un aide-chirurgien, & on fe difpofe à nouer les fils.
On ne doit point les arrêter à un des côtés de la
plaie par un noeud fimple foûtenu d’une rofette , ce
qui formeroit une future entre-coupée ; parce l’action
continuelle des mufcles du bas-ventre pourroit
caufer le déchirement des parties comprifes dans le
trajet du fil, & fur-tout dans la levre oppofée au
côté oit fe feroit fait le noeud, en réunifiant les deux
extrémités du cordonnet. On préféré de divifer en
deux chaque bout du lien, pour mettre dans cetecar-
tement un petit rouleau de taffetas cire ou de toile
gommée, qu’on affujettit par un double noeud de
chaque côté de la plaie ( Planche X X X I . figure z . ) .
On ne craint point que cette future manque , parce
que l ’aâion des mufcles ne peut pas la fatiguer, 1 effort
du fil portant entièrement fur les chevilles de
taffetas ou de toile gommee. Cette future fe nomme
enchevillée : les anciens s’en fervoient ; mais au lieu
de petits rouleaux flexibles que nous employons, ils
avoient des vraies chevilles de bois auxquelles on a
fubftitué après des tuyaux de plume. On fent que
ces corps pouvoient occafionner des contufions &
autres accidens par leur dureté & le défaut de fou-
pleffe.
Le panfement confifte dans l’application des re-
medes & de l’appareil : on met fur la plaie un plu-
maceau trempé dans un baume vulnéraire ; on fait
une embrocation fur tout le bas-ventre avec l’huile
rofat tiede. On a trois petites compreffes de la longueur
de la plaie, auffilarges que la diftance qu’il y
a entre les deux chevilles : deux doivent etre un peu
plus épaiffes que les chevilles pour fe mettre à chaque
côté extérieurement, & la troifieme un peu
moins épaiffe pour mettre entre deux. On applique
une ou deux compreffes d’un pié en quarre fur la
plaie, & une plus longue 8c aufli large qu on nomme
ventriere ; le tout foûtenu du bandage de corps & du
fcapulaire. Voye^ Ba n d a g e d e c o r p s & S c a p u l
a i r e . # .
La cure demande des attentions différentes , fui-
vant les diverfes complications de la plaie. Fjye^
P l a ie s du B a s - v e n t r e .
S’il eft permis au malade d’être dans la fituation
qui lui paroîtra la plus commode, & qu’il ait à fe retourner
dans le lit , il eft bon qu’il ne s’aide en aucune
maniéré, & qu’il fe laiffe remuer par des gens
affez forts & adroits. Lorfque la réunion eft faite,
on ôte les points de future en coupant avec des ci-
feaux les fils qui embraffent une des chevilles ; & on
retire l’anfe foûtenue par la cheville oppofée. Il fe
forme quelquefois une hernie ventrale à la fuite de
ces plaies pénétrantes , parce que les parties contenantes
ne font point capables d’une auffi grande ré-
fiftanc-ç dans cet endroit qu’ailleurs, à raiion du péritoine
, qui ne fe cicatrife point avec lui-même ;
chaque levre de fa plaie contraftant adhérence avec
les parties mufculeufes les plus voifines.
O n fait ordinairement la gaflroraphie à la fuite de
l ’opération céfarienne. Foye^ C é s a r ie n n e .
On convient en général que les futures font des
moyens violens , auxquels on ne doit avoir recours
que dans les cas où il ne feroit pas poffible de maintenir
les levres de la plaie rapprochées par la fituation
& à l’aide d’un bandage méthodique. M. Pibrac
croit ces circonftances extrêmement rares : il eft entré
dans un grand détail fur cette matière , dans un
excellent mémoire fur l’abus des futures, inféré dans
le troifieme volume de l’académie royale de Chirurgie.
Nous en parlerons plus amplement au mot Sut
u r e Il rapporte furies plaies du bas-ventre deux
obfervations intéreffantes de guérifon obtenue par
un appareil & un bandage méthodiques. Les auteurs
qui ont parlé de l’opération céfarienne , difent que
la future a été pratiquée. On voit par le détail de
leurs obfervations, que les points ont manqué ; on a
été obligé de fe contenter du bandage, & les malades
font guéris. Ces raifons ne nous avoient point
échappé en compofant Varticle Césarienne, & nous
y avions déjà proferit la future. Il y a cependant peu
de plaies au bas-ventre d’une plus grande étendue ,
fi l’on en excepte une éventration telle que j’en ai
vu une par un coup de corne de taureau, qui ouvrit
prefqu’entierement le ventre d’une femme. Dans un
cas de cette nature , il feroit bien à-propos de faire
quelques points de future ; & cela fuffit pour jufti—
fier le détail dans lequel je fuis entré fur l’opération
de la gaflroraphie. ( Y )
Gastroraphie, (Maréchall.) voyc{ Plaies du
Bas-ventre & Suture.
GASTROTOMIE, terme de Chirurgie, ouverture
qu’on fait au ventre par une incifion qui pénétré
dans fa capacité, foit pour y faire rentrer quelque
partie qui en eft fortie, foit pour en extraire quelques
corps. Ce mot eft grec, yacpoTo/xia, compofé de
ycLçnp, venter, v entre, de ro/x»9feclio, incifion, du
verbe t*pvà, feco, je coupe.
On a pratiqué avec fuccès la gaflrotomie, pour
donner iffue aufang épanché dans le bas-ventre, à
la fuite des plaies pénétrantes de cette partie. On en
peut lire plufieurs obfervations très-détaillées dans
un mémoire de feu M. Petit le fils fur les épanche-
mens, inféré dans le premier volume de ceux de l’a cadémie
royale de Chirurgie.
L’opération céfarienne & la lythotomie par le
haut appareil, font des efpeces de gaflrotomie. Dans
le premier cas, on fait ouverture au bas-ventre pour
pouvoir incifer la matrice, afin d’en tirer un fétus
qui n’a pu paffer par les voies ordinaires. Foye^ Césarienne
( Opération ). Dans le fécond cas, on
pénétré dans la veffie au-deffus de l’os pubis pour en
tirer la pierre. Foye^ Lithotomie.
La gaflrotomie a été mife en ulage pour tirer ait
moyen d’une incifion à l’eftomac, des corps étrangers
arrêtés dans ce vifeere. L’hiftoire de Pruffe &
plufieurs auteurs rapportent qu’un payfan pruffien
qui fentoit quelques douleurs dans l’eftomac, s’enfonça
fort avant dans le gofier un manche de couteau
pour s’exciter à vomir ; que ce couteau lui
échappa des doigts, & gliffa dans l’eftomac.
Tous les médecins & chirurgiens de Konisberg
jugèrent que pour prévenir les accidens fâcheux auxquels
cet homme étoit expofé, il falloit faire une incifion
aux parties contenantes du bas-ventre &c à
l’eftomac pour retirer le corps étranger. Cette opération
fut faite par Daniel Schwaben , chirurgien
lythotomifte, & le malade fut parfaitement guéri en
peu de tems. On conferve le couteau dans la bibliothèque
éleâorale de Konisberg, où l’on voit auffi
le portrait du payfan à qui l’accident eft arrivé. Foye%
Plaies de l’Estomac.
Il y a plufieurs exemples de pareils cas où la gaf-
trotomie a été pratiquée avec fuccès. M. Hevin après
avoir établi la poffibiiité & la néceffité de cette ouverture
fur plufieurs expériences, donne des réglés
fondées fur le méchanifme de l’eftomac, pour affû-
rer le fuccès de l’opération. Les remarques judicieu-
fes qu’il fait fur l’état de plénitude ou de vacuité de
l’eftomac font très-importantes , & la méthode qu’il
propofe eft fort fûre. F?ye{ le premier volume des mémoires
de l'acad. royale de Chirurgie , à l’article des
corps étrangers de l’cefophage.
L’incifion du bas-ventre peut auffi être pratiquée
pour tirer des corps étrangers arrêtés dans les intef-
tins. Voye{ Entérotomie. ( T )
G A T E , ( les Montagnes de) Gèog. longue
chaîne de montagnes en Afie, dans la prefqu’île en-
deçà du Gange, qu’elle divife dans toute fa longueur,
en deux parties fort inégales. Celle qui eft au cou-.
chant eft appellée la côte de Malabar. Les voyageurs
nous difent que le pays féparé par cette chaîne de
montagnes, a deux faifons très-différentes dans le
même tems ; par exemple, tandis que l’hyver régné
fur la côte de Malabar, la côte de Coromandel qui
eft au même degré d’élévation, & qui en quelques
endroits n’eft éloignée que de vingt à trente lieues
de celle de Malabar, joiiit d’un agréable printems :
mais cette diverfité de faifons dans un même tems &
en des lieux fi voifins, n’eft pas particulière à cette
prefqu’île. La même chofe arrive aux navires qui
vont d’Ormus au cap de Rofalgate, où en paffant le
ca p , ils paffent tout-à-coup d’un très-beau ciel à des
orages & des tempêtes effroyables. Des montagnes
de Gâte, il fort un grand nombre de rivières qui ar-
rofent la prefque île , ou qui fe jettent à l’orient.
(D . J.)
G A TE AU , f. m. ([Pâtiflerié) c’eft un morceau de
pâte façonné & cuit au four fans autre appareil. Il y
en a d’une infinité de façons, félon les différens ingré-
diens qu’on unit à la pâte, ou dont on fait meme des
gâteaux en entier : tels font les gâteaux d’amandes,
faits d’amandes, de fucre & d’oeufs ; les gâteaux de
Compiegne, qui ne different des gâteaux d’amandes
que par un levain particulier ajoûté aux autres in-
grédiens, &c. Les gâteaux prennent auffi des noms
différens de la maniéré dont ils font travailles ; ainfi
il y a des gâteaux feuilletés, ou dont la pâte extrêmement
pliée & repliée fur elle-même, fe fépare en
cuifant, & fe met en feuillets menus & légers ; les
gâteaux à la reine, &c.
G a t e a u , terme de Chirurgie, petit matelas fait
avec de la charpie, pour couvrir la plaie du moignon
dans les panfemens, après l’amputation des membres.
On étend fur le gâteau les médicamens digeftifs,
mondifians , déterfifs , &c. que preferit Tétât des
chairs, & la nature de la fuppuration. L’on fe fert
encore d’un gâteau ou grand plumaceau, pour pan-
fer la plaie qui refte après l’extirpation d’une mam-
melle : mais dans l’un & dans l’autre cas, les praticiens
rationnels préfèrent aujourd’hui l’ufage de plufieurs
plumaceaux moins étendus; on les ajufte mieux
aux différentes inégalités de la plaie, qu’un grand
plumaceau d’une feule piecé ; on n’eft pas oblige de
la découvrir tout-à-la-fois en entier, & de l’expofer
par-là auffi long-tems à l’aâion de l’a ir , toujours
pernicieux aux plaies trop long-tems découvertes,
quelque précaution qu’on puiffe prendre pour en
prévenir les mauvais effets. (T )
Gateau, ( Chimie métalliq.) on nomme ainfi les
lingots en plaque. Foye\ Lingot.
-* Gateau, (Fond.') les Fondeurs appellent ainfi les
portions de métal qui fe figent dans le fourneau après
avoir été fondues. Cet accident vient, ou de ce que
le métal eft tombé à froid dans le fourneau où il y
en avoit déjà de fondu, ou bien de ce qu’il eft entré
dedans une fumée noire, épaiffe & chargée de beaucoup
d’humidité ; ou bien de ce que la chaleur s’eft
ralentie dans le fourneau ; ou enfin de ce qu’un air
trop froid, qui a paffé à-travers les portes du fourneau,
a rafraîchi tout-à-coup le métal. Le gâteau
fe forme encore lorfque l’aire du fourneau fe trouve
au rez-de-chauffée & fur un terrein humide ; & pour
lors il ne refte d’autre remede que de le rompre,
pour en tirer le métal & le faire fondre de nouveau.
Foyei Fonderie.
Gateau , (Sculpture.) Les Sculpteurs nomment
ainfi les morceaux de cire ou de terre applanis, dont
il rempliffent les creux & les pièces d’un moule où
ils veulent mouler les figures.
* G A TE R , v. a&. c’eft occafionner quelque défaut
dans une chofe où Ton n’en remarquoit pas, où
l’on en remarquoit moins. Il fe prend au fimple &
au figuré. On gâte un tableau d’un grand maître,
en le faifant retoucher par un mauvais artifte ; on
gâte une belle a&ion , par quelque cireonftance où
l’on n’a pas montré toute la délieateffe poffible ; on
gâte le metier, en ne foutenant pas ion ouvrage à un
haut prix, ou en en développant inconfidérément le
myftere.
GATINOIS, ( le) Faflinium, Géog. province de
France d’environ dix - huit lieues de longueur , fur
douze dans fa plus grande largeur, bornée au nord
par la Beauce, au l'ud par l’Auxerrois, à l’eft par
le Sénonois, à Toiieft par le Hurepois, ôc la riviere
de Vernifon. Cette province fe divife en Gatinois
françois, & en Gatinois orléannois, qui abonde en
prairies, pâturages, rivières , & en excellent fa-
fran.
Remarquons en paffant que le Gatinois tire fon
nom du mot gafline, qui fignifie lieu d'une forêt oà
le bois a été abattit, vaflum, vaflare, ravager. De ces
mots latins, nos vieux François en firent les mots de
gafi, guaft, guafler, d’où font venus les mots de dégât
& de gâter. Enfuite il eft arrivé qu’après que plufieurs
lieux incultes ont commencé à être cultivés,
on leur a confervé le nom de gafline, affez corn»
mun en Touraine, Beauce, le Maine, &c.
Le Gatinois du tems des Romains avoit une bien
plus vafte étendue qu’il n’a préfentement ; il étoit
alors prefque tout couvert de bois & de pâturages.
D . Guillaume abbé de Ferneres, a fait l’hiftoire
générale du pays de Gatinois, Sénonois & Hurepois:
c’eft un ouvrage curieux, & qui mérite d’être
lu. (D . J.)
G A T T E , JA T TE , AGATHE, f .f . (Mar.), c ’eft
une enceinte ou retranchement fait avec planches
vers l’avant du vaiffeau , pour recevoir l’eau qui
tombe du cable quand on leve l’ancre, & celle qui
peut entrer par lés écubiers, lorfqu’elle y eft pouf-
lée par un coup de mer. Foye^ la fituation de la gatte.
Plane. IF.fig. i. cotte g o . Il eft fait d’un bordage de
trois à quatre pouces d’épailîèur, foûtenu par quatre
courbatons ; on y perce deux dalots, pour laiffer
échapper l’eau qui s’y amaffe.
9 G a tt es : on donne auffi ce nom aux planches qui
font à l’encoignure ou à l’angle commun, que font le
plat-bord & le pont. Foye^ G o ut tièr es. (Z )
G AU , G O , G OW , ou G O U , (Géog.) canton.ou
contrée diftinguée par fes propres bornes des cantons,
ou. contrées du voifinage, mais qui d’ordinaire
faifoit partie d’un autre peuple. Ce que les Celtes ,
c’eft-à-dire les Gaulois, les Germains, appelioient
Gan, Go, Gow, ou Gou, les Latins le nommoient
P agii le peuple entier fe nommoit çivitas, & fe dir
vifoit in pagos: c’eft dans ce fens que Jules Céfar dit
que les Helvétiens étoient partagés in quatuor pagos,
en quatre cantons.
De ces Gau, Go, Gow, Gou , eft venu la termi-
naifon à plufieurs noms géographiques : télle eft par
exemple l’origine de la diftinftion établie en Frife ,
d’Oftergo & de "Weftergo, c’eft-à-dire le canton
oriental & le canton occidental. Il faut rapporter à la
même origine le nom de Rheingau, donné au canton
qui eft entre Mayence & Baccharach ; celui de Brif-
gaw que porte le canton fitué entre le Rhin, la Soüa-
be & la forêt Noire ; celui de Sundgau, qui fignifie le
pays fitué entre le Rhin, l’évêché de Bâle & l’Alfa-
c e , Gc. Remarquez que cette terminaifon en Gouy
ou Gau, eft particulière à l’Allemagne & aux pays
dont la langue eft un dialefte de l’allemand.
Ces Gau ou Pagi avoient anciennement leurs
chefs, qui tous enfemble en choififfoient un d’entre
eux pour commander la nation. Les Francs & les
Allemands ayant établi chez eux l’état monarchique
& héréditaire, conferverent l’ancienne coûtume de
donner à chaque canton un chef, mais avec de nouveaux
titres; & c’eft par cette raiion qu’ayec le terni