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la peau ; elle eft auffi réputée fébriftige ; & on la mê-
le avec les autres remedes de cette claffe. Le fuc exprimé
de cette plante fe prefcrit Couvent 8c avec
fuccès dans le fcorbut ; on le mêle avec celui de
crelîon, de cochléaria, &c.
L’extrait eft très-fouvent employé dans les optâtes
apéritives, anti&ériques, 8c fébrifuges.
La fumeterre nous fournit, comme nous l’avons
dit, plufieurs bons remedes, fon fuc, fon extrait, &c.
outre cela, on prépare avec fon fuc un firop qu’on
peut fort facilement faire prendre aux enfans auxquels
on croit cette plante néceffaire. On diftilloit
autrefois cette plante ; 8c l’eau que l’on retiroit paf-
foit pour être diurétique & fudorifique : mais cette
eau ne fe fait plus ; & en effet la fumeterre n’eft pas
d’une nature à être diftillée. Voye^ Eau d is t il l é e .
La fumeterre entre dans le fyrop de chicorée com-
pofé ; le fuc de cette plante entre dans l’éleâuaire de
pfyllium, dans les pilules angéliques : fon extrait eft
prefcrit dans la confection hamech 8c dans les pilules
de Stahl. (b)
FUMEUX, adj. ( Gramm.) épithete qu’on ne donne
guere qu’à certains vins mal-faifans qui portent à
la tête, avec quelque modération qu’on en boive.
FUMIER,f. f. (Econom. rujliq.) c’eft un mélange
des excrémens du bétail avec la paille qui lui a fervi
de litiere. Ces matières étant foulées par les animaux
, 8c macérées dans leur urine, font dans un état
de fermentation dont la chaleur fe communique aux
terres fur lefquelles on les répand : de plus, elles
contiennent un fel alkali quife combine avec l’acide
répandu dans l’air ,8c forme avec lui desfels moyens
dont les plantes tirent une partie de leur nourriture.
Les fumiers font le principal reffort de l’Agriculture
; 8c ce mot, par lequel on défigne métaphoriquement
ce qu’on juge méprifable, exprime réellement
la vraie fource de la fécondité des terres & des
richeffes fans lefquelles les autres ne font rien. Tout
fyftème d’Agriculture dans lequel les fumiers ne feront
pas mis au premier degré d’importance, peut
être à bon droit regardé comme fufpeft.
Quelques perfonnes ont blâmé les vues économiques
de M. de Su lly, 8c accufé de petiteffe l’oppofi-
tion qu’il marquoit pour l’établiffement des manufactures
de foie. Cette accufation pourroit être regardée
comme faite au moins legerement 8c fans af-
fez d’examen. Sans adopter aucun fyftème exclufif,
nous ofons dire qu’il eft à craindre que l’ufage trop
multiplié de la foie n’aviliffe le prix des laines, 8c ne
décourage fur l’entretien des troupeaux. Il eft certain
que notre Agriculture étoit beaucoup plus active
8c plus floriflante du tems de M. de Sully, qu’elle
ne l’eft aujourd’hui : or l’état de l’Agriculture
dépend de la quantité du bétail. Les terres ne peuvent
emprunter que des fumiers cette fécondité non
interrompue qui enrichit les propriétaires & les cultivateurs.
Quand on compare attentivement le produit
général des Arts avec celui des terres, il eft aifé
de voir combien le dernier l’emporte fur l’autre par
l’importance & par la fureté. Voye{ G r a in s , (Eco-
nom, politiq.}
Les Laboureurs n’ignorent pas que l’emploi continuel
des fumiers eft d’une néceffité abfolue pour le
fuccès de leurs travaux;mais il en coûte pour nourrir
des troupeaux ; 8c quelques-uns font retenus fur
cette dépenfe par l’avarice,d’autres font arrêtés par
l’impuiffance : les premiers méritent de n’être corrigés
que par la pauvreté, 8c ils doivent s’y attendre;
avec quelques efforts, les autres ont un moyen de
fe relever. Si je me trouvois chargé d’une ferme dénuée
de fumier, 8c peu fournie de paille, voici ce que
je ferois.
Je femerois en herbe , trefle, fainfoin, &c. une
partie de mes terres, 8c je ne réferverois pour le
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grain que celles qu’il me feroit poftible de fumer :
dès-lors moins de dépenfes en labours, &c. Ces herbes
artificielles femées dans une terre mal préparée,
ne produiroient pas de grandes récoltes ; mais elles
fourniroient à la nourriture de quelques beftiaux ,
aux fumiers defquels je devrois peu-à-peu la fertilité
de mes terres : îes prés factices feroient eux-mêmes
défrichés au bout de trois ou quatre ans ; améliorés
par le repos, ils feroient devenus propres à porter
des grains en abondance ; 8cles pailles me mettroient
en état de nourrir une plus grande quantité de bétail
: alors ma cour fe rempliroitde fumiers; 8c en peu
d’années, mes terres feroient remifes à ce degré de
fécondité fans lequel la culture eft onéreufe. Voye^
Prairies artificielles.
Les fumiers ont des qualités dont la différence eft
déterminée par l’efpece de l’animal qui les façonne.
Le fumier de vache eft gras 8c frais ; il convient aux
terres chaudes & fablonneufes : celui de mouton a
plus de chaleur ; il réuflit principalement dans les terres
blanches 8c froides : celui de cheval a une forte
de féchereffe qui le rend fpécialement propre aux
terres fortes. Voye^ Engrais
Une partie des propriétés du fumier tient, comme.
nous l’avons d it , à fon état de fermentation. Il faut
donc ne pas l’employer, avant que la fermentation
foit bien établie : on doit même attendre que la pu-
tréfaêtion foit à un certain degré ; ce degré fe recon-
noît à la chaleur qui doit avoir précédé, 8c fe faire
encore fentir dans 1& fumier , & a une odeur affez
forte d’alkali volatil qui s’en exhale. Si on le répand
trop tôt fur les terres, il n’a pas encore acquis l’aéti-
vité qu’il doit leur communiquer. Si on le iaiffe fe
confommer en terreau, ce ne font plus que des parties
friables qui s’interpofent fans chaleur entre les
molécules de la terre ; & l’alkali volatil eft évaporé.
Il y a cependant une remarque à faire ; & nous
la devons à M. T ille t, à qui l’Agriculture doit tant :
fes expériences fur la nielle lui ont appris que cette
maladie fe communique par les fumiers compofés de
pailles fufpeftes , à moins qu’ils ne foient réduits
prefque en terreau : il y a apparence que la pouffiere
noire qui perpétue cette contagion, contient un acide,
puil'que fon effet eft détruit par les lefîives de
foude, de cendre, &c. Voye{ Nielle. Article de M-
LE Roy , lieutenant des chajjes du parc de Verfailles.
FUMIGATION, f. f. (Chimie.') eft l’afrion par laquelle
une vapeur corrode, diffout, ou pénétré un
corps métallique dans la cémentation. V. cet art. On
la diftingue en feche 8c en humide ; & quelques auteurs,
comme Cramer, donnent ftri&ement le nom
de fumigation à celle-là, & de vaporation à celle-ci.
La fumigation proprement dite ou fumigation feche ,
eft donc l’action d’expofer à une fumée ou vapeur,
comme menftrue capable de devenir concrète par
elle-même, le corps auquel on veut faire fubir quelque
changement; comme quand on ftratifie des lames
de fer avec des matières contenant du phlogif-
tique f Voye%_ Fer & Acier , & Trempe en Paquet)
; du cuivre avec de la calamine ou fes produits
(Voyt{ Cuivre & Laiton) ; du foufre 8c
de l’arfenic au fer êc au cuivre. Voyei Vaporation.
Fu m ig a t io n , en latin moderne fumigatio
fumigium, ( Medec. thérap. ) médicament externe ,
appliqué fous la forme de vapeur ou de fumée, à
diverses parties du corps humain, pour la guérifon
des maladies. Il réfulte de-là, qu’on peut diftinguer
deux fortes de fumigations, les unes humides, 8c les
autres feches. -
Les fumigations humides fe font en expofant toute
la furface du corps, ou feulement la partie malade ,
aux vapeurs d’un médicament qu’on fait bouillir fur
le feu ; telle eft la vapeur des décodions émollien-
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tes ânodynes, que les Médecins cohfeiUeftt île rece- j
voir fur une chaife de commodité, pour appaifer I
les douleurs hémorrhoïdales. Telles font encore les I
Vapeurs du vinaigre que l’on tient fur le feu, 8c qui I
fe répandent dans l’air, pour en purifier l’atmofphe-
re dans les maladies contagieufes 8c peftilentielles.
On conçoit déjà que la matière des fumigations
humides eft toute iiqueur qui peut par l’aétion du feu
fe réfoudre en vapeurs ; paf exemple, l’eau, le lait,
le petit-lait, le v in , le vinaigre, l’efprit-de-vin, l’urine
, les préparations officinales, comme les eaux
diftillées, les teintures, les effences, les efprits, les
infufions, les décoctions, &c. Les vapeurs humides
fe tirent de toutes ces chofes, ou en les enflammant,
ou ce qui eft le plus ordinaire, en les faifant bouillir
fur le reu. Ce feroit fans doute une chofè ridicule,
que d’employer pour fumigations humides, des mixtes
dont la vertu ne pourroit fe volatilifer par la chaleur
de la liqueur bouillante. Par conféquent, les af-
tringens, les extraits épâiffis par la cofrion, les parties
fixes des animaux & des fofliles, ne fauroient
convenir.
S’il faut appliquer de fort près la vapeur humide
fur le corps , on a inventé pour y parvenir des loges,
des fiéges, des coffres, des machines voûtées, où le
malade debout, affis, couché , ayant la tête en-
dehors , étant nud, Ou fimplement couvert d’un linge
fin , reçoit la vapeur qui s’élève de la liqueur
bouillante ou enflammée. S’il s’agit de diriger les
vapeurs dans quelque cavité du corps, par exemple,
dans l’oreille, les narines, le pharynx, les bronches,
le v agin, l’uterus , le fondement ; on fe fert d’entonnoirs
faits exprès.
Enfin, comme les vapeurs élevées par le feu font
d’une extrême pénétrabilité , 8c que le médecin n’a
d’autre but que le foulagement & la guérifon de fon
malade ; c’eft à lui bien inftruit, qu’il appartient
dans chaque cas particulier de preferire combien de
tems doit durer la fumigation humide , combien de
fois il faut la répéter, ce qu’il convient de faire
avant, pendant, & après le remede.
Les fumigations feches, connues par quelques-uns
fous le nom de parfums, fe pratiquent en expofant
la partie malade à la fumée de quelque médicament
externe fec, inflammable, ou volatil, qu’on brûle
fur des charbons ardens, 8c dont on introduit la fumée
par artifice dans les ouvertures extérieures du
corps humain. C ’eft ainfi qu’on employé la fumigation
de l’ambre, du caftoréum, du ja y e t , dans les
fuffocations de matrice ; la fumigation du foufre dans
les maladies cutanées, & quelquefois les fumigations
mercurielles dans les maux vénériens. Voyt{ F u m i g
a t io n m e r c u r i e l l e .
On employé les fumigations feches dans la cure
prophylactique 8c thérâpeutique , pour fortifier,
échauffer, réfoudre, deffécher : en conféquence ,
on expole aux fumigations feches des morceaux de
flanelle ou de toile, avec lefquels on peut frotter
les parties malades, & de telles friûions méritent
de n’être pas négligées. Voye^F r i c t i o n .
Mais il faut remarquer que dans les fumigations fe ches
y ainfi que dans les fumigations humides, le médecin
doit toûjours faire attention à la porofité de
toute l’habitude du corps, à la fenfibilité, à la déli-
cateffe des parties internes, enfin à cétte force étonnante
du feu , qui fépare le principe des corps concrets
, 8c qui les change entièrement. Ces fortes d’attentions
font néceffaires , afin de choifir les matières
qui conviennent au but qu’on fe propofe, & qui
peuvent foulager les parties malades, làns nuire à
celles qui font faines. (Z ) . J . )
F u m ig a t io n m e r c u r i e l l e , ( Chirurgie.) ef*
pece particulière de fubfumigation employée par
quelques perfonnes au traitement des maladies vé-
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nériènhes , ên faifaht recevoir la Valeur du cinha-
bre, ou de quelque autre préparation mercurielle*
pour exciter le flux de bouche dans la vérole.
Thierry de Hery, célébré chirurgien de Paris* qui
a apporté vers le milieu du xv. fiecle >> d’Italie en
France, la méthode des friétions, propofe les fumigations
mercurielles comme un moyen fubfidiàire dans
plufieurs cas. On a voulu depuis peu en faire uhë
méthode univerfelle, 8c donner cctts fumigation en
couvrant entièrement le malade d’un drap où d’unë
couverture, les yeux 8c la bouche bandés * afin qu’il
pitiffe recevoir la vapeur mercurielle par le nez. Les
épreuves de cette méthode Ont été faites aux Invalides
8c à l’hôpital de Bicêtre, fous l’autorité des mû
niftres 8c des magiftrats ; elles ont trouvé pôur pro*
teneurs une partie des perfonnes chargées d’en exa*
miner les effets. Les Chirurgiens guidés pâr l’expé-6
rience qu’ils ont acqiiife dans le traitement de cettô
maladie, n’ont point été les partifans de quelques
réuflïtes apparentes de ces tentatives ; elles ont eu
en peu de tems le fort de prefque toutes les nouveautés
qui s’introduifent dans la pratique de l’art
de guérir, 8c qu’on voit tomber peu-après dans l’oubli
, jufqu’ à ce que quelque homme entreprenant 8c
avide tâché d’en tirer parti 8c d’en impofer au public
, qui fe Iaiffe aifément féduire par ceux qui lui
promettent guérifon perdes voies extraordinaires.
M. Col de Villars approuve dans fon petit dit*
tionnaire des termes deMedecine & de Chirurgie, l’ufagé
des fumigations mercurielles. Elles réufiffent fans inconvénient,
di; cet auteur, pourvû que la dofe dit
remede foit petite, 8c que la fumigation ne dure qué
deux ou trois minutes. De cette maniéré le mercure
ne caufe point de falivation : quand elle paroît,
continue M. de Villars * on ceffe la fumigation, 8c on
purge le malade.
Inftruits par l’exercice 8c la pratique de l’Art, les
Chirurgiens n’admettent point les fumigations, Comme
une méthode générale, complette, 8c qu’ort
puiffe fubftituer aux friétions dont elles n’ont pas les
avantages ; nous ne devons cependant pas les rejet-
ter abfolument : quoiqu’elles ayent été dans tous les
tems la méthode de quelques empyriques, des mains
habiles pourront quelquefois trouver des reffources
dans leur ufage. Les fumigations peuvent féconder
efficacement 8c faciliter l’opératiofi des friétions :
celles-ci font quelquefois infuffifantes pour déraciner
entièrement les maux vénériens. Lorfqu’on a
emporté les principaux accidens, s’il y a des parties
affligées de quelque refte de vérole, on peut les ex-
pofer aux fumigations* Hery, notre premier maître
en cette partie, a traité des malades qui en ont
éprouvé les plus heureux fuccès ; elles ont emporté
des caries qui rongeoient les os du nez : voye^ O z e -
né. Elles ont foulagé des affeétions même du poumon.
Par quelle autre voie aüroit-on pû appliquer
le mercure immédiatement fur ces vices locaux ?
Lorfque le virus vénérien n’a point déconcerté
j toute l’economie animale * 8c que quelques parties
en font feulement infefrées, leurs accidens peuvent
être fournis à l’adminiftration locale du fpécifique
I anti-vénérien par le moyen des fumigations. M.
Bruyere de l’académie royale de Chirurgie, lut à la
féance publique de cette compagnie le 7 Juin 1746,
une observation fur une tumeur au genou, dont les
douleurs étoient fi violentes, que la perfônne ne
pouvoit fupporter l’application d’une fimple com-
preflè trempée dans une décoétion anodyne. M.
Bruyere après les préparations générales, jugea
que l’adminiftratiçn du mercure étoit néceffaire :
niais comme la méthode ordinaire lui étoit interdite,
parce que la malade s’obftinoit à ne lui point faire
l’aveu de la vraie caufe de fon mal ; entre plufieurs
autres moyens acceffoires, quoique moins fûrs, 8c