dont on fait l’éducation dans une communauté fondée
par un eccléfiaftique appelle M. Gillot, & mieux
connue fous Je nom de Sainte-Barbe. Les maîtres Sc
les écoliers de cette communauté ont joui d’une
grande réputation de fcience & de moeurs depuis Ion
établiffement; & les changemens que les affaires du
îems ont apportés à cette maifon, n’en ont point af-
foibli la régularité & l’amour de l ’étude.
GIMBLETTE, f. f. ç’eft un ouvrage de Confift-
rie fait en forme d’anneaux, de chiffres, &c. d’une
pâte mêlée avec duvind’Elpagne ou du vin blanc
commun, des oeufs, de la farine, a. laquelle on donne
telle odeur qui plaît.
GIMM A , {Hift. nat.') nom donné par quelques
auteurs à la pierre compofée d’un affemblage de
coquilles 3c de différens corps marins pétrifiés.
' GIMMOR, {Géogr.) montagne de Suiffe dans le
canton d’Appenzell. On y trouve quantité de pierres
affez curieufes, dont les unes font blanchâtres &
fans couleurs étrangères, & les autres font tranipa-
rentes, avec des traits noirs qui les coupent à angles
droits ; ces pierres pourroient bien n’être autre
çhofe qu’une efpece de talc. Voye[T a l c . (D . /.)
GINDI ou D G 1N DI, f. m. pl. {Hift. mod.) efpece
de cavaliers turcs extrêmement adroits. On leur attribue
des tours de force & de foupleffe très - fingu-
liers. Ils ramaffent, dit-on, en courant une lance
qu’ils ont jettée à terre ; ils galopent quelquefois
tenant un pié fur un cheval un pie fur un autre,
&C en cet état tirent des oifeaux qu’on a placés exprès
fur les plus hauts arbres. D ’autres feignent dç
tomber, le laiffent gliffer fous le ventre du cheval,
puis fe remettent en felle. On ajoute qu’Amurath
IV. voulant un jour fe divertir, leur commanda de
courir l’un contre l’autre les deux piés fur la felle,
ce qu’ils exécutèrent après plufieurs chûtes. Un italien
qui avoit été dix ans efclave a Conftantinople,
où il avoit appris de pareils exercices, les donna en
fpe&acleà Paris en 1585, à ce que rapporte Vige*
nere. Ricaut, de l ’empire ottoman. (G)
GINGEMBRE, f. m. {Bot. exot.) plante exotique
dont la fleur imitant celle de nos orchis, fort d’une
malle écailleufe, & s’ouvre par fix pétales qui la
çompofent ; l’ovaire devient enfuite un fruit triangulaire
à trois loges , qui contiennent plufieurs
graines.
Le détail fuivant fera mieux connoître cette plant
e , diverfement nommée dans les livres de Botanique
; elle elt appellée gingembre femelle à feuilles
étroites , nngibcr anguftiori folio famina , utriufque
India alumna , par Pluk. Alm. page 397. iris latifo-
lia , tuberofa , fingiber dicta flore albo3 H. Oxon ; man-
garatia, par Pilon ; gingibil, par Bontius ; chilli India
orienta lis} par Hernandes ; infchi ou infchi , hua,
H. Malab.
La racine, félon le P. Plumier, a du rapport avec
celle du rofeau ; elle eft tendre, écailleufe, bran-
chue, blanche en-dedans, pâle & jaunâtre en-dehors,
d’un goût très-piquant. Cette racine pouffe
trois ou quatre petites tiges, cylindriques, épaiffes
d’un demi-doigt, renflées & rouges à leur origine,
mais entièrement vertes dans le relie de leur longueur,
De ces tiges, les unes font garnies de feuilles, les
autres fe terminent en une maffe écailleufe ; celles
qui font fçuillées font en grand nombre, alternes ,
épanouies en tout fens, femblables à celles du rofeau
, mais plus petites & plus molles, longues d’en-
yiron un demi-pm, pointues, & ayant un peu plus
d’un pouce dans leur plus grande largeur. Elles font
liffes, d’un verd g a i, & partagées par une petite
côte {aillante en-deffous ; les petites tiges qui Unifient
en maffe ont à peine un pié de hauteur ; elles
ftnt entourées & couvertes de petites feuilles verdâtres,
& rougeâtres à leur pointe. La maffe qui termine
chaque tige, plaît par fa beauté; car elle eft
toute compofée d’écailles membraneufes, d’un rouge
doré, ou bien elles font verdâtres &C blanchâtres.
De l’aiffelle de fes écailles fortent des fleurs qui
imitent celles de nos orchis, & qui s’ouvrent en fix
pièces aigues, en partie pâles, & en partie rouges
foncé , & tachetées de jaunâtre. Le piftil qui s’élève
du centre eft très-menu , court, blanc, terminé par
une pointe blanche recourbée, & rouge à l’extrémité.
Sa bafe devient un fruit coriace., ovalaire,
triangulaire , à trois loges, à trois panneaux remplis
de plufieurs graines. Les maffes ont une vive
odeur ; les fleurs qui en fortent durent à peine un
jour, 3c s’épanoiiiffent fuccefîivement l’une après
l’autre.
Quoiqu’on cultive cette plante en Amérique, elle
ne paroît pas originaire de cette partie du monde ;
3c l’on a lieu de croire qu’elle y a été apportée, de
même qu’au Brefii, des Indes orientales on des Philippines.
La fécondé efpece de gingembre appellée gingembre
mâle , fingiber jylveftre mas, par Pifon Mant,
Arom. anchoas ou fingiber mas, par Hernandes ; ÔÇ
katon-infehi-kua y par Commellin. H. Màlab. ne différé
de la précédente, qu’en ce que fes feuilles font;
rudes, plus épaiffes 3c plus larges, fes racines plus
grofîes, d’une odeur moins forte, d’un goût moins
bridant 3c moins aromatique ; 3c c’eft aufli pour çettç
raifon qu’on n’en fait pas autant de cas.
Il y a une troifieme plante qui eft nommée gingembre
fauvage à larges feuilles, ftngiber majus la-
tifoliiim fylvefire, par Herman. C ’eft celle qui donne
la racine de zérumbeth; nous la décrirons à fa place,
Foyei ZÉRUMBETH. (D . I . ')
Gin g em bre, (.Agrknlt.) Cette plante, à caufe
du grand débit de fa racine, fe cultive dans les deux
Indes, 3c même en Europe par des curieux.
Les habitans de Malabar confervent d’une année
à l’autre des racines noiieufes 3c filandreufes de cette
plante. Après avoir fait plufieurs creux d’une çer-»
taine profondeur 3c à certaines diftances dans un
terrein gras, bien fumé 3c bien labouré, ils enfoncent
des tranches de racines dans chaque creux, les
couvrent d’un peu de terre, 3c les arrofent plus ou
moins, félon que le terrein eft plus ou moins fec-
IIs continuent les arrofemens .jufqu’au tems de la
récolte qui fe fait ordinairement en Janvier, 3c qui
eft indiquée par les feuilles fannées de la plante;
alors ils arrachent les racines de terre, 3c les font
fécher lentement. Aufli-tôt qu’elles font paffable-
ment feches, ils les enduifent de bol pour empêcher
les infeéles de s’y mettre. Linfchotten dit que pour
garantir efficacement les racines de gingembre des injures
de l’air, des vers, 3c des teignes, ils font de
grands amas de ces racines, les couvrent de terre de
potier , 3c les laiffent fécher infenfiblement fous
cette couverture impénétrable.
On fuit à-peu-près la même méthode de culture
dans les îles Antilles qu’aux Indes orientales ; on y
plante le gingembre fur la fin de la faifon des pluies,
c’eft-à-djre en Octobre & en Novembre. Après que
la terre a été labourée à la houe, on met de pié-en-.
p i i une branche de la racine qui a été confervée de
la derniere récolte ; or? préféré celles à qui il eft refté
le plus de chevelure, 3c on les recouvre de trois ou
quatre doigts de terre. Au bout de dix à douze jours
la plante commence à pouffer une pointe, qui ne
paroît d’abord que comme la pouffe des jeunes ciboules,
tant les feuilles font foibles. Alors on prend
foin de tqnir la terre bien nette, d’en arracher les
mauvaifes herbes, 3c de continuer cette pratique
jufqu’à ce que la plante foit affez forte pour couvrir
la terr?, & étouffé* KÏelfe-même' les .Herbes inutiles
qui veulent croître dans fon enceinte.
Les pattes j c’eft ainfi qu’ils nomment les racines,
fe fortifient & s’étendent dans la terre, à-proportion
de la bonté du terrein, car cette plante a .coutume
de le dégraiffer 3c de le manger beaucoup. Quand
la racine efomûre, ce qu’on connoît aux feuilles ,
qui, après avoirqauni, fe fannent 3c fe fechent, on. ;
arrache la.plante avec fes pattes 3c fon chevelu ;js’i! I
en eft refté quelques-unes en terre, on les. cherche
avec la houe , & .on les enleve.
On fépare enfuite la tige des pattes ; on nettoye
les pattes de toutes les ordures qu’elles peuvent
avoir; on les racle legerement, on les lave, on les
fait fécher fur des claies, Amplement à l’air 3c à l’abri
duffoleil. Ces racines font d’une fubftance fi délicate,
que.cette fubftance feroit bien-tôt confom-r
mée, 3c n’offriroit plus qu’une peau ridée avec très-
peu de chair, fi on les faifoit fécher au foleil ou au
four.
: Pour préferver des infeftes les racines de gingembre
ainfi féchées, on les enduit de bobrouge, jaune,
ou d’autre couleur; & pour les tranfporter chez l’é-,
tranger, on les enferme dans des boîtes couvertes
de terre ou de fable. D ’autres, après avoir enlevé
l’écorce extérieure des racines, jettent ces racines
ainfi pelées dans de la faumure ou du vinaigre, 3c les
y laiffent macérer pendant une couple d’heures : au
fortir de-là, ils les expofent autant de tems au foleil
3c finalement ils les couvrent de nattes dans,
leurs magafins pour l’ufage 3c le débit. Celles qu’on
a trop lavées ou nettoyées, perdent une partie de
leur force, de leur chaleur, 3c de leur acrimonie. :
- On cultive le gingembre en Europe par pure cu-
riofité ; & l’on réuflit très-bien à cette culture. Voici
comment.
On tranfplante au printems des racines de cette
plante dans des pots pleins de terre fertile & legere;
on plonge ces pots dans des couches de tan, qu’il
convient d’arrofer fréquemment. Au fort d e j’été,
on doit tenir avec des tuiles les chaflis de verre foû-
levés pour donner de l’air à la plante ; 3c fi l’on tem-
pere habilement l’accès de l’air, la chaleur, & les
arrofemens, on verra les racines dans une feyle faifon
fe fortifier, groflir, s’étendre de toutes parts, 3c
produire des fleurs. t
Mais il faut obferver dans nos climats temperes
de tenir conftamment, & même pendant tout l’été,
les pots de gingembre dans les couches de tan, fans
les en fortir. Pendant l’hyver, il faudra que ces pots
foient non-feulement à demeure dans la ferre chaud
e , mais qu’ils y foient plongés dans du tan. Ces
pots de racines ne profpéreroient point aufli-bien
fur des planches dans le lieu le plus chaud de la ferre
, qu’ils le feront dans la couche du tan au même
degré de chaleur. On doit peut-être en attribuer la
caufe à la vapeur du tan qui s’élève par la fermentation
; & qui paffant par les trous du fond des pots,
humefte les racines, les nourrit, & les maintient
dans l’embonpoint.
Le jauniffement & la flétriffure des feuilles indiquent
la maturité des racines, & pour lors on peut
les tirer des pots ; mais celles qu’on réferve pour
multiplier, doivent refter dans leurs pots jufqu’au
printems fuivant, qui eft le tems favorable à la tranl-
plantation, & toujours un peu avant que la racine
jette des feuilles. En effet, on a remarqué que c’eft
d’abord après la pointe des feuilles, que les racines
pouffent des fibres charnues qui les fauvent & les
confervent. (D . /.)
. G i n g e m b r e , (racine de) Comm. Il n’ eft paspofli-
ble de calculer la quantité de gingembre dont les Indes
fourniffent l’Europe chaque année, par ce que
Jcs vaiffeaux marchands qui viennent de nos colo*
Tome V i f
nies en apportent fans cefle, foit en nature, foit
confit.
Le gingembre qu’on confit dans les colonies pour
le débit ordinaire, eft brun, & le firop noir; mais
on eft parvenu dans les îles ,à faire une excellente
confiture de gingembre pour les gens aifés & les officiers
de Marine, qui en confomment beaucoup fur
mer. Voici la maniéré dont on y réuflit ; & c’eft
une très-bonne méthode pour ôter l’âcreté mordi-
cante & nuifible de toutes fortes de racines, ,
On cueille celle-ci avant la maturité, lorfqu’elle
eft jeune & tendre. On la ratifie pour enlever la première
pellicule ; enfuite on la coupe par tranches
qu’on fait macérer dans plufieurs eaux pendant une
dixaine de jours pour ôter leur âcreté ; & l’on change
ces eaux toutes les douze heures. Après cette préparation,
on fait bouillir les racines à grande eau
pendant une bonne demi-heure ; quand on les a tirées
;de cette eau, & qu’elles ont été bien égouttées,'
on les met dans un firop foible, clarifié ,. tout
chaud ; & on les laiffe dans ce firop pendant vingt-
quatre heures. On les fait égoutter une fécondé fois,
& on les remet dans un nouveau firop plus fort pendant
le même efpace de tems ; enfin on les replonge
dans un troifieme firop bien clarifié, où on les laiffe
à demeure, fi l’on veut les conferver liquides, &c
d’où on les tire, fi l’on veut les mettre à fec, pour
en compofer des marmelades & des pâtes. Le gingembre
confit de cette maniéré eft d’une couleur d’ambre,
claire, tranfparente, tendre fous la dent, &
fans âcreté mordicante ; le firop en eft blanc 3c
agréable.
Le prix du gingembre en nature eft à Amfterdam'
depuis huit jufqu’à douze florins la livre; le prix du
gingembre confit depuis quatorze jufqu’à vingt florins.
L’Allemagne & le Nord confomment beaucoup
de l’un & de l’autre gingembre. Nos Epiciers ache—.
tent volontiers le gingembre en nature, dont ils com-,
pofent une forte d’épices qu’ils nomment épice blanche
: mais les colporteurs ne vendent guere de poivre
où il n’y ait une partie de gingembre mêlée ; 3c
c’eft de-là que vient le bas prix auquel ils le donnent.
{D. J.)
G in g e m b r e , {M a t . m e d i ) on connoît fous ce nom
dans les boutiques une racine d’un goû t a c r e , brûlant
, d’une odeur forte affez agréable ; on eftime
celle qui eft ré c en te , blanche ou pâle & odorante ;
on rejette celle qui eft rongée des v e r s , qui eft pleine
de pou fîiere , & dont la fuperficie a été cou v erte
de bol ou de c ra ie , pour remplir les trous que les v er s
ont faits ; car elle y eft fort fujette. G e o ffro i, M a t .
m ed . On nous l’apporte dans deux é ta ts , fé ch é e, 3c
confite av ec le fucre.
Le gingembre féché entre dans les poudres des plus
anciens antidotes, tels que la thériaque , le mithri-
date, le diafeordium, dans les confections cordiales
, ftomachiques, & même purgatives, & dans tous
les anciens éle&uaires purgatifs : il eft employé dans
ces derniers comme un puiffant correctif des purgatifs,
félon l’idée des anciens. Voyeç Correctif.
On fait entrer aufli quelquefois le gingembre en
poudre dans diverfes préparations magiftrales, telles
que les opiates & les bols ftomachiques, cordiaux ,
& fur-tout dans les remedes deftinés à exciter l’appétit
vénérien & l’aptitude à le fatisfaire ; il eft très-
renommé pour cette derniere qualité, & les effets
qu’on lui attribue fur ce point font très-réels : on le
preferit quelquefois aufli à titre de carminatif : c’eft
un puiffant tonique & un véritable échauffant. Voy.
Échauffant G* T onique. C’eft pourquoi il faut
bien fe garder d’en permettre l’ufage à ceux qui ont
les folides tendus & irritables, où qui font fujets à
des hémorrhagies : on pourroit le donner feul en
fubftance depuis dix jufqu’à vingt grains dans les re