de la prédeftination, une doctrine rigide •& incompatible
avec les droits du libre arbitre 6c la bonté de
Dieu. Melanchton, efprit doux & modéré , rengagea
à te relâcher un peu de les premières opinions^
& depuis les théologiens de la confcffion d’Augf-
bourg marchèrent l'nriès traces de Mélanchton à cet
égard : mais ces adouciflemens déplurent à Calvin.
Ce réformateur, & Ion difciple Théodore de Beze,
foûtinrent le prédeftinatianifme le plus rigoureux,
& ils y ajoutèrent la certitude du l'alut 6c l’inadmiffi-
bilité de la jullice. Leur doftrine étoit reçûe prefque
univerfellement en Hollande, lorfqu’Arminius pro-
frefleur dans l’univerfité de Leyde , le déclara contre
les maximes enfeignées par les églifes du pays, & le
forma bien-tôt un parti nombreux : il trouva un ad-
verlaire dans la perfonne de Gomar. Les dil'pptes fe
multiplièrent & lé répandirent bien-tôt dans les collèges
dés autres villes & enfuite dans les confiftoires
& dans les égliles. La querelle étoit encore purement
eccléliaftique, agitée feulement par les miniltres de
la religion, lorfque les états de Hollande & Weft-
Frife voulurent s ’en mêler ; ils ordonnèrent en 1608
une conférence publique à la Haye entre Gomar &
Arminius, affiliés l’un & l’autre des plus habiles gens
de leur parti ; mais après avoir bien dil'puté, on le fé-
para fans convention & fans accommodement : fur
cela on ordonna que les aftes de la conférence feroient
fùppnmes, & qu’on garderoit le fiience fur
les matières contellées.
Cette première loi de lilence ne rétablit point la
paix. Après la mort d’Arminius arrivée en 1609, fes
difciples drefferent une requête qu’ils préfenterent
aux états de Hollande en 1610, fous le nom de remontrance
, qui renfernioit en divers articles la doftrine
de leur maître fur la grâce 6c la prédeftination ; les
Gomarijies de leur côté demandèrent à être entendus.
Les états de Hollande &£ Weft-Frife ordonnèrent
une leconde conférence à la Haye , qui n’eut
pas plus de fuccès, & après laquelle on fît une fécondé
loi de lîlence, contre laquelle les Gomarijies fe
récrièrent fort, & qui ne fut pas plus obfervée que
Cependant les Gomarijies demandoient avec inf-
tance un fynode où ils puffent convaincre leurs ad-
verfaires touchant les dogmes conteftés qu’on avoit
réduits à cinq propofitions : les Arminiens firent ce
qu’ils purent pour détourner le coup ; ils prévoyoient
qu’ils feroient infailliblement condamnés , le plus
grand nombre des miniftres leur étant contraires.
C’étoit une chofe finguliere 6c qui fait connoître
l’efprit du fiecle, que de voir au milieu de tout cela
le roi d’Angleterre Jacques I. écrivant de gros livres
contre l’arminien Vorftius , fucceffeur d’Arminius
dans l’univerfité de Leyde, fe donnant les plus grands
mouvemens & par lui-même 6c par fon ambaffadeur
auprès des Provinces-Unies, pour faire chaffer de
l’univerfiré un profeffeur pélagien.
En attendant le fynode, on tint une conférence à
D e lft , entre trois gomarijies & trois arminiens, qui
fe paffa en explications réciproques 6c avec allez
de modération. Ceci fe paffoit en 1613 : au mois de
Janvier de l’année fuivante, les états de Hollande 6c
"Weft-Frife firent une nouvelle ordonnance dans laquelle
on rappelle les efprits à l’kiftruâion de l’apôt
re S. Paul , non plus fapere quàm oportet, fed fapere
ad fobrietaUtm ; on y défend d’enfeigner au peuple les
confcquences trop dures qui paroiffent fuivre des
opinions rigides de quelques théologiens fur la grâce
& la prédeftination ; par ex. que quelques hommes
ont été cré:és pour la damnation ; que Dieu leur impofe
la née effité de pécher, & leur offre le falut fans
ils y arrivent: & quoique (difent les états)
ces queuio ns étant agitées dans les univerfités 6c
dans-les afiémblécs des miniftres, oc que nous vous
permettons encore, il en arrive que les fentimens fe
partagent ; ce qu’on a vu dans tous les tems,même
parmi des hommes favans & pieux, nous défendons
de traiter ces matières difficiles en public en chaire
, ou autrement. Ils ordonnent en outre aux paf-
teurs de fe conformer dans l’explication des divers
points de la doélrine chrétienne,à l’Ecritur.e-fainte
& à la foi des égliles réformées , 6c enfin de fui vre
l’efprit de la charité chrétienne, & d’éviter de nouvelles
difeuffions, fuivant les premiers decrets portés
par les états.
Cette troifienîe ordonnance fut encore mal reçue
des Gomarijies, dont les opinions y étoient affez ca-
raélérifées 6c proferites en même teins ; ils écrivirent
contre lé decret ; les Arminiens le défendirent
Grotius en fit l’apologie. Les hiftoriens remarquent
même que cette ordonnance de 1614. contribua à
rendre plus fiers & moins accommodans les Arminiens
qui s’étoient montrés jufque-là fort doux &
fort pacifiques. Une nouvelle conférence tenue à
Rotterdam au commencement de Novembre 16 15 ,
ne tranquillifa pas les efprits : de forte qu’en 16 17 ,
les états de Hollande 6c Weft-Frife, que les Gomarijies
accufoient toujours de vouloir apporter du
changement dans la religion réformée, & de s’arroger
mal-à-propos le droit de pourvoir aux chofes de
la religion, firent une déclaration dans laquelle ils
avancent d’abord qu’il appartient au magiftrat de fe
mêler des affaires eccleùaftiques. Enfuite , après
avoir rapportéTes cinq propofitions de la remontrance
de 16 10, renfermant toute la doélrine des
Arminiens fur la grâce & la prédeftination, ils décident
que ceux qui les tiennent & les enfeignent ne'
peuvent être retranchés de la communion d el’Eglife,
6c déclarés hérétiques.
On peut voir ces cinq propofitions à M article A rminiens
; & celles des Gomarijies qui y font oppo-
fées, dans la remontrance des premiers. Epit. théol.
& ecclèjîajl.
Cette déclaration ne fit qu’animer encore davantage
les Gomarijies ; ils la firent cafter par l’autorité
du prince Maurice & des états généraux : mais les
états de Hollande , pour maintenir leur fupériori-1
té indépendante, cafferent cette fentence &: levèrent
des troupes ; les troubles fe multiplièrent ; on en
vint aux mains dans plufieurs villes. Les états généraux,
pour calmer le defordre, arrêtèrent au commencement
de 1618, que le prince Maurice marche-
roit pour dépofer les magiftrats arminiens, diffi-
per les troupes qu’ils avoient levées, 6c chaffer leurs
miniftres. Après avoir réuffi dans cette entreprife
dans les provinces de Gueldres, d’Over-Yffel &
d’Utrecht, il fit arrêter le grand penfionnaire Barne-
veld, Hoogerbets & Grotius, les principaux foutiens
du parti des Arminiens ; quelques jours après, il partit
de la Haye, 6c parcourant les provinces de Hollande
& Weft-Frife, il dépofa dans toutes les villes
les magiftrats arminiens, bannit les principaux miniftres
& les théologiens de cette fette, & leur ô ta .
même des églifes pour les donner aux Gomarijies.
Ceux qui s’étoient oppofés alors au deffein d’un,
fynode national, étant ainfi abattus, on fongea à le
convoquer. Ce fynode devoit repréfenter toute l’é-
glife belgique ; mais on y invita auffi des do&eurs 6c '
des miniftres de toutes les églifes réformées de l’Europe
, & cela pour fermer la bouche aux Remon-
trans,qui prétendoient que fi un fynode provincial
ne fuffifoit pas poiy terminer les contcftations, un
fynode national feroit aufli infuffifant, 6c qu’il en
falloit un écuménique. Au refte, on pou voit prévoir
que le fynode national ou écuménique ne feroit pas
favorable aux Arminiens ; les députés qu’on nomma
dans des fynodes particuliers ayant prcfquc tous é té’
pris parmi les Gomarijies ; çe qui engagea les ReK
montrant
l m
«nôntrans à protefter d’avance contre tout ce qui fe
feroit.
On avoit choifi Dordrecht pour la célébration du
fynode; l’ouverture s’en fit le 13 Novembre 1618.
Nous ne donnerons pas ici un détail fuivi de ce
qui s’y paffa ; nous dirons feulement que les Arminiens
y furent condamnés unanimement ; leurs opinions
y furent déclarées contraires à l’Ecriture 6c
à la doélrine des premiers réformateurs. On ajouta
à cette condamnation une cenfure perfonnelle contre
les Arminiens cités au fynode;ils avoient été retenus
dans la ville par les états généraux , après
avoir préfenté inutilement plufieurs requêtes pour
être renvoyés chez eux. Cette fentence fut dreffée
au nom du fynode & des députés des états généraux;
elle déclaroit les Arminiens détenus à Dordrecht at-
ieints 6c convaincus d’avoir corrompu la religion 6c
déchiré l’unité de l’Eglife ; 6c pour ces caufes, elle
Jeur interdifoit toute charge eccléfiaftique, les dépo-
foit de leurs vocations, & les jugeoit indignes des
ibn&ions académiques. Elle portoit que tout le mond
e feroit tenu de renoncer publiquement aux cinq
.propofitions des Arminiens ; que les noms de Re-
montrans 6c contre - Remontrans feroient abolis 6c
oubliés. Les peines portées par cette fentence font
toutes eccléfiaftiques : mais il ne tint pas aux Goma-
rTÎJles, qu’elles ne fuffent & civiles & plus féveres.
Ils avoient fait les plus grands efforts pour faire
-condamner les Arminiens comme ennemis de la patrie
6c perturbateurs du repos public ; mais les théologiens
étrangers refuferent abfolument d’approuver
la fentence du fynode en ce point ; de forte qu’on
fut obligé de la réformer ; & même quelque correction
qu’on y eût faite, plufieurs ne voulurent point
entrer dans ce qui regardoit la fentence perfonnelle
des Arminiens : mais les états généraux fatisfirent en
cela l’animofité des Gomarijies desPro\'inccs-\Jnies‘t
car après avoir donné un édit le 2 Juillet de la même
année, pour approuver & faire exécuter les decrets
& la fentence du fynode, on proferivit les Arminiens;
on bannit les uns, on .empr.fonna les autres, 6c on
. confifqua les biens de plufieurs.
Le fupplice du célébré Barnevelt, grand penfion-
maire de Hollande , fuivit de près la fin du fynode,
& le prince d’Orange fit porter contre lui une fen-
. tence de mort, dans laquelle , parmi d’autres griefs
en matière civile, on l’ accufoit d’avoir confeillé la
tolérance de l’Arminianifme, d’avoir troublé la religion
6c contrifté l’Eglife de Dieu. Tout le monde fait
que cet homme célébré fut le martyr des lois 6c de la
liberté de fon p ays, plutôt que des opinions des Arminiens
, quoiqu’il les adoptât.
Le prince d’Orange Maurice, qui vifoit à la fou-
veraineté des Pays-Bas , 6c qui étoit traverfé dans
fes deffeins par les magiftrats des villes & les états
.particuliers des provinces , & fur-tout de celles de
Hollande & Well-Frife, à la tête defquels fe trou-
;Voient Barneveld 6c Grotius,fe fervit du prétexte des
querelles de religion pour abattre ces républicains,
& penfa opprimer tout-à-fait la liberté de la Hollande
, fous l’apparence d’en extirper l’Arminianifme.
En 16 2 3 ,une conjuration contre le prince d’O-
cange, dans laquelle entrèrent plufieurs arminiens,
fut une nouvelle occafion de les perfécuter, que les
ïGomarijies ne laifferent pas échapper; on les appella
dans les prêches des traîtres & des parricides. Il étoit
.affez naturel de penfer que Guillaume Barnevelt,
chef de cette confpiration, 6c fils puîné du grand
penfionnaire, étoit animé par le defir de venger la
mort de fon pere ; mais on ne manqua pas de repréfenter
la confpiration comme l’ouvrage de toute la
feélc, 6c la perlécution fut très-vive.
Après la mort de Maurice, arrivée en 1625, les
Arminiens tentèrent inutilement leur rétabliffemcnt
Jom* V U .
en Hollande, fous le prince Frédéric Henri fon fre-
re ; ils fe réfugièrent en divers pays de l’Europe oh
on leur offroit des afyles.
Mais la tolérance civile 6c même eccléfiaftique
s’établiffant peu-à-peu en Hollande, à la fuite des
principes de la réforme, fous le ftathoudérat de Guillaume
II. fils du prince Henri, on leur permit d’avoir
des églifes dans quelques villes desProvinces-Unies;
celle d’Amfterdam a eu de grands hommes à fa tête
; le favant le Clerc de Limborch, 6c beaucoup
d’habiles gens y ont été miniftres.
Les Gomarijies font toujours dans la religion réformée
, le parti dominant ,& les Arminiens y font fec-
te , au-moins pour la police extérieure de la religion.
On profeffe encore ouvertement les dogmes
rigides des premiers réformateurs ; les formules de
fo; expriment par-tout cette même doârine , & on
eft obligé de s ’y conformer pour parvenir aux emplois
eccléfiaftiques : il en eft de même en Angleterr
e , où les épilcopaux tiennent les opinions de Calvin
fur les matières de la grâce 6c de la prédeftination.
Cependant une grande partie des miniftres,
dans la réforme, s’eft rapprochée des fentimens des
Arminiens, ramenée à ces opinions par la Philofo-
phie 6c fur-tout par la Morale, qui s’en accommodent
beaucoup mieux : on les accufe même de donner
dans les fentimens des Sociniens fur plufieurs articles
confidérables de la doârine chrétienne. Quoi
qu’il en foit,l’Arminianifme ne caufe plus aujourd’hui
aucun trouble en Hollande ; la tolérance civile a réparé
les maux qu’avoit faits la perfécution.Les magifr
trats hollandois ont enfin compris que pour le bien de
la paix, ils dévoient s’abftenir de fe mêler dans ces
difputes ; permettre aux théologiens de parler 6c
d’écrire à leur aife ; les laiffer conférer s’ils en
avoient envie, 6c décider, fi cela leur plaifoit ; 6c
fur-tout ne perfécuter pçrfonne. (h)
GOMBAUT, f. m. hetmia, ( Hiji. nat. bot. ) plante
potagère très-commune aux îles Antilles. Elle s’élève
d’environ quatre à cinq pies, fuivant la bonté
du terrein ; fes feuilles reffemblent affez à celles de
la mauve ; elle porte de belles fleurs jaunes auxquelles
fuccedent des fruits de forme à-peu-près conique,
longs de trois 6c quatre pouces, cannelés fuivant leur
longueur, 6c s’ouvrant lorfqu’ils font fecs en plufieurs
logettes qui renferment des femences rondes,
grifes, & groffes comme des petits pois ; ce fruit doit
le cueillir avant d’être tout-à-fait mûr ; on le fait
cuire dans le pot pour le manger avec la foupe ou
bien en lalade ; on en fait aufli des eipeces de farces
, & il eft un des principaux ingrédiens qui entrent
dans la compofition du calalon, forte de mets
dont les dames créoles font très-friandes.
’ Le gombaut étant cuit devient extrêmement gluant
par la grande quantité de mucilage qui en lort ; c’eft
pourquoi on le regarde comme un très grand émollient,
étant pris en lavement. Art ic le de M . l e R o m
a i n .
GOMBETTES, ([Jurifpr.) V . Lois G ombettes.
GOMERE ( l a ) G éog. île de l’Océan atlantique,
entre les Canaries 6c file de Fer. Elle appartient aux
Efpagnols qui s’en emparerent en 1 5 4 5 ; elle a environ
22 lieues de tour, avec un port ôc un bourg
de même nom ; fon terroir abonde en fruits, en lucre
, & en vins. (D . /. )
GOMME , f. t. ( Phyf. gêner. ) fuc végétal concret
, qui feinté à-travers l’écorce de certains arbres,
foit naturellement, foit par incifion , 6c qui s’endurcit
enfuite ; la gomme qui découle d’elle-mème . pa-
roit être en Phyfique une elpece de maladie de la
feve des arbres , qui étant viciée, s’extravale , &
devient en quelque maniéré lolide. Elle perce par
quelque endroit fendu, écorché, ou rompu de la
plante , & fait mourir les parties yoifines ; de forte