sie G N O G N O
■ dans les quinze derniers jours d’A v r il, le foleil -eft
«beaucoup plus haut que dans les quinze derniers de
Septembre ; il en eft ainft des autres mois.
La Gnomonique eft entièrement fondée fur le moiir
“vement des corps célelles , &c principalement fur
'celui du foie i l , ou. plutôt fur le mouvement jpurna-
Jier de la terre : de forte qu’il eft néceffaire d’avoir
-appris les élémens des fphériques & i’aftronomie
iphérique , avant que de s’appliquer à la théorie de
la Gnomonique.
Cia vins cil le premier parmi les modernes, qui
ait fait un traité exprès fur la Gnomonique ; il en dé-
•montre toutes les opérations fuivant la méthode_ ri-
tgoureufe des anciens géomètres, mais d’une maniéré
allez compliquée.Déchales & Ozanam ontdonnédes
.méthodes beaucoup plus aifées dans leur cours de
Mathématiques, auffi-bien que W olf dans fes élémens.
M. Picard a donné une nouvelle méthode de faire de
.grands cadrans, en calculant les angles que doivent
..former, entre elles les lignes horaires ; & M. de la
Hire, dans fa Gnomonique imprimée en 1683, donne
une méthode géométrique de tracer des lignes horai-
raires au moyen de certains points déterminés par
obfervation. Welperus en 1615, publia fa Gnomoni-
quey dans laquelle il expofe une maniere.de tracer les
'cadrans de la première efpece, c’eft-à-dire qui ne
font ni inclinans ni réclinans : cette méthode étoit
;fondée fur un principe fort aifé. Ce même principe
æH expliqué au long parSéballien Munller, dans les
-rudimentamathemaùca, publiés en 1651. Sturmius en
,16 7 1 , publia une nouvelle édition delà Gnomonique
de V elperus, à laquelle il ajouta une fécondé partie
en entier fur les cadrans inclinans & réclinans, &c.
•En 1708 on réimprima ce même ouvrage avec les additions
de Sturmius; & on y ajouta une quatrième
partie qui contient les méthodes de MM. Picard &
de la Hire, pour tracer de grands cadrans; ce qui com-
pofe un des meilleurs ouvrages & des plus complets
-que nous ayons fur cette matière. Wolfltk Chambers.
M. Rivard, profeffeur de Philofophie en l’univer-
fité de Paris, & M. Deparcieux, membre des académies
royales des Sciences de Paris, de Berlin & de
'Montpellier, nous ont donné chacun prefque dans le 1
..même tems, en 174 1 t un traité de Gnomonique : ces
deux ouvrages peuvent être fort utiles à ceux qui
-voudront apprendre facilement les principes de cette
fcience. On peut auffi confulterBion, dans fes uflages
-des inflrumens de Mathématique.
Comme nous avons donné au mot C adran la méthode
de tracer les cadrans, qui eft le principal objet
de la Gnomonique y nous n’en dirons pas ici davantage
: nous nous contenterons d’obferver que de tou^
îes cadrans, le cadran horifontal eft celui qu’on peut
tracer le plus facilement & le plus exattement, mais
que le cadran vertical a un avantage , c’eft que les
lignes y font moins fujettes à être effacées par les
pluies, à caufe de la.pofition verticale du mur du
cadran; quoique d’un autre côté la déclinaifon du
mur rende la conftruélion de ces fortes de cadrans
plus difficile que celle des cadrans horifontaux. Voy.
•Déc linaison. Les cadrans équinottiaux ou parallèle^
à l’équateur, peuvent auffi avoir leur utilité ,
&C font d’une defeription plus fimple que tous les autres
; toute, la difficulté iè réduit à bien placer le
plan du cadran. A l’égard des autres cadrans , ils
.font plus cürieux qu’utiles.
Gn om o n iq u e , pris adjettivement, fe dit de tout
£e qui appartient à la Gnomonique & aux gnomons.
Koye^ ces mots.
, Ainft on dit colonne gnomonique , pour lignifier les
gnomons ou obélifques des, anciens , voye^ Méridien
-ypolyhedre gnomonique , pour fignifier un poly-
hedre lur les différentes furfaces duquel on a tracé des
«atlraas, &c. (O)
GNOSÏM AQUES ÿf. m. pi. {Hiß. eccléflàfl.) nötft
de fette hérétiques qui fe déclarèrent ennemis de
toutes .les. eonnoiffances'recherchées de la religion.
.Ce mot eft grec >1 ’a<npÂ%oçy c ’eft-à-dire ennemi de la
f a§ cj] e > des connoijfanccs.
b. Jean Damaicene dit que les gnoflmaques étoient
des gens oppofés à toute la gnoj'e du Chriftianifme,
qui difoient que c’étoit un travail inutile dé chercher
des gno/es dans les faintés Ecritures ; que Dieu
ne demandoit autre chofe du chrétien que de bonnes
oeuvres ; qu’il étoit donc beaucoup mieux de
marcher avec beaucoup plus de fimplicité, & de ne
point chercher avec tant de foin tous les dogmes concernant
la vie gnoftique.
Quelques auteurs prétendent que ce mot a un fens
plus particulier,& qu’il fignifioit dans les premiers fie»
cles de l’églife à-peu-près ce que nous appelions /pi-
ritualité; & la vie gnoftique, ce que nous nommons
la vie flpirituelle. Voy. G N O ST IQ U E S . Ainft les Gnoßmaques
étoient des ennemis des fpiritualités, de la vie
fpirituelle, qui vouloient qu’on le contentât de faire
de bonnes oeuvres tout limplement, & qui blâ-
moient les exercices de la vie fpirituelle, & ceux
qui cherchaient à fe perfectionner par des méditations,
des connoiffances plus profondes de la doctrine
& des myfteres de la religion, & des exercices
plus fublimes & plus recherchés. Foye{ My s t iq u e .
Diclionn. de Trévoux & Chambers. (G.)
GNOSSE, Gnoßus, Cnoßus, {Géog. anc.') ville de
Crete célébré dans l’antiquité ; elle fut jadis la capitale
du royaume de Minos, & le propre lieu de fa ré-
fidence, quand Crete avoit le bonheur de vivre fous
fon empire. Gnoße étoit entre Gortyne & Lycétus
fur la petite riviere de G inoffe, appellée par les anciens
Ceratus, dont Strabon dit qu’elle prit d’abord le
nom. La table de Peutinger met Gno/osk x xm . m .‘
P. de Gortyne vers,l’orient.
Quelques-uns cherchent aujourd’hui Gnoße à Caf-
tel-Pédiada ; & d’autres, avec plus de vrailfemblan-
c e , à Ginofa : ce font au refte deux petits villages de
l’île. de Candie, affez voifins ; mais ils n’ont plus l’un
ou l’autre d’Epiménide ; ce célébré poète philöfo-
phe, natif de Gnoße, & que Platon appelle un homme
divin, ne-fe réveillera plus ; s’il n’a voit pas commerce
avec les dieux, du - moins fa fageffe porta le
peuple à fe le perfuader. Les Athéniens affligés de la
pefte, lui envoyèrent des députés pourle prier de venir
les foulager; il fe tranfporta chez eux, expia la
ville avec des eaux luftrales,.lia une étroite amitié
avec Solon, inftruifit ce légiflateur des moyens les
plus propres à bien gouverner, &: retourna dans fa
patrie , après avoir refufé les préfens d’Athènes
{D . J .)
GNOSTIQUES , f. n i . pl. {Hiß. ecclèf.) anciens
hérétiques qui ont été fameux dès les premiers com-
mencemens du Chriftianifme , principalement dans
l’orient.
Ce mot gnoflique vient du latin gnoflictiSy & du
grec yvuç-Uoi, qui fignifie / a v a n t , éclairé, illum in é ,
J p ir itu e l, de yivumo, j e connois.
Ce mot gnoßtque , qui fignifie / a v a n t , avoit été
adopté par ceux de cette fette, comme s’ils avoient
euxfeuls la véritable connoiffance du Chriftianifme.
Sur ce principe, ils regardoient les autres chrétiens
'comme des gens Amples & groffiers qui expliquoient
les livres facrés d’une maniéré baffe & trop litté—
raie. , . . -
C’étoient d’abord des philofophes qui s’étoient
formé une théologie particulière fur la philofophie
de Pythagore & de Platon, à laquelle ils avoient accommodé
les interprétations de l’Ecriture.
Mais ce nom d e gnoflique devint dans la fuite un
nom generique que l’on donna à plufteurs hérétiques
du premier fiçclç} qui different entre eux fur certaines
G N O
ces cîrcoriftances, étoient néanmoins d’accord fu'f 'v
les principes : tels furent les Valentiniens.<, les Simo- |
niens, les Carpoçratiens, les Nicolaïtès, & autres
hérétiques.
Quelquefois c’eft un nom particulier que l’on donne
au xfucceffeurs des premiers Nicolaïtès & des premiers
Carpoçratiens qui parurent dans le fécond fie-
cle , & quittèrent lé nom des aujeiirs de leur fette.
F o y e [ Carpoçratiens , & c.
Ceux qui voudront apprendre à fond leur dottri-
ne & leurs vifions, n’ont qu’à confulter S. Irénée ,
Tertullien) Clément d’Alexandrie, Origene, & S.
Epiphane, & fur-tout le premier, qui a rapporté au
long leurs fentimens qu’il réfute en même tems.
Quoique S. Irénée parle plus en détail des Valentiniens
que des autres Gnofiiques , on trouve cependant
dans fes ouvrages les principes généraux fur
lefquels ces hérétiques établiffoient leurs fauffes opinions,
& la méthode qu’ils fuivoient en expliquant
l’Ecriture ; il les accufe d’avoir introduit dans la religion
de vaines & ridicules généalogies, c’eft-à-dire
de certaines émanations ou proceffions divines, qui
n’ont d’autre fondement que leur imagination. Voy.
Eons.
En effet les Gnofliques avoiioient que ces émanations
n’étoient point expliquées clairement dans les
livres facrés ; mais ils difoient en même tems que
J. C. les y avoit indiquées myftiquement fous des
paraboles à ceux qui pouvoient les comprendre.
Ils n’appuyoient pas feulement fur les évangiles &
fur les épîtres de S. Paul leur fauffe théologie, mais
encore fur la loi de Moïfe & fur les prophètes. Comme
il y a dans ces derniers plufteurs paraboles ou allégories
qui peuvent être interprétées différemment,
ils s’en fervoient avec adreffe pour cacher plus facilement
l’ambiguité de leurs interprétations.
Ils faifoient grand fond fur le commencement de
l ’évangile de S. Jean , oit ils prétendoient trouver
une partie de leurs émanations, parce qu’il y eft parlé
duVerbe!, delà v ie , de la lumière, & de plufteurs
autres chofes qu’ils expliquoient félon leurs idées :
ils diftingpoient auffi trois fortes d’hommes, le matériel,
l’animal, & le fpirittiel. Us divifoient pareillement
la nature en trois fortes d’êtres, en hylique
ou matériel, en pfychique ou animal , & en pneumatique
ou fpirituél.
Les premiers hommes , qui étoient matériels &
incapables de connoiffance, périffoient félon le corps
& félon l’arne ; les fpiritueis, au contraire, tels que
fe difoient les Gnofliques, étoient tous fauvés naturellement,
fans qu’il en pérît aucun. Les pfychiques
ou animaux , qui tenoient le milieu entre les deux
ordres, pouvoient fe fauver ou fe damner, félon les
bonnes ou mauvaifes attions qu’ils faifoient.
Le nom de Gnoflique fe prend quelquefois en bonne
part dans les anciens écrivains eccléfiaftiques,
principalement dans Clément d’Alexandrie,qui décrit
en la perfonne de fon gnoflique, les qualités d’un
parfait chrétien, dans le leptieme livre de fes firo-
mates, où il prétend qu’il n’y a que le gnoflique ou
l’homme favant qui ait une véritable religion ; il af-
fure que s’il fe pouvoit faire que la connoiffance de
Dieu fût féparée du falut éternel, le gnoftique ne fe
feroit pas un fcrupule de préférer la connoiffance ;
& que quand même Dieu lui promettroit l’impunité
s’il agiffoit contre fes commandemens, ou lui offroit
le ciel à ces conditions, il ne voudroit pas l’accepter
à ce prix, ni changer de conduite.
C ’eft en ce fens qu’il oppofe les Gnofliques aux hé-
rétiques de ce nom , affûrant que le vrai gnoflique a
vieilli dans l’etude de l’Ecriture-fainte,& qu’il garde
la dottrine orthodoxe des apôtres & de l ’Eglife ; au
lieu que les faux gnofliques abandonnent les tradi-
Tome V U ,
G N O '7*7
tîons àpoftoliques, s’imaginant être plus habiles que
lesapôtfes;
Le nom de gnoftique, qui eft fi beau dans fa vraie
étymologie, eft devenu infâme parles defordres auxquelss’abandonnèrent
ceux qui fe difoient gnofliques^
comme nous avons vu dé nos jours le quiétifme & le
piétifme décrié & condamné à caufe des defordres.
de ceux dé cette fette. Voye^ Quiétisme , &c.
Ce que le Chambers vient de dire des faux gnofl-
tiquesy d’après le Trévoux, étant trop général pour
donner au letteur une idée bien diftintte de leur doctrine
& de leurs moeurs , il eft bon d’ajoûter que
quoique les Gnofliques compofaffent différentes fcc-
tes, ils convenoient pourtant prefque tous fur certains
chefs dont voici les principaux. i° . Us admet-
toient tous une produttion chimérique d’éons qui
compofoient une même divinité, & ils ne varioient
que fur le nombre ; les uns le réduifant à huit, &
les autres en comptant jufqu’à trente. 20. Us attri-
buoient la création & le gouvernement du monde
vifible à ces éons, & non pas au dieu fouverain. 3°-.
Us croyoient que la loi de Moyfe,les prophéties,&
généralement toutes les lois , étoient l’ouvrage du
créateur de ce monde qu’ils diftinguoient du fouverain
ou de la eollettion des éons qui compofoit la divinité.
40. Us enfeignoient que le Chrift envoyé d’en-haut
pour fauver les hommes, n’avoit pas pris une véritable
chair ni fouffert véritablement, mais feulement
en apparence ; ce qui les avoit fait appeller docetes.
Leurs principes les conduifoient tous au déréglement
& au libertinage ; ils enfeignoient qu’il étoit
permis & même loiiable de s’abandonner aux piai-
firs de la chair ; ils fe nourriffoient de viandes déli-
cieufes & de vins exquis, fe baignoient & fe parfu-
moient le corps avec une extrême fenfualité : fouvent
ils faifoient leurs prières entièrement nuds, comme
pour marque de liberté. Les femmes étoient commiv-
nés entre eux ; & quand ils recevoient un étranger
qui étoif de leur fette , d’abord ils lui faifoient la
meilleure chere qu’il leur étoit poffible ; après le repas
, le mari lui offroit lui-même fa femme * & cette
infamie fe couvroit du beau nom de charité. Us nom*
moient auffi leurs affemblées agapes , oh l ’on dit
qu’après les excès de bouche, ils éteignoient la lumière,
& fuivoient indifféremment tous leurs defirs :
toutefois ils empêchoient la génération autant qu’ils
pouvoient ; on les accufoit même de faire avorter les
femmes, de piler un enfant nouveau né dans un mortier,
& d’en manger les membres enfanglantés ; d’offrir
une euchariltie infâme, & de commettre plu-
fieurs autres abominations facrileges dont on trouve
le détail dans S. Epiphane, qui avoit vu en Egypte
des relies de ces lettes ; car elles s’étoient répandues
en diverfes contrées , & fubfifterent jufqu’au
jv. fiecle.
Les noms que l’on donnoit aux Gnofliques ont été
fort différens & prefque tous relatifs ou à leurs dogmes
ou à la dépravation de leurs moeurs. Les plus anciens
appellés eutuchiles ou eutuchites, étoient difei-
ples desSimoniens, dont il eft parlé dans le y I I . livre
des flromates de Clément Alexandrin, & dans ¥ apologie
de Pamphile pour Origene, oii il eft dit qu’ils
oppofoient le nom de l’évangile à celui de la loi &
des prophètes, & qu’ils vouloient que J. C. fut fils,
non du Dieu auteur de l’ancien Teftament, mais d’un
autre dieuinconnu.On appelloit auffi les Gnofliques
barbelonites, phibionites , borborites , ftratiotiques , ça-
chéens , coddiens, lévites y ou lévitiqites; Ces derniers
fur-tout commettoient entre eux les plus infâmes
abominations.
Us avoient'plufieurs ouvrages apocryphes fur lefquels
ils fondoient leurs impiétés, entr’autres le livre
des révélations, ou Yapocalyp/e d’Adam ÿ Yhifloire
de No/ia} flemme de Noé ; quelques livres fuppofés
1 Z Z I»