ne du poumon, qu’il eft moins élaftique, 8c qu il fe
meut aVec moins de vîteffe.
En parlant de la ftruûure de cette foupape, on a
expliqué dans quel tems du mouvement du coeur elle
s’élève & s’abailTe pour former ou laiffer ouvert le
trou ovale. .
Il eft aifé de juger que ce trou fert aufli-bien que
le conduit veineux à abréger le chemin de la veine
ombilicale, car le conduit veineux exempte ce fang
de l’embarras d’une circulation très-longue & tres-
pénible qu’il fe, feroit au-travers du foie , ainfi qu’il
a été dit ; 8c par le trou ovale ce même fang évite
pareillement l’embarras d’une circulation au-travers
du poumon, non-feulement inutile , mais aufli très-
difficile , 8c qui paroît même caufer la jnort àu foetus.
En un mot, le conduit veineux fait paffer ce fang
iufqu’à l’entrée du coeur fans traverfer le foie , 8c le
trou ovale le fait paffer dans le ventricule droit, &
par le poumon. Il ne feroit rentré dans l’aorte qu’a-
près avoir traverfé ce vifcere, où il fe feroit dépouillé
de fes parties les plus vives 8c les plus nourricières.
Examinons maintenant quel elt l*ufagc du conduit
artériel.
La veine-cave fupérieure fe décharge entièrement
dans le ventricule droit qui reçoit aufli une portion
du fang qui coule par la veine-cave inférieure, fa-
voir celle qui n’a pu paffer par je trou ovale ; mais
afin que ce fang évite le chemin inutile & difficile
des poumons , il arrive que quand il eft pouffé par
la contraction du ventricule droit du coeur dans le
tronc de l’artere du poumon , tout ce fang ne peut
pas paffer dans ce vifcere par la réfiftance que lui font
l’affaiffement des cellules, 8c tous les plis 8c les replis
de leurs vaiffeaux contre lefquels ce fang va heurter ;
c’eft donc ce qui le détermine à paffer par le canal de
communication pour fe rendre dans l’aorte defcendante
: 8c fi l’on fait attention à la grande réfiftance
que le fang trouve à paffer par le poumon, 8c que le
canal de communication a plus de diamètre qu’une
des branches qui vont au poumon ; il fera aifé de
prouver que la portion la plus confidérable qui fort
du ventricule droit, eft forcée d’entrer dans le conduit
artériel, & d’y paffer avec le degré de vîteffe
convenable à fa quantité.
On va expliquer pourquoi cette circulation eft différente
dans l’homme avant & après la naiffance.
Le foetus, ne pouvant refpirer tant qu’il eft renfermé
dans le ventre de fa mere, fes poumons font af-
faifîes, leurs vaiffeaux font repliés les uns fur les autres
; de forte que fi l’artere du poumon y portoit
une aufli grande quantité de fang qu’après la naiflan-
c e , le fang s’y amafferoit 8c gonfleroit tellement les
vaiffeaux, qu’il ne manqueroit pas d’interrompre la
circulation du ventricule droit au gauche, d’y caufer
duelque inflammation, 8c d’y former des abcès
qui cauferoient bien-tôt la mort du foetus ; ce qui ne
peut plus arriver après la naiffance, parce que l’air
que l’enfant refpire gonflant toute la fubftance cellu-
leufe des poumons, leurs vaiffeaux font redreffés :
ainfi non-feulement cet air prépare au fang une voie
très-libre pour paffer du ventricule droit au gauche,
mais il le force même par fon reffort de couler incef-
famment dans le ventricule gauche.
On voit à-préfent, tant par le moyen du trou ovale
que par celui du conduit artériel, que le poumon
n’eft pas chargé d’une fi grande quantité de fang,
puifqu’une portion de la veine-cave inférieure paf-
fe par le trou ovale dans le tronc de la veine du poumon
qui fe décharge dans le ventricule gauche, 8c
de-là dans l’aorte, 8c qu’ainfi ce fang n’eft pas obligé
de circuler pa t le ventricule droit 8c par les poumons;
8c quant au fang qui eft entré dans le ventricule
droit, 8c qui a paffé dans l’artere du poumon,
la plus grande partie eft forcée par le refoulement
que fouffre le fang dans la fubftance du poumon, de
couler par le conduit- artériel dans l’aorte defcen-
dante, fans paffer par les poumons 8c le ventricule
gauche du coeur : par ce moyen le trou ovale ne décharge
pas feulement le ventricule droit du coeur,
mais encore le poumon ; de même le conduit artériel
ne décharge pas feulement le ventricule gauche,
mais encore le poumon.
En un mot le poumon eft par ce moyen déchargé
, comme on d it , d’une circulation inutile 8c dan-
gereufe ; inutile, puifque ce fang n’y peut recevoir
aucune préparation propre A maintenir la vie du foetus
; dangereufe, puifqu’on vient de prouver qu’il
feroit par-là en danger de perdre la vie : il ne laiffe
pas néanmoins d’y paffer du fang confidérablement
pour tenir fes vaiffeaux dilatés, afin qu’ils foient en
état d’en recevoir une plus grande quantité, immédiatement
après la naiffance de l’enfant.
On peut dire que la nature obferve ici la même
chofe qu’elle fait à l’égard des tortues, des grenouilles
, des poiffons, 8c des infe&es ; car dans les tortues
, dans des animaux du même genre, 8c dans les
poiffons, tout Le fang qui eft deftitué de fa partie fpi-
ritueufe, ne repaffe dans l ’aorte qu’après s’être mêlé
avec celui qui revient des poumons , qui l’anime
8c qui le vivifie.
Dans les infe&es qui ont plufieurs coeurs, chaque
coeur qui a fon aorte a aufli fes trachées particulières
qui lui fervent de poumon;& le fang n’entre point dans
cette aorte qu’il n’ait été auparavant préparé dans les
vaiffeaux du coeur, par l’air que lui fourniffent les
trachées.
De même dans le foetus, le fang qui n’eft pas af-
fez fpiritueux n’entre point dans l’aorte qu’il n’ait
été mêlé avec celui qui vient de la mere, lequel
a la même qualité que celui qui revient des poumons.
Gela étant ainfi, il eft aifé de juger que dans le foetus
ce mélange du fang fe doit faire dans le ventricule
d’où naît l’aorte, c’eft-à-dire dans le gauche ; c’eft
à quoi fert le. trou ovale, 8c le conduit artériel qui y
fait paffer une portion confidérable du fang de la
mere.
On voit que dans les adultes tout le fang veineux
paffe dans les poumons, où il eft imprégné de particules
aériennes qui le rendent propre à toutes fes
fondions avant que d’entrer dans le ventricule gauche
, 8c de-là dans l’aorte : il faut obferver que dans
le foetus le fang de la veine-cave fupérieure, qui eft
dépouillé de fes particules fpiritueufes aériennes 8c
nourricières, fe décharge tout entier dans le ventricule
droit, 8c qu’il n’y en entre qu’une petite portion
de la veine-cave inférieure ; ce même fang eft
pouffé dans le tronc de l’artere du poumon, où il eft
divifé en trois parties.
La première , qui eft la plus confidérable, paffe
par le conduit artériel dans l’aorte defcendante,
pour être rapportée promptement par les arteres ombilicales
dans le placenta, 8c s’y préparer de nouveau.
Les deux autres parties qui font obligées de circuler
par le poumon, où elles ne reçoivent aucune préparation
, puifqu’il eft fans aftion, fe rendent dans le
tronc de la veine du poumon pour fe remêler avec
le fang qui vient de la mere , lequel a paffé par le
trou ovale , & c’eft par ce mélange qu’il fe ranime
8c fe vivifie.
A l’égard du fang contenu dans le ventricule gauche
, on voit que c’eft le plus fpiritueux 8c le plus
chargé de parties nourricières, parce qu’il vient presque
tout de la mere par le trou ovale : or ce même
fang fortant du ventricule gauche, entre dans l’aorte
qui le diftribue aux parties fupérieures 8c inférieures
; avec cette différence, que celui qui paffe par
l’aorte defcendante fe mêle avec celui du canal de
Botal, qui eft moins v i f 8c moins fpiritueux ; aii lieu
que celui qui monte au cerveau conferve toute la
bonne qualité qu’il a reçue par fon mélange avec le
fang de la mere, ce qui le rend d’autant plus propre
à la filtration des efprits, dont l’influence eft fi né-
ceffaire pour l’entretien de la vie du foetus.
Comme dans la tortue 8c dans plufieurs autres animaux
il n’y a à chaque circulation qu’environ un
tiers du fang qui paffe par le poumon pour s’y v ivifier,
8c que cette portion fuffit pour animer autant
qu’il en eft befoin toute la maffe du fang, parce que
ces animaux ne font point deftinés à des aélions où
ilfe faffe une grande diflïpation d’efprits ou delà fubftance
des parties; de même dans le foetus, qui dans
le ventre de la mere eft prefque fans aftion 8c dans
une efpece de fommeil continuel, une petite portion
du fang de la mere fuffit pour animer toute la maffe
autant qu’il eft néçeffaire.
Examinons à-préfent de quelle maniéré fe forment
les vaiffeaux de communication dans le foetus.
Un canal membraneux 8c mou, par où il ne paffe
plus de fang, s’affaiffe peu-à-peu 8c s’étrécît, juïqu’à
ce qu’enfin fes parois venant à fe toucher 8c à fe coller
l ’une contre l’autre, de canal qui étoit, il ne devient
plus qu’un ligament ; or après la naiffance de
l’enfant il ne paffe plus de fang par le conduit veineux
, parce que le cours de celui de la veine ombilicale
qui fe jettoit dedans avec facilité, eft arrêté ;
il n’y a plus que le fang qui coule par le finus de la
veine-porte, qui puiffe en fournir quelque portion
à ce conduit : mais il faut remarquer que ce fang
coule plus aifément par les vaiffeaux du foie de l’enfant
après la naiffance par deux raifons ; premièrement
parce que la fubftance de ce vifcere étant battue
fans ceffe par les mouvemens de la refpiration,
elle fe dégage 8c fe débarraffe de quantité d’humeurs
dont elle étoit remplie pendant le féjour du foetus dans
le ventrede la m ere, 8c par conféquent laiffe au fang
un paffage plus libre; deuxièmement, parce que les
branches que la veine-porte jette dans le foie, ont
leurs canaux ouverts direâement du côté que ces
vaiffeaux entrent dans le finus ; au lieu que le conduit
de communication n’a fon ouverture dans le finus
de la veine-porte qu’en biaifant, 8c de maniéré
que lê fang qui coule dans le finus venant à frapper
contre, ne tend qu’à preffer 8c à retenir l’embouchure
même du conduit veineux.
Voilà de quelle maniéré il fe forme.
Examinons à-préfent comment fe ferme le trou
ovale après la naiffance de l’enfant.
Pour le bien entendre, il faut fe fouvenir que dans
le foetus, tout le fang qui revient des parties inférieures
, de même que celui qui vient du placenta, fe ra-
maffe dans la veine-cave inférieure, 8c qu’au contraire
il en paffe peu dans le tronc de la veine du
poumon, ainfi qu’il eft prouvé ; enforte qu’il eft aifé
de juger que l’impulfion de tout ce fang qui paffe par
la veine-cave intérieure, peut facilement ouvrir la
foupape du trou ovale, fans rencontrer beaucoup de
réfiftance de la part du fang qui vient dans le tronc
de la veine du poumon, lequel eft en petite quantité ;
mais après la naiffance de l’enfant, tout le fang qui
fort du ventricule droit, eft obligé de circuler par le
poumon, comme il fera prouve; 8c il y reçoit une
forte impulfion : premièrement parce que le coeur
bat plus fort & pouffe avec plus de violence le fang
dans l’artere du poumon, qui à fon tour repouffe plus
fortement celui de la veine du poumon ; feconde-
ment parce que les petits canaux du poumon devenant
dans l’infpiration moins courbés, l’impétuofité
du fang de l’artere fe communique davantage au
fang de la veine ; troifiemement parce que le fang
coulant aveç plus de vîteffe par le poumon, il en
paffe moins par le canal de communication , 8c par
confisquent il en paffe davantage par le poumon ;
quatrièmement parce que ce fang eft fort élaftique,
à caufe des qualités que l’air lui a communiquées.
On voit par-là que le fang qui circule par le tronc
d é jà veine du poumon, coule avec plus de vîteffe,
qu il eft en plus grande quantité, 8c plus élaftique
qu il n étoit auparavant, 8c qu’il gonflé davantage
ce vaiffeau ; par conféquent il doit l’emporter de
beaucoup fur l’effort du fang de la veine cave inférieure
, ce qui le met en état de foûlever la foupape
8c de la tenir fortement attachée à la partie du trou
qu’elle laiffoit ouvert, 8c de donner à cette foupape
le tems de fe coller peu-à-peu aux parois de la veine
' du poumon.
Le fang qui produit cet effet eft principalement.ee-
lui qui revient du poumon droit, car c’eft le feul qui
venant à frapper contre la foupape, 8c la prenant
par-deffous 8c par l’endroit où elle eft attachée, la
foûleve Scia déploie, 8c fait qu’elle s’applique au
trou ; de cette forte cpe s’il étoit poflible que celui
qui revient du poumon gauche abandonnât le chemin
de l’oreillette pour venir frapper contre cette
foupape déjà foûlevée, il ne ferviroit qu’à la maintenir
encore davantage dans cet état.
En parlant de la ftruâure de cette foupape, on a
expliqué plu? au lpng comment elle fe releve 8c fe
ferme.
Suivant tout ce que nous venons dé dire , il ne fera
pas difficile de faire voir comment fe ferme aufli
le canal de Botal après la naiffance.
L ’on a déjà fait remarquer que tant que le foetus
eft renferme dans le fein de la mere, les poumons
font fans aûion; que tout leur tiffu cellulaire eft af-
faiffé, leurs vaiffeaux pliés 8c repliés en quantité
d’endroits ; que le peu de fang qui y a paffé a même
de la peine à circuler, 8c que par le'féjour qu’il y
fait, il leur donne une teinture rouge 8c une confil-
tance dure 8t ferme comme de la chair : mais aufli-
tôt après la naiffance, l’air extérieur fe trouvant forcé
d’entrer dans les poumons, les dilate, les gonfle,
&c. Sc d’un autre côté fi on confidere l’infertion de
ce canal dans l’aorte, on trouvera que quand l’aorte
defcendante fe dilate, elle en comprime l’extrémité
parce que ce canal1 s’y inféré de biais, 8c félon le
cours du fang. Or il eft certain que depuis la refpiration,
l’aorte reçoit beaucoup plus de fang qu’aupa-
ravant, 8c par conféquent qu’elle eft plus dilatée;
ajoutez à celâque le canal de communication fe trouvant
entre le tronc de l’aorte du poumon 8c l’aorte
defcendante, il eft comprimé par le gonflement 8cla
dilatation de tous les deux.
Le fang paffe-t-il direélement de la mere à l’enfant
par les racines du placenta? en quel organe particulier
luffait-il prendre un caràttere laiteux dans ce
paffage ? c’eft ce que différentes obfervations oppo-
îees les unes aux autres Iaiffent encoré indécis. Tout
ce qu’il y a de confiant, c’eft qu’il fe nourrit, que
toutes fes parties y font difpofées à exercer les fonctions
auxquelles elles font deftinées lorlqu’il arrive
au monde, que les veines laftées y font remplies
d’un fuc, les reins garnis à leur partie fupérieure,
où le fang l’emporte en' attendant que le reifï fiépa-
rant une plus grande quantité d’urine qu’il ne faitoît
dans le fein delà mere, il faffe fécher de difette cetre
capfule ; qu’à la partie fupérieuré 8c antérieure de la
poitrine il y a une e/pece de corps glanduleux qu’on
appelle thymus, lequel remplit la poitrine avec les
poumons, &c.Sc qui une fois que les poumons viennent
à être dilatés par l’aélion de la refpiration fe
deffeche peu-à-peu au point qu’ il difparoît prefqu’-
entierement, &c. Voyt{ V eines l a c t é e s , R eins
SÜCCENTÜRIAUX, & THYMUS.
Comment le foetus pourroit-il fe nourrir par la