mélanges de matières vifqueufes ; alors les gôrrtntes
que certains arbres fournifl'ent abondamment, 6c
qui par leur tranfparence ne peuvent altérer les
nuances des couleurs, fe font offertes naturellement
pour cet ufage.
La gouache n'eft antre chofeque cet apprêt fim-
ple des couleurs broyées , délayées dans de l’eau ,
que l’on charge plus ou moins d’une diflolution de
gomme. On employé les couleurs ainfi préparées
fur toutes fortes de corps,principalement fur la toile,
le vélin , le papier, l’y voire, &c. On fe fort communément
de la gomme arabique, que l’omfait fondre
dans l’eau commune , comme on fait pour peindre
en miniature ; & après avoir proportionné le
mélange de la gomme avec les différentes couleurs,
on couche ces couleurs en les empâtant, & en leur
donnant, du-corps, ce qui n’a lieu, ni dans le lavis ,
comme je le dirai, ni dans la miniature. Il eft aes
couleurs qui demandent à être plus gommées les
unes que les autres ; l’expérience donnera des réglés
à cet égard ; & les inconvéniens qu’il faut éviter
ferviront à les établir. Ces inconvéniens font
que les couleurs qui ne font point affez gommées ,
le diffipent lorfqu’elles font feches , 6c qu’elles s’évaporent.
Elles s’écaillent, fe fendent, & fe détachent
par morceaux lorfqu’elles font trop gommées :
des effais faciles à faire inftruiront mieux que tout
ce qu’on pourroit dire à ce fujet. La gouache eft très-
propre à peindre lepayfage d’après naiure ; elle fort
aufîi à faire des elquiffes colorées pour de grandes
eompofitiôns, &c. Cette maniéré eft prompte 6c
expéditive, elle a de l'éclat ; mais on doit fur-tout
éviter., en la mettant en ufage, une féchereffe qui
dans cette efpece de travail, doit provenir de la
promptitude avec laquelle les couleurs fe fechent.
L ’artifte qui n’a pas toujours le tems néceffaire pour
dégrader fes teintes, pour fondre fos nuances, 6c
pour-accorder Ion ouvrage, laiffe échapper des touches
-dures , & des pafl'ages de tons trop marqués.
La miniature dans l’ufage de laquelle on cherche à
éviter <cet inconvénient, en pointillant, comme je
le dirai, tombe afl'ez fouvent dans un défaut contraire
; & il eft aufli commun de voir des gouaches
trop dures, que des miniatures dont la maniéré eft
trop molle. Voye^ Lavis, Miniature, &cm
EJl modus in rebus ,funt certi de ni que fines ,
Quos ultra citraqne nequit confiflert rectum.
Article de M . WATELET.
GOUALIAR, ( Giogr.) ville du Mogoliftan ; les
voyageurs en écrivent le nom de cinq ou fix maniérés
différentes, comme Goualear, Gualiar, Guadeor,
'Goualor, Goualeor6c Gualcor. V. GuALEOR. (JD.ƒ.)
GOUBLE AUX AINS ; terme de pêche, ufité dans
le reifort de l’amirauté de Poitou ou des Sables d’O-
lonne; forte de planche entaillée fur laquelle les pêcheurs
de cereffort arrangent leurs ains ou hameçons.
Les cordes des lignes aux hameçons des pêcheurs
font de trois efpeccs ; la première a les ains, claveaux
ou hameçons de la même groffeur que ceux
qui fervent aux pêcheurs de Dieppe, pour la pêche
des raies, aux groffes cordes, à la côte d’Angleterre
; ils fervent ici à prendre des pofteaux , groffes
raies, des tives, 6c des chiens ou touiles à Bayonne,
au cap Breton, & au vieux Boucane. On fait cette
pêche durant les mois d’Avril & Mai, & n\ême durant
l’é té , fi la pêche des fardines n’eft pas favorable
; on met ces ains dans l’ouverture d’un morceau
de bois fendu, fur la longueur duquel on les difper-
fe ; on nomme ces morceaux de bois gouble : chaque
gouble a quarante ains ; & un bateau a ordinairement
vingt-fept à vingt-huit goubles. Les ains font
parés 6c frappes fur la ligne ou corde, de braffe-en-
praffe. Les femmes qui préparent ces goubles amorèent
les ains avec de la chair de fardine fraîche pen-'
dant la faifon, & dans l’hy ver avec les fardines falées.
La deuxieme efpece eft iemblable aux ains dont on fe
fort pour la pêche des merlans dans le canal de la
Manche ; & la troifiemc qui a des ains plus petits, les
a comme on les employé dans la pêche des foies.
G O U D A , Gondce ou Tcrgow , (Géogr.) ville con-
fiderable de la Hollande méridionale, remarquable
par fon églife cathédrale & par fos éclufes. Elle eft
fur l’Iffel, au confluent de la petite riviere de G ow ,
à trois lieues de Rotterdam, cinq de Leyde. Long.
2.2... 12. latit. J z . 2 .
Cette ville eft la patrie de quelques gens de lettres
, entre Jefquels je peux nommer Schonæus
(Corneille) , & Hartfoëker (Nicolas.) Le premier
s’eft diftingué dans fon pays par des comédies fain-
te s , où il a tâché d’imiter le ftyle de Térence. Il
eft mort en i 6 i i à 71 ans. Le fécond eft connu de
tous les Phyficiens par fes ouvrages en ce genre ;
fon éloge eft dans Yhifl. de l'acad. des Sc. Il eft mort
àUtrecht le 10 D éc. 1725, âgé de 69.ans. (D . J . )
GOUDRON , f. m. ( Hifi. nat. Chimie, & M at.
mid. ) fubftance réfineufe noire, d’une confiftance
molle 6c tenace, d’une odeur forte, balfamique ,
& empyreumatique, qui porte dans les traités de
drogues, outre le nom de goudron, ceux de brai liquide
y de tare , de goudran , de poix noire liquide ,
de poix liquide, & quelquefois de poix navale, p ix
navalis , piffa. Voye{ P o ix .
On la retire par une efpece de liquation ou de
diftillation, per defeenfurn, exécutée dans un appareil
en grand, des arbres réfineux de notre pays.; du
p in , du fapin, du meleze, &c. Ces procédés font
décrits à l’article Pin. Voyeç cet article. Pomet avance
fans fondement que le goudron découle par inci-
fion avec fa couleur noire, des troncs des vieux
pins dépouillés d’écorce. Voye^ Pin.
Le goudron a été mis par les anciens pharmacologue
s au rang des médicamens, auffi-bien que tous
les produits réfineux, foit naturels, foit artificiels ,
des arbres conifères. Celui-ci peut, comme toutes
les autres matières balfamiques 6c réfineufos, fournir
un ingrédient utile aux emplâtres agglutinatifs ,
& fi l’on veut même aux emplâtres 6c aux onguens
refolutifs ; mais on préféré ordinairement les fub—
ftances analogues qui n’ont éprouvé aucune altération
par le feu ; cette qualité de fubftance altérée
par le feu , & plus encore un vice plus ré e l, fa grande
ténacité ou vifeofité ont banni le goudron de l’ordre
des médicamens deftinés à l’ufage intérieur ; en-
forte que ce n’étoit plus un remede parmi nous,
lorfque nous apprîmes des peuples du nouveau monde
à en retirer une infufion à froid, qui fut fort employée
il y a quelques années, fous le nom à’eau de
goudron, 6c que nous avons abfolument abandonnée
aujourd’hui, peut être fans raifon , & par pure
inconftance : car quoiqu’il foit très-vraiffemblable
que l’eau de goudron a dû principalement fa vogue
au nom du célébré George Berkeley, évêque de
Cloyne, qui nous a fait connoître ce remede, 6c
plus encore au fingulier ouvrage dans lequel il a publié
fes vertus : quoiqu’il ne faille pas croire que l’eau
de goudron eft un remede fouverain contre toutes
les affefrions cacheftiques, rhumatiques, arthritiques
, feorbutiques, catarrhales, vénériennes, ædé-
mateufes, éréfypélateufes, mélancholiques, hyftéri-
ques, &c. qu’elle produifc des effets merveilleux
dans l’hydropifie, les coliques, les douleurs néphrétiques
, les fleurs blanches, les pleuréfies, les péri-
pneumonies , les afthmes, les obftruftions des vif-
ceres , les hydropifies, les dyffenteries, les ulcérés
des reins, des poumons, des inteftins, de la matrice
, les maladies de la peau, la foibleflè de l’efto-
mac, fos fievres intermittentes, continues, malignes.
gnes, les incommodités auxquelles font particulièrement
fujets les gens de mer, les femmes, les gens
de Lettres, 6c tous ceux qui mènent une vie féden-
taire ; qu’elle foit un préforvatif affûré contre le v enin
de la petite vérole 6c des autres maladies éruptive
s, contre les maladies des dents 6c des gencives
, &c, & extérieurement en lotion, en bain, en
inje&ion , dans les ulcérés putrides , rébelles, la
galle, les dartres, la paralyfie, les rhumatifmes, &c.
Quoiqu’on ne doive pas craindre , avec le traducteur
de l’ouvrage de Berkeley, de ne pas avoir qualifié
ce remede affez honorablement, lorfqu’on l’a
appellé un fpécifique merveilleux ; il eft certain
cependant que l’eau de goudron n’eft pas un fe-
cours à négliger dans le traitement de plufieurs maladies
de l’eftomac, dans les embarras des reins 6c
des voies urinaires, les maladies de la p e a u le s fup-
preffions des réglés , les affeftions ædémateufes, 6c
peut-être même dans les maladies véritablement putrides
ou gangréneufes, dans les amas bilieux, les
maladies feorbutiques, &c.
Pour faire l’eau de goudron, « verfoz quatre pin-
» tes d’eau froide fur une de goudron, puis remuez-
» les 6c les mêlez intimement avec une cuilliere de
» bois ou un bâton plat, durant l’efpace de cinq à
» fix minutes ; après quoi laiffez repofor le vaiffeau
» bien exactement fermé pendant deux fois vingt-
» quatre heures, afin que le goudron ait le tems de
>» fe précipiter. Enfuite vous verforez tout ce qu’il y
» a de clair, l’ayant auparavant écumé avec foin
» fans remuer le vaiffeau , & en remplirez pour vo-
» tre ufage des bouteilles que vous boucherez exa-
» élément, le goudron qui refte n’étant plus d’aucune
» vertu, quoiqu’il puiffe encore fervir aux ufages
» ordinaires.. . . Moins d’eau , ou l’eau plus battue,
» rend la liqueur plus forte ; 6c au contraire. Sa cou-
» leur ne doit pas être plus claire que celle du vin
» blanc de France, ni plus foncée que celle du vin
» d’Efpagne ».
, Recherches fu r les vertus de l'eau de goudron , traduites
de Vanglais duJieur Berkeley. La dpfe de cette eau
varie félon l’âge, les forces du malade, l’indication
à remplir, &c. La réglé la plus générale pour les
adultes, c’eft d’en prendre depuis une demi-livre
jufqu’à une livre, & même jufqu’à deux livres tous
les jours, le matin à jeun , 6c lefoir ou l’après-midi
plufieurs heures après le repas, à chaud ou à froid,
félon l’état de l’eftomac, le goût du malade, & c.
Berkeley dit que fon eau de goudron eft en même
tems un fa von 6c un vinaigre. Cartheufor nous apprend
fa compofition d’une maniéré plus pofitive :
félon cet auteur, l’eau de goudron eft chargée d’une
fubftance réfineufo, gommeufo, rejîna gummea, qui
fe manifefte non-feulement par l’odeur, lé goût, 6c
la couleur qu’elle donne à l’eau, mais encore par
la diftillation ( c’eft cette fubftance que le doéleur
Berkeley appelle favori) ; 6c de quelques parties acides
qui font fenfibles au goût, 6c qui donnent à l’eau
la propriété de rougir lè firop de violette, &ç de faire
effervefcence avec les alkalis ; c’eft-là le vinaigre de
Berkeley.
- Cartheufor admet encore dans cette eau des parties
qu’il appelle oleo fpirituofa balfamicæ : cette ex-
preffion ne défigne aucun être chimique bien déterminé
; elle peut convenir cependant au principe de
l’odeur qui eft fort abondant dans l’eau de goudron.
L’acide dont elle eft chargée, eft un produit de la
décompofition qu’a éprouvé la réfine qui s’eft changée
en goudron dans l’opération par laquelle on prépare
cette derniere fubftance , comme il arrive dans
î’analyfe par le feu de toutes les fubftancés balfami-
ques & réfineufos. k'oye^ Résine. ( b )
GOUÊ ou G O U E T , f. m .pan. ni les Marchands de
bois, eft une groffe forpe dont les Flotteurs fe fervent
Tome V I I .
pour faire les coches de leurs chantiers & autres»
Les Bûcherons ont la même forpe pour couper leur
bois, & les Vignerons pour aiguifor leurs échalats.
GOUEL ( le ) Gêog. petite riviere des Indes, dans
les états du M ogol, au pays de Raïa-Rotas. Elle a fa
fource aux confins du royaume de Bengale dans les
montagnes ; 6c apres un long cours, elle va fé perdre
dans le Gange. Le gouel produit des diamans >
mais rarement de gros ; cependant Tavernier vous
indiquera comment chaque année, fept ou huit mille
perfonnes de tout foxe & de tout âge fe rendent des
lieux voifins, pour en faire la recherche enfomble;
je dirai feulement, que c’eft de cette riviere que
viennent toutes les belles pointes, qu’on appelle
pointes naïves ( D . J . )
GOVERNOLO ou GOVERNO, ( Gêog. ) petite
place d’Italie dans le Mantoiian, fur le Mincio, près
du Po , à 5 lieues S. E. de Mantoue, 5 N. O. de la
Mirandole. On croit que c’eft YJmbuleyus ager des
anciens, & alors il étoit de la Vénétie. Ce lieu eft
connu dans l’Hiftoire par l’entre-vûe du pape faint
Léon avec Attila ; entre-vûe qui nous a procuré un
chef-d’oeuvre de Raphaël, (£ > .ƒ .)
GOUESMON , f. m. ( Marine. ) voye^ VARECH.
GOUFFRE, f. m. ( P h y fi) [esgouffres ne paroif-
fent être autre chofe que des tournoyemens d’eau
caufés par l’aâion de deux ou de plufieurs courans
oppofés ; l’Euripe fi fameux par la mort d’Ariftote ,
abforbe 6c rejette alternativement les eaux fept fois
en vingt-quatre heures ; ce gouffre eft près des côtes
de la Grece. Voyc^ Euripe. Le Carybde qui eft près
du détroit de Sicile, rejette & abforbe les eaux trois
fois en vingt-quatre heures : au refte on n’eft pas
trop fûr du nombre de ces alternatives de mouvement
dans ces gouffres.
Le plus grand gouffre que l’on connoiffe, eft celui
de la mer de Norvège ; on affûre qu’il a plus de vingt
lieues de circuit : il abforbe pendant fix heures tout
ce qui eft dans fon voifinage, l’eau, les baleines, les
■ vaiffeaux, 6c rend enfuite pendant autant de tems
tout ce qu’il a abforbé.
Il n’eft pas néceffaire de fuppofer dans le fond de
la mer des trous 6c des abyfmes qui engloutiffent continuellement
les eaux, pour rendre, raifon de- cés
gouffres ; on fait que quand l’eau a deux direûîons
contraires, la compofition de ces mouvemens produit
un tournoyement circulaire, 6c femble former
un vuide dans le centre de Ce mouvement, comme
on peut l’obferver dans plufieurs endroits auprès dès
piles qui foûtiennent les arches des ponts, fur-tout
dans les rivières rapides : il en eft de même des gouffres
de la mer, ils"font produits par le mouvement
de deux ou de plufieurs courans contraires ; 6c comme
le flux & le reflux font la principale caufe des
courans , enforte que pendant le flux ils font dirigés
d’un côté, 6c que pendant le reflux ils vont en fons
contraire , il n’eft pas étonnant que les gouffres qui
réfultent de ces courans, attirent 6c engloutiffent
pendant quelques heures toùt ce qui les environne,
6c qu’ils rejettent enfuite pendant tout autant de tems
tout cè qu’il'S ont abforbé. Voye£ CouranS.
Les gouffres ne font donc que des tournoyemens
d’eau qui font produits par dès courans oppofés, 8t
les ouragans ne font que des tourbillons ou rournoye-
mens d’air produits pardés vents contraires ; ces ouragans
font communs dans la mer dè la Chine & du
Japon, dans celle des îles Antilles, 6c plitfiëUrs endroits
de la mer, fur-tout auprès désferres avancées
& des côtes élevées ; mais ils font encore plus fré-
quens fur la terre, 6c les effets en font" quelquefois
prodigieux. « J’âi v û , dit Bellarmin ( je ne le croi-
» rois pas fi je ne l’euffe pas vu) , une foffè énorme,
>> creulée par le v ent, & toute la terre de cette foffè
» emportée fur un village ; enforteqüe l'endroit d’où