entre les terriers
8c l’efpace dans lequel les lapins s’écartent pour
aller au gagnage pendant la nuit ; on file un panneau
le long de cette route ; on l’attache à* des fiches ou piquets
de deux piés de haut ; on a foin d’enfoncer ces
fiches affez pour qu’un lapin ne les renverfe pas, ÔC
elles font placées a fix toifes les unes des autres. Un
homme refte à ce panneau ; deux autres parcourent
l’efpace dans lequel les lapins font répandus ; l’effroi
les faifant revenir aux terriers , ils font arrêtes par
le filet, 8c faifis par celui qui le garde : c’eft - là ce
qu’on appelle/wVe U rabat. Dans une garenne un peu
etendue, on en peut faire jufqu’à trois dans une nuit
en commençant deux heures apres la nuit fermee.
Lorfqu’on a le vent faux, ou qu’il fait clair de lune,
les rabats ne réuffiffeut guere. On voit que de cette
maniéré les lapins étant pris vivans, il eft aife de ne
tuer que les bouquins, 8c de_Jaiffer aller les hazes :
cela eft d’autant plus avantageux, qu’il ne doit pas
refter dans la garenne plus d’un bouquin pour quatre
ou cinq hazes. On a le même avantage pendant 1 hy-
ver, en faifant fortir les lapins du terrier avec des furets
emmufelés, 8c les prenant avec des bourfes ,
qu’on adapte aux gueules. V oye£ Fureter.
Si le terrein d’une garenne eft fablonneux, il faut
que les murs qui l’entourent ayent des fondemens
très - profonds, afin que les lapins ne percent point
au - deffous. Ces murs doivent avoir fept à huit piés
de haut, 8c être garnis au-deffous du chaperon d’une
tablette Taillante, qui rompe le faut des renards.
Si on eft forcé de laiffer des trous pour l’écoulement
des eaux, il faut les griller de maniéré que les belettes
même ne puiffent y paffer.
Il eft prefque néceffaire que dans une garenne les
lapins trouvent de-tems-en-tems'du couvert. On ne
peut pas elpérerd’y élever du bois ; il faut donc y entretenir
des bruyères, des genêts , des genievres qui
font ombre, & que les lapins ne dévorent pas comme
le refte. Lorfqae rien n’y peut croître, on eft contraint
de former un couvert artificiel. On affemble
plufieufs branèhes d’arbres, des genêts, &c. on les
couché,:8c-dites fervent de retraite aux lapreaux,
que les vieux lapins tourmentent dans les terriers
pendant i ’eté'. ,
On devra à ces foins réunis, tout l’avantage qu’on
peut retirer d’une garenne 9 fi l’on y joint une attention
continuelle à écarter & à détruire toutes les bêtes
carnaffieres qui font ennemies des lapins. Les
murs peuvent garantir des renards, des blairaux,
des putpis, 8c même des chats ; mais il faut des précautions
journalières pour Te défendre des fouines,
que les murs h’arrêtent pas ; des belettes, auxquelles
le plus petit trou donne paffage, &c. Voyei P iè g
e . Il eft donc inutile d’avoir une garenne, fi l’on
n’en confie pas le foin à un garennier très-intelligent
& très-exercé. Cet article ejl de M . l e R q Y , lieutenant
des chaffés du parc de Vtrfailles.
GARER un V aisseau, pour dire calfater, (Mar.)
c’feft un vieux terme qui n’eft plus d’ufage. Voye{
C a l fa ter .
Garer un bateau, un train de bois, c’eft le ranger
& l’attacher de façon qu’il foit en sûreté. Ce terme
n’eft én ufage que parmi les bateliers. (Z )
G aRer , c’eft en termes dcjlotage, arrêter les trains
dans certains lieux défignés par la police aux environs
dè.Paris, ou fur la route, pour la commodité
des flôtëürs..
GARET, (G é o g .) contrée d’Afrique dans la Barbarie,
au royaume de Fez. Mehlla, Chafaca, Te-
fota 8c Maggéa, en font les villes principales. Cette |
province baignée au nord par la Méditerranée , eft
bornée E. par la riviere de Mulvia, qui la fépare de
la province d’Errif. Le Garet a de bonnes mines de
fer, 8c des montagnes au centre qui font cultivées.'
Voyc^ Marmol, liv. IV. chap. xcxvj. (JD. J .)
GARGAN, ( Géog. anc.) montagne d’Italie au
pays nommé autrefois la P ouille Damienne , 8c maintenant
la Capitanate, au royaume de Naples, près
de Manfrédonie. Pomponius Mêla 8c Pline le nomment
garganus nions. Il étoit couvert de forêts de
chênes : aquilonibus querceta Gargani laborant , dit
Horace. Cette montagne s’appelle aujourd’hui le
mont Saint-Ange, monte di SantyAngelo ; 8c le promontoire
de cette montagne qui s’avance dans la mer
Adriatique, capo viejlice. (D . J.)
GARGAN CY , oifeau. Voye^ S a r c e l l e »
GARGARA, ( Géog. anc. ) le plus haut promontoire
du mont Ida dans la Troade, 8c l’un des quatre
qui partant de cette montagne s’avançoient dans
la mer. Jupiter y a voit un temple 8c un autel ; c’eft-là
que ce D ieu , dit Homere toujours géographe dans
fes écrits , c’eft-là que ce dieu vint s’affeoir pour
être tranquille fpe&ateur du combat entre les Grecs
& les Troyens. Le Gargara ne manqua pas de fe peupler
infenfiblement, & tenoit déjà fon rang parmi
les villes oeoliques, du tems de Strabon. Il ne faut
pas confondre Gargara avec Gargarum, qui étoit
une autre ville de l’Afie mineure, félon Etienne le
géographe. (JD. JJ)
GARGARISER, ( se ) c’eft l’a&ion de fe laver la
bouche 8c l’entrée du gofier avec quelque liqueur.On
fe gargarife ordinairement avec de l’eau fimple, par
propreté : cette ablution enleve les matières jimo-
neufes qui pendant la nuit s’attachent à la langue ,
au voile du palais, 8c dans le fond de l’arriere-bou-
che. Lorfqu’on fait ufage de gargarifmes dans des
maladies du fond de la bouche , on a coûtume de
porter la tête en-arriéré; on retient la liqueur, 8c
on l’agite en lui faifant faire un gargouillement. Ce
mouvement de l’air avec l’eau peut irriter les parties
, 8c empêche Taftion du médicament. II opére-
roit plus efficacement, fi l’on retenoit la liqueur fans
aucune agitation, de façon qu’elle baignât Amplement
les parties malades. Voy. G a r g a r i sm è . ( T )
GARGARISME, f. m. terme de Chirurgie, forme de
médicament topique, deftiné à laver la bouche dans
les différentes affe&ions de cette partie.
On compofé différemment les gargarifmes, fui-
vant les diverfes intentions qù’on a à remplir. La
décodion dés racines, feuilles, fleurs, fruits ou fe-
mences, fe fait dans de l’eau, dans du vin blanc ou
rouge, dàns du lait: des eaux diftillées font auflï
quelquefois la bâfe des gargarifmes. On ajoute à la
liqueur des firops, des mucilages, des élixirs. En
général la formule d’un gargarifme admet fur fix onces
de décodion, deux ônCes dé firop, deux bu trois
dragmes de poudre, 8c des fubftarices mucilagineu-
fes à une quantité bornée , pour ne pas oter à la
compofitiôn la fluidité qu’elle doit avoir. On a l’attention
de ne point faire entrer dans les gargarifmes ,
de drogue , qu’il feroit dangereux d’avaler: le collyre
de Lanfranc, par exemple, eft un excellent dé-
terfif dans les ulcérés putrides de la bouche ; mais
quand on s’én fert, ainfi que de différens efprits acides
8c cauftiques, tels queTefprit de fel qui arrête
puiffamment le progrès des efcarres gangreneufes,
on touche avec précaution les parties, avec un pinceau
chargé du médicament irritant ; 8c on fait en-
fuite laver la bouche 8c gargarifer avec un liquide
convenable, avant que de permettre au malade d’avaler
1a falive. Les drogues fort arriérés, telles que
l’agaric blanc 8t la coloquinte, font communément
profcrites de la formule des gargarifmes ; la décoction
8c le firop d’abfynthe font exceptés : on en fait
ide bons gargarifmes déterfifs dans les aphthes putrides.
La décottion de quinquina 8c de lommités de
fapin, avec de l’efprit de vitriol jufqu’à une agréable
acidité, donne une liqueur anti-leptique, fort
convenable dans les efquinancies gangreneufes.
Les gargarifmes émolliens 8t anodyns, fe font avec
les racines d’althæa, les feuilles de mauves, les fe-
mences de lin 8c de fenugrec, cuites dans de l’eau ou
dans du lait. La décoâion de figues graffes eft adou-
ciffante 8c maturative. La déco&ion des plantes vulnéraires
avec du miel, 8c à laquelle on ajoûte du firop
de f ofes feehes, eft un gargarifme déterfif pour les
ulcérés de la bouche qui n’ont aucune malignité.Lorf-
qu’il eft queftion de refferrer 8c de fortifier, on fait
bouillir ces plantes dans du vin. Les gargarifmes af-
tringens fe font avec l’écorce de grenades, les ba-
lauftes, le fumach, 8c les rofes rouges, cuites dans
du gros vin. Les gargarifmes rafraîchiffans fe font
avec la déco&ion d’orge 8c du firop de mûres, en
y ajoutant quelques gouttes d’efprit de vitriol. On
préféré l’efprit de cochléaria dans les gargarifmes
anti-fcorbutiques. Voye£ S c o r b u t . Le vinaigre 8c
l ’eau donnent une liqueur rafraîchiffante très - fimple
» Il n’y a point de maladies plus communes que
les maux de gorge inflammatoires. Voye{ Es q u i -
N AN CIE. Les gargarifmes repercuffifs dont on fe fert
quelquefois imprudemment dans cette maladie, font
une caufe de métaftafe fur le poumon : M. Recolin
qui a lû un mémoire fur cette matière intéreffante,
à la féance publique de l’académie royale de Chirurgie
, en 1756, joint fon expérience aux obferva-
tions des plus grands maîtres, pour démontrer le
danger des gargarifmes repercuffifs dans ce cas. Il
remarque que les anciens qui recommandoient en
général les topiques qui ont cette vertu dans le commencement
de toutes les inflammations, ont pofé
pour exception les cas où la métaftafe étoit à craindre.
Pourquoi ne pas faire l’application d’un principe
fi lumineux 8c fi sûr aux efquinancies inflammatoires
} Les remedes froids dont on ufe impunément
dans les inflammations legeres, font prefque toûjours
refluer l’humeur fur le poumon, lorfque la fluxion a
faifi vivemeht. Voye1 ci-devant au mot G a r g a r is e r ,
la façon de fe fervir des gargarifmes. ( Y )
G a r g a r i s m e , (Man. Maréchall.) médicament
liquide , 8c propre à humeâer les parties de la bouche
8c de l’arriere-bouche de l’animal. C’eft une ef-
pece d’infufion Ou de décoftion, ou de fuc exprimé,
ou de mixture moyenne, &c. 8c il offre de véritables
reffources dans- des cas d’inflammation , de féche-
reffe, de tumeurs, d’ulceres, d’aphthes dans l’une
ou l’autre de ces cavités.
Son efficacité ne fauroit être rapportée ni à une
collution rée lle, car nous ne connoiffons aucun
moyen de forcer l’animal d’agiter la liqueur dans fa
bouche, de maniéré que toutes lés parties enfoient
imbibées, détergées & pénétrées ; ni au féjour que
le remede y fa it, car il nous eft impoffible de le contraindre
à l’y retenir long-tems : il ne peut donc être
falutaire que par l’attention que l’on a d’en renou-
veller fouvent l’ufage.
L’impuiffance où nous ferions encore -d’inviter
avec fuccès l’animal à prendre le fluide que nous lui
prélenterions, ne nous laiffe que la voie des injections.
Nous pouffons le gargarifme avec une feringue
dont l’extrémité de la canule ou du Typhon, qui préfente
une forme ovalaire 8c legerement arrondie, eft
percée de plufieurs trous , femblables à ceux dont
font percés les arrofoirs ; 8c pour l’adreffer plus fû-
rement au lieu qu’il importe de baigner, nous faifons
ouvrir là bouche dü cheval par le iecôurs d’un pas-
d’âne ou autrement, s’il s’agît néanmoins d’humec-
ter les parties qu’elle renferme. Lorfqu’il eft queftion
de porter la liqueur dans l’arriere-bouche 8c au-delà
de la cloifon du palais * iiOus dirigeons notre injection
dans les nazeaux, à l’aide d’un fyphon percé
d’une feule ouverture ; 8c cette route l’y conduit directement
, parce qu’elle enfile les arriéré-narines*
Cette pratique eft fans doute préférable à celle d’introduire
des médicamens jufque dans le fond du gofier
par le moyen d’un nerf de boeuf, aux rifques
d eftropier l’animal, 8c d’augmenter tous les acci-
dens qu’un ignorant s’efforce toûjours vainement dé
combattre.
Au furplus, le choix des matières à inje&er dépend
du genre de la maladie ; ainfi il eft des gargarifmes
antifeptiques, antiphlo^iftiques, réfolutifs, rafraîchiffans
, émolliens, deterfifs , confolidans, &c. 8c
l’on doit ne faire entrer dans leur compofition aucune
chofequi, prife intérieurement, pourroit nuire
8c préjudicier au cheval» (e)
G A R G O U G E S , (Art militj) voye[ C a rt O u"-
CHES.
GARGOUILLADE, f. f. (Danfe. Ce pas eft cort-
facré aux entrées de vents, de démons, 8c des efprits
de feu ; il fe forme en faifant du côté que l’on
v eu t, une demi-piroüette fur les deux piés. Une des
jambes, en s’élevant, forme un tour de jambe en-
dehors , 8c l’autre un tour de jambe en-dedans, prefque
dans le même tems. Le danfeur retombe fur celle
des deux jambes qui eft partie la première, 8c forme
cette demi-piroiiette avec l’autre jambe qui refte en
l’air. Voye^ T o u r d e j a m b e .
Ce pas eft compofé de deux tours. Il eft rare qu’ on
puiffe faire ce tour également bien des deux côtés.
Le célébré Dupré faifoit la gargouillade très-bien
lorfqu’il danfoit les démons; mais il lui donnoit une
moindre élévation que celle qu’on lui donne à-pré-
fent : on l’a vûe plus haute 8c de la plus parfaite
prefteffe dans le quatrième aéte de Zoroaftre.
Mlle Lyonnois qui y. danfoit le rôle de la Haine,'
8c qui y figuroit avec le Defefpoir, eft la première
danfeufe qui ait fait ce pas brillant 8c difficile.
Dans les autres genres nobles la gargouillade eft
toûjours déplacée; 8c fût-elle extrêmement bien
faite , elle dépare un p a s, quelque bien compofé
qu’il puiffe être d’ailleurs.
Dans la danfe comique on s’en fert avec fuccès ,’
comme un pas qu’on tourne alors en gaieté ; au lieu
qu’il né fert qu’à peindre la terreur dans les entrées
des démons, &c. (B')
GARGOUILLE, f. f. terme d ’Architecl. c’eft un canal
rond Sc étroit que l’on conftruit entre des murs,
pour faciliter l’entrée 8c la fortie des eaux, lorfque
l ’on bâtit en des lieux fujets à des inondations, ou
qui fert à dégager une terraffe.
Gargouille eft auffi à une fontaine ou cafcade, un
mafearon d’où fort de l’eau. C ’eft encore, dans un
jardin, une petite rigole où l’eau coule de baffin en
baffin, 8c qui fert de décharge. Ce mot peut venir
du latin gurgulio, le gofier.
On appelle auffi gargouilles les petites ouvertures-
cimaifes d’une corniche, par où,les eaux qui tombent
deflùs fa faillie, s’échappent ; 8c qui auparavant de
tomber, s’affemblent dans une goulotte pratiquée
fur le talud ou revers d’eau de la corniche, tel qu’il
eft pratiqué à celle du péryftile du louvre. Çes gargouilles
font fouvent ornées de mafques, de têtes
d’animaux, 8c particulièrement de mufles de lion. (p) . : . I
G a r g o u il l e , terme d'Eperonnier, efpece d’anneau
diverfement contourné , qui termine les branches
des mors. Communément fa partie la plus baffe
préfente une forte de plate-forme ronde, legere, 8c
percée dans fon milieu d’un trou que l’on nomme l’ail
du touret. Ce trou eft pratiqué dans Ja dire&ion de
la ligne du banquet, ou parallèlement à cette même
direction, félon que la branche eft droite, hardie ou