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cet amour de la frugalité bornant le défit d'avoir , à
l’attention que demande le néceffaire pour fa famille
, referye le fuperflu pour le bien de fa patrie.
Aufli *les fages démocraties en recommandant, en
établiflànt pour loi fondamentale, la frugalité do-
meftique, ont ouvert la porte aux dépenfes publiques
à Athènes & à Rome : pour lors la magnificence
naiffoit du lein delà frugalité meme ; & comme
la religion, ajoute M. de Montefquieu, demande
qu’on ait les mains pures pour faire des offrandes
aux dieux , les lois vouloient des moeurs frugales ,
pour que l’on pût donner à fa patrie. ( D . J. )
* F R U G IN A L , & F R U G U R M . , fregintal,
( Uyth. ) eft le nom d’un temple dédié à la Venus pudique
appellée Venus frugi ; 6c frugural, le nom
<l’un temple dédié à Jupiter. f ,
FRUIT, f. m. (Gram.) On appelle en general du
nom de fruits y tout ce que la terre produit pour la
nourriture des hommes 6c des animaux : ainfi les
grains, les herbes, les légumes, font des fruits.
Les fruits en particulier font la production des arbres
fruitiers, 6c la conclufion des opérations de la
nature qu’elle nous avoit fait entrevoir en nous donnant
les fleurs : ce n’eft d’abord qu’un bouton, qu’un
oeil; enfuite vient une branche, une fleur, enfin
un fruit, qui par le moyen d’une graine, d’un pépin
, d’un noyau, d’une amande, perpétue fon efpe-
ce à l’infini.
On remarque dans les fruits les mêmes parties ef-
fentielles que dans les plantes, lavoir les peaux &
membranes, les pulpes ou chairs, & les fibres ou
corps ligneux. y x
Les arbres à fruit diftingués d’avec les plantes a
fruit, fe divifent en fruits à pépins, à noyau, à coquille
, & à coffe épineufe.
Ceux à pépins ont plufieurs fleurs, 6c un pépin
formant un bouton , peut avoir 9 à 1 o fruits a chaque
bouton. Ils font compofés de quatre parties, la
peau, la pulpe, les fibres, & la capfùle. Voye^tous
ces mots à leur article. Les orangers, les citrons, 6c
les raiiins ont des pores plus remplis de liqueur, mais
ce font toûjours des fruits à pépins.
Les fruits à noyau viennent feuls à chaque bouton
, & ont les mêmes parties que ceux à pépins :
quant au noyau, il vient de la pulpe qui fe coagule ;
cinq groffes fibres s’étendent fur la furface du noyau,
dont une entre dans fon corps pour y nourrir 1 aman
de qui y eft fufpendue par fes peaux. ^
Ceux à coquille n’ont que trois parties : larobbe,
la coquille, 6c la moelle ; un grand nombre de fibres
entrent par la bafe dans la coquille ; une de ces fibres
nourrit la graine, paffe dans le centre de la bafe,
& va jufqu’à la pointe de la coquille à laquelle les
peaux de l’amande font attachées.
Les fruits à coffe épineufe, tels que les châtaigniers
6c les marrons d’Inde, viennent feuls ou plu-
fipnrc enfemble : ils font eux-mêmes la racine qui les
reproduit.
Les plantes à fruits font les melons, les courges,
les citrouilles, les concombres, les coloquintes, les
bonnets de prêtre. Ces fruits ont une écorce ou peau
chargée de verrues, ou de parties galeufes ; on trouv
e dans leur pulpe des loges remplies de femences ,
avec des amandes; plufieurs fibres font répandues
dans toute l’étendue du fruit.
Lesfiuits par rapport à leur chair, font caffans ou
fondans.
On diftingue encore les fruits d’été d’avec ceux
d’hyver; les fruits précoces d’avec les tardifs ; nous
avons encore les fruits rouges.
Il y a de groffes femences, comme les marrons
d’Inde, les châtaigniers, les amandes, les noifettes,
les faînes, les noix, les glands , que l’on appelle fruits,
parce qu’ils font agréables au goût. (K )
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F r u it , (Botan.) M . Linnæus diftingue dans les
fruits trois parties principales, qui font le péricarpe ,
la femence, & le réceptacle.
Le péricarpe, pericarpium, eft formé par le germe
; il grofîit & il renferme les petites femences ou
graines, mais il ne fe trouve pas dans tous les fruits.
Il y a huit efpeces de péricarpes : favoir la caplule,
la coque, la lilique, la gouffe, le fruit à noyau, la
pomme ou le fruit à pépin, la baie, 6c le cône. La
capfule, capfuldy eft compofée de plufieurs panneaux
fecs 6c élaîtiques, qui s’ouvrent le plus fouvent par
leur fommité lorfqu’ils font mûrs, 6c qui renferment
des graines dans une feule loge ou dans plufieurs ;
d’oîi viennent les dénominations des capfules uniloculaires
& multiloculaires. La coque, conceptaculum y
ne différé de la capfule qu’en ce que fes panneaux
font mous. La filique, Jîliqua, eft compofée de deux
panneaux qui s’ouvrent d’un bout à l’autre, 6c qui
font féparés par une cloifon membraneufe à laquelle
les petites femences font attachées chacune par un
cordon ombilical. La gouffe, legumen, eft un péricarpe
oblong a deux coffes affemblées en-deffus &
en-deffous par une future longitudinale ; les femences
font attachées alternativement au limbe fupé-
rieur de chacune de ces coffes. Le fruit à noyau,
drupa, eft compofé d’une pulpe charnue, molle 6c
fucculente, qui renferme un noyau. La pomme ou
fruit à pépin ypomum, a une pulpe charnue, au milieu
de laquelle les femences fe trouvent dans des enveloppes
membraneufes. La baie, bacca, a une pulpe
fucculente qui renferme les femences. Le cône,
flrobilus, eft compofé de plufieurs écailles appliquées
les unes contre les autres, 6c contournées par le haut.
Il y a deux fortes de femences, la graine 6c la
noix. La noix, nux, eft prefqu’aufli dure qu’un o s ,
6c renferme la véritable lemence. La graine, femen
eft le corps de la femence ; elle a différentes figures ,
6c on voit des graines qui ont une couronne. La couronne,
corona, eft fimple, ou difpofée en aigrette.
L’aigrette,pappus, eft compofée de rayons fimples
ou de rayons branchus comme une plume. Ces
rayons fimples ou branchus tiennent à un pédicule,
ou fortent immédiatement de la graine.
Le réceptacle ou placenta, receptaculum, eft la
partie qui (obtient la fleur ou le fruit, ou tous les
deux enfemble; il y en a de différentes figures. Flo•
rce par. Prodromus, pag. 44. & fuiv. ( ƒ)
Maniéré d’avoir de beaux fruits, (Jard.) Pour avoir
de beaux fruits, il faut détacher d’un arbre quelques
boutons lorfqu’ils ne font que noiier; le mois de
Mai eft le vrai tems de cette opération pour les pêches
6c abricots; & celui de Juin 6c de Juillet pour
les poires d’hyver 6c d’automne. On les détache du
trochet où il y en a plufieurs, en les coupant avec
des cifeaux par le milieu de la queue, 6c fur-tout
ceux qui font ferrés, comme les plus fujets à fe pourrir.
Les poires d’été, telles que la robine, la caffo-
lette, le rouffelet, nefe détachent point; elles nefe
nuifent point l’une à l’autre, ainfi que les prunes,
parce qu’elles font médiocrement» groffes ; quand le
fruit eft prefque mûr, ôtez des feuilles tout-autour
pour lui donner de la couleur 6c le faire mûrir. Cette
pratique ufitée à l’égard des pêchers, convient aufli
à plufieurs poires, telles que le bon chrétien d’hyv
e r , l’inconnue chéneau, &c.
Plufieurs fe fervent d’une feringue faite en arro-
foir à pomme, pour leur jetter de l’eau, ou les frottent
dans le grand foleil, ce qui certainement leur
donne de la couleur, mais diminue leur bonté, à ce
qü’on prétend. (K )
Fr u it ve rreu x , (Hifl. nât.') c’eft le nom qu’on
donne au fruit qui a été attaqué, habité, rongé,
mangé par des vers, chenilles, fauffes chenilles, ou
autres infeftes.
F R U
Les infe&es qui fe trouvent dans les fruits mûrs ou
non mûrs de nos arbres fruitiers, dans les poires, les
pommes, les prunes, les cerifes, &c. font généralement
nommés des vers, & par cette raifôn on appelle
les fruits où ils font logés, des fruits verreux;
mais s’il y a de ces infe&es qui font des vers, c’eft-
à-dire qui fe doivent transformer en mouches, ou en
fearabées, il y en a , & en grand nombre, qui deviennent
de vraies chenilles, dé fauffes chenilles, .
&c. Les prunes, par exemple, font très - fujettes à
être verreufes, par une efpecede fauffe chenille qui
croît dans leur intérieur.
Les années où il y a le moins de fruit, font celles
où l’on fe perfuade qu’il y en a le plus de verreux, 6c
on ne manque pas de s’en plaindre. Quoique la quantité
des vers & des chenilles ne foit pas plus grande
dans ces années ftériles en fruits que dans des années
abondantes ; fi elle eft la même, fi la caufe qui a fait
périr 1 es fruits, n’a point diminué le nombre des mouches
6c des papillons, dont les petits doivent croître
dans les fruits, le nombre des vers 6c des chenilles,
des fruits doit paroître plus grand, quoiqu’il ne le
foit pas réellement ; il l’eft proportionnellement à la
quantité des fruits de cette année.
Il y a telles efpeces de fruits, de cerifes, par exemple,
où l’on trouve communément l’infeôe loge dans
l’intérieur, 6c tel autre fruit, comme la poire, où
on le rencontre rarement, parce qu’il en eft forti
avant qu’on la cueille. De plus, il y a tels infeâes
qui dénichent de bonne heure du fruit, & tels autres
qui y font un très-long féjour.
Les chenilles des pommes, des poires, des prunes,
6c de divers autres fruits, ne s’y tiennent que
tant qu’ elles ont befoin de manger, 6c elles les quittent
quand le tems où elles doivent fe transformer en
chryfalides approche. Lorfque le fruit verreux tomb
e , ou eft prêt à tomber, la chenille en eft ordinairement
fortie, ou eft prête à en fortir.
Quand Cette chenille a pris tout fon accroiffe-
ment, quand le tems de fa métamorphofe approche,
on voit quelque part fur le fruit un petit tas de grains
rougeâtres ou noirs ; il n’eft perfonne qui n’ait vû
cent fois ces petits tas de grains, dont nous parlons,
fur des pommes, fur des poires, 6c fur plufieurs autres
de ces fruits, qu’on appell e verreux ; c’eft mêrrfe
ce qui fait connoître qu’ils le font. Dans d’autres,
au lieu de ces petits tas de grains, on voit un petit
trou bordé de noirâtre ; les grains font tombes alors,
6c l’ouverture par laquelle ils font fortis de 1 inte-
rieu’-.dti fruit, eft à découvert. O r on demande quelle
eft la caufe de cette bordure externe, 6c de cet amas
de grains rougeâtres ou noirs qu’on trouve prefque
toûjours dans l’intérieur des fruits verreux. Les Phy-
ficiéns répondent que cette bordure 6c ces grains ne
font autre chofe que des excrémens de la chenille ;
ordinairement les excrémens reftent dans le fruit où
l’infe&e a féjourné, mais quelquefois il s’en trouve
des tas au-dehors ; ce dernier cas arrive lorfque la
chenille qui s’eft tenue vers le centre du fruit, s’ouvre
un chemin jufqu’à fa circonférence ; alors elle
entretient ce chemin ouvert, 6c vient pendant quelques
jours de fuite jetter fes excrémens à l’endroit .
où le trou fe termine. (D . J .)
F r u i t , ( art de conferver le) Economie rufliq. Une
maniéré de conferver les fruits toute l’année fans les
gâter, a été communiquée par le chevalier South-
well, comme il fuit. Prenez du falpetre une liv re ,
bol ammoniac deux livres, du fable ordinaire bien
net quatre livres : mêlez le tout enfemble, enfuite
cueillez votre fruit de toute efpece avant ion entière
maturité, 6c avec.la queue de chaque fruit; mettez
ce fruit régulièrement & fymmétriquement un
par un, dans un grand vaiffeau de verre large par le
haut ; fermez la bouche du vaiffeau d’un papier hui-
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lé ; portez ce vaiffeau dans un lieu fec; placez-le
dans une caiffe garnie de la même matière préparée ,
qui ait quatre pouces d’épaiffeur ; remplifl'ez le refte
de la caiffe de la fufdite préparation, 6c qu’elle couvre
de deux pouces l’extrémité du vaiffeau: alors on
pourra tirer le fruit au bout de l’an, aufli beau que
quand ou l’a enterre. Nous indiquerons une autre
méthode générale pour la confervation du fruit au
mot POIRE. Voye^l'article Frulen. (D . ƒ.)
Fr u it s s e c s , Economie rujiiq.) c eft le nom qu’ on
donne aux fruits à noyau 6c à pépins, que l ’on
fait fé che rau four ou au fo le il, comme prunes, cer
ife s , pêches, ab r ico ts , po ire s, pomme s, figu e s ,
& raiiins.
Toutes fortes de prunes peuvent être féchées; on
les cueille dans leur entière maturité, on les range
fur des claies, on les met au four lorfque le pain en
eft tiré : on les tourne, on les change de place, 6c on
les ferre après qu’elles font refroidies; c’eft la même
méthode par rapport aux cerifes.
Pour fecher les pêches, on les cueille d’ordinaire
à l’arbre, on les porte au four pour les amortir, en*
fuite on les fend promptement avec un couteau : on
en ôte le noyau, on les applatit fur une table, on les
reporte au four ; 6c lorfqu’on juge qu’elles font affez
féchées,on les retire, on les applatit encore, & o n les
conferve dans un lieu fec.
Pour les abricots, on les cueille lorfqu’ils font
bien mûrs ; 6c au lieu de les ouvrir comme les pêches
pour en ôter le noyau, on fe contente de re-
poufler le noyau par l’endroit de la queue, qui lui
lert de fortie. Les abricots reliant ainfi entiers , on
les applatit feulement fans les ouvrir, & on les fe-
che comme les pêches.
Pour faire fécher les poires, on les coupe en quartiers
,' on les pelle, & on les porte au four ; ou bien ,
fans qu’il foit befoin de les couper, on les pelle entières,
obfervant d’y laiffer les queuesrenfuite on les fait
bouillir dans quelque vaiffeau avec de l’eau : alors on
fe fert de leur peau pour les tremper dans leur jus;cela
fait, on les tire de leur jus, puis on les met au four
fur des claies, de la même maniéré qu’on fe conduit
pour les prunes.
Les pommes, à la différence des poires, fe fe-
chent fans être pelées, en les coupant par la moitié
après leur avoir ôté le trognon ; on les fait bouillir
afin d’en tirer le jus, & y tremper celles qu’on defti-
ne pour fécher.
Les raifins fecs, & fur-tout les mufeats, font très-
agréables à manger. On les met au four fur une claie
pour les faire fécher, en prenant garde que la chaleur
du four ne foit trop âpre, 6c en oblervant de
tourner les raifins de tems e n tems , afin qu’ils fe-
chent également.
Les figues dont on a parlé ailleurs, fe fechent comme
les prunes. Le commerce de tous les fruits fecs eft
confidérable pour les pays chauds ; 6c on comprend
dans la lifte dés fruits fecs les amandes, les avelines ,
les câpres même, 6c les olives, quoique ces deux derniers
fe confervent dans de la làumure. (D . /.)
Fr u it s , ( Diete.) les auteurs tant anciens que modernes,
qui ont écrit fur les alimens, nous ont donné
fur les propriétés communes des fruits, des généralités
fi vagues, qu’on ne peut puifer dans ces ouvrages
aucune connoiffance politive fur cette matière.
Lemery les a bannies très-fagement de fon traité des
alimens, qu’il commence prefque par un chapitre
particulier fur les fraifes.
En effet nous ne connoiffons guere d’autres qualités
communes entre plufieurs efpeces d ^fruits , que la
qualité très énergique d’aliment végétal (voye% Muq
u e u x & N o u r r is s a n t ) . Une pomme, une amande
, une figue, une châtaigne, une o live, fis reffem-
blent aufli peu qu’un fruit quelconque, &c une racine