
des gaillards ; «°. 74. gouttières du premier pOnt, &
n ° . y 6 . lesferres-gouttieres du premier pont.
GOUTTIERE À JETTER TREMPE, terme de Braderie;
c’eft un canal pour conduire l’gau du bec à jetter
trempe dans la pompe de la cuve-matiere. Voye^
Brasserie,
Go u t t iè r e , ( Reliure. ) on appelle de ce nom
la marge extérieure ou de devant d’un livre quand
il eft rogné ou relié. Voyt{ Rogner. On fait la gouttière
en mettant deux ais à rogner, l’un d’un côte du
volume, l’autre de l’autre, & abbaiflant un peu chacun
des côtés du volume pour faire élever les feuilles
du milieu ; enforte que l’ouvrier en rognant fon
volume, puiffe faire une marge égale à toutes les
feuilles du volume, 6c que donnant enfuite une forme
convexe au dos, le devant paroifle de la forme
d’une gouttière bien droite 6c bien égale. Vyye^ Ro gner
& Relier.
Gouttières , ( Vénerie, ) il fe dit des raies creu-
fes qui font le long des perches ou du marrain de la
tête du cerf, du dain, ou du chevreuil.
GOUVERNAIL, f. m. ( Marine. ) c’eft une piece
de bois d’une certaine largeur , affujettie à l’étam-
bot par des gonds 6c des pentures qui lui permettent
de tourner à gauche 6c à droite, fuivant la route
qu’on veut faire. Du côté du vaiffeau oiiil fe termine
en forme de coin, il a la même épaiffeur que l’é-
tambot ; on a coutume de le tailler en queue d’a-
ronde, c’eft-à-dire qu’il eft plus épais en-dehors que
du côté de l’étambot, pour que l’angle qu’il fait avec
la quille foit moins obtus.
La partie du gouvernail qui touche à l’étambot eft
de chêne ; le refte qu’on nomme le Jafran, eft d’un
bois plus leger comme defapin.
La barre du gouvernail eft un levier ou une lon-
ue piece de bois de chêne qui entre par un de fes
buts dans une mortaife pratiquée au haut du gouvernail,•
elle fert à le faire mouvoir. Voy, PI. IV.
Marine, fig. prem. n ° . ty S. le gouvernail, n ° . tyG. le
fafrandu gouvernail, n°. ly y . la barre du gouvernail
ou gouffet, n° . >y8. le taquet du goulfet, n°. iy g .
la tamife ou demi-lune, n°. 180. la noix ou hulot,
n°. 181. la manuelle, n°. 182. la ferrure du gouvernail.
La tamife ou tamifaille eft une piece de bois en
forme d’arc , qu’on attache au-deffous du fécond
pont dans la fainte-barbe, fur laquelle coule la barre
du gouvernail lorfqu’on la fait mouvoir.
La hauteur du gouvernail doit être d’une fois un
tiers Tépaiffeur de la quille jointe à la hauteur de l’étambot
, à quoi on ajoûte un pié & demi ou deux
piés pour placer fa barre.
Sa largeur eft différente dans toutes les parties de
fa longueur : à l’endroit de la quille il a autant de
pouces que le vaiffeau a de piés de large ; au droit
de la flotaifon il a les trois quarts de fa plus grande
largeur.
Deux piés plus haut que la flotaifon il a une moitié
de fa plus grande largeur, 6c au bout d’en-haut
un peu plus du tiers.
Quelques-uns prétendent que les dimenfions du
gouvernail devroient être réglées plutôt fur la longueur
du vaiffeau que fur fa largeur, la force de la
féfiftance devant être proportionnée à la force du
mobile. Plufieurs conftru&eurs font que la coupe
Jiorifontale de la partie plongée augmente de largeur
en s’éloignant du vaiffeau ; ainfi ils la forment
en queue d’aronde, dans la vûe que fon angle avec
la quille foit moins obtus.
Pour faire tourner le gouvernail avec plus de facilité,
on fefert ordinairement d’une roue de trois
ou quatre piés- de diamètre, placée verticalement
fous le gaillard. Dans le fens de la largeur du navit
yoye% dans la Planche V I , la figure 73. pour l ’intelligence
de la manoeuvre du gouvernail ci-après
énoncée-.
Cette figure repréfente l’étambot cotté A B , le
gouvernail eft marqué C D ; 6c C E eft la barre ou le
timon à l’extrémité E , duquel on applique deux cordes
E G I L 6c E F H K , qui paffent lous les deux
poulies F & G , qui font arrêtées aux deux côtés du
navire , 6c venant repaffer fur les poulies H 6c I ,
remontent enfuite verticalement jufqu’à l’axe M iV
de la roue O P ,6 c s’enveloppent chacune de diffé-
rens côtés fur cet axe. Il eft clair que lorfqu’on fait
tourner la roue O P dans un certain fens, une corde
fe lâche en même tems que l’autre fe roidit, 6c
doit tirer le timon vers le côté du navire. La force
des matelots ou des timonniers doit fe trouver multipliée
autant de fois que le rayon de la roue eft plus
grand que le rayon de fon eflieu, & que la longueur
du timon eft plus grande que la demi-largeur du gou•
vernail. Dans les plus grands vaiffeaux la longueur
du timon C E peut avoir trente piés, ce qui donne
déjà un avantage à la force motrice,, comme elle eft
appliquée à quinze fois plus de diftance, fon mouvement
doit donc être quinze fois plus grand ; d’un
autre côté le rayon de la roue O P peut être trois
ou quatre fois plus grand que le rayon de l’axe ou
de l’arbre M N , ce qui multiplie la force encore
trois ou quatre fois.
Ainfi faifant abftraéhon du frottement qui ne Iaiffe
pas que d’être confidérable » la force de chaque ti-
monnier eft multipliée quarante-cinq ou foixante fois;
6c il fuffit par conféquent de faire un effort de vingt
livres, pour en foûtenir un de neuf cents ou de douze
cents livres que feroit l’eau par fon choc contre
le gouvernail; c’eft aux Anglois que nous devons
cette difpofition. Si l’on veut connoître plus particulièrement
la théorie du gouvernail6c de fes effets,,
il faut voir le traité du navire de M. Bouguer , & la
théorie de la manoeuvre des vaiffeaux de M. Pitot. ( Z )
On peut comprendre fans peine par le raifonne-
ment fuivant l’effet du gouvernail. Lorfqu’on tourne
le gouvernail de droite à gauche , par exemple, la
réfiftance de l’eau qui agit fur ce gouvernail tend à
pouffer de gauche à droite, 6c pour plus de facilité
on peut fuppofer cette réfiftance appliquée au point
où le gouvernail eft uni.au vaiffeau, c ’eft-à-dire à la
poupe ; donc il y a une puiffance appliquée à la
poupe, laquelle puiffance eft dirigée de gauche à
droite. Or quand l’extrémité d’un corps eft pouffée
de gauche à droite par une puiffance, cette extrémité
doit tourner de gauche à droite, & l’extrémité
oppofée de droite à gauche. Ceux qui ne feront pas
géomètres peuvent s’en affûrer par l’expérience journalière
; & à l’égard des autres, ils trouveront au mot
Centre spontané de rota tion , les principes
d’après lefquels cette propofition peut être démontrée.
Ainfi le mouvement du gouvernail dans un fens
fait tourner la poupe du côté oppofé, 6c la proue
du même côté que le gouvernail.
Cette explication eft fimple, 6c peut être entendue
par tout le monde ; mais elle ne fuffit pas pou»
réfoudre rigoureufement 6c généralement le problème
dès mouvemens du vaiffeau 6c du gouvernail ; on
peut le réduire à la queftion fuivante.
Etant donnés deux corps unis enjemble par une efpect
de charnière ( tels que le vaijfeau & le gouvernail ) &
fuppojant une puiffance donnée appliquée à un point
donné d'un de ces corps , trouver le mouvement qui doit
en réfulter.
J’appellerai point d'union, l’endroit où les deux
corps font unis par charnière ; il eft vifible que Iè
point d’union doit, ou au moins peut avoir un mouvement
en ligne droite, dont il faut chercher la quantité
& la direction , & qu’outre cela chacun de ces
deux corps aura un mouvement de rotation circulaire
ïaïre autour du point d'union ; de maniéré que fi on
connoît la vîteffe de rotation d’un , point de chaque
corps, on connoîtra la vîteffe de rotation de tous
les autres points : 6c le mouvement de chacun fera
compofé de ce mouvement de rotation 6c d’un mouvement
égal 6c parallèle au mouvement du point
-d’union. Il y a donc ici quatre inconnues ; la quantité
du mouvement du point d’union , fa dire&ion, 6c la
quantité du mouvement circulaire d’un point pris
à volonté dans chaque corps. Or tous ces mouvemens
doivent être tels ( voye[ Dynamique) , que
fi on les imprimoit en fens contraire, ils feroient
équilibre avec la puiffance donnée qui pouffe le
corps. Déconapofons donc le mouvement de chaque
particule des deux corps en deux directions, l’une
parallèle , fi l’on veut à la puiffance donnée, l’autre
perpendiculaire à la direction de cette même puiffance.
Il faut pour qu’il y ait équilibre, i° . que la
fommedes forces parallèles à la puiffance donnée lui
foit égale ; z°. que la force réfultante des forces imprimées
au navire en fens contraire, paffe par le
point où le gouvernail eft joint au navire, c’eft-à-
dire par le point d’union ; 30. que la fomme des puif-
fances perpendiculaires foit nulle ; 40. que les forces
perpendiculaires & parallèles , & la puiffance donnée,
fe faffent mutuellement équilibre. Voilà les quatre
équations qui ferviront à trouver les quatre inconnues.
On pourroit croire, en y faifant peu d’attention,
que la quatrième condition revient à la première 6c
à la troifieme ; mais il eft aifé de voir qu’on feroit
dans l’erreur. Quand deux puiffances égales 6c parallèles
, par exemple, tirent en fens contraire deux
différens points d’un levier, leur fomme eft nulle ,
mais la fomme de leurs momens ne l’ eft pas ; auffi
n’y a-t-il pas équilibre. Voyt^ Équilibre, Levier,
Moment, Statique.
Voilà la maniéré générale de réfoudre le problème
; elle peut être Amplifiée par différens moyens,
qu’il feroit trop long d’indiquer ici. Mais ceci fuffit
pour faire voir que le rapport des mouvemens du
gouvernail à celui du vaiffeau eft un des problèmes
des plus délicats de la Dynamique , 6c que peut-être
il n’a été réfolu jufqu’ici qu’affez imparfaitement,
quoique fuffifamment pour l’ufage delà Marine.
Au refte comme la maffe du gouvernail eft très-
petite par rapport à celle du vaiffeau , on peut fi
l’on veut la négliger dans la folution de ce problème
, 6c n’avoir égard qu’au mouvement du vaiffeau
produit par la réfiftance ou réattion de l’eau fur le
gouvernail.
Ce problème eft de la même nature que celui des
ïames ; il y a fur l’un & fur l’autre d’excellentes remarques
à faire, que nous renvoyons au mot Rame.
Ces remarques ont principalement rapport à
l ’aCiion de la puiffance qui fait tourner le gouvernail,
& à la réfiftance de l’eau, qui doivent ici entrer l’une
6c l’autre en ligne de compte, fi on veut réfoudre la
queftion avec toute la rigueur dont elle eft fufeepti-
ble. ( O )
Gouvernail , ( Hydr. ) on appelle auffi de ce
nom la queue d’un moulin ou machine hydraulique,
qui le met d’elle-même au vent. (/£)
GOUVERNANCE, f. f. ( Jurifprud. ) eft un titre
que l’on donne à plufieurs bailliages d’Artois 6c de
Flandres ; ce qui vient de ce qu’anciennement les
gouverneurs de ces pays en étoient les grands bail—
lifs nés ; fous les anciens comtes d’Artois on appel-
loit bailliage, ce qui fut dans la fuite nommé gouvernance.
Mais cela ne différoit que de nom ; les droits
des bailliages 6c des gouvernances ont toujours été
les mêmes, & actuellement les bailliages ne different
des gouvernances que par rapport à leur reffort ;
par exemple la gouvernance ou bailliage de Bethune
Tome V U ,
relève de la gouvernance d’Arras. Ainfi que ï’ôn’difd
bailliage ou gouvernance de Bethune, c’eft lai même
chofe. Voye^ l'auteur des notes f u t la coutume d'Ar-
lois, page iÿ o . ( A )
GOUVERNANTE D’ENFANS, (Économie mo+
raie.') c ’ e f t l a p r e m i è r e p e r f o n n e à q i i i l e s g r a n d s 6c
l e s r i c h e s c o n f i e n t l ’ é d u c a t i o n d ’u n e n f a n t l o r f q u ’i l
f o r t d e s b r a s d e l à n o u r r i c e : l e s im p r e f f i o n s q u ’ i l re - ,
ç o i t d e l a gouvernante f o n t p lu s im p o r t a n t e s q u ’ o n n d
c r o i t ; c e l l e s m ê m e q u e l a n o u r r i c e lu i d o n n e n e f o n t
p a s fà n S c o n f é q u e n c e .
Des premières impreffions que reçoit uil enfant,'
dépendent fes premiers penchans ; de fes premiers
penchans, fes premières habitudes ; 6c de ces habitudes
dépendront peut-être un jour lès qualités ou
les défauts de fon efprit, &: prefque toujours les vertus
ou les vices de fon coeur.
Confidérons-le depuis l’inftant qif il eft né : lé pre-[
mier fentiment qu’il éprouve eft celui de la douleur,
il la manifefte par des cris 6c par des larmes : fi cette:
douleur vient de befoin j la nourrice s’empreffe de le
fatisfaire ; fi c’eft d’un dérangement dans l’économie
animale, la nourrice ne pouvant y apporter rerrtede,
tâche au moins de l’en diftràiré ; elle lui parle tendrement
; elle l’embraffe 6c le careffe. Ces foins 6c ces
careffes toujours amenées par les larmes de l’enfant,
font le premier rapport qu’il apperçoit; bien-tôt
pour les obtenir il manifeftera par lés mêmes lignes
un befoin moins grand, des douleurs moins
vives ; bien-tôt encore, pour être careffé, il jettera
des cris & répandra des larmes fans éprouver
ni befoin ni douleur. Que fi après s’être affitrée
de la fanté de l’enfant, là nourrice n’eft pas attentive
à réprimer ces premiers mouvemens d’impatience
, il en contractera l’habitude ; fa moindre
volonté ou le moindre retard à la fatisfaire , feront
fuivis de cris & de mouvemens viol'éns. Que fera-ce
fi une mere idolâtre veut Uon-féulement qu’on obéif1
fe à fon enfant, mais qu’on aille au - devant de fes
moindres fantaifies? alors fes caprices augmenteront
dans une proportion centuple à I’empreffemènt qu’on
aura pour les fatisfaire ; il exigera des chofes impöf-
fibles, il voudra tou t-à-la -fois 6c ne voudra pas ;
chacun de fes momens fera marqué par toutes les
violences dont fon âge eft capable : il n’a pas vécu
deux ans, 6c voilà déjà bien des défauts acquis.
Des bras de la nourrice, il paffe entre les mains
d’une gouvernante : elle eft bien loin de fe douter qu’il
faille travailler d’abord à réprimer les mauvaifes ba^
bitudes que l’enfant peut avoir ; quand elle l’imagi-
neroit, elle en feroit empêchée par les parens : on ne
veut pas le contrarier , on craindroit de le fâcher.
Elle va donc, pour l’accoutumer avec elle, lui prodiguer
, s’il eft p o f f i b l e , avec plus d’excès 6c plus
mal-à-propos les mêmes foins & les mêmes careffes ;
6c au lieu de prendre de l’afeendant fur lu i, elle va
commence»par lui en laiffer prendre fur elle..
Cependantil fe fortifie & fon efprit commence à fô
développer ; fes yeux ont vû plus d’objets, fes mains
en ont plus touché, plus de mots ont frappé fes oreilles
; 6c ces mots toûjours joints à la préfence de certains
objets, en retracent l’image dans fon c e r v e a u - r
de toutes parts s’y raffemblent des idées nouvelles ;
déjà l’enfant les compare, & fon efprit devient eapa-,
ble de combinaifons moralesv
Il feroit alors de la plus grande importance de n’of<
frir à fon efprit 6c à fes yeux que des objets capa-
I blés de lui donner des idées juftès & de lui infpiret
des fentimens loiiables ; il femble qu’on fe propofe
tout le contraire.
Les premières chofes qu’on lui fait valoir ne font
capables que de flatter fa vanité ou d’irriter fa gour-
mand.ife ; les premières louanges qu’il reçoit roulent
Ç G g g g