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■ 8c on le choifit plutôt qu’un autre, parce qu’en peu
d’années il devient fort gros , 8c fort garni de feuilles
8c de branches auxquelles on fait prendre telle
forme 8c telle fituation qu’on veut. {D . J.)
“GOSSE, f. f. (Marine.) Foyeç COSSE»
GOSTYNEN, Goflynia , ( Géogr.) ville de Pologne
au palatinat de Rava , à deux lieues de Plosko.
Jean Démétrius Suiski, czar de Mofcovie, y mou-
xut prifonnier avec fes deux freres. Long. 3 y . 46-,
huit. S z . z S . {D . ƒ.)
GOTHS, ( les) f. m. Hiji. anc. & littér. ancien
peuple qui étant venu du nord, s’avança dans la fuite
des tems vers le midi, oii il conquit beaucoup
d ’états, 8c fonda plufieurs royaumes.
Si l’on s’arrête aux lumières des Goths éclairés
qui ont écrit l’hiftoire de leur nation, on ne doutera
point que leur première origine n’ait été la petite
île de Gothland, que ce peuple poffédoit avec une
partie du continent dans la Scandinavie. Ce font
donc les mêmes que les Guttons , Goutones, Gatto-
ytes , originaires du nord, que Pythéas de Marfeille
qui vivoit 28 5 ans avant J. C. dillingue des Teutons.
Jornandès néanmoins confond les Getes 8c les
Goths , en fe fervant indifféremment de ces deux
•noms pour defigner le même peuple, & il a été jetté
dans cette illufion par prefque tout ce qu’il y a eu
d’auteurs avant lui qui ont parlé de la nation des
Goths. T e ls font Jules-Capitolin, Spartien-, Clau-
dien, Procope, Prudence, O ro fe, faint Jerome 8c
autres ; mais foutes ces autorités doivent céder au
témoignage de la faine antiquité qui dit formellement
le contraire ; on en trouvera la preuve dans
Cluvier 8c Pontanus: ils fe font réunis à démontrer
expreffément l’erreur de l’opinion de Jornandès. Les
poètes comme Claudien & Prudence ayant trouvé
le nom de Getes déjà annobli par Ovide , n’ont pas
fait réflexion que ce peuple avoit difparu en fe confondant
avec les Daces, avant qu’il fût queftion des
Goths dans la Scythie.
Remarquons cependant que les Goths de la Scandinavie
ne formoient pas tous les Goths ; leur petit
nombre ne s ’accorde point avec la valte étendue
du pays qui porta leur nom : mais plufieurs peuples
s’unirent enfemble fous les mêmes chefs , & formèrent
des fociétés auxquelles on donnoit un nom
commun ; enfuite par les changemens que produi-
firent ces diverfes affoeiations, il arriva que telle
nation qui avoit donné fon nom à tous fes alliés, fe
trouva à fon tour confondue fous le nom d’un autre
confédéré devenu plus puiffant qu’elle avec le tems;
Ainfi Pline met les Guttons entre les peuples Vandales,
8c Procope met les Vandales au nombre des Goths.
Les Goths ont été fouvent nommés Scythes par
les hiftoriens, parce qu’ils habitoient la petite Scythie
au bord du Pont-Euxin, 8c au-delà du Danube
; ils ont encore été nommés S armâtes^. caufe de
leur origine, ou plutôt à caufe de leur liaifon avec
les Sarmates méridionaux. Quoi qu’il en foit, ils
«voient déjà paffé le Danube fur la fin du fécond
Jiecle, 8c s’étoient avancés jufque dans la Thrace.
Sous Décius ils la ravagèrent, 8c fondirent même
en Macédoine; vers l’an 256 fous Valerien, ilsfe
réunirent à d’autres barbares, 8c pénétrèrent dans
l ’IUyrie. En général ils profitèrent du régné foible
des empereurs pour faire des irruptions de toutes
parts, 8c fe jetter fur différentes provinces; néanmoins
l’an 263 les troupes romaines les chafferent
de l’Afie, & les firent repaffer dans leur pays. L ’an
.270 les Goths qui s’étoient retirés furie mont Hé-
mus, y furent attaqués par la pelle, parla famine,
& par Claudius qui les força de demander quartier.
Quelques auteurs prétendent qu’ils reçurent la
lumière de l’évangile vers l’an 325 , fous Conftan-
; mais lorfqu’il ell queftion du chriftianifme des
G O T
goths de ce tems-là, il faut bien dillinguer ceux qui
faifoient un corps de nation, d’avec les goths qui
etoient dans l’empire. Quelques-uns de ces derniers
purent devenir chrétiens, les autres en étoient bien
éloignés.
On ignore l’époque de leur divifion en Oftro*
. goths 8c en Wifigoths. Il paroît feulement que cette
divifion étoit déjà établie du tems de Claudius II.
Peut-être que le Danube fut l’occafion de nommer
OJirogoths ou Goths orientaux, ceux qui demeurèrent
à la gauche de ce fleuve, 8c fFiJigoths ou Goths
occidentaux ceux qui s’établirent en-deçà 8c fur la
droite. Toujours eft-il certain que les Goths devinrent
deux nations diftinéles qui prirent des routes
8c eurent des dellinées très-différentes ; 8c ce fut fous
l’empire de Valens vers l’an 370, que la diftinftion
des deux nations de Goths ie fit le plus connoître.
Ils obéiffoient alors à deux rois ; Fritigerne gou-
vernoit les Wifigoths, & Othanaric les Oftrogoths.
Ces derniers s attachèrent à l’empire d’orient 8c
goûtèrent l’Arianifme qu’ils portèrent en Italie, d’ ans
les Gaules & en Efpagne. Tantôt vainqueurs, tantôt
vaincus, ils obtinrent enfin la Thràce, & furent
affez tranquilles tant que vécut Théodofe ; mais
après fa mort ils attaquèrent l’empire romain fous
Radagaife, & enfuite fous Alaric qui prit Rome, la
pilla, & finit fes jours à Cozence.
Ataulphe fon fucceffeur devint amoureux de la
fceur d’Honorius, l’époufa, céda l’empire à fon beau-
frere , & fe retira dans les Gaules avec une partie
de les W igo th s ; l’autre partie préféra de relier en
Italie oii elle devint fi puiffante, qu’Odoacre trouva
le fecret d’ufurper le throne, 8c de s’emparer de
l’autorité fouvéraine.
Théodoric partit de Thràce avec fes Oftrogoths,'
défit Odoacre, & commença le royaume des Ollrogoths
en Italie ; je dis le royaume, parce que ce
prince fe contenta du titre de ro i, 8c fit fa réfidence
à Ravenne. Ses luccelfeurs fe brouillèrent avec l’empereur
Jullinien qui détruifit leur monarchie par les
viâoires de Çélifaire & de Narfès ; depuis cette époque
qui eft de l’an 5 5 2 , il n’ell plus quellion des Oftrogoths
dans l’hiltoire. Seize ans après Alboin vint
en Italie, 8c fonda le royaume des Lombards.
Les Wigoths.alliés d’abord avec les Francs »rompirent
dans la fuite avec eu x, quittèrent le féjour
de la Provence qu’on nommoit alors Gaule narbon-
rïoife fécondé, 8c fe rendirent en Efpagne vers l’an
407, ou ils formèrent une nouvelle monarchie qui
dura jufqu’à l’invafion des Maures, c’ell-à-dire juf-
qu’au huitième fiecle. 1
Nous avons-'parcouru très-rapidement Hiiftoire
dun peuple qui a joiié long-tems un grand rôle en
Europe ; mais outre que les détails hiftoriques fe-
roient ic i déplacés, ceux qui feront curieux d’approfondir
1 origine de ce peuple,fes progrès, tes
divifions, fes révolutions & fa chûte, peuvent con-'
lulter les écrivains qui y ont employé leurs veilles
: tels font, par exemple, Jornandès, de origine
Gothorum; Prifcus dans fon hifloire gothique ; JoanL
nis magni , hijloria de omnibus Sueonum, Gothorumq
regibus ; il y a une belle édition de cet ouvrage à
Rome en 1554 in-folio. Ifidore de Séville, de Gothls
Fandalis & Suevis, in-folio. Torfæi, univerfi fepten-
tnoms aruiquitates, Hafniæ 1705: in-4°. Grotius dans
les prolégomènes ad hijloriam Gothorum & Fanda-
lorum in-folio. C luvier, Germ. antiq. 8cc. (D . J .)
GOTHA , Gotha , {Géogr.) ville fortifiée d’Allemagne
dans la Thunnge, capitale du duché de même
nom , fujette à un prince de la maifon de Saxe.
Zeyler dit qu elle doit fes commencemens à Guillaume
archevêque de Mayence, qui la fit bâtir vers
1 an 964, fur la nviere de Leine, à trois lieues d’Er-1
furt, à fix nord-oiiell de Mulhaufen. Long, z v .^ S i
latit. S t , 4 , 0 J r
G O T
Gotha eft la partie de deux favans médecins &
littérateurs du fiecle paffé , Gafpard Hofman &
Thomas Reynefius. Le premier né en 1572, & mort
en 1649 , a fait entr’autres livres un excellent traite
latin des médicamens officinaux. Le fécond mourut
à Leipfick en 1667 à l’âge de 80 ans, 8c s’eft distingué
dans la carrière de l ’érudition par fon ouvrage
de variis lecliombus. {D . X.)
GOTHENBOURG, Gothoburgum, {Géog.) forte
ville de Suède dans la Weftrogothie , avec un bon
port à l’embouchure méridionale de la Gothelba, a
une lieue fuedoife d’Elfsborg, deux fued. de Bahus,
30 nord*oiieft de Copenhague , 60 fud-oiieft de
Stockholm. Cette ville n’eft pas ancienne ; elle fut
fondée en 1607 fous le#régné de Charles I X , 8c
depuis ce tems les rois de Suede lui ont accordé de
grands privilèges ; c’eft ici que la mort arrêta les
vaftes projets que formoit Charles Guftave X. contre
le Danemark. Il y mourut le 23 Février 1660
à l’âge de 37 ans. Long. 29. z S . latit. feptent. S y .
a o . 64 . {D . J .)
GOTHIE ,, ( l a ) ou GOTHLANDE , Go lhia ,
Géogr. une des grandes parties du royaume de Suède
; c’eft le pays le plus méridional, le plus fertile
8c le moins froid de toute la Suede. On le divife.
en trois grandes parties, qu’on appelle Weftro-Go-
thie , Oftro-Gothie & Sund-Gothie. La "Weftro-Go-
thie, ou la Gothie orientale eft au lev an t, & comprend
fOflro-Go thie-propre, & la Smalande avec
les îles d’Ocland 8c de Gothland. La Sund-Gothie,
ou la GWiie-méridionale , qu’on nomme quelquefois
la Scanie, eft au midi. La Gothie appartient à
la Suede depuis 1654; fes villes principales font
Clamar , Landfcroon , Gothenbourg , Lauden ,
Malmone, W exio , &c. {D . J .)
GOTHIQUE, adj. {Hift. mod.) qui appartient aux
Goths. Foyc{ Goths. Cara&ere ou écriture gothique
, eft un écriture ou un cara&ere qui dans le fond
eft le même que le romain , mais qui a beaucoup
d’angles & de tortuofités , fur-tout au commencement
& à la fin des jambages de chaque lettre. V>ye^
C a rac tè re & L e t tr e . Les manulcrits en cara&e- •
res gothiques ne font pas anciens.
Ulpilas évêque des Goths, fut le premier inventeur
des carà&eres gothiques , & le premier qui tra-
duifit la bible en langue gothique.
Les lettres runiques font fouvent appellees caractères
gothiques. Foy ei M abillon, de re diplom. liv. I .
chap. ij. Mais ceux-là fe trompeht qui croyent que
le caractère gothique eft le même que le runique ; ils
n’ont qu’à confulter Qlaiis Vormius , 8c la préfacé
de Junius fur un livre des évangiles, écrit en lettres
gothiques , 8c l’ouvrage de M. Hicks fur la langue
runique. Foy t{ Runique. . .
Architeaure gothique, eft celle qui s éloigné des
proportions &du caraaere de l’antique. Foye^ Architecture
& Ordre.
L’Architeaure gothique eft fouvent tres-folide,
très-pefante 8c très-maffive ; & quelquefois au contraire
extrêmement déliée , délicate 8c riche. Son
principal caraaere eft d’être chargée dornemens
qui n’ont ni goût ni jufteffe.
On dillingue deux fortes d’Architeaure gothique,
l’une ancienne 8c l’autre moderne. L ancienne eft
celle que les Goths ont apportée du nord dans le v .
jiecle. Les édifices conftruits fuivant cette manière,
font mallifs, pefans 8c grofliers : ceux de la gothique
moderne font plus délicats , plus déliés, plus légers
& furchargés d’ornemens inutiles. Témoin l’abbaye
de 'Weftmmfter, la cathédrale de Litchfreld, &c.
Elle a été long-tems en ufage , lur-tout en Italie,
favoir depuis le treizième fiecle , jufqu’au rétabhf-
fement de l’Architeaure antique dans le feizieme.
Toutes les anciennes cathédrales font d’une Archi-
JCeaure gothique. Foye£ Architecture,
G O T 7 4 9
Lès inventeurs de l’Architeaure gothique crurent
fans doute avoir furpaffé les Architeaes gifccs. Un
édifice grec n’a aucun ornement qui ne ferve à augmenter
la beauté de l’ouvrage. Les pièces néceffai-
res pour le foûtenir, ou pour le mettre à couvert 9
comme les colonnes 8c la corniche, tirent leur beau*
té de leurs proportions : tout eft fimple , tout eft
mefuré, tout eft borné à l’ufage. On n’y voit ni har*
diefl’e ni caprice qui impofe aux yeux. Les propor**
tions font li juftes, que rien ne paroît fort grand t
quoique tout le foit. Au contraire l’Architeaure go*
trique élevé fur des piliers très-minces une voûte
immenfe , qui-monte jufqu’aux nues. On croit que
tout va tomber, mais tout dure pendant bien des
fiecles. Tout eft plein de fenêtres, de rofes & de
pointes ; la pierre femble découpée comme du carton
, tout eft à jour, tout eft en l’air. Lettre de M .
de Fénelon Jur C éloquence.
Colonne gothique eft un pilier rond dans un bâtiment
gothique, qui eft trop court ou trop menu pour
fa hauteur. Foyeç Colonne 6* Ordre.
On en trouve qui ont jufqu’à 20 diamètres, fans
diminution ni renflement.
Médailles gothiques, voyeç Méd a il l e s ;
Diciionn. de Trévoux & Chambers. {G )
GOTHIQUE, {maniéré) en Peint, c’cft comme on le
dit dans le diaionnaire des beaux arts , une maniéré
qui ne reconnoît aucune réglé, qui n’eft dirigée par
aucune étude de l’antique, 8c dans laquelle on n’ap-
perçoit qu’un caprice qui n’a rien de noble; cette
maniéré barbare a infeaé les beaux A r t s , depuis
611 jufqu’en 1450ÿ tems à jamais mémorable, oit
on commença à rechercher le beau dans la nature
& dans les ouvrages des anciens. {D . J .)
GOTHLAND , ( file de) Géogr. île de la mer Baltique
fur la côte orientale de Suede. Elle s’étend en
latitude du i / d. jufqu’au 68 » depuis fon milieu qui
eft coupé par le 3 7 d. de longitude. Elle fe termine
en deux pointes, dont la feptentrionale eft par le
3 7 d. z.5 ' . de long. 8c la méridionale par les g 6 A.
4 0 '. Cette île qui maintenant appartient à la Suede,
a eu autrefois fes rois particuliers. Wagenfeil lui
donne quinze milles d’Allemagne dans fa longueur,
& cinq dans fa plus grande largeur. Wisbyen en eft
la feule ville. {D . J .)
G O TO , {Géogr.) on écrit aufll Gotlio 8c Gotto ,
royaume du Japon coropofé de cinq petites îles, fi-
tuées prefqu’à l’entrée de la baye d’Omura à l’oüeft,
au midi de Firando, par les^aA 3 3 '• de lat.fept. La
capitale de ce royaume fe nomme Ocura. {D . J .)
GOTTINGEN , Gottinga, {Géogr.) ville d’Allemagne
au duché de Brunfwick, partage de l’éleéleur
de Hanover à qui elle appartient aujourd’hui. Elle
eft fur la Leine, à 10 lieues nord-eft de Caffel, 12
fud-oiieft de Goflar. Long. z y . 40. latit. S i . 3 4 . ■
Elle eft la patrie de Caffel (Jean),favant littérateur
, mort à Helmftad le 19 Avril 1613 âgé de 80
ans. { D . J .)
GOUACHE , f. f. {Peinture.) peindre à gouache •
la maniéré de peindre qu’on dillingue par ce nom
eft une des plus anciennes de celles que nous con-
noiffons , fi ce n’eft pas celle qu’on doit regarder
comme ayant précédé toutes les autres. L’eau eft
fans doute le moyen le plus facile de donner à des
matières colorées, mifes en poudre, la fluidité né-
ceffaire .pour pouvoir les étendre fur des furfaçes ,
8c les y incorporer. Les premières couleurs ont été
vraiffemblablement des terres 8c des pierres broyée*,
qu’on a rendu liquides par le moyen de l’eau ; mais
comme l’ufage a fait voir que lorfque l’humidité de
ces couleurs étoit totalement dilîipée, elles n’étoient
plus retenues, 8c qu’elles quiftoient trop aifément
les corps fur lefquels on les avoit employées, on a
I cherché à leur donner plus de confiftance par des