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îions font du chevalier de Ville & du maréchal de
Vauban. Les Anglais prirent Gravelines en 1383, &
les François en 1644: l’archiduc Léopold la reprit
en 1652, & le maréchal de la Ferté en 16<2.. Elle
fut cédée à la France par le traité des Pyrénées ; elle
eft-dans un terrein marécageux fur l’Aa, près de la
■ mer, à 5 lieues O. de Calais, 6 S. O. de Dunkerque,
16 S. O. de Gand. Long, fuivant Caffini, /3e1.
3$)'. 5". latit. i o d. 58'• 40". (D . / .)
GRAVELLE, f. f. (maladie) voyc^Pierre.
G ra v el le, voyeç C endres.
G r a v e l le ; les Cloutiers d ’épingle appellent de ce
nom le tartre qui s’attache aux douves de tonneau;
ils le font fécher, & s’en fervent pour jaunir leurs
clous. Voye^ Jaun ir. Les Teinturiers fe fervent du
même nom.
* GRAVER, v . aû. & neuf, c’eft imiter les objets
de la nature 6c les feenes de la v ie , avec des traits
tracés au burin, ou autrement, fur des fubftances
capables de les retenir, 6c d’en laiffer l’empreinte
fur le papier, la toile, le latin, par le moyen de l’im-
preffion. On grave fur prefque toutes les matières dures
, le fer, l’acier, la pierre, le cuivre, le bois, &c.
Voyez ces différens travaux aux articles GRAVURE.
G raver , en terme d’Artificier, fe dit de l’ effet d’un
feu trop v if à l’égard d’un cartouche qui n’eft pas
de force fuffifante pour y rélifter parfaitement, loit
parce que les révolutions du carton ne font pas exactement
collées les unes fur les autres, foit parce
qu’elles ne font pas affez nombreufes, ce qui fait
que le cartouche perce ou fe fend. Diclionn. de Trév.
G r a v e r , en terme de Boutonnier, c’eft l’aâion
d’imprimer fur un cerceau tel ou tel deffein. On a
pour cela des poinçons qui couvrent tout le cerceau;
& d’un coup de marteau fort ou foible, félon
l’épaiffeur de la piece, on y marque l’empreinte du
poinçon. Quoiqu’il n’y ait rien de trop merveilleux
dans cette efpece de gravure, ceux qui la font ne
laiffent pas de fe cacher foigneufement pour travailler
: li c’eft de peur qu’on ne leur dérobe leur fe-
cret, où eft-il donc ce fecret? Il eft plus vraiffem-
blable de croire que c’eft pour prêter à cette manoeuvre
une difficulté imaginaire, qui abufe ceux
qui voudroient s’occuper dans cette partie, ou pour
donner du relief à leur ouvrage, 6c fe faire mieux
payer de leur tems. Si c’eft cela, ces ouvriers ne
font pas mal-adroits.
G raver , en terme de Piqueur en tabatière, c’eft tracer
les deffeins fur la tabatière, en forte que les
traits ne s’effacent points ce qui arriveroit, fi l’on
ne fe fervoit que du crayon ou d’autre matière fem-
blable. On ne peut cependant faire aucun ufage du
burin dans cette opération ; fa forme triangulaire
feroit des traits qui couvriroient les clous, &c. mais
on ne fe fert que d’une aiguille ordinaire.
GRAVESENDE, (Géogr.) petite ville d’Angleterre
, dans la province de Kent, fur la Tamife à 20
milles au-deffous de Londres, & à 7 deRochefter.
C ’eft un port 6c paffage très - fréquenté. Long. 1 y
5 8 . lat'u. Si. 3 o. (D . /.)
GRAVEUR en cuivre, en acier, au burin , à Veau
forte , en bois , en maniéré noire, & en clair - obfcur ,
{Arts modernes.') ce font-là autant d’artiftes qui par
le moyen du deffein 6c de l ’incifion fur les matières
dures, imitent les lumières 6c les ombres des objets
yifibles.
Les glorieux monumens du favoir des anciens ont
prefque tous péri : mais fi à tant d’avantages qu’ils
lèmblent avoir fur nous ils avoient joint l’art de graver
, que de richeffes nous en reviendroient ? eiles
tromperoient notre douleur, tantifolatia luclûs! &
peut-être nous appercevrions-nous moins de nos
pertes. Il feroit fans doute échappé quelques empreintes
de tant de rares productions de leur génie ;
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nous aurions du-moins quelques images des grands
hommes que nous admirons , ce patrimoine de la
poftérité , & qui la touche fi fort. Cependant loin de
nous affliger davantage, cherchons dans ce que nous
avons, des motifs de confolation fur ce que nous
n’avons plus. Ne fongeons déformais qu’à tirer parti
de la decouverte admirable de la Gravure, moyen
fur de faire paffer d’âge en âge jufqu’à nos derniers
neveux, les connoiflances que nous avons acquifes»
J’envifage les productions de ce bel art comme un
parterre emaille de quantité de fleurs variées dans
les formes & les couleurs , qui quoique moins pré-
cieufes les unes que les autres, concourent toute-
fpis à l’effet de ce tout enfemble brillant, que les
yeux du fpeCtateur avide ne peuvent fe laffer de con-
fidérer. Tels font les ouvrages des habiles Graveurs
qu’un curieux délicat a fû réunir dans fon cabinet ; il
les parcourt avec un plaifir fecret ignoré des hommes
fans goût : tantôt il admire à quel point de grands
maîtres ont porté leur burin par une touche forte,
vigoureufe & hardie ; tantôt il fe plaît à voir la cor- '
reCtionquife préfente fous des travaux plus agréables
; enfuite iatisfait des beautés propres au burin,
il paffe à celles de Peau-forte, qui moins recherché®
dans fes atours, lui peint l’aimable nature dans fa
fimplicité : telle il la chérit dans les eftampes duPar-
mefan , du Guide, & autres grands peintres qui ont
laiffe couler leurs penfées fur le cuivre avec cette facilité
qu’on retrouve dans leurs deffeins. Il eft vrai
qu’à regret il voit ces précieufes eaux-fortes dénuées
de ce clair-obfcur, le charme de la vue ; mais il les
retrouve dans d’autres maîtres, qui célébrés en cette
partie, ont produit comme par enchantement furies
objets, les jours 6c les ombres qu’y répand la lumière.
Ces maîtres méritent d’être connus non-feulement
des amateurs, qui goûtent tant de plaifir au fpe&acle
de leurs ouvrages, mais fur-tout des perfonnes qui fe
deftinant au même art, brûlent de courir avec honneur
dans la même carrière. C ’eft par ces raifons que
nous nous croyons obligés de nommer ici ces illuftres
artiftes, 6c dejetter en paffant quelques fleurs fur
leur tombe. On trouvera dans Moréri & dans le P.
Anfelme, la généalogie, la naiffance, les noms des
rois, des princes, des grands feigneurs ; l’Encyclopédie
ne leur doit rien à ce titre, mais elle doit tout
aux Arts 6c aux talens.
Albert Durer, né à Nuremberg en 147Ù, & dont
j’ai parlé comme peintre au mot É c o l e , ne laiffe
prefque à defirer dans les ouvrages de fon tems, dont
les Italiens eux-mêmes profitèrent, finon que cet il-
luftre artifte eût connu l’antique, pour donner à fes
figures autant d’élégance que de vérité.
Aldegraf, (Albert) né en 'Weftphalie,' difciple de
Durer, en a faifi la maniéré, 6c s’eft fait autrefois
une grande réputation.
Audran , (Gérard) mort en 1703 âgé de foixan-
te-trois ans, a exerce fon burin à multiplier les grands
morceaux du Pouffin , de Mignard, 6c autres. On
connoît fes magnifiques eftampes des batailles d’Alexandre,
qu’il a gravées d’après les deffeins de le
Brun : l’oeuvre de cet artifte eft recommandable par
la force & le bon goût de fa maniéré.
Bald'tni, (Baccio) florentin, fut éleve de Mafo Fi-
niguerra, inventeur du fecret de la Gravure en cuiv
re , 6c fit paroître encore quelque chofe de mieux
que fon maître.
Belle, (Etienne de la) né à Florence en 1610, mort
dans la même ville en 1664, acquit une maniéré
d’eau-forte très - expéditive, 6c d’un fi grand effet
que quelques curieux le mettent au-deffus de Callot!
Si la maniéré de ce maître n’eft point fi finie de gravure
ni fi précife de deffein que celle de Callot fâ
touche eft plus libre, plus favante, 6c plus pittoref-
que : peu de gens l’ont lurpaffé pour l’dprit,la fineffe,
8c la legereté de la pointe. Il a généralement négligé
les piés 6c les mains de fes petites figures, mais
fes têtes ont une nobleffe 6c une beauté de carattere
féduifante ; fon oeuvre eft très-confidérable.
Bénédette Cajliglione, peintre & graveur, né à Gènes
en 1616,-mort à Mantoue en 1670, a gravé à
l’eau forte plufieurs pièces, où il amis autant d’ef-
prit que de goût. Le clair-obfcur de fes eftampes fait
le charme des connoiffeurs.
Bloèmaert, (Corneille) né à Gorkum vers l’an
1606, eft un des plus célébrés graveurs au burin ; 6c
c’eft une chofe étonnante, qu’avec une maniéré précife
6c finie il ait pû donner autant d’ou-vrages que
nous en avons de lui. Frédéric Bloëmaert eft bien
inférieur à Corneille.
Bloèttling, l’un des grands artiftes de Hollande, a
principalement reuffi dans la gravure en maniéré
noire.
Blond, (Michel lè) mort à Amfterdam en 1656, a
laiffé plufieurs monumens de fon habileté dans la
gravure.
Bollfwert (Scheldt) né dans les Pays-Bas, a beaucoup
travaillé d’après les ouvrages de Rubens, de
Vandick, 6c de Jordan, dont il a rendu le goût 6c
les grands effets. Adam & Boëce Boisvert n’ont pas
eu les rares talens de Scheldt , 6c cependant ils
font mis au nombre des bons artiftes.
Boffe , (Abraham) né à Tours au commencement
du dernier fiecle, avoit une maniéré de graver à
l’eau-forte qui lui eft particulière ; fes eftampes font
agréables. Il étoit favant dans la Perfpe&ive & dans
l’Architefture. Nous avons de lui deux bons traités,
l’un fur la maniéré de deffmer, l’autre fur l ’art de la
Gravure. .
Bruyn, (Nicolas de) a fait quantité de grands morceaux
au burin, entre lefquels il y en a qui font finis
avec beaucoup de foin ; fa manière eft d’une propreté
charmante , mais feche & maigre ; on lui reproche
encore un goût de deffein gothique.
Bry , (Théodore de) eft mis au rang des petits maîtres
/quoiqu’il ait gravé plufieurs morceaux d’hif-
toire ; les eftampes qu’il a copiées d’après d’autres
eftampes, 6c qu’il a réduites en petit, font plus efti-
mées que les originaux : s’il y a beaucoup de netteté
& de propreté, il y a auffi trop de fechereffe dans
fon burin.
Callot, (Jacques) né à Nancy en 1593, mort dans
la même ville en 163 5; il s’échappa deux ou trois fois
de la maifon paternelle dans fa tendre jeuneffe, pour
fe livrer à la Gravure ; arrivé à Florence, le grand
duc Corne II. charmé de fes talens, prit-foin de le
l’attacher; c’eft alors que Callot imagina fes petits
fujets dans lefquels il a fi bien réuffi. Son oeuvre contient
environ feize cents pièces, la plûpart gravées
à l’eau-forte, 6c ce font les plus eftimées ; il a fû rendre
les moindres chofes intéreffantes par la facilité du
travail, l’expreflion des figures, le choix 6c la diftri-
bution. On recherchera toûjours fes foires,fes fup-
plices, fes miferes de. la guerre, fa paflion, fon éventail
fon parterre, 6c fa grande rue de Nancy. L’èf-
prit’& la fineffe de fa pointe, le feu 6c l’abondance
de fon génie, la variété de fes grouppes fans contraf-
tes forcés , font les délices des amateurs.
Carrache, (Augifiin) également verfé dans les
Sciences 6c dans les Beaux-Arts, a gravé plufieurs
morceaux au burin, d’après le Corrège, le Tintoret,
le Barroche, Voënius, & Paul Véronefe. On admire
dans fes pièces la plus grande correaion, qui fe pré-
fente fous des travaux agréables.
Château, (Guillaume) natif d’Orléans, mort à Paris
en 1683 , âgé de cinquante ans , a mis au jour
d’affez bonnes eftampes , d’après les ouvrages du
Pouffin. . ,
Çhauveau, (François) mort à Paris en 1674, s exerça
d’aberrd à graver au burin quelques tableaux de
la Hire ; mais il quitta bien-tôt le burin pour graver
à l’eau-forte fes propres penfées. Si l’on ne trouve
point dans fes ouvrages la douceur 6c le moëlleux
de la gravure, on y voit avec étonnement le feu ,*
la force, la variété, 6c le tour ingénieux de fes corn-
pofitions. Lorfqu’on s’adreffoit à lui pour quelque
deffein, il prenoit auffi-tôt une ardoife,6c y crayon-
noit fonfujet en plufieurs façons différentes, julqu’à
ce qu’on fût/ content, ou qu’il le fût lui-même ; car
on l’étoit fouvent, qu’il ne l’étoit pas encore.
Clerc, (Sébajlien le) né à Metz en 1637, mort à
Paris en 1714. Il mania le burin avec fucçès, 6c fe
diftingua dans la gravure à l’eau-forte : fon. oeuvre
eft très-confidérable 6c très-variée. Ses compofitions
font gracieufes, fa gravure nette, & fa touche facile.
Ses meilleures pièces font i c . le catafalque en
l’honneur du chancelier Séguier, mort en 1672: 20.
la pierre, du Louvre., eftampe de 1679;.:, 30. l'arc de
triomphe de 1680 : /k grand concile, 6c le S. Auguflin
prêchant, toutes deux de 1683 , & toutes deux les
plus rares vignettes de fon burin: 40. la pajjton de
Notre Seigneur, en trente-fix planches, en 1605: 50.
la multiplication des pains, en 1696: 6°. l'entree triomphante
d'Alexandre dans Babylone , en 1706 , &c.
C ’eft dans ces morceaux recherchés des gens de
de goût, que l’on apperçoit les talens de cet artifte.
Coëch, (Pierre) naquit à Aloft, 6c mourut en 15 51.
Il voyagea en Italie 6c enfuite dans le Levant , où il
fit une fuite de deffeins qui repréfentoient des .cérémonies
des Turcs ; & ces deffeins ont été depuis gra-r
vés en bois.
Cort, (Corneille) né en Hollande, vivoit.dans le
feizieme fiecle ;.il fe fixa à Rome , 6c devint un des
plus corre&s graveurs qu’il y ait eu. Ce fut de luiqu’-
Auguftin Carrache apprit la gravure, & c’eft lui qui
publia le premier les ouvrages 4e Raphaël & du
Titien,
DaJJier, (les) perp 6c fils, de Genève, ont rendu
leurs noms célébrés parle même talent : leurs belles
médailles d’après nature & plufieurs autres ouvrages
de leur burin, prouvent qu’ils font dignes d’e^
tre comptés parmi les plus célébrés graveurs.
Drevet, (Pierre) les Drevet pere & fils, tous deux
nommés Pierre, fe font acquis une très-grande réputation
par leur burin : on connoît les portraits qu’ils
ont gravés d’après Rigaud. Drevet fils eft mort à
Paris en 1739, âgé de quarante-deux ans.
Edelinck, (Gérard) ou le Chevalier, natif d'Anvers*
mort en 1707 dans un âge fort avancé , a gravé des
pièces qui font des çhe»-d’oeuvre, où régnent la pureté
de burin , la fonte, 6c la couleur; M. Colbert
l’attira en France. Nous avons de lui des eftampes
des hommes illuftres, une fainte-famiile d’apres Raphaël,
la famille de Darius , 6c la Madeleine de le
Brun, trois pièces admirables ; mais il regardoit le
portrait de Champagne comme fon triomphe.
Falda, (Jean-Baptijle) né en Italie , a donné des
eftampes à l’eau-forte, qui font d’un très-bon goûts
fes livres des palais, des vignes, des fontaines de
Rome 6c des environs, font auffi très-recherchés.
Golt^, (Henry) né en 1558 dans le duché de Ju-
liers, mort à Harlem en 1617 ; il a gravé plufieurs
fujets en diverfes manierez. On a beaucoup de fes
eftampes extrêmement eftimées , faites d’apres les
deffeins qu’il avoit apportés d’Italie : fi celles de fon
invention ont quelquefois un goût de deffein un peu
rude, on admire en échange la legereté, la fermete ,
6c tous les autres talens de ce célébré artifte.
Le Guide, dont le pinceau leger 6c la touche gra-
cieufe enchantent, déploya le même efprit dans les
gravures à Peau-forte, qu’il fit d’après les tableaux
de piété des grands maîtres d’Italie.
Hollard, (Vinceflas) né à Prague en 1607, tenta