éponge, pour lui faire prendre eau également : ce
<iui fera fait, fi l’on le manie 6c remanie ; fi on le remet
fous la prefle, & fi on l’y laiffe quelques heures
de fuite, entre chacune de ces opérations.
Il fa-ut avec la prefle un broyon qu’on voit fig.
ao. d’environ la hauteur de la main ; & un rouleau
de bois (figure àà.) de 1 5 à 18 pouces de longueur,
garni de drap, 6c à poignées affez longues, pour
être tenu à pleines mains.
& l’on ajoute le marbre à ces derniers outils, on
aura tout ce qu’il faut pour tirer des épreuves de
fa planche, fans la porter chez l’imprimeur en lettres.
C’eft fur ce marbre qu’on broyera l’encre.
Du bois. Le poirier, le pommier, le cormier, le
Lu is , en un mot tous les bois qui ne font pas poreux
, font propres à la gravure en bois j mais le buis
eft à préférer. Les fubflances dures 6c feches, telles
•que le gayac , le coco , le palifante , l’ébene , les
bois d’Inde, font fujets à s’égrener. Il n’en faut point
employer, non plus que de bois blanc & mou. Il en
faut faire équarrir les morceaux par l’ébénifte ou
le menuifier, quand même les figures qu’on auroit
à traiter feroient rondes, ovales, ou autres. On leur
donnera dix lignes d’épaiffeur ; c’eft celle de la hauteur
de la lettre d’imprimerie. On peut tenir les
morceaux à fleurons, armes, &c. moins hauts. On
y fuppléera par-deffous avec des cartes ; 6c le coup
de prefle en étant amorti, les bords de la gravure
n’en feront point écrafés; & la planche en durera
plus long-tems.
Principes. Que celui qui veut graver ait un établi
d’une hauteur convenable : qu’il n’ait point la tête
trop baiffée ni le corps trop droit : que fon établi foit
un peu élevé en pupitre : qu’il ait le jour en fa ce,
parce que la coupe faite, la petite ombre du bois
coupé le guidera pour la recoupe. Sans cette ombre
l ’on auroit peine, en hvver que l’humidité ou l’ha-
leine enfle le bois, à difcerner la trace de la pointe.
Qu ’il fafl'e d’abord quelques traits fur un morceau de
poirier, au bout de la pointe, fans avoir été def-
finés. Pour cet effet qu’il tienne la planche fermement
de la main gauche : qu’il ait dans la droite fa pointe à
graver, à-peu-près comme une plume à écrire, mais
que fa main foit un peu plus tournée 6c panchée vers
le corps. Que le bifeau du taillant de la pointe foit
du même côté, enforte qu’on ne voye prefque que
l’épaiffeur de la lame, obliquement, très-peu du plat,
du taillant 6c du bout de la pointe, 6c le deffus de la
main. Qu’il enfonce l’outil dans le bois, fur le plan
incliné du bifeau du taillant, & qu’il fafl'e la coupe.
C ’eft la première & principale operation du graveur.
Que les deux derniers doigts de fa main pofent fur la
planche, pour ne pas être gênés, en tirant la pointe
de gauche à droite, comme on voit en A ; c’eft le
contraire delà gravure au burin, oii l’outil eft pouffé
de droite à gauche.
Pour enlever le bois coupé, l’on fait la recoupe.
La recoupe eft la fécondé opération. Que la main
foit tournée en-dehors du corps, de façon qu’on n’en
voye que le pouce 6c l’index qui tiennent la pointe,
avec le bout du doigt du milieu : que les autres doigts
foient pofés & prefque cachés fur la planche : qu’on
enfonce la pointe au-deffus de la coupe, 6c où l’on
a commencé à la former, enforte qu’elle entre dans
le bois, appuyée en-dehors du corps, fur le côté du
taillant qui n’a point de bifeau, 6c que l’on voye
tout le côté du taillant du bifeau, malgré l'ombre.
Cela fuppofé, fi l’on tire parallèlement l’outil de gauche
à droite, on enlevera le bois à mefure qu’il fe
détachera , comme on voit en B fig. 4.
Pour achever de former ou graver le trait, le contour
, ou la taille commencée, on en fera autant qu’il
a été dit, par une coupe 6c une recoupe du côté op-
pofé à celui que l’on aura gravé; 6c on donnera à ce
trait, ce contour, ou taille, une figure pyramidale
fur toute fa longueur, plus ou moins menue, félon
qu’on l’aura voulu.
On fe formera la main en faifant des traits en-travers
du fil du bois, comme en Cyfig. 5 . retournant
la planche, le fil du bois montant toujours devant
foi, & faifant une autre coupe comme en D , fig. G.
Les deux coupes faites , retournant la planche d’un
autre fens, le fil du bois en-travers devant fo i, 6c
y traçant à des diftances égales d’autres coupes en
échelle, depuis le haut jufqu’en-bas, comme on voit
en -Eyfig. y. Les lignes tracées fig. y. dénotant où
l’on a paffé la pointe, il s’agit d’enlever le bois à
cette efpece d’échelle ; pour cela on recoupe 6c l’on
achevé les tailles, comme dans la fig. 8. commençant
toûjours par celle d’en - haut, 6c finiffant par celle
d’en-bas. On voit fig. g . la forme que doivent avoir
les tailles. Ce font comme des dents de fcie : & l’ef-
pace qui les conftitue eft une efpece de gouttière.
Il faut bien prendre garde à la coupe, de ne pas
coucher la pointe vers le corps, plus qu’il n’a été
prefcrit ; on s’expoferoit à endommager les tailles par
le pié, ce qui les .rendroit fujettes à fe caffer.
Quand on fait des tailles en-travers du fil du bois,
s’il arrive qu’il foit difpofé à s’égrener, on exécute
la recoupe avant la coupe.
Voilà pour les tailles droites. Les circulaires ou
courbes fe font en tournant un peu la main fur elle-
même devant foi, toûjours de gauche à droite, tant
à la coupe qu’à la recoupe, concourant à cette opération
, de la main qui tiendra la planche 6c qui la
fera mouvoir à contre-fens de la main qui tiendra
I’inftrument; commençant la coupe 6c la recoupe en
A , 6c les finiffant en B ,fig. 13. où les traits blancs
marquent le relief, 6c l’ombre marque les creux.
Les entre-tailles ou tailles courtes entre des longues,
comme on en voit en C,fig. 14. fe font comme
les tailles ordinaires, les racourciffant feulement à
volonté.
Les ente-tailles ou tailles rentrées ou groflies par
endroits, ne fe font pas autrement que les tailles,
obfervant fur leur longueur de réferver des endroits
plus épais 6c plus nourris, comme on voit fig. iS.
Pour les contre-tailles ou fécondés tailles, l’on fait
d’abord toutes les coupes parallèles, comme à des
tailles fimples : puis l’on croife ces coupes par d’autres
, fous toutes fortes d’angles : obfervant de ne pas
trop enfoncer la pointe, de peur d’égrener ou même
de détacher les croifées : procédant enfuite carreau
par carreau, en équerre, à contre-fens de ce qui a été
coupé, l’on recoupe; 6c lorfque tout eft gravé, on
paflè en frottant l’ongle fur les croifées pour les raffermir.
V->ye^ la fig. iG. où les carreaux font creux,
6c les tailles croifées de relief.
Nous ne dirons des triples tailles, finon qu’il faut
à chaque fens de chaque taille, faire d’abord les trois
coupes, ce qui divife ou coupe toutes leurs croifées:
aller pofément, paffer d’un petit carreau à un autre ,
y faire la recoupe, 6c enlever le bois, ce qui fuppo-
fe un artifte exercé, voye^ la fig. /y.
S’il arrive que parmi des tailles on en faffe qui foient
de beaucoup plus baffes que celles entre lefquelles
elles fe trouvent, de forte que, ces dernieres empêchent
la balle d’atteindre aux autres, 6c par confisquent
celles-ci de laiffer aucun trait fur le papier, on
appelle ces tailles tailles perdues. L’effet en eft irréparable
& mauvais, fur-tout dans les morceaux délicats.
Les points fi faciles à faire dans la gravure en cuiv
re , font très-difficiles dans la gravure en bois. Il faut
qu’ils foient de relief, vuidés tout-autour, 6c affez
folides à la bafe pour ne point fe caffer ou s’écrafer.
Pour cet effet, il faut faire cette bafe à quatre faces,
en pyramide. On ne les arrangera point par colonnés,
comme font ceux qui après avoir gravé les taille
s , les coupent & recoupent tout en-travers, pour
abréger l’ouvrage : en exécutant d’une feule coupe
6c recoupe toute la largeur des points qu’ils ont à
marquer : au hafard de faire partir 6c fauter les points
qu’ils gravent ainfi, par les foubrefauts de la pointe
de taille en taille ; mais il faut, après avoir divifé
toute la longueur d’une taille par des points un à un,
former à (la taille d’à-côté les points correfpondans
à l’entre-deux de chacun des autres, 6c ainfi de fuite,
comme on voit fig. 18. & ig. Si les points n’étoient
pas affez fins pour paroître ronds, il faudroit en abattre
ou adoucir les angles ; car rien n’eftplus defagréa-
ble que des points quarrés à des ouvrages délicats,
fur-tout à des chairs pointillées, s’il arrivoit d’en
faire ; ce qui eft rare dans la gravure en bois, où l’on
ne porte guere le fini jufque-là.
Les points longs ou tailles courtes fe font quelquefois
au bout des grandes tailles, en les féparantàleurs
extrémités. Il faut les rendre très-déliées 6c très-pointues
où elles fe doivent perdre dans les clairs. L’on
en gliffe auffi parmi des tailles qui ombrent la pierre,
&c. alors ilfemble qu’il les faut d’égale épaiffeur dans
leurs petites longueurs, afin d’en obtenir l’effet des
entre-tailles. Mais l’ufage de ces points longs eft rare
dans la gravure en bois.
Voilà les manoeuvres auxquelles il faut s’exercer,
avant que de paffer à des fujets. On paffera du poirier
au buis, des traits aux deffeins, & des contours
fimples aux vuides. II s’agit maintenant de vuider fo-
lidement 6c proprement la gravure. Dégagez d’abord
fermement vos contours avec la pointe, que vous
pafferez & repafferez dans tout le creux de la gravure
qui bordera les champs ou parties de buis qu’il faut
enlever 6c creufer ; fervez-vous enfuite du fermoir
pour enlever autour de ces traits le bois, partie par
partie. Le dégagement avec la pointe qui aura précédé
, empêchera le fil du bois d’entraîner le fermoir,
& les copeaux qu’on féparera, d’en attirer d’autres.
L’art de bien vuider a été affez négligé : ou les ar-
îiftes font mal outillés pour cette manoeuvre: ou ils
ne font confifter la perfeftion que dans les tailles : ou
ils facrifient tout à la diligence, négligent la propreté
6c la folidité, 6c ne vuident les champs que fuper-
ficiellement ou groflierement, fans les ragréer, polir,
6c finir à la gouge ; ou ils abandonnent ce travail à
des apprentis qui, ne prenant aucune attention pour
ne pas appuyer la lame de l’outil fur les traits, les
meurtriffent, écrafent, & font égrener : ou qui baif-
fant trop le coude en agiffant, & tenant la lame du
fermoir ou de la gouge prefque de niveau au plan
fur lequel la planche eft pofée, font paffer l’outil tout
au-travers de la gravure,& la défigurent par fept à huit
échapades ou breches : ou qui ne contenant pas leur
main droite par la gauche, vont donner du taillant
de l’outil au pié d’un contour ou d’une taille qu’ils
coupent, caffent, ou ébrechent tout-à-fait. On ne
répare ces accidens que par des pièces ; & cette réparation
laiffe toûjours de très-mauvais effets. D ’ailleurs
le vuider peu profond & groflier, fait que des
places qui doivent être blanches, viennent maculées
d’encre.
Pour bien vuider une planche, il faut être affis
plus haut que pour la graver. Cela fait, on plante
une cheville dans un des trous répandus à diftance fur
l ’établi, pour y appuyer l’ouvrage s’il en eft befoin.
On a un fermoir dans la main droite : ce fermoir doit
être de moyenne largeur, comme de deux lignes ou
environ : la partie du bouton de fon manche eft placée
dans la main, comme on voit fig. 3. PL 3 . le bifeau
du taillant de l’outil en A 9 6c un peu de l’épaiffeur
de la lame, paroiffant du côté droit fur toute fa
longueur. On tient la planche de la main gauche : on
écarte le pouce en B , fig. 4. pour recevoir U foûtehir,
comme en C , le bout du pouce de l’autre main
qui tient le fermoir ; par ce moyen la lame de l’outil
appuyée du côté gauche en O , peut facilement glif»
fer d’environ la longueur de quatre lignes feulement;
en avançant 6c retirant vers le creux de la main les
qiiatre autres doigts. C ’eft ainfi que l’outil va & vient
à difcrétion dans le bois. Cependant cette pofition
n’eft encore que préparatoire ; pour dégager i on tirera
le bras droit affez, pour que l’outil pouffé entre
diagonalement dans le bois : alors la fituation des
mains changera, prendra celles qu’on a repréfentées
fig. 5. & G .6 c l’on vuidera fans danger.
Le bois ainfi ébauché 6c enlevé dans toute une
longueur à volonté,on y repaffera le fermoir pour la
polir par-tout, jufqu’à la bafe des contours ou traits.
Si l ’on fent en dégageant que l’on eft dans le fil du
bois, & qu’on en eft entraîné, on reprendra la poin*
te qu’on repaffera au pié du trait; ou pour le mieux,
dn enfoncera moins l’outil par le côté du fil y qu’à
contre-fil.
S’il y a des petites parties à vuider qui n’exigent
pas de dégagement avec le fermoir, il faut les vuider
en plain avec les outils proportionnés à leurs
efpaces.
On voit fig. y. une planche entièrement dégagée
avec le fermoir. Il's’agit de vuider les grands champs
comme en L. Il y faut procéder à coups de maillet
avec des gouges proportionnées, comme on voit
dans la vignette. On commencera cette manoeuvre
à contre-fil : puis de droit fil ; l’on formera ainfi un
bloc de copeau qu’on enlevera. On réparera enluite
ces creux à la gouge fans maillet, plaçant les mains
comme nous les avons montrées ci-deffus, 6c cqn-
duifant l’outil de maniéré à ne faire aucune échapa-
de. Plus les places à vuider feront grandes, plus il
faudra les creufer, afin que les balles 6c le papier n’y
atteignent pas à l’impreflion. Ainfi une place d’un
pouce de diamètre fera creufée d’environ 3 lignes ,
6c ainfi des autres à proportion.
Les parties à vuider fur les bords d’une planche
fans filets, comme aux fleurons, aux figures de Mathématiques
, &c. le feront à coups de gouges 6c de
maillet, 6c prefqu’à moitié de leur épaiffeur fur leurs
extrémités, pour peu que les places foient grandes,
afin d’empêcher les balles & le papier d’y atteindre.
Ces places n’étant point foûtenues, les balles y pochent
plus, & il y faut vuider plus creux, plus d’à-
plomb, 6c plus en fond qu’ailleurs. Voye^ PI. I I I .
fis - '0- ,
Maigre toutes ces précautions, s’il arrive qu’on
faffe quelqu’échapade, qu’il y ait quelque trait ou
taille brifée, éclatée, il y faut remédier par une pièce
, ainfi que nous allons l’indiquer.
Vuider & mettre pièces. Si bien mifes que foient des
pièces, elles peuvent fe renfler à l’impreflion, après
avoir été mouillées , ou par d’autres caufes, excéder
le refte de la fuperficie, 6c marquer plus noir ; ou û
elles n’excedent pas,laiffer leurs limites fur l’eftampe.
Si une planche eft échapadée, on prendra un fermoir
de grandeur convenable ; on en tounera le bifeau
vers le dedans du trou qu’on veut pratiquer à
l’endroit échapadé : 6c l’on fera ce trou qu’on tiendra
d’abord plus petit. On tracera les limites du trou
à petits coups: puis avec un fermoir plus petit, l’on
enlevera tout le bois de l’enceinte. L’attention principale
, c’eft de ne pas froiffer ou meurtrir les traits
contigus à cette ouverture. On la creufera de deux
lignes plus profonde que le trait ébréché. On en pla-
nira le fond : on çn unira bien-les côtés ; on la repaffera
à la main 6c au fermoir : on en rendra les bords
bien vifs 6c bien nets : on obfervera de la creufer un
peu plus large à fon fond qu’à fon entrée, afin que
la piece y entre facilement, s’y étende, & fe refferre
d’autant à fa furface.