beaucoup d’abord ; maïs en plein hyver il ne faut
.pas moins qu’un boiffeau mefure de Paris par jour,
pour une centaine de faifans ; s’il vient de la-neige ,
il en faut davantage. Pendant la neige, la conferva-
tion du gibier en général demande beaucoup d’attention.
Il faut découvrir le gafon des prés pour les per-
■ d-rix grifes. Pour cela on fe fert de traîneaux triangulaires
qui doivent -être fort pefans, 6c armés par-
devant d’une efpece de foc de fer qui fende la neige.
On y attele un ou deux chevaux, 6c on attache fur
le derrière, pour faire l’office du balai, une bourrée
d’épines fort rudes, qu’on a foin de charger. Il faut
que des hommes balayent , le long des briffons au
midi, des places, pour donner à manger aux perdrix
rouges. Il faut pour les faifans répandre dans
différentes places du fumier, fur lequel on jette du
grain. Il eft néceffaire qu’ils foient long-tems à le
trouver. Si on ne le leur donnoit pas de cette maniéré
, il feroit dévoré fur le champ ; & après cela leur
oifiveté & leur inquiétude naturelle les feroient de-
ferter. Malgré tous ces l'oins on perd encore beaucoup
de faifans , fur-tout pendant les brouillards qui
•font fréqnens à la fin de l’automne. Voilà ce que nous
connoiffons de plus effentiel pour la confervation du
gibier. Les détails de pratique ne peuven.t point être
écrits ; mais ils ne feront ignorés d’aucun de ceux qui
voudront s’en inftruire par l’ufage. Nous en avons
peut-être trop dit, vu le peu d’importance de la matière.
Le nombre de ceux qu’intéreffe la confervation
du gibier, ne peut pas être comparé à la foule
•d’honnêtes gens qu’elle tourmente. Nous ne devons
pas finir fans avertir ceux-ci, qu’en fumant leurs
terres un peu plus, & en femant leurs blés quinze
jours plutôt, les faifans 6c les perdrix ne leur feront
qu’un leger dommage. A l’égard des lievres & des
lapins, leur abondance fait un tort auquel il n’y a
point de remede ; on ne les multiplie qu’aux dépens
des autres efpeces de gibier, & à la ruine des récoltes.
Ce projet ne peut donc appartenir qu’à des hommes
qui ont oublié ce qu’ils font, 6c ce qu’en cette
qualité ils doivent aux autres. Cet article ejl de M. l e
R o y , Lieutenant des Chafles du parc de Virfailles.
GIBRALTAR , (D étroit de) Herculeum frt-
tum, ou Gaditanum fretum, ( Géog.) c’eft un des
plus célébrés détroits du vieux monde ; il eft entre
l’Andaloufie en Efpagne, 6c le royaume de Fez en
Barbarie. Sa longueur eft d’environ dix lieues ; fa
largeur de quatre, & il joint la mer Méditerranée
avec l’Océan atlantique. On voit à l’endroit le moins
large de ce détroit, du côté de l’Efpagne, la montagne
de Gibraltar qui lui donne le nom ; & du coté de
l’Afrique, la montagne des Singes. Les anciens ont
pris ces deux montagnes pour les deux colonnes
d’Hercule ; & c’eft par cette raifon qu’ils ont donné
au détroit le nom du détroit dû Hercule. La baie de Gibraltar
eft fort grande ; elle a environ 7 milles d’ouverture
, 6c près de 8 d’énfoncement. La pointe de
l’oiieft eft le cap Carnero, & celle de l’eft le mont
Gibraltar. (D . J.)
Gibraltar , Colpa, ( Géog. ) ville d’Efpagne,
dans l’Andaloufie, fituée près d’une montagne ef-
carpée de toutes parts , du fommet de laquelle on
découvre plus de quarante lieues en mer, & fur la
côte feptentrionale du détroit de même nom, qui fait
la communication de l’Océan & de la Méditerranée.
Son port eft défendu par plufièurs forts. Les Anglois
prirent-cette ville en 1704 , & elle eft demeurée à
l’Angleterre par le traité d’Utrecht. Elle eft à deux
lieues N. de Ceuta , 18 S. E. de Cadix : on voit à
une lieue de cette v ille Gibraltar Véjo, qui n’eft autre
chofe que les ruines de l’ancienne Héraclea. Le
nom de Gibraltar s’eft fait par corruption de Çibel
Tarif, terme arabe qui lignifie montagne de Tarif ■
& ce nom vient des Maures. Ce fut en 1303 que Ferdinand
IV . leur enleva Gibraltar> qui n’étoit pas fi
difficile à conquérir qu’aujourd’hui. Lonoit. 12. 2 J.
lat. 3 6l (D . /.)
G 1ÉN , Giemacum , (Géog.') ville de France dans
le Hurepoix, fur la Lo ire, à trois lieues au-deffous
de Briare, à dix d’Orléans, à trente-quatre S. E.
de Paris. C ’eft un comté qui appartenoit autrefois
aux feigneurs de D on zy , 6c relevoit des évêques
d’Auxerre. Gien eft toujours du diocèfe d’Auxerre ;
mais quant au comté, Louis XIV. l’a vendu ou engagé
au chancelier Seguier. Long. 20. iy. 42, Iatic,
4 7 .4 . o0 --f-)
GIENGÈN, Gienga> (Géog.) petite .ville libre
6c impériale d’Allemagne , dans la Soiiabe, fur la
riviere de Brentz , entre Ulm & Nordlingem Long,
z 8. 2. lat. 48. $8. (D . J.)
GIENZOR, (Géog.) ville ouverte d’Afrique dans
la Barbarie, au royaume de Tripoli, dont elle eft à
quatre lieues. Long. 5 C. 3 J. lat. 34. 18. (D . J.)
GIERACE, Hieracium ou Sancia Hieracia,(Géog.)
ville d’Italie au royaume de Naples, dans la Calabre
ultérieure, avec un évêché fuffragant de Reggio.
Eile eft fur une montagne près de la mer, à 13
lieues N. E. de Reggio, 1 1 S. E. de Nicotera. Long.
34. 18. lat. 38. io. (D . J.)
GIESSEN, Giejfa, (Géog.) ville forte d’Allemagne
dans la haute Helfe, avec une univerfité fondée
en 1607, un château 6c un arfenal; elle eft dans le
partage de la maifon de Darmftadt, dans un terrein
fertile, fur la riviere de Lohn, à deux lieues de Wetzlar
, à quatre S. O. de Marpurg, neuf S. E. de Francfort.
Voyi{ Zeyler, Haßte. topog. Long. 2 6 .2 6 . lat.
ào. 30. I *
Hertius (Jean Nicolas) jurifconfulte , mort en
1710 à 59 ans, étoit de Gießen. Il eft connu par
quelques ouvrages eftimés, 6c entr’autres par des
opufcules écrits en latin fur l’hiftoire & la géographie
de l’ancienne Germanie. (D. J .)
GIFT-MEHL, f. m. (.Métallurgie.) ce mot eft allemand
, 6c fignifie farine empoifonnée. Il eft ufité dans
les atteliers où l’on grille le cobalt pour en'dégager
l’arlènic : cet arfenic fe diffipe en fumée, 6c eft reçu
dans une longue cheminée horifontale, aux parois
de laquelle il s’attache fous la forme d’une poudre
blanche ou d’une farine legere. On la recueille au
bout de quelques tems, pour la mettre à fublimer Sc
en faire (oit de l’arfenic cryftallin, foit de l’orpiment
6c du réalgar, en y joignant du foufre. Voye^ C obalt
& Saffre, Orpiment , Réalgar. (—)
GIGANTESQUE, adj. qui eft d’une taille déme-
furée ou de géant. Hoyeç Géant. Le P. Bouhours
rapporte qu’une des principales fourberies des Brames
, eft de perfuader aux Amples que les pagodes
mangent comme nous ; 6c afin qu’on leur préfente
beaucoup de viande, ils font ces dieux d’une figure
gigantefque , 6c leur donnent fur-tout un gros ventre.
Diclionn. de Trév. & Chambers. (G)
GIGANTOMACHIE, f. f. (Littéral.) defeription
du combat des géans contre les dieux fabuleux de
l’antiquité. Voye^ ci-devant GÉANS , (Mytk.)
Plufièurs poètes ont compofé des gigantomachits ;
celle de Scarron eft affez connue.
GIGLIO, Ægiliumou Igilium, (Géog.) petite île
d’Italie fur la côte deTofcane,avec un château pour
la défendre des corfaires. Elle eft fituée au N. O. de
l’île d’Elve , 6c fait partie de l’état de Sienne. Le portulan
de la Méditerranée dit qu’elle eft environ à 1 z
milles S. O. de la pointe de l’O. d’Argentaro, 6c lui
donne 6 à 7 milles de longueur. Long. 2 8 .3.5. latit.
4 2 .2 4 • (D .J .)
GIGOT, f. m. (Boucherie & Cuißne.) c’eft la cuifle
du mouton, qu’on appelle auffi Yéclanche.
GIGOTÉ, adj. (Manège.) expreflion baffe, mais
néanmoins reçue pour défigner un cheval qui a de
l’étoffe, dont les membres font parfaitement bien
fournis, 6c dont la partie appellée communément 6c
imprrprement la cuifle, répond exactement par fon
arrondiffemertt 6c par fon volume, à celui de la
croupe. Ce cheval eft bien gigoté, il doit avoir de la
force, (e)
Gigoté , (Vénerie.) Chien bien gigoté, c’eft quand
un chien a les cuiffes rondes 6c les hanches larges ;
c ’eft fignè de vîteffe.
d G U E , f. f. (Mujiquc. ) air qui fe marque ordinairement
d’un | , qui fe bat à deux tems inégaux
& v ifs ,& qui commence ordinairement en levant.
La gigue n’eft proprement qu’une efpece de loure
dont le mouvement eft accéléré. Voye^ Loure. Il y
a même dans les anciens opéra françois des gigues
defignées par le mouvement £ de la loure, comme
dans le prologue de l’opéra de Roland. La gigue eft
tirés-commune dans nos opéra, parce que cet air par
fa vivacité 6c Ion fauùllement eft très-propre à la
danfe ; on lui a même donné plus effentiellement ce
caraétere parmi nous par la maniéré dont on l’a fou-
vent noté. Chez les Italiens la mefure de la gigue eft
de fix croches qui fe paffent de trois en trois ; la
première plus v îte , la fécondé un peu moins, la
rroifieme encore un peu moins. Chez nous, au lieu
des trois croches on (ubftitue trois autres notes équivalentes;
mais dont la première fe paffe très - vîte,
la fécondé une fois moins, la troifieme deux fois
moins : ce font une double croche, une croche (impie
, & une croche pointée. Par cette maniéré de noter
& de joiier, la gigue devient plus vive , d’une
mefure plus marquée 6c plus propre pour la danfe ;
elle eft auffi en cet état très-propre à recevoir des.
paroles gaies, & quelquefois fufceptible d’une ex-
preffion très-heureufe. Telle eft la gigue de Thèfée
chantée en duo par deux vieillards, Pour le peu de
bon tems qui nous rejle, 6cc. Cët air, plein de cara-
â e re & de vérité, eft bien préférable à un grand
nombre d’autres airs du même muficien qui n'ont
pas ce mérite, mais qu’on admire encore chez nous
par préjugé 6c par habitude.
Les Italiens font auffi beaucoup d’ufage de la gigue
, même dans leurs pures fymphonies ; & on fait
que Corelli entr’autres a excellé dans ce genre. Mais
ils ne bornent pas le mouvement de cet air à des
fonates, ni même à des airs de chant gai ; iis l’em-
ployent quelquefois très-à-propos dans des airs vifs
de différente elpece, d’amour, de fureur, de douleur
même. La maniéré dont nous notons nos airs
de gigue , ne les rend propres qu’à rendre des paroles
gaies ; la petite différence dans la maniéré de noter
des Italiens, les met à portée d’exprimer par ce
mouvement beaucoup plus que nous. Nous ne pouvons
, il eft vrai, nous perfuader, grâces à la finette
de notre ta& en Mufique, 6c aux modèles
que nous en avons, qu’un mouvement v if puiffe
exprimer autre choie que la joie, comme fi une
douleur vive 6c furieufe parloit lentement. C’eft en
conléquence de cette perfuafion que les morceaux
vifs du Stabat, exécutés gaiement au concert ('piri-
tuel, ont paru des contre-lens à plufièurs de ceux
qui les ont entendus. Nous penfons fur cet article
à-peu-près comme nous faifions il y a très-peu
de tems fur l ’ u f a g e des cors-de-ehatte. On fait, pour
peu qu’on ait entendu de beaux airs italiens pathétiques,
1 effet admirable que cet inftrument y produit;
avant cela nous n’aurions jamais imaginé qu’il
pût être placé ailleurs que dans une fête de Diane.
Au refte, pour en revenir à la gigue, comme elle
fe bat à deux tems, les François 6c les Italiens l’ont
quelquefois marquée d’un z au lieu d’un j , e n y
confervant d ailleurs la maniéré de noter que nous
avons dite. (O)
GIHUN, (Gèogr.) Les Arabes appellent ainfi VO-
xus des anciens, grande & célébré riviere d’Afie, qui
prend la fource dans la province de Tokhareftan,
au pie du mont Imaiis. Elle a fon cours general du
couchant au levant; 6c après avoir coupé la Cho-
warefme en deux, & féparé la Perfe du Turkeftan,
elle fe jette dans la mer Cafpienne. (D. J.)
GILBERTINS, f. m. pl. (Hift. eccléfiafl'iq.) ordre
de religieux ainfi nommés de leur fondateur Gilbert
de Sempringhand, dans la province de Lincoln, qui
inftitua cet ordre l’an 1148.
On n’y recevoit que des gens qui euffent été ma-
ries. Les hommes fuivoient la réglé de faint Auguf-
tin, & étoient chanoines, 6c les femmes celle de teint
Benoît.
Le fondateur ne bâtit qu’un monaftere double,"
ou plutôt deux monafteres différens qui fe tou-
choient ; l’un pour les hommes, 6c l’autre pour les
femmes, mais féparés par de hautes murailles.
Cet ordre eut des monafteres femblables, où l’on
compta dans la fuite jufqu’à fept cents religieux, &
plus d’une fois autant de religieufes. Mais il fut aboli
avec tous les autres fous le régné d’Henri VUI. Dic-
tionn. de Trévoux & Chambers. (G)
G IL G U L , f. m. (Théologie.) mot qui fe trouve
fouvent dans les écrits des juifs modernes, & fur-
tout dans leurs livres allégoriques. Il fignifie roulement;
mais les auteurs font partagés fur le vrai fens
qu’y donnent les rabbins. Les uns croyent que tous
ceux de leur nation qui font difperfés dans le monde,
6c qui meurent hors de la terre de Chanaan, ne ref-
fufeiteront au jour du jugement dernier que par le
moyen de ce gilgul, c’eft-à-dire, félon eux, que
leurs corps rouleront par les fentes de la terre pratiquées
par Dieu même, jufqu’à ce qu’ils foient arrivés
en Judée, ce qui porte plufièurs d’entr’eux à
fe rendre avant leur mort dans le pays qu’ont habité
leurs peres, pour éviter ce roulement. Les rabbins
ne font pas eux-mêmes d’accord fur la maniéré dont
les cadavres feront ce voyage, quelques-uns les fai-
fant reffufeiter dans le lieu même où ils auront été
enfevelis ; d’autres imaginant que Dieu leur creu-
fera des cavernes & des foûterreins, qui de toutes
les parties du monde aboutiront au mont des Olives.
C ’eft ce que Buxtorf rapporte dans fon dictionnaire
chaldaïco-rabbinique. L’opinion de Léon de'
Modene eft beaucoup plus vraiffemblable. Il affûre
qu’il y a des juifs qui, comme Pythagore, çroyent
la tranfmigration des âmes d’un corps dans un autre;
que cette maniéré de penfer, quoiqu’elle ne foit
pas univerfellement reçue, a parmi eux fes défen-
feurs 6c fes adverfaires, & que c’eft cette efpece dé'
métempfycofe qu’ils nomment gilgul. Quoique les-
Juifs prétendent fonder ces différentes explications
du gilgul fur divers paffages de l’Ecriture, on doit
regarder leurs idées à cet égard comme tant d’autres
vidons extravagantes dont leurs livres font remplis.
Léon de Modene, cérémonies des Juifs, part. V. çhap.
B ( c j I ■ ■ ................
G IL L E S , (Saint-) Sancli-Ægidii villa, Gèogrî
petite ville de France au bas Languedoc, un des deux
grands prieurés de Malte dans la Langue de Proven-.
ce, à 5 lieues O. d’Arles, 11 N. E. de Montpellier.
Long. 22. 8. lat. 43. 40. (D . J.)
G IL O L O , (Géogr.) grande île d’Afie avec une
capitale de même nom dans l’Archipel des Moluques.
Elle eft fous la ligne, entre l’île de Celebes 6c la
terre de Papous, dont elle n’eft féparée que par un
petit canal; cette île eft fort irrégulière. On lui
donne cent milles du N. au S. & autant de l’E. à l’O.
L’air y eft fort chaud, & là terre fertile en riz &
en fagu. La mer qui l’environne , lui fournit quantité
de tortues. Long. 14i d, (D . J.)
* GILOTINS, û n i. pl• (Hifl, mod,) jeunes gens