
1 É G R A G R A
Ponctuation. L’ufage n’y décide guere que la forme
des caraôeres qu’elle employé : l’art de s’en fervir
devient en quelque forte line affaire de goût ; mais
le goût a aufli les réglés, quoiqu’elles puiffent plus
difficilement être mifes à la portée du grand nombre.
Voye^ Po n c t u a t io n .
Tel eft l’ordre que nous mettons dans notre maniéré
d’envifager la Grammaire. D ’autres fuivroient
un plan tout différent, & auroient fans doute de bonnes
raifons pour préférer celui qu’ils adopteroient.
Cependant le choix n’en eft pas indifférent. D e toutes
les routes qui conduifent au même bu t, il n’y en
a qu’une qui {oit la meilleure. Nous n’avons garde
d’affûrer que nous l’ayons faifie ; cette affertion fe-
roit d’autant plus préfomptueufe, que les principes
d’après lefquels on doit décider de la préférence
des méthodes didactiques, ne font peut-être pas
encore affez détermines. Tout ce que nous pouvons
avancer, c’eft que nous n’avons rien négligé pour
prefenter les chofes fous le point de vûe le plus favorable
& le plus lumineux.
Il ne faut pas croire cependant que chacune des
parties que nous avons aflignées à la Grammaire
puiffe être traitée feule d’une maniéré complette ;
elles fe doivent toutes des fecours mutuels. Ce qui
concerne l’écriture doit aller affez parallelemènt
avec ce qui appartient à la parole: il eft difficile de
bien fentir les carafteres diftinôifs des différentes ef-
peces de mots, fans connoître les vûes de l’analyfe
dans l’expreflion de la penfée ; & il eft impoffible de
fixer bien précifément la nature des accidens des
mots, fi Ton ne connoît les emplois différens dont
ils peuvent être chargés dans la propofition. Mais
il n’en eft pas moins néceffaire de rapporter à des
chefs généraux toutes les matières grammaticales,
& de tracer un plan qui puiffe être luivi, du moins
dans l’exécution d’un ouvrage élémentaire. Avec
cette connoiffance des élémens, on peut reprendre
le même plan & l’approfondir de fuite fans obftacle ,
parce que les premières notions préfenteront partout
les fecours qui font dûs à l’une des parties par
les autres. Nous allons les rapprocher ici dans un
tableau raccourci, qui fera comme la récapitulation
de l ’expofition détaillée que nous en avons faite, &
qui mettra fous les yeux du leûeur l’ordre vraiment
encyclopédique des obfervations grammaticales.
S Y S T È M E F IG U R É D E S P A R T I E S D E L A G R A M M A IR E .
I l l
à
5 Sons & articulations.
1 Syllabes. ^ Figures de diilion.
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I V a l e u r d e s
m o t s .
E t y m o l o g ie d e s
MATIERE DE LA
PROPOSITION.
F o r m e d e l a
PROPOSITION.
' w f * CARACTERES BL1?-
f C A R A C T E R E S
PROSODIQUES.
: Quantité.
étymolo-.t Invention,
c Critique.
Mots compofés.
Parties logiques. < Atti
I C o p
Parties grammaticales.
Simples & compofées.
Incomplexes & complexes.
Principales & incidentes.
Simple.
Figurée. Figurés de conßruliiopi
< Accent grave,
t Accent circonflexe.
i C h o ix D i s l e t - Ç Lettres capitales ou courantes-
\ T R E S , relativement< Cara&eres romains ou italiques.
à la phrafe. L Lettres repréfentatives des accidens des mot*i
P o n c t u a t io n ,
11
G R A
Il faudroit peut-être, pour donner à cet article
toute la perfeûion néceffaire , faire connoître ici les
différentes Grammaires des langues favantes & vulgaires.
Nous l’aurions fouhaité, & nous l’avions même
infinué à notre illuftre prédéceffeur : mais le teins
ne nous a pas permis de le faire nous-mêmes ; & notre
refpeû pour le public nous empêche de lui pré-
fenter des jugemens hafardés ou copiés. Nous dirons
fimplement qu’il y a peu d’ouvrages de Grammaire
dont on ne puiffe tirer quelque avantage, mais aufli
qu’il y en a peu, oii il n’y ait quelque chofe à délirer
pour le philofophique. (E . R. M.')
GRAMMAIRIEN,adj. qui eft fouventpris fub-
ftantivement ; il fe dit d’un homme qui a fait une
étude particulière de la Grammaire.
Autrefois on diftinguoit entre grammairien&gram-
matifte;on entendoit par grammairien ce que nous entendons,
par homme de Lettres , homme d'érudition , bon
critique : c’eft en ce fens que Suétone a pris ce mot
dans fon livre des grammairiens célébrés. Voye£ ci-devant
L'article G en S de Let tr e s .
Quintilien dit qu’un grammairien doit être philo-
fophe, orateur ; avoir une vafte connoiffance de
l’Hiftoire, être excellent critique & interprète judicieux
des anciens auteurs & des poètes ; il veut même
cmelon grammairien n’ignore pas la Mufique. Tout cela
fuppofe undifeernement jufte & un efprit philofophique,
éclairé par une faine Logique &paruneMé-
taphyfique folide. Mixtum in his omnibus judicium
eß. Quintil. infi. orat. lib. I. c. jv .
Ceux qui n’avoient pas ces connoiffances & qui
étoient bornés à montrer par état la pratique des premiers
élémens des lettres, étoient appelles gramma-
tißes.
Aujourd’hui on dit d’un homme de lettres , qu’i/
eß bon grammairien, lorfqu’il s’eft appliqué aux connoiffances
qui regardent l’art de parler & d’écrire
correctement.
Mais s’il ne connoît pas que la parole n’eft que le
figne de la penfée ; que par conféquent l’art de parler
fuppofe l’art de penfer ; en un mot s’il n ’a pas cet
efprit philofophique qui eft l’inftrument univerfel &
fans lequel nul ouvrage ne peut être conduit à la perfection
, il eft à peine grammatifie : ce qui fait voir la
vérité de cette penfée de Quintilien, « que la Gram-
» maire au fond eft bien au-deffus de ce qu’elle pa-
>> roît être d’abord » : plus habet in reeeßu quam in
fronte promittit. Quintil. infi. orat. lib. I. c .jv . init.
Bien des gens confondent les Grammairiens avec
les Grammatifies: mais il y a toûjours un ordre fu-
périeur d’hommes, qui, comme Quintilien , ne jugent
les chofes grandes ou petites que par rapport
aux avantages réels que la fociété peut en recueillir:
fouvent ce qui paroît grand aux yeux du vulgaire,
ils le trouvent petit, fi la fociété n’en doit tirer aucun
profit ; & {ouvent ce que le commun des hommes
trouve petit, ils le jugent grand, fi les citoyens
en doivent devenir plus éclairés & plus inftruits, &
qu’il doive en réfulter qu’ils en penferont avec plus
d’ordre & de profondeur ; qu’ils s’exprimeront avec
plus de jufteffe, de précifion, & de clarté, & qu’ils
en feront bien plus difpofés à devenir utiles & vertueux.
( F )
GRAMMATIAS ou GARAMANTIAS, (Hifloire
nat.) nom donné par Pline & quelques naturaliftes
anciens à une efpece de jafpe languin, c’eft-à-dire
verd, &c rempli de taches rouges, fuivant quelques-
uns. Wallerius croit que c’eft un jafpe rouge avec
des veines blanches. On la portoit comme un amulette
pour fe garantir des poifons. Il ne faut pas confondre
cette pierre avec le lapis garamanticus ou le
grenat.
GRAMMONT, (JHfi- eccl.) abbaye chef d’ordre
religieux qu’on nomme Vordre de Grammont y fondé
Tome V IL
G R A 847
par faint Etienne de Grammont, environ l’an 1076,
& qui fut d’abord gouverné par des prieurs jufqu’en
l’an 1318, que Guillaume Belliceri fut nommé abbé
de Grammont, & en reçut les marques des mains de
Nicolas, cardinal d’Oftie. Cet ordre fut approuvé
par divers papes, &c la réglé qui en étoit très-aufte-
re ,fu t mitigée d’abord par Innocent IV. en 1247*
puis en 1309 par Clément V. Sainte-Marthe, Gall.
chrijlian. (G)
Grammont, (Géog.) ou Grand-mont, Gran•
dimontium, petite ville de France dans la Marche
limofine, feulement connue par fon ancienne abbaye,
à 6 lieues N. E. de Limoges. Long. 10. S. lat+
4A.JG.
Cette abbaye eft le chef-lieu d’un ordre qui en
porte le nom. Voye^ l ’article précèdent. Elle eft immédiatement
foûmife au faint fiége, & préfente
à la vûe un véritable defert propre à la folitude
la plus pénitente. C ’eft tout près de cette retraite
que le célébré Muret Marc-Antoine, l’un des plus
excellens écrivains du xvj. fiecle vint au monde;
fans le fecours d’aucun maître, & par la feule force
de fon génie, il acquit line parfaite connoiffance des
langues greque & latine. Ses ouvrages recueillis
à Venife en 1727 , font remplis d’érudition, de
goût, & de délicateffe. Il paffa fes jours en Italie ,
& mourut à Rome le 4 Juin 1585 , âgé de 59 ans. QB 1 -Jil Grammont, ou Gerard-mont , Gerardimonsÿ
( Géog.) les Flamands difent Gheersberg : ville de la
Flandre autrichienne, fur laDendre, à 3 lieues d’Ou-
denarde, 7 N. E. de Tournay. Long. 2 1 .3 1 . lat. 5 o
* GRAMONIE, f. f. terme de Commerce, en ufa-
ge dans quelques échelles du levant, particulièrement
à Smyrne.
La gramonie fignifie dans le commerce des foies
une déduction de \ de piaftre par balle, outre & par-
deffus toutes les tares établies par l’ufage. Dictionn.
de Commerce , de Chambers, & de Trévoux.
GRAN ,Strigonium, (Géog.') ville de la baffe Hongrie,
avec un archevêché, dont l’archevêque eft
chancelier d’Hongrie. Le fultan Soliman prit Gran
en 1543 ; le prince Charles de Mansfeldla reprit en
1595 ; les Turcs y rentrèrent eh 1604; enfin les Impériaux
les en chafferent en 1683. Elle eft fur le Danube,
à 8 lieues S. E. de Comorre, 10 N. O. de Bu-
de, 13 E. de Raab, 14 N. E. d’Albe-royale, 3 5 S. E.
de Vienne. Long. 36 . 3S. latit. 48. 4. (D . J.)
GRAND, adj. GRANDEUR, f. f. ( Gramm. &
Littéral.) c’eft un des mots les plus fréquemment employés
dans le fens moral, & avec le moins de cir-
confpeftion. Grand homme, grand génie, grand efprit
, grand capitaine, grand philofophe, grand orateur
, grand poète ; on entend par cette expreflion
quiconque dans fon art pajfe de loin les bornes ordinaires.
Mais comme il eft difficile de pofer ces bornes ,
on donne fouvent le nom de grand au médiocre.
On fe trompe moins dans les lignifications de ce
terme au phyfique. On fait ce que c’eft qu’un grand
orage, un grand, malheur, une grande maladie, de
grands biens, une grande mxiexe.
Quelquefois le terme gros eft mis au phyfique pour
grand, mais jamais aumbral. On dit de gros biens,
pour grandes richeffes ; une grojfe pluie, pour grande
pluie ; mais non pas gros capitaine, pour grand capitaine
; gros minijlre, pour grand minijlre. Grand financier,
fignifieà/2 homme très-intelligent dans les finances
de l ’état. Gros financier, ne veut dire qu’«/»
homme enrichi dans la finance.
Le grand homme eft plus difficile à définir que le
grand artifie. Dans un art , dans une prôfeflion, celui
qui a paflé de loin fes rivaux, ou qui a la réputation
de les avoir furpaffés, eft appelle grand dans
p p p p p ^