compartimens ou des pièces d’un pré nouvellement
fauché, {D . /■ )
G a z o n s , en ternit de Fortification, font des efpe-
ces de mottes de terre de p ré , coupées ou taillées
en forme de coin , dont la bafe a quinze ou feize piés
de longueur ou de queue fur fix de largeur. La hauteur
eft de fix pouces ; elle va fe terminer en glacis
à l’extrémité de la bafe, en forte que le profil ou la
coupe du gardon, pris l'elon fa longueur, eft un triangle
reâangle. Le ga^on, pour être bon, doit être
coupé dans un terrein gras qui produit beaucoup
d’herbes ; on en forme quelquefois le côté extérieur
du rempart des ouvrages de la fortification ; 5c l’on
dit alors que ces ouvrages font revêtus de galons.
V o y e i Rev ê tem en t . (Q)
G a z o n d’Olympe ou de M o n t a g n e , ( Botan.)
voyei St a t i c É.
GAZONNER, v . a&. voye{ ci-devant G a z o n .
G E
* GÉ ou J È , f. m. ('Comm.) mefure de longueur
d’ufage au Mogol ; elle n’eft pas réelle, elle n’elt que
de compte : Savary l’évalue à 3 4 aunes 7 de Hollande.
Foyer le diclionn. du Comm.
* G EAD A , G E D A , G E T A , (Mythol.) ce font
trois différens noms d’un même dieu honoré par les
anciens Bretons.
G EA I, f. m. pica glandularia, gracciilus, garrulus,
(Hifi. nat. Ornithol.') oifeau. Celui qui a été décrit
par "Villughby, pefoit fept onces ; il a voit onze pouces
de longueur depuis la pointe du bec jufqu’à l’extrémité
des pattes, 6c treize pouces jufqu’au bout
de la queue; l’envergure étoit de vingt pouces : il
avoit le bec noir, fort, 5c long prefque d’un pouce
& demi depuis la pointe jufqu’à l’angle que forment
les deux pièces du bec ; la langue noire, mince,
tranfparente, 6c fourchue à l’extrémité ; 6c l’iris des
yeux de couleur blanchâtre. Les plumes de cet oifeau
font plus fines & plus élevées qu’elles ne le font
ordinairement fur les autres. Il y avoit deux taches
noires auprès de la partie inférieure du bec ; le menton
& le bas-ventre étoient blanchâtres; les plumes
qui fe trouvoient entre ces deux parties , avoient
une couleur rouffe-cendrée ; le croupion étoit blanc,
6c le dos étoit roux 6c mêlé d’une teinte de bleu ; les
plumes de la tête étoient tachetées de noir 6c de
blanc. Le geai a vingt grandes plumes dans les ailes ;
la première étoit plus courte de moitié que la fécondé
; la quatrième avoit plus de fix pouces de longueur
: la première étoit noire, à l’exception du bas
de la plume , qui avoit une couleur blanche ; les
barbes extérieures des fix plumes fuivantes étoient
cendrées : la huitième, la neuvième & la dixième
plumes avoient une couleur plus foncée que les précédentes
, 6c les trois fuivantes étoient teintes de
bleu. Il y avoit fur la partie inférieure de ces plumes
, des taches tranfverfales, dont les unes étoient
noires, & les autres bleues ; les barbes extérieures
des cinq plumes qui fuivent, étoient en partie noires
& en partie blanches ; les barbes extérieures de la
feizieme avoient depuis le bas jufqu’au milieu, des
taches tranfverfales de couleur blanche, noire 6c
bleue ; la dix-feptieme plume étoit noire, à l’exception
d’une ou deux taches bleues ; la dix-huitième
avoit une couleur noire, mêlée d’une teinte de roux ;
la dix-neuvieme étoit roufl'e , excepté l’extrémité,
qui avoit une couleur noire : elles étoient toutes
brunes fur la face intérieure, excepté la derniere,
qui avoit fur la face intérieure la même couleur que
fur l’extérieure. Les petites plumes qui font au-def-
fus des quinze premières grandes plumes, étoient
très-belles, 6c bigarrées de lignes tranfverfales
jbleues blanches ô t noires ; les autres petites plu-.
mes qui fuivoient celles qui avoient du bleu, étoient
noires : la queue avoit la même couleur ; elle étoit
longue de fix pouces & demi, & compofée de douze
plumes : les piés 5c les doigts avoient une couleur
de rouille foncée ; le doigt du milieu étoit le plus
long ; l’extérieur étoit égal à celui de derrière, qui
avoit un ongle plus grand que les autres : la première
phalange du doigt extérieur n’eft pas féparée du
doigt du milieu. Les oeufs du geai font cendrés,
avec des taches plus apparentes. Il fe trouve des
glands dans l’eftomac de cet oifeau ; c’eft parce
qu’il s’en nourrit, qu’on l’a appellé pica glandularia.
II mange aufîi des grofeilles, des cerifes, 6c les fruits
de la ronce : il n’y a prefqu’aucune différence entre
le mâle & la femelle. Le geai apprend .à parler, St
articule comme la pie. Willughby, Ornithol. Voye£
Oiseau.
On donne le nom de geai à plufieurs autres oi-
feaux, fur-tout à ceux que l’on appelle geais de Bengale
& geais de Boheme.
Le geai de Bengale eft plus grand que le geai commun
; il a le fonimet de la tête bleu , le cou 6c la
poitrine de couleur cendrée, mêlée de brun-clair 6c
de rouge ; les ailes, le deffous du ventre ÔC les cuif-
fes bleues ; le dos & le croupion d’un verd-obfcur ;
la queue noire ou noirâtre près du corps , bleuâtre
dans le milieu, 6c de couleur obfcure vers l’extrémité
; les piés de couleur brune-jaunâtre, & les ongles
noirs.
Le geai de Boheme eft de la grandeur d’un merle ;
il a le bec de couleur cendrée, verdâtre fur la plus
grande partie de fa longueur, 6c noirâtre près de la
racine ; la tête eft d roite, de couleur de châtaigne,
6c furmontée par une hupe de même couleur qui fe
renverfe en-arriere; les yeux font d’un beau rouge,
6c environnés de noir: il y a fur la gorge une tache
noire bordée de blanc de chaque côté ; le deffus du
cou 6c le dos font de couleur d’ambre : les grandes
plumes des ailes ont une teinte noirâtre ; la moitié
de ces plumes font jaunes à la pointe, les autres plumes
des ailes ont des taches rouges 6c blanches ; la
queue eft compofée de douze plumes noirâtres, excepté
la pointe, qui eft jaune. Cet oifeau fe nourrit
de fruits, fur-tout de raifins : on l’apprivoife aifé-
ment. Hifi. nat. des oifeaux par Derham, tom. I . pagm
16. & tom. II. rag. ic). (ƒ )
GÉANT, f. m. (Hifi. anc. & modf homme d’une
taille exceflive, comparée avec la taille ordinaire
des autres hommes.
La queftion de l’exiftence des géants a été fou-
vent agitée. D ’un côté, pour la prouver, on allégué
les témoignages de toute l’antiquité, laquelle fait
mention de plufieurs hommes d’uné taille demefurée
qui ont paru en divers tems; l’Ecriture-fainte en
parle auffi : les poètes , les hiftoriens profanes &C
les anciens voyageurs s’accordent à en dire des cho-
fes étonnantes. De plus, pour donner un poids dé-
cifif à cette opinion, on rapporte des découvertes
de fquelettes ou d’offemens fi monftrueux, qu’il a.
fallu que les hommes qui les ont animés ayent été
de vrais coloffes ; enfin on le confirme par le récit
des navigateurs.
Cependant, d’un autre cô té , lorfqu’on vient à
examiner de près tous ces témoignages ; à prendre
dans leur lignification la plus naturelle les paroles du
texte facré ; à réduire les exagérations orientales
ou poétiques à un fens raifonnable ; à pefer le mérite
des auteurs ; à ramener les voyageurs d’un certain
ordre | aux chofes qu’ils ont vues eux-mêmes ,
ou apprifes de témoins irréprochables ; à confidérer
les prétendus offemens de fquelettes humains ; à apprécier
l’autorité des navigateurs dont il s’agit ic i,
8c à fuivre la fage analogie de la nature, prefque
toujours uniforme dans fes productions, le problème
G E A
■ fin queftion ne paroît plus fi difficile à réfoudre. Suivons
pour nous éclairer , la maniéré dont on le dif-
cute.
On remarque d’abord au fajet du texte facré, que
les mots employés de nephilim 6c de gibborim, que
les feptante ont traduits par celui de gigantes, 6c
nous par le mot géants, lignifient proprement des
hommes tombés dans des crimes affreux, 6- plus monftrueux
par leurs defordres que par Vénormité de leur
taille. C’eft ainfi que ces termes hébreux ont été interprétés
par Théodoret, S. Chryfoftome, 6c après
eux par rîos plus favans modernes.
On dit enfuite que, le fondement fur lequel Jofe-
phe, 8c quelques perês de l’Eglife après lui, ont crû
qu’il y avoit eu des géants, eft manifeftement faux,
puifqu’ils fuppofent qu’ils étoient fortis du commerc
e des anges avec les filles des hommes ; fable fondée
fur un exemplaire de la verfion des feptante 5c fur
le livre d’Enoch , qui au lieu des enfans de Dieu ,
c ’eft-à-dire des defeendans de Seth, qui avoient
époufé les filles de Caïn , ont rendu le mot hébreu
par celui d"‘anges.
On obferve, en troifieme lieu , qu’il n’ eft pas
queftion dans le Deutéronome {ch. iij. v. 2.) de la
taille gigantefque d’O g , roi de Bafan ; il ne s’agit
que de la longueur de fon lit , qui ctoit de heuf coudées;
c’eft-à -dire , fuivant l’appréciation de quelques
modernes, de treize piés 6c demi. Si préfente-
anent l’on confidere que les Orientaux mettoient
leur fafte en vaftes lits de parade, l’on trouvera que
l ’exemple le plus refpe&able qu’on allégué d’un
•géant, ne porte que fur la grandeur d’un lit qui fer-
voit à fa magnificence.
Pour ce qui regarde G oliath, on croit qu’il feroit
très-permis de prendre les fix coudées 6c une palme
que l’auteur du premier livre des Rois lui, donne,
pour une expreffion qui ne défigne autre chofe qu’une
grande taille au-deffus de l’ordinaire ; elle étoit
telle dans Goliath, qu’il paroiffoit avoir plus de fix
coudées : il fembloit grarro comme une perche de fix
coudées 8c une palme. Notre foi n’eft point intéreffée
idans le plus ou le moins d’exaftitude du récit des
faits qui ne la concernent point.
Si l’on paffe aux témoignages des auteurs profanes
allégués en faveur de l’exiftence des géants, on
penfe qu’il n’eft pas poffible de s’y laiffer furprendre,
quand on fe donnera la peine de faire la difeuffion
du cara&ere de ces auteurs, 6c des faits qu’ils avancent.
Dans cette critique, Hérodote, accufé en général
d’erreur & même de menfonge par Strabon , en cent
chofes de fa connoiffance, l’eft en particulier par ce
•géographe 8c par Aulu-Gelle, au fujet de douze piés
■ 6c un quart que cet hiftorien donne au fquelette d’O-
refte qu’on avoit découvert je ne fais où.
Plutarque doit être repris avec raifon d’avoir copié
de Gabinius, écrivain tenu pour fufpett de fon
tems même, la fable de 60 coudées qu’il dit que Ser-
torius reconnut fur le cadavre du géant Antee, qu’il
fit déterrer dans la ville de Tanger.
Le paffage dans lequel Pline femble attribuer au
fquelette d’Orion trouvé en Candie, xlvj. comfées,
s’il eft bien examiné, ne peut qu’être altéré parquel-
que copifte, qui aura placé au-devant du chiffre vj.
celui de xl. car il n’eft pas naturel que l’ordre d’une
"gradation, comme celle 'qu’il paroît qu’a voulu fuivre
cet auteur, en comptant depuis vij. jufqu’à jx.
coudées, fe trouve interrompu par le nombre de
xlvj. placé au milieu de la gradation.
La variation de Solin fur le mêjne fait, ne lui donne
pas plus de crédit qu’à Pline, dont on fait qu’il n’eft
que le copifte.
Phlégon fera fifflé dans la relation de fon géant
Macrofyris, par le ridicule de cinq mille ans de vie
Tome YLU
G E A ‘537.
qu’il lui donné dans l’épitaphe qu'il en rapporte. •
Apollonius, Antigonus, Cariftius, 6c Philoftrate
le jeune, auteurs déjà décrédités par le faux merveilleux
dont ils ont rempli leurs écrits, le deviennent
bien davantage par leur fable d’un géant de cent
coudées.
Quantité d’autres narrations de ce cara&ere fe
trouvent détruites par les feules circonftances dont
les auteurs les ont accompagnées. Plufieurs nous di-
fent que d’abord qu’on s’eft approché des cadavres
de ces géants, ils font tombés en pouffiere ; 8c ils le
dévoient, pour prévenir la curiofité de ceux qui au-
roient voulu s’en éclaircir.
Oii y a-t-il plus de contradictions & d’anachro-
nifmes que dans la prétendue découverte du corps
de Pallas, fils d’Evandre ? la langue dans laquelle
eft faite fon épitaphe, fon ftyle, cette lampe qui ne
s’éteignit, après 1300 ans de clarté, que par l’accident
d’un petit trou, 8c autres puérilités de ce genre,'
ne font qu’une preuve de la fimplicité de Foftat,
évêque d’A v ila , qui a pris pour vrai un conte de la
chronique du moine Hélinand, forgé dans un fieclè
d’ignorance.
Les corps des Cyclopes qui ont été trouvés dans
différentes cavernes, avoient, félon Fazel, 20 ou 30
coudées de hauteur ; 6c le P. Kircher, qui a vu 6ç
mefuré toutes ces cavernes, ne donne à la plus grande
de toutes que 15 à 20 palmes.
Pour ce qui regarde les découvertes de dents, de
côtes, de vertebres, de fémur, d’omoplates, qu’on
donne, attendu leur grandeur 8c leur groffeur, pour
des os de géants, que tant de villes confervent encore
, 6c montrent comme tels , les Phyficiens ont
prouvé que c’étoient des o s , des dents, des côtes ,
des vertebres, des fémurs , des omoplates d’élé—
phans , de vraies parties de fquelettes d’animaux
terreftres , ou de veaux marins , de' baleines , 6c
d’autres animaux cétacés, enterrés par hafard , par
accident, en différens lieux de la terre ; ou quelquefois
d’autres produûions de la nature, qui fe joue
fouvent en de pareilles reffemblances. '
Ces os, par exemple, qu’on montroit à Paris en
16 13 ,6c qui furent enfuite promenés en Flandres 6c
en Angleterre, comme s’ils euffent été de Teutobo-
chus dont parle Thiftoire romaine, fe trouvèrent des
os d’éléphans.On envoya en 1630 à MM. de Pey-
refc une groffe dent qu’on lui donna pour être celle
d’un géant; il en prit l’empreinte fur de la cire ; 6c
quand on vint à la comparer à celle d’un éléphant
qui fut déterré dans le même tems à Tunis , elles fe
trouvèrent de la même grandeur, figure, 6c proportion.
La fourberie n’eft pas nouvelle : Suétone remarque
dans la vie d’Augufte,que dès ce tems-là
l’on avoit imaginé de faire paffer de grands offemens
d’animaux terreftres pour des os de géans ou des reliques
de héros. Tout concouroit à tromper le peuple
à ces deux égards. Quoique Séneque parle des
géans comme d’êtres imaginaires, fon difeours prouve
que le peuple en admettoit l’exiftence. La coutume
des anciens de repré fenter leurs héros beaucoup
plus grands que nature, avoit néceffairement le pouvoir
fur l’imagination, delà porter à admettre dans
certains hommes au-deffus du vulgaire , une faille
demefurée. Les ftatues de nos rois ne nous enimpo-
fent-elles pas encore tous les jours à cet égard ? il eft:
vraiffemblable que parmi ceux qui confidéreront
dans quatre ou cinq cents ans la figure de bronze qui
repréfente Henri IV. fur le pont-neuf, fi cette ftatue
fubfifte encore, la plus grande partie fe perfuaderont
que ce.monarque immortel par fes exploits 6c fes rares
qualités, étoit un des hommes de la plus haute
taille.
Cependant quelques modernes affez philofophes
pour connoître les fourçes de nos illufions, affez ver- 1 . Xyyij