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Il eft des fractures tranfverfales ; il en eft d’obliques
; il en eft de longitudinales : dans d’autres^ nhfl
l'os eft entièrement écrafé.
Nous appelions fracture tranfverfale,. celle par laquelle
l’os a été divifé dans une dire&ion perpendiculaire
à fa longueur ; & fracture oblique| celle dans
laquelle la divifion s’écarte plus ou moins de cette
direction. ,
Ces fractures font fans déplacement, lorlque chaque
portion divifée demeure dans une jufte oppofi-
tion ; avec déplacement imparfait, lorfqu elles ne fe
répondent pas exaftement; avec déplacement tota
l, quand elles gliffent l’une à côte de 1 autre. Elles
peuvent être encore tranfverfales & obliques en meme
tems ; obliques dans une portion de leur étendue;
tranfverfales dans l’autre
Dans les fractures longitudinales , les os font Amplement
fendus félon leur longueur ; elles ne font
proprement que des fiflures, les parties divifees de
ces mêmes os n’étant èc ne pouvant être féparés en
entier.
Enfin-nous comprenons dans les fractures ou l os a
été écrafé, toutes celles oit il a été brifé & réduit en
plufieurs éclats, 5c en un nombre plus ou moins con-
fidérable de fragmens.
La chirurgie vétérinaire doit encore fe conformer
à la chirurgie du corps humain, en adoptant la diftin-
élicn que celle-ci fait des fractures en,fracture fimple,
compofëe , compliquée , complété & incomplète.
Un feul ds caffé en un feul endroit fans accidens
extraordinaires & fans un dommage évident pour
les parties dont il eft environne, conftitue fracture
fimple.
Plufieurs os caftes dans une même partie, ou le
même os rompu en différens endroits, forment ce
que nous entendons par fracture compofee.
Nous nommons fracture compliquée, celle à laquelle
s’unifient des fymptomes, qui exigent de la part du
maréchal une méthode particulière dans le traitement:
telles font Xts fractures avec plaie, luxation,
hémorrhagie, contufion violente, &c.
Nous difons que la fracture eft complété, lorfque
la folution de continuité eft entière ; & incomplète,
quand elle ne l’eft pas. Ce dernier cas qui n’a lieu
dans l’homme & dans l’animal qu’eu égard aux os
plats, pourroit enfuite d’un coup de feu arriver aux
autres os.
Les coups, les chûtes, les grands efforts, font les
caufes ordinaires des fraàures ; la deftru&ionde la di-
reftion du mouvement mufculaire;la ceflation de 1 action
des mufcles attachés à l’os fra&uré ; le racourcif-
lement du membre, conféquemment à la contraftion
fpontanée de ces puiflances ; fa défîguration relative
à leur dérangement; fa difformité provenant de la
furabondance ou de la marche impétueufe des fucs
régénérans ; la dilacération des tuniques qui revêtent
extérieurement & intérieurement les os ; la rupture
des vaifleaux qui rampent dans leurs cavités &
dans leurs cellules ; l’irritation, le déchirement des
membranes, des tendons & des nerfs ; la compref-
fion , l’anéantiflement, l’inflammation des tuyaux
voifins de la folution de continuité ; la contufion des
parties molles qui fe rencontre entre la caufe vul-
nérante & l’os, en font en général les fuites les plus
ƒ confidérables & les plus graves.
Nous avons ici pour fymptomes univoques, les
v u id e s le s inégalités réfultant des pièces d’os déplacées
; la crépitation ou le bruit occafionne par
le frotement de ces mêmes pièces, lorfque la portion
fiipérieure du membre étant fixement maintenue,
on.en remue legerement la portion inférieure, &
l’état du membre qui plie dans l’endroit cafte, cette
même portion inférieure étant plus ou moins mobile
& pendante ; la douleur, la difficulté du mouvement
; l’impoflibilité de tout appui fur la partie lé-
fée, &c< font des lignes vraiment équivoques, puif-
qu’ils peuvent fe rapporter à d’autres accidens qu’à
celui dont il s’agit.
Quant aux preuves certaines de la réalité de fiflures
, elles font très - difficiles à acquérir ; elles fe bornent
aux tumeurs qui les accompagnent, & quelquefois
à l’inflammation, à la fuppuration, à la carie ;
& toutes ces circonftances ne préfagent encore rien
de confiant & d’affûré.
Plufieurs auteurs, parmi lefquels on peut compter
Ruini, dont l’ouvrage fut publié dès l’année 1599,
ont propofé des moyens de remédier aux fractures.
M. de Soleyfel lui-même protefte avoir vu un mulet
& un cheval parfaitement guéris; le premier d’une
fracture à la cuiffe, le fécond d’une fracture compliquée
au bras.'Si néanmoins nous nous abandonnions
aux impreflions de la multitude, nous déciderions
affirmativement que toute folution de continuité de
cette efpece eft incurable dans l’animal. En effet,
on a imaginé que fes os étoient dépourvûs de moelle;
& de ce fait qu’il étoit aifé de vérifier, mais qu’on
a dédaigné d’approfondir, on a conclu que dès qu’ils
étoient fra&urés, toute réunion étoit impoffible.
Quand on pourroit imputer ou reprocher avec rai-
fon à la nature d’avoir, relativement au cheval, négligé
toutes les précautions qu’elle a prifes, eu égard
à tous les autres animaux, pour corriger par le moyen
de la matière huileufe & fubtile dont les véficules
offeufes font remplies, & par celui de la mafle moel-
leufe contenue dans les grandes cavités des o s , la,
rigidité de ces parties, il s’enfuivroit feulement quelles
feroient plus feches & plus caftantes ; & l’on ne
pourroit tirer d’autre conféquence de leur fragilité,
que le danger toujours prochain des fractures. Ce
n’eft ni à cette huile déliée , ni à cette maffe médul-,
laire, que les os doivent leur nutrition & leur ac-,
croiffement. Parmi les vaifleaux innombrables qui
traverfent le périofte, s’il en eft qui pénètrent dans
leurs cellules & dans leur portion caverneufe, il en
eft d’autres qui s’infinuent dans leur fubftance, &
qui y portent des fluides & un fuc lymphatique, qui
coulant & circulant dans les tuyaux de leurs fibres ,
réparenttoute diflipation. Cette lymphe ou ce fuc
nourricier qui parcourt ces fibres, ne peut que s’épancher
à leurs ouvertures ; il s’épaiflit dès qu’il y eft
dépofé : ainfi dans la circonftance d’unt fracture il fe
congele à l’embouchure de chaque conduit offeux,
comme à l’orifice des canaux ouverts, dans la circonftance
d’une plaie dans les parties molles. La
réunion & la régénération s’opèrent ici prefque de
la même maniéré. Voyeç Fe u , C autere. Chaque
molécule lymphatique fournit un paffage à celles qui
la fuivent, elles s’arrangent de telle forte, qu’en effectuant
le prolongement des fibres à l’endroit fracturé,
elles en rempliffent tous les vuides , & fou-
dent enfin très-folidement toutes les pièces rompues
& divifées, pourvu néanmoins qu’elles ayent été
réduites, rapprochées, & régulièrement maintenues
dans cet état. La fuppofition de l’abfence totale de
la moelle dans les os du cheval, ne devroit donc
point conduire à l’opinion & au fyftème de l’incurabilité
des fractures, à moins que par une fuite de
cette première abfurdité, on eût encore penfé que
les os de cet animal non moins durs & non moins
arides que ceux des fquelettes, ne reçoivent aucune
nourriture, & ne font imprégnés d’aucuns fucs.
Il faut avoiier cependant que toutes Xts fractures
ne font pas également curables ; la quantité des mufi
clés dont, par exemple, l’humerus ou le bras proprement
dit, & le fémur ou fa cuiffe proprement dite ,
font couverts ; la difficulté d’y faire une réduüion
exaüe ; la force des faifeeaux mufculeux qui ten-
drojenî toujours, fur-tout fi la fracture étoit oblique ,
à déplacer les pièces: réduites ; rimpoftîbilité de les
affujettir folidement par un bandage, virla figure des
membres en ces endroits : tout me détermine à croire
qne da ns le cas où il y auroit une fracture, même
fimple à l ’un ou à l'autre de ces o s , nos efforts feroient
impuiffans , & nos tentatives inutiles. Je ne
vois dans les os du corps de l’animal, qué les côtes ;
dans fes extrémités antérieures, quë les os du paturon,
du canon, & le cubitus, c’eft-à^dire l’os de l’a-
vant-bras proprement dit ; & dans fes extrémités pof-
térieures , que ces deux premiers os & le tibia, vulgairement
éc mal-à-propos nommé par M. de Soleyfel
l'os de La cuiffe, dont la fracture n’offre rien qui
doive d’abord nous faire defêfpérer des fuccès, encore
ne peut-on véritablement s’en flater, relativement
an tibia, qu’autant qu’il n’aura point été fracturé
dans le lieu de fà tubérofité, ou dans fa partie
fupérieure. Je dirai plus, les prognoftics de ces fractures
ne font pas tous avantageux ; un fragment d’os
confidérable emporté par une balle, nous met dans
la néceflité d’abandonner à jamais l’animal. Il en eft
de même lorfque les mufcles, les nerfs, les vaifleaux
fe trouvant entre les fragmens très - écartés de l’o s ,
s’oppofent au replacement, & lorfqu’un même os
eft caflé en plufieurs endroits, car alors il demeure
femé d’inégalités fans nombre, & la cure eft toû-
jours très-lente & très-incertaine. Elle eft infiniment
plus difficile quand il s’agit d’une fracture compliquée
, d’une fracture avec déplacement total, d’une
fracture oblique, d’une fracture ancienne, A'vmt fracture
dans un vieux cheval, &c. que lorfqu’il eft quef-
tion d’une fracture fimple, fans déplacement, tranfverfale
, récente, & faite à l’os d’un jeune cheval,
ou d’un poulain; & elle eft aufli beaucoup plus
prompte dans ces derniers cas, félon néanmoins le
volume des os fraélurés ; le calus étant folidement
formé au bout de vingt ou vingt-cinq jours dans la
fracture des côtes ; le canon n’étant repris qu’après
quarante jours écoulés ; le cubitus, qu’après cinquante
, & quelquefois foixante, &c.
Quelque importans que foient ces détails, quand
je les étendrois au-delà des bornes que nous devons
nous preferire dans cet ouvrage, ils feroient d’une
très-foible reffource pour le maréchal, s’il ignore
d’une part & par rapport aux o s , leur nombre, leur
figure, leur groffeur, la nature de leur fubftance, les
inégalités, les éminences de leurs furfaees ; & de
l ’autre, & par rapport aiix mufcles, leur pofition,
leur fonftion, leur direction, &c. ainfi que la fitua-
tion des nerfs & des vaifleaux confidérables qui peuvent
fe rencontrer dans le membre fraâuré ? La néceflité
d’être parfaitement inftruit de tous ceS points
divers, eft abfôlue pour qui veut juger fainement des
fuites du mal, & fe décider avec certitude fur les v éritables
moyens d’y remédier. •
Ces moyens confiftent à remettre l’os dans fa pofition
naturelle, & à le maintenir fermement dans cet
état. La réduôion s’en fait par l’extenfiori, la con-
tre-extenfion & la conformation ; & cette réduction
eft fermement maintenue par le lecours de l’appareil
& par la fituation dans laquelle on place l’animal.
Nous appelions extenfion , l’aftion par laquelle
nous tirons à nous la partie malade ; contre-exten-
Jiori y l’effort par lequel cette même partie eft tirée
du côté du tronc, ou fixée de ce même côté d’une
maniéré ftable ; & nous nommons conformation, l’operation
qui tend à ajufter avec les mains les extrémités
rompues de l’o s , félon la forme & l’arrangement
qu’elles doivent avoir.
L extenfion & la eontre-extenfion font indifpen-
fables pour ramener la partie dans fon étendue, &
les extrémités fraôurées au point d’être mifes dans
une jufte oppolition , & rapprochées l’une de l’autre.
On doit donc obferyer, i°. qu’elles font inutiles
dans les/ràBieres fans d&iatesiefit; i° . ùuè dans
tes circonfunces où io n d t obligé d’y recourir les
H E j H à Mifon dé H M M
muleles St de la fépàrMoh, CM dè rétoigneniênt des
poeceS-; 3 . qiie tèé riiêritéà fofCê'S doivent être appliquées
précifettent à chacun des bouts de i ’ôs roih-
PV ; 4 qu il importe c(u>llés foient égalés : <•. què
1 extenfion ne doit être faite que peui-pê«; ÎSfenfi-
blement & par degrei , 6-c. Quant à la confohha-
tton on cortçoirfaAS -pb'me qu’elle doit être lé fia-
vail de la main, dès que l’on connoît le but que l ’o-
perateur fe propOfe; & il feroit inutile fans aôute
, 1f'wter «a & r 1 attention afèé laqu'elïë il faut qu’il
évité de preffer les chairs contre tes pointes dés os.
oc de donner air.li lien à des divilions & à dès divul-
110ns toujours d’arigërèufes. Jè remarquerai encore
quil ne s agit .pas dans toutes les fiaSures de tênter
dabord là féduaion; une tumeur, une inflammation
violente, rions preferivérit la loi dè né point
palier fur le champ à l ’extehfiûri & ’à la contré - extenfion
, ôcde calmer l ’accident avant d y procéder
par des. faignées-des lavetriéns 8c des fomeàtàtiohs
legerement réfolimées. Ürié b'é'morfhàgie nous iridi-
qtte 1 obEoatkM de riotis occuper dans le montent du
toin de réprimer l’effhfiôn abondante dii lang • des
efquilles qui s’oppofent coriflamment à tOut replacement
& qui ne peuvëh't cjue nuire à ta curé , exigent
que nous commencions premièrement à les enlever *
une luxation jointe à; la/raclure, deniandé qüe nous
n ayons darts l’inilant égard qu’à là nécéflité ëvi-
dente de la réduire, &c.
Nous comprenons' fous le feinte d’appareil, les
bandes, les compreffès, & les attelles.
Les bandes que nous employerons féront des rubans
de fil plus ou moins larges, Sc qui auront plus
ou moins de longueur, félon la figure du membré
frafhiré. Les circonvolutions de ce ruban autour de
la partie, forment cê que nous appelions bandage.
Nous avons l’avantage de ne mettre en ufage que
celui que l’on nomme coritinü, c’eft-à-dire celui qui
eft fait avec de longues bandés roulées, & qui eft lé
plus fouvent capable de contenir l’ôs réduit : car
dans Xts fractures compliquées , nous pouvons nous
difpenfer de recourir au bandage à dix-huit chefs
puifque nous pouvons dérouler nos bandes & lès replacer
fur le membre fans rien changer à fa fitua-
tion, & fans lui caufer le moindre dérangement. On
doit fe fouvenir au furpluS qu’un bandagé trop ferré
peut gêner la circulation, & produire un gonflement
, une inflammation ; & qu’un bandage trop lâche
favoriferoit la defunion dès frâgméris replacés :
ainfi le maréchal doit être fcrupuleüfëmerit en gardé
contre l’un ou l ’autre de ces ihconvérîiéris.
Les compreffes fout des morceaux dë lirigé pliés
en deux ou en plufieurs doubles ; on en couvre les
parties fra&urées ; on les tient plus épaiffes dans les
endroits vuides ou creux qu’elles doivent remplir.
Les attelles ne font autre chofe que deis efpeces dë
petites planches, faites d’un boii miriçé& pliant
mais cependant d’une certaine forée Sç d’iihe certaine
confiftance, avëc léfquelles oii écliffe le mêÜi-
bre caffé; elles doivent être par cônféquëntadaptées
& afforties à fa force & à fa groffeur.
A l’égard de la maniéré doiit ori doit fifuer rà'ni-
mal enluite de l’applicatioü' de l’appareil, il pàroîtf
félon le rapport & le témoignage de M. de Soleyfel,
qu’il eft très - poffible de l’abandohrief fans crainte
que par un appui indiferet fur le membre frafturé |
il porte la moindre atteinte à la réduétiôri faite. Le
cheval & le mulet dont cët auteur parle, & qui
avoient été jettes dans des prairies, offrent un exemple
de l’attention quë lui fuggëre l’inftinâ: ; & j ’en
trouverois encore une preuve dans une jument, qu’.
une perfoime très - digne de foi m’a aflïiré avoir vu