res, quand elles ne font pas bien percées par un bon
ouvrier, qui ait des outils faits exprès, des filanges
qui font fort nuifibles ; parce qu’en chargeant laÿ«-
fée elles fe mêlent avec la compofition, 8c la rendent
défeélueufe & fujette à s’éteindré.
M. de Saint-Hilaire ayant affemblé en 1713 plusieurs
»officiers d’artillerie 8c de bombardiers, pour
régler avec eux les proportions des fufées des bombes
, il fut convenu que pour les bombes de douze
pouces., les fufées en auroient huit de longueur ,
vingt lignes de diamètre au gros bout, qui feroit terminé
par une concavité ou enfoncement, à-peu-près
en demi-fphere creufe, pour recevoir la compofition
de la fufée ; qu’à un pouce de la tête, le diamètre de
la fufée feroit diminué de deux lignes, 8c que le petit
bout en auroit feulement quatorze de diamètre. A
l ’égard de l’ame de la fufée, elle doit avoir feulement
cinq lignes de diamètre. Pour les bombes de huit pouces
, il fut convenu de donner fix pouces de longueur
à leurs fufées, feize lignes de diamètre au gros bout,
douze au petit, & quatre à l’ame.
Pour faire la compofition des fufées à bombes & à
grenades, félon les bombardiers, il faut battre de
bonne poudre 8c la réduire en pulvrin , & de bon
foufre qui ne foit point verdâtre, 8c le réduire en
fleur, & de bon falpetre en farine, auffi pétrifié de
toutes matières nuifibles, car c’eft le corps de toutes
compofitions Sc de tous artifices.
Ces trois chofes étant bien battues & bien pulvé-
rifées, il faut les paffer dans un tamis très-fin 8c couvert,
l’une après l’autre ; 8c quand on en aura fuffi-
famment, il faut prendre une mefure de foufre,deux
de falpetre, 8c cinq de pulvrin, que l’on mêlera &
affemblera l’un après l’autre, 8c l’on pafl’era ces mixtions
dans un tamis de crin commun; après quoi l’on
chargera les fufées.
Quand on aura bien vifité les fufées à charger,
qu’elles feront auffi bien conditionnées comme on
l’a dit ci-devant , & qu’on aura plufieurs fois paffé
la grande baguette dans la lumière, pour en fortir 8c
chaflër tout ce qui pourroit s’y trouver de nuifible,
on pofe le petit bout fur un billot, ou fur un fort
madrier, avec un chargeoir fait comme une petite
lanterne à charger du canon ; on prend de la compofition
environ plein un petit dé à coudre, que l’on
met dans la fufée, 8c J.a grande baguette deffiis, fur
laquelle on frappe quatre ou cinq coups égaux, de
moyenne force, avec un maillet de moyenne grof-
feur, 8c l’on continuera de mettre ainfi la compofition
dans la fufée, fans en mettre plus grande quantité
chaque fois : mais il faudra à mefure que la fufée
s’emplira, augmenter la force de frapper, & le nombre
des coups jufqu’à douze ; car plus la compofition
fera ferrée, plus elle fera d’effet.
Proportion des fufées à grenades. Celles du calibre
de 33 , 14 , 16 , 1 1 , 8, 4, font groffes au gros bout
de n l ig . 1 1 , 10 7, 10, 9 8 7.
Au petit bout de 9 lig. 8 7 , 8 , 8 , 7 , 6 .
Diamètre des lumières, 4 lig. 4 , 3 , 3 , 3 , 2.
Les fufées font longues en tout de 5 pou. 7, 5 pou.
4 pou. 7, 4 pou. 3 pou. 7, 1 pou. 7.
Et comme les groffes grenades font faites pour
jetter dans les foffés, ou avec de petits mortiers, il
leur faut des fufées de différentes longueurs : celles-
ci font pour les petits mortiers. Celles pour les foffés
doivent être plus courtes. Mémoires d'Artillerie de
Saint-Remy, troifieme édition. (Q)
F u s É E , f. f. ( Artificier.) efpece de feu d’artifice
qui s’élève dans l’air : é’eft un petit cylindre de carton
, étranglé par les deux bouts, rempli de matières
inflammables, fur un moule dont la broche forme
au-dedans de la fufée une cavité qui pénétré plus ou
moins profondément dans la matière inflammable»
Ce cylindre eft amorcé, 8c dirigé dans l’air par le
moyen d’une baguette.
A r t . I. Des moules pour charger les fufées volantes.
Le moule fert à foutenir le cartouche lorfqu’on le
charge, 8c à regler la hauteur du maffif. Sa forme extérieure
eft cellè d’une boîte d’artillerie ; il eft percé
d’un bout à l’autre, 8c cette cavité dans laquelle on
place le cartouche, doit être bien ronde & bien unie.
On les fait communément de buis, ou de quelque
autre bôis dur.
La hauteur des moules doit diminuer à proportion
que le diamètre intérieur grandit. La caufe de cette
diminution eft que la force de la matière enflammée
n’augmentant pas en même raifon que le diamètre
des fufées , elle ne pourroit enlever une groffe fufée ,
fi on lui confervoit la même longueur qu’à une petite.
Le moule eft fupporté par une bafe cylindrique de
meme matière, qu’on nomme te culot.
La hauteur du culot eft d’un diamètre extérieur du
moule, 8c fa largeur d’un diamètre un quart.
Il porte une broche de fer dans fon milieu. Cette
broche, quoique d’une feule piece, a quatre parties
diftinguées par leurs formes 8c par leurs noms.
La première, au-deffous du cylindre, eft la queue
de la broche ; elle eft faite pour entrer dans le culot,
oit elle doit être fixée folidement.
La deuxieme partie eft le cylindre ; fon diamètre
eft celui de l’intérieur du m oule, 8c fa hauteur doit
être égale à* fon diamètre.
La troifieme partie eft la demi-boule ; elle a de
diamètre les deux tiers du diamètre intérieur du
moule, 8c de hauteur moitié du même diamètre.
Cette demi-boule qui s’engage dans la gorge du cartouche
lorfqu’on le charge, fert à lui conferver fa
forme.
La quatrième partie eft la broche ; elle fert à ménager
un vuide dans l’intérieur de la fufée : c ’eft ce vuide
qu’on nomme l'ame de la fufée, qui la fait monter en
préfentant au feu une plus grande furface de matière
inflammable, qui fe réduifant en vapeurs dans ce
vuide, fait, dit M. l’abbé Nollet dans fes leçons de
phyfique expérimentale, Voffice d'un reffort qui agit
d'une part contre te corps de la fufée , & de l'autre contre
un volume d'air qui ne cede pas auffi vite qu'il eji
frappé.
La table qui fuit donne les proportions entre le
diamètre 8c la hauteur du moule, 8c entre fa hauteur
8c la longueur de la broche, dont la différence
lorfque le moule eft pofé fur fon culot, fait la hauteur
du maffif. L ’expérience a fait connoître qu’il
doit diminuer de hauteur, 8c la broche augmenter de
longueur, à proportion que les fufées font plus groffes.
Si l’on n’obfervoit pas cette progreffion, 8c que
prenant la proportion moyenne on. donnât également
aux groffes 8c aux petites fufées un diamètre
un quart de maffif, il arriveroit que le maffif des petites
feroit trop tôt confumé, 8c qu’elles jetteroient
leur garniture avant d’avoir fait v o l, & que les groffes
fufées ne jetteroient leur garniture qu’en retombant
, attendu que le maffif eft plus épais ( quoique
dans la même proportion) , 8c d’une compofition
plus lente, 8c qu’ainfi il feroit plus de teins à fe con- ■
fumer.
Les petites fufées de cinq lignes de diamètre extérieur
& au - deffous, n’ont pas befoin pour monter
d’être percées , c’eft-à-dire d’être chargées fur une
broche ; il fuffit de leur attacher une baguette : lorfqu’on
les perce, elles montent fi rapidement qu’on
a peine à en voir l’effet.
N O M S
d e s F u s é e s .
DIAMETRE
in té r ie u r du
d u m o u le .
H a u t e u r
d u
m o u le .
H a u t e u r
d u c y lin d
re d e la
b ro c h e .
H a u t eu r
de la demi
boule.
L o n g u e u r
d e la
b ro ch e .
Hauteur
d u
maffif.
Total des 4
précédentes
colonnes égal
à la hauteur
du moule.
P e tit p a r tem e n t. . . . 8 lig n es
Diamètre.
7 0 0
Diamètre.
I O O
Diamètre.
O 7 0
Diamètre.
3 i 0
Diamètre.
ï i 0
Diamètre.
7 0 0
P a r t e m e n t ...................... 10 Iign. 6 i 0 ' i 0 0 O 7 O 3 T ? 1 4 7 6 j ‘o
M a rq u ife . . . . . . . 12 lig n . m 0 I O O O 7 0 3 T 0 1 7 0 6 7 0
D o u b le m a rq u if e. . . 15 D f f l i 6 H 0 I 0 0 O 7 O 3 i i 1 6 A 0
D e d ix -h u it lig n e s . . 18 lig n . 6 0 0 I O O C.Q ;• O 3 ? 0 1 i 0
Os
O
O
D e v in g t-u n e lig n e s.. 21 lig n . 5 $ 0 I 0 0 0 7 0 3 0 1- 1 0 1 n ■
D e d e u x p o u c e s . . . 14 lign. 5 r ° I O O O O 3 0 0 1 0 0 5 r 0
D e d e u x p o u c e s 8c dem i 3 0 lign. 5 ? ° 1 0 0 ' O O 1 tbf i 0 | j 5 ? 0
D e tro is p o u c e s . . . .• 3 6 lign. 5 0 0 IOO O j O 2 ? ° 0 \ 0 . . 5 0 0
A r t . II. Des cartouches, On les forme en foulant le
carton fur la baguette, qu’on nomme baguette à rouler.
Elle doit être unie 8c fans manche. On lui donne de
diamètre les deux tiers du diamètre intérieur du moule
; le tiers qu’elle a de moins eft rempli par le cartouche
, dont l’épaiffeur eft d’un fixieme du même
diamètre, ou du quart de celui de la baguette.
Le carton doit être entièrement collé, excepté le
premier tour qui enveloppe la baguette. Il faut prendre
garde que la colle ne la mouille, 8c la frotter de
favon lorfqu’elle a été mouillée, crainte que le cartouche
ne s’y attache. On trempe dans l’eau le dernier
tour du carton avant de le coller, pour en ôter
le reffort qui feroit dérouler le cartouche après qu’il
eft formé.
Les cartouches pour les lances 8c pour les conduites
de feu fe font de papier. On pôle la baguette
fur la feuille, au tiers de fa largeur ; on renverfe ce
tiers deffus, 8c oiî le fait bien joindre contre; on
roule un tour fans colle ; enfuite ori colle tout ce
qui refte de papier, tant la partie double formée par:
le tiers de la feuille renverfé, que la partie fimple ;
& on achevé de rouler le cartouche. Ces cartouches
fe nomment porte-feux,, lorfqu’on les employé
à communiquer le feu d’une piece d’artifice à une
autre, par le moyen d’une étoupille qui y eft renfermée.
Les cartouches de ferpenteaux, 8c autres petites
fufées de quatre à fix lignes de diamètre extérieur,
font faits de cartes à jouer. II faut les tremper dans
l’eau, 8c les employer à moitié feches ; elles en font
plus flexibles , 8c fe roulent mieux. On* commence
par en rouler une ; on y en ajoute une fécondé, 8c
on termine le cartouche par deux tours de papier
gris, dont le dernier eft collé.
A r t . III, D e l'étranglement des cartouches. Il n e
faut pas attendre que les cartouches foient entièrement
fecs pour les étrangler ; ils donneroient beaucoup
de peine, 8c s’étrangleroient mal.
On commence par fes rogner fur la baguette avec
des cifeaux. Il ne s’agit dans cette opération que de
retrancher la bavure du bout qui doit être étranglé,
pour que les bords de cette partie, qui doit avoir la
forme d’une calote, foient à l’uni.
Pour les étrangler, on attache une corde ou une
ficelle d’une groffeur proportionnée à celle de la fu fée
y d’un bout à un gond ou piton, viffé dans un
poteau, ou fcellé dans le mur, 8c de l’autre bout
à fa ceinture , ou à un bâton que l’on place derrière
8c en - travers de fes cuiffes, de maniéré qu’il
foûtienne le corps lorfque l’on fait effort pour étrangler.
Dans cette fituation, 8c la corde étant tendue t
on pofe le cartouche deffus ; puis on prend la partie
de la corde qui eft entre foi 8c le cartouche, &
l’on en. fait deux tours fur le cartouche, dans la
partie que l’on veut étrangler à un demi - diamètre
extérieur de fon extrémité ; on enfonce une baguette
dans cette partie, la tenant de la main droite , 8i
le cartouche de la gauche, 8c l’on ferre la corde en
jettant le corps en-arriere, 8c tournant chaque fois
le cartouche pour en bien arrondir l’étranglement,
jufqü’à ce qu’il ne refte qu’un trou à pouvoir paffer
la broche avec peine : alors il eft fuffifamment étranglé.
Il faut frotter la corde de favon, pour empêcher
que le cartouche qui eft encore humide lorfqu’on
l’étrangle, ne s’y attache 8c ne fe déchire.
Quand on a étranglé un certain nombre d e fufées'
il ne faut pas différer à les lie r , crainte que l’étranglement
ne fe relâche. On les lie en paffant trois
boucles de ficelle dans la gorge , 8c ferrant à cha-.
que boucle 3 ce qui s’appelle le nmd de P artificier.
Tome VII, C c c ij