parce qu’on y mettoit, au commencement ou à la fin,
certains caraâteres particuliers & convenus entreles
■ églifes particulières , pour donner confiance à ce
•qu’elles côntenoient & à ceux qui en étoient porteurs.
Les é vécues donnoient de ces lettres formées: aux
voyageurs, afin qu’ils fuffent reconnus pour Chrétiens,
& reçus dans les autres églifes: on les appel-
Joit aufli lettres, canoniques de paix, de recommandation,
de communion : il en eft fouvent parlé dans les anciens
conciles, où il eft défendu de recevoir un clerc
dans ; une églife, s’il n’eft muni d’une lettre de fon
évê.que ; & c’eft l’origine des dimiffoires encore en
ufage aujourd’hui. Voye{ D im is s o ir e .
Le conçile d’Elvire, tenu vers, l’an 305, en parle
.ainfi, canon z 4 : «,On donnera feulement des let-
r» très de communion à ceux qui apporteront des
,» lettres de confeflion, de peur qu’ils n’abufent du
» nom glorieux de confeffeurs , pour exercer des con-
» cuflions fur les fimples». Sur quoi M. Fleury remarque
que les Chrétiens en voyage prenoient ces
lettres de leurs évêques , pour témoigner qu’ils
étoient dans, la communion de l’Eglife. S’ils a voient
confeffé la foi devant les perfécuteurs, on le mar-
quoit; & quelques-uns en abufoient. Par ces mêmes
lettres les Eglifes pouvaient être informées de l’état
les unes des autres» Il étoit défendu aux femmes de
donner de ces lettres en leur nom, ni d’en recevoir
adreflees à elles feules. FUJI. ecclef. tom. II. liv. IX .
n°. xv. pag. 55$ .
Le pereThomaffin, difcipl. eccUJîajliq. part. I. liv.
I . ch. xl. remarque, que dans les premiers tems les
évêques des Gaules eux-mêmes ne pouvoient voyager
fans avoir de ces lettres formées, qui leur étoient
.données.par les métropolitains ; m.ais, on fupprima
cet ufage.au concile de Vannes, tenu en 442, parqe
qu’alors les évêques étoiént c'enfés fe connoître fuf-
fifamment. Le P. Sirmond notis a, confervé des formules
de cés lettres formées.
On appelloit aufli une loi formée, celle qui étoit
fceilée du fc.eau de l’empereur. Et enfin les Grecs
modernes ont donné à l’euchariftie le nom de formée,
parce que les hofties portoient empreinte la
forme d’une croix. Ducange, glojfar. latinit. (G)
* FORMEL, adj. ( Gram.) qui eft revêtu de toutes
les formes nécefi'aires; c’eft en ce fens qu’on dit un
démenti formel : qui ordonne ou qui défend une action
de la maniéré la plus exaûe & la plus précife ;
c’ eft en ce fens qu’on dit la loi ejl formelle : qui n’a
de rapport qu’à la forme pu à la qualité; c’eft en ce
fens qu’on dit que l’objet formel de la Logique, c’eft
la conduite de î’efprit dans la recherche de la vérité
, &c. Foye^ Varticle fuivant. Les Théologiens dif—
tinguent encore le formel 8c le matériel des aélions;
ainfi ils affûrent qu’on n’eft point auteur d’un péché
Pii l’on n’a mis que le matériel, mais non le formel ;
d’où Ton voit que le formel d’une a&ion en eft la malice.
De formel, on a fait l’adverbe formellement, qui
a toutes les acceptions de l’adjeftif.
F o r m e l , (Philofophie fcholajl.) on appelle dans
l’école dijlinclion formelle, celle qui eft entre des choies
réellement différentes, par oppofition à la dif-
tinclioh virtuelle qui fe fait par une fimple opération
de l’elprit. On demande, par exemple, fi les degrés
qu’on appelle dans l’école métaphyfiques, font dif-
tingués formellement - ou virtuellement. Nous avons
apprétié au mot D e g r é "cette frivole & ridicule
queftion. Les Scholaftiques font encore d’autre ufage
du mot formel; ainfi ils diftinguent l’objet matériel
de d’objet formel. Foye^ O b j e t . Ils font aufli
grand ufage dans leur argumentation des termes matériellement
8c formellement ; c’eft-à-dire qu’ils embrouillent
par des mots barbares des chofes déjà inintelligibles
par elles-mêmes, & qui ne méritent pas
que nous nous y arrêtions. (O)
F o r m e l , (Jurifprud.) ce terme a dans cette matière
plufieurs Lignifications différentes.
Ajournement formel dans quelques coûtumes, eft
différent de l’ajournement fimple, comme dans celle
de la Marche, art. 1 S. Il eft aufli parlé d’ajournement
formel dans la coutume de Poitou, art. 3 x y ,
& j d'6'. & Angoumois $ 6 . & J J . ,,
On appelle contradiction formelle , celle qui eft ex-
preffefur le cas ou fait dont il s’agit; coût, de Berry,
tit. x j . art. 2.
Garant formel, eft celui qui eft tenu de prendre
le fait 8c caufe du garanti. Foye^ G a r a n t .
Partage formel, fe dit dans la coûtume d’Auvergne
pour exprimer un partage réel & effeâif. Chap.
x x v ij.a r t. y . & 8.
Partie formelle, eft la même chofe que partie formée
ou partie civile; Nivernois, tit. j . art. 20. &
fu iv . Solle, tit. x x x v . art. 1. Ordonnances du duc d®
Bouillon, art. 2 y S . (yf)
FORMER, voyeç ci-devant FORMATION.
F o rm e r , D r e sser , (A r t milit.') v. a â . on dit
former des foldats, dreffer des troupes. Le premier de
ces deux, mots exprime les foins que l’on prend pour
accoutumer le foldat à la difeipline, le plier à l’obéif-
fance , 8c lui infpirer l’efprit de fon état. L’autre indique
aufli l’éducation militaire qu’on donne à un©
troupe, mais ne tombe que fur la partie qui a rapport
au maniment des armes, aqx manoeuvres, aux
évolutions, 8c autres détails du tervice. Enfin le terme
former eft reftreintà un certain nombre d’hommes,
qui né compofent pas encore un tout, 8c défi-
gne un afte purement moral. Dreffer s’étend à une
troupe complette, telle qu’une compagnie, un bataillon
, un régiment, 8c porte uniquement fur le
phyfique des inftru&ions qu’on leur donne,
• Former , en Ta&ique, fe prend dans une acception
différente, qui le rapproche des mots ordonner , dif-
pofer. Former dans ce cas lignifie l’aâion de ranger
des foldats dans un certain ordre, 8c annonce que
cet ordre eft leur état habituel, c’eft-à-dire celui dans
lequel il eft convenu qu’on mettra toûjours une troupe
, à moins que des circonftances particulières n’o bligent
ceux qui la commandent, à l’ordonner fuivant
une autre méthode.
. Ce mot ordonner, bien plus générique que le premier
, tient à tous les ordres de bataille poflibles, &
peut également s’entendre du bataillon quarré, de
la colonne, du coin, &c. Fôye^ O r d r e d e Ba t
a i l l e .
Difpofer exprime l’opération générale par laquelle
on diftribue les différens corps d’une armée dans les
poftes qu’ils doivent occuper, fuivant un plan de
bataille qui aura été déterminé ; ou celle par laquelle
on leur fait prendre le rang qu’ils doivent tenir dans
une marche ou dans un campement.
Exemple. Les troupes prendront les armes à quatre
heures. Tous les régimens fe formeront à la tête
de leur camp. Ils fe porteront en ordre de bataille
( c ’eft aujourd’hui en France être formés fur trois de
hauteur, 8c cette ordonnance doit être appellée
l'état habituel) ; ils fe porteront, dis-je, fix cents pas
en-avant des faifeeaux, où chaque bataillon fera ordonné
en colonne. Les lieutenans-généraux 8c maréchaux
- de - camp difpoferont alors leurs divifions
fuivant l’ordre de marche ou de bataille, dont la
veille on leur aura remis une copie. Article de M .
L i e b a u t y chargé du dépôt de la guerre.
FORMERET, f. m. en Architecture gothique, ce
font les arcs ou nervures des voûtes gothiques, qui
forment les arcades ou lunettes par deux portions
de cercle, qui fe coupent à un point. (R )
FORMI, f. m. ( Fauconnerie. ) efpece de maladie
qui furvieat au bec de l’oifeau de proie.
FORMIER, f. m. ouvrier qui fait & vend des formes
de bois, fur lefquelles on bâtit des fouliers.
Il y a peu de ces fortes d’artifans à Paris. Ils ne
font point un corps de jurande, 8t n’ont ni ftatuts
ni jurés; mais ils travaillent librement fans qualité
& fans maîtrife.
FORMORT, FORMORTURE, FORMOTURE,
FORMOUTURE, ou FREMETURE, (.Jurifprud.)
terme ufité dans quelques coûtumes pour exprimer
Véckoite ou droit de fuccejfion , qui appartient à quelqu’un
par le décès d’un autre.
Dans la coûtume deHainaut, ch. x . art. 5 . c’eft
la moitié des meubles que le furvivant de deux conjoints
entre roturiers doit donner en nature ou équivalant
aux enfans iflùs d’un premier l i t , lorfqu’il
pafle à des fécondés noces. Voye{ la jurifprudence
de Hainaut, pag. z<).
En la coûtume de Cambrai, tit. vij. art. 11. de
Lalleue fous Arras, de Namur, art. 8G. c ’eft l’échoite
ou droit fuccefîif qui appartient à quelqu’un, ou bien
qui eft dû au feigneur quand quelqu’un non marié ,
ni bourgeois, eft décédé en fa feigneurie & juftice,
foit à l ’égard des meubles ou autres biens.
La coûtume de Mons, ch. x x x v j . fe fert du terme
fremeturt.
Pinault des Jaunaux fur Cambrai, loc. cit. prétend
que le mot formouture tire fon étymologie de formé
le moitié ; mais cette idée eft refutée avec raifon par
le commentateur d’Artois fur Y art. 1S3 • où il obfer-
v e que la prépofition fo r eft fréquente & ajoûtée à
plufieurs dirions pour exprimer davantage , comme
formariage forban. Il femble néanmoins que toutes
ces dictions foient d’abord dérivées de foras ou foris,
qui fignifie dehors, & que formoture foit une abréviation
de foris-motura, c’eft-à-dire les chofes que
l’on emporte hors là maifon mortuaire.
Tout ce qui eft acquis à quelqu’un par m ort, foit
à titre de communauté, de fucceflion où de legs,
peut être nommé formoture.
Les immeubles .& les meubles échus par mort à
ces différens titres, font également compris fous
le nom de formoture.
Il y a cependant des coûtumes où le terme^e for moture
eft reftreint à la portion mobiliaire prife à titre
de communauté, de fucceflion, ou de legs.
L’ufage certain du pays d’A rtois, eft que le mot
pur & fimple de formoture ou formouture ne comprend
que la portion, l’échoite, ou l’échéance mobiliaire
, & non l’immobiliaire.
Ainfi une veuve qui renonce à la formouture de
fon mari, un enfant qui renonce à la formouture de
fon pere ou de fa mere, ne font pas exclus pour cela
de la faculté de demander leurs parts & portions des
immeubles de la communauté ou de la fucceflion.
Voye£ la fomme rurale y liv. 1 . tit. Ix xv j. art. 2 . &
4. CarOndas eodem, & Ducange en fo n g loß. latin ,
aux mots mortalagium, mortalitas , mortuarium. (A')
FORMOSE, (Géogf) félon le P. Duhalde, grande
île de la mer de la Chine, à l’orient de la province de
Fokien, & qui s’étend du nord aufud n d. 8 '.de lat.
feptentrionale jufqu’au x ^ . x o 1. Une chaîne de montagnes
la fépare dans cette longueur, en orientale
& occidentale. La partie orientale n’eft habitée que
par les naturels du pays. La partie occidentale eft
fous la domination des Chinois, qui la cultivent avec
foin; ils en ont chaffe les Hollandois en 1661, &
y ont nommé un viceroi en 1682. Voye^ le P. Duhalde
, defeript. de la Chine, & le P. Charlevoix, hiß.
du Japon. Le Tai-Ouang-Fou eft la capitale de cette
ïlt .L o n g . Ig g. 10 -14 1 .2 8 . lat. 2 2 .8 -2 S . 20. (D ./ .)
FORMULAIRE, f. m. ( Théol. & Hift. ecclèf.) on
appelle ainfi en général toute formule de foi qu’on
propofe pour être reçûe ou lignée; mais on donne
aujourd’hui ce nom (comme par excellence) au fa*
meux^ formulaire dont le clergé de France a ordonné
la fignature en 1661 , & par lequel l’on condamne
les cinq propofitions dites de Janfénius.
Ce formulaire, auquel un petit nombre d’ecclé-
fiaftiques refufe encore d’adhérer, eft une des prim»
cipales caufes des troubles dont l’églife de France
eft affligée depuis cent ans. La poftérité aura-t-elle
pour les auteurs de ces troubles de la pitié ou de
l’indignation, quand elle faura qu’une diffenfion fi
acharnée fe réduit à favoir, fi les cinq propofitions
expriment ou non la do&rine de ,l’évêque d’Ypres }
car tous s’accordent à condamner ces propofitions
en elles-mêmes. On appelle (très - improprement)
Jànfèniftes y ceux qui refufent de ligner que Janfénius
ait enfeigné ces propofitions.Ceux-ci de leur cô*
té qualifient (non moins ridiculement) leurs adver-
faires de Molinijles, quoique le Molinifme n’ait rien
de commun avec le formulaire; & ils appellent athées
les hommes fages qui rient de ces vaines contefta-
tions. Que les opinions de Luther & de Calvin ayent
agité & divifé l’Europe, cela eft trifte fans doute ;
mais du-moins ces opinions erronées rouloient fut
des objets réels & importans à la religion. Mais que
l’Eglife & l’Etat ayent été boulverfés pour favoir
fi cinq propofitions inintelligibles font dans un livre
que perfonne ne lit; que des hommes, tels qu’Ar-
nauld, qui auroient pu éclairer le genre humain par
leurs écrits, ayent confacré leur v ie & facrifié leur
repos à ces querelles frivoles ; que l’on ait porté la
démence julquà s’imaginer que l’Être fuprème ait
décidé par des miracles une controverfe fi digne des
tems barbares : c’eft, il faut l’avoiier, le comble de
l’humiliation pour notre fiede. Le feul bien que ces
difputes ayent produit, c’eft d’avoir été l ’occafion
des Provinciales ; modèle de bonne plaifanterie dans
une matière qui én paroiffoit bien peu fufceptible.
Il ne manqueroit rien à cet immortel ouvrage, fi les
fanatiques * des deux partis y étoient également tournés
en ridicule : mais Pafcal n’a lancé fes traits que
fur l’un des deux, fur celui qui avoit le plus de pouvoir
, & qu’il croyoit mériter feul d’être immolé à
la rifée publique. M. de Voltaire dans fon chapitre
du Janfénifme, qui fait partie du fiecle de Louis X IV .
a fû faire de la plaifanterie un ufage plus impartial
& plus utile ; elle eft diftribuée à droite 8c à gauche
, avec une finefle & une legereté qui doit couvrir
tous ces hommes de parti d’un mépris ineffaçable.
Peut-être aucun ouvrage n’eft-il plus propre
à faire fentir combien le gouvernement a montré
de lumières 8c de fagefle en ordonnant enfin le
filence fur ces matières, 8c combien il eût été à délirer
qu’une guerre aufli infenfée eût été étouffée dès fa
rtaiffance. Mais le cardinal Mazarin qui gouvernoit
alors, pouvoit-il prévoir que des hommes raifonna-
bles s’acharneroient pendant plus de cent ans les
uns contre les autres pour un pareil objet? La faute
que ce grand miniftre fit en cette occafion, apprend
a ceux qui ont l’autorité en main, que les querelles
de religion, même les plus futiles, ne font jamais
à méprifer ; qu’il faut bien fe garder de les aigrir
par la perfécution ; que le ridicule dont on peut
les couvrir dès leur origine, eft le moyen le plus sûr
de les anéantir de bonne-heure; qu’on nefauroit
fur-tout trop favorifer les progrès de l’efprit philo-
fophique, qui en infpirant aux hommes l’indifférence
pour ces frivoles difputes, eft le plus ferme appui
de la paix dans la religion & dans l’état, & le fonde-,
ment le plus sûr du bonheur des hommes. (O)
FORMULE, f. f. ( Algèbre. ) eft un réfultat général
tiré d’un calcul algébrique, 8c renfermant une infinité
de cas ; enforte qu’on n’a plus à fubftituer que
* Nous difons les fanatiques ; car en tout genre le fànatifme
feul eft condamnable. ?