9 3 4 G R E
.ai. Elle eft très-fertile, appartient aux François depuis
1650, n’eft éloignée que d’environ 30 lieues de
la Terre-ferme, & de 70 de la Martinique. Longit.
■3 ' 3 - ^at' nor^ l2 , iP - ^*)
GRENADIER, f. m. punica , genre de plante à
ileur en rofe, compofée de plufieurs pétales, difpofés
en rond. Le calice a la forme d’une cloche, 6c il
eft découpé ; il devient un fruit prefque rond, garni
d’une couronne,& divifé en plusieurs loges remplies
de grains pleins de fu c , attachés à un placenta 6c fé-
.parés des uns des autres par des membranes très-minces.
Il y a dans ces grains une femence ordinairement
oblongue. Tourn. injl. reiherb. V oye%_ PLANTE.
,(•0 , i r I Le grenadier domeftique, granata Jive putnca ma-,
lusyfativa, C. B. P. 438. J. B. 1.76. Raii, hift. 14C2,
6cc. n’eft qu’un arbrifleau, quoiqu’il s’élève quelquefois
à la hauteur d’un arbre lorfqu’on le cultive
dans un terrein favorable, 6c qu’on en coupe les
jeunes pouffes. Ses branches font menues, anguleu-
fes, couvertes d’une écorce rougeâtre, partagées en
des rameaux , armés d’épines roides , oblongues,
droites. Ses feuilles font placées fans ordre, fembla-
hles à celle* du myrte ordinaire , ou de l’olivier,
moins pointues, d’un verd luifant, portées fur des
queues rougeâtres, garnies de veines rouges qui les
traverfent, & de côtes en-deffous, d’une odeur forte,
urineufe, furtout fi on les froiffe entre les doigts.
Les fleurs fortent des aiffelles des branches ; elles
font en rofe, à cinq pétales, de couleur écarlate :
leur centre eft occupé par plufieurs étamines, garnies
de fommets & renfermées dans un calice de
même couleur, long d’un pouce & plus, coriace,
en forme de cloche, partagé en cinq lanières, pointues,
lefquelles dans la fuite couronnent le nombril
du fruit. Le calice fe change en un fruit fphérique,
un peu applati des deux côtés, de différente grof-
feu r , qu’on nomme grenade , fit qui eft connu' de
tout le monde.
Le grenadier fauvage reffemble en tout ali domeftique
, excepté qu’il eft d’ordinaire plus épineux.
Celui qui porte une fleur double s’appelle en Provence
balauflier y 6c par les Botaniftes malus punica,
ûore pleno majore, ou malus punica fylvefiris major.
Il produit d’amples fleurs, compofées d’un très-grand
nombre de pétales fort ferrés. Les fleurs font renfermées
dans un calice qui n’eft pas oblong, comme
celui du grenadier domeftique, mais large 6c applati,
de couleur jaune purpurin, coriace, ligneux 6c divifé
en plufieurs lanières. Ses pétales font quelquefois
fi nombreux, que les fleurs paroiffent de grandes
rofes d’une couleur foncée: on les nomme balaufies
quand elles font contenues dans leur calice. Viye{
B a l a u s t e .
Xe fruit du grenadier fauvage ou domeftique égale
en groffeur nos plus belles pommes. Son écorce eft
médiocrement épaiffe & comme du cuir , un peu
dure cependant & caffante, verte &' liffe avant la
maturité, enfuite de couleur rouge & ridée, qui approche
enfin de la couleur de la châtaigne,jaune
intérieurement, d’une faveur aftringente.
Ce fruit renferme plufieurs grains difpofés en différentes
loges, d’un rouge foncé dans les uns, de
couleur d’améthyfte dans les autres , remplis de
beaucoup de fuc vineux, quelquefois doux, quelquefois
acide ou tenant le milieu entre l’ifn 6c l’autre.
Ces grains font difpofés en maniéré de rayon
de miel, feparés par des cloifons charnues 6c mem-
braneufes, qui font comme des parois mitoyennes,
ameres, tantôt blanchâtres, tantôt purpurines , &
ayant un placenta fitué dans le milieu. Chaque grain
eft femblable à un grain de raifin, 6c renferme une
feule femence, oblongue, compofée d’une écorce
Jigneufe, 6c d’une amande amere un peu aftringen-
G R E
te. On trouve une efpece finguliere de grenade dont
les grains ne contiennent point de femence, mais
c’eft par accident & par un jeu de la nature.
Le grenadier vient naturellement dans le Languedoc
, la Provence , l’Efpagne 6c l’Italie. On le cultive
avec foin dans les pays tempérés ; les fleurs, les
pépins de fes fruits, le fuc , l’amande 6c l’écorce de
grenade, font d’ufage. Voyeç G r e n a d e , (.Matière
méd.) (D . J .)
G r e n a d i e r , (’ Agricult.) Entre les efpecesde grenadiers
cultivés par les curieux, on nomme principalement
le grenadier à fleur double, le grenadier panaché
, le grenadier nain d’Amérique, & le grenadier
à fruit. Les trois premiers font préférables au dernier
par leurs fleurs : on les encaiffe d’ordinaire ; 6c
c’eft ainfi qu’ils fervent d’ornement aux jardins.
On choifit pour cet effet une terre à potager de
la meilleure forte, on la paffe à la claie fine ; .on a
du terreau ; on fait du tout un mélange, moitié l’un,
moitié l’autre ; on en emplit les caiffes qui doivent
être proportionnées à la grandeur d&s grenadiers qu’on
leur deftine. La terre étant ainfi préparée, on plante
le grenadier après en avoir accommodé les racines ;
quand cet arbre eft planté, on a du terre.au & de
bon fumier de vache, dont on épanche un doigt d’é*
paiffeur fur la fuperficie de la caiffe, & on donne
enfuite au grenadier un ample arrofement.
Les grenadiers à fruit ne demandent pas tant de
précaution : ils réufîiffent même mieux' en pleine
terre qu’en caiffe ; mais il faut que ce foit en efpa*
lier principalement, & à unebonne expofition, parce
que les grenades en deviennent plus groffes 6c
plus colorées. Les grenadiers en caiffe fe labourent
avec une houlette ou une pioche, 6c ceux qui font
en pleine terre avec la beche. On doit dans les grandes
chaleurs les arrofer fréquemment, autrement la
fleur coule.
Il eft effentiel de tailler les grenadiers. Le fecret
confifte à rogner les branches qui naiffent mal placées
; on les retranche ; on conferve celles qui font
courtes & bien nourries, 6c on racourcit les branches
dégarnies, afin de rendre le grenadier plus touffu
: c’eft ce qui en fait la beauté. On a foin de les
pincer après leur première pouffe de l’année, quand
on voit qu’il y a quelques branches qui s’échappent.
Miller donne fur cela d’excellens préceptes ; çonful-
tez-le.
Tout grenadier à fleur double, & autres qu’on élev
é en caiffe, ne doivent avoir le pié garni d’aucune
branche, parce que ce défaut les défigure, 6c empêche
que la tête de cet arbrifleau ne fe forme agréablement,
Si les grenadiers en caiffe coulent, 6c que
les trop grandes chaleurs de l’été en foient la cau-
fe, il faut les mouiller beaucoup ; 6c lorfque, malgré
cette précaution, la coulure ne ceffe point, il
n’y a pas d’autre parti à prendre, que de les changer
de caiffes, fi elles font petites, ou bien de les ren-
caiffcr dans les mêmes, en rempliffant les caiffes
d’une nouvelle terre préparée.
Les grenadiers s’élèvent de femence ; ils fe multiplient
aufli de marcotes de la maniéré qui fuit. Sup-
• pofez un grenadier de belle efpece, au pié duquel il
eft venu quelques branches affez longues pour être
couchées en terre, on en prend une, on l’émonde
autant qu’on le juge à-propos, & de maniéré que
celle qui doit être couchée en terre foit, tout-à-fait
nette ; enfuite on couche cette branche dans un
rayon, on l’arrête avec un petit crochet qu’on fiche
en terre, on la couvre de terre, on l’arrofe, 6c au
bout de fix mois elle prend racine.
S’il ne croît point de branches au pié de l’arbre ^
& qu’on foit obligé pour le marcoter d’avoir recours
à la tête, on choifit la branche qui y paroît le plus
proprej, on l’émopde, comme on l a dit, & on la
couche
G R E
couche dans un pot plein de terre, & fendu par un
cô té , afin d’y paffer la branche & de l’attacher au
gros de l’arbre, ou à queiqu’autre appui que ce foit.
Le tems favorable à marcotter les grenadiers eft le
printems, pour qu’on puiffe voir en automne fi les
marcottes ont pris racine, afin de les fevrer de leur
raere branche, & de les planter ailleurs^
Les grenadiers fe perpétuent aufli de bouture , 6c
c’eft une bonne méthode. Pour cet effet, on choifit
les branches les plus droites & les plus unies, qu’on
coupe à un pié de longueur ; avant que de les mettre
en terre, on en ratifie un peu l’écorce par le bas
l’efpace de deux travers de doigt ; on rogne le haut,
puis on les fiche dans quelque caiffe ou pot rempli
de terre convenable, & enfuite on les arrofe. L’expérience
a fait connoître qu’une branche de grenadier
, accommodée de cette façon, prenoit aifément
racine.
Le froid eft l’ennemi mortel des grenadiers. Pour
les en garantir, on met ceux qui font en caiffe dans
une ferre à l’épreuve de la gelée- A l’égard des grenadiers
en pleine terre, on les conferve contre les
rigueurs du froid, fi on met à leur pié beaucoup de
fumier, & fi l’on couvre de paillaffons toute la pa-
liffadé.
Les grenadiers à fleur double, & qui ne donnent
point de fruit, commencent à fleurir au mois de Mai,
6c- durent en fleurs jufqu’en Août, pourvu qu’ils
foient bien gouvernés. Les Anglois ont éprouve que
le grenadier à fruit, à fleur fimple, oc à fleur double,
fupportoient très-bien les hyvers de leur climat ; les
uns les taillent en pomme, d’autres les mettent en
cfpalier ou en treille, 6c d’autres préfèrent de les
planter en haie, ou dans des bofquets pour les moins
expofer à fentir la ferpette & le cifeau.
Le grenadier nain d’Amérique que les habitans cultivent
dans leurs jardins, parce qu’il porte des fleurs
& des fruits la plus grande partie de l’année, s’é lèv e.
rarement au-deffus de trois piés, produit un fruit qui
n’excede pas la groffeur d’une noix, 6c qui n’eft pas
trop bon à manger. Cet arbrifleau eft fort délicat ;
cependant il profpere à merveille, fi on le tient con-
ftamment dans la ferre avec les autres plantes du
même pays, & à un degré de chaleur modéré. (JD. J .)
G r e n a d i e r , f .m .{A r tm ilit.) foldat d’élite, l’exemple
6c l’honneur de l’infanterie.
La création des grenadiers dans l’infanterie fran-
çoife eft de l’année 1667. L’objet de leur inftitution
étoit de fe porter en-avant pour efcarmoucher 6c
jetter des grenades parmi les troupes ennemies, afin
d’y mettre le defordre au moment d’une aâion. C ’eft
de ce fervice primitif qu’eft dérivé leur nom. Les armés
à la legere dans la légion romaine, 6c les ribauds
dans les troupes de nos anciens fois, faifoient à-peu-
près le même fervice que les grenadiers dans nos armées.
Toutes les puiffances de fEurope ont des grenadiers
; quelques princes en ont même des corps entiers.
Nous n’examinerons ici ni leur forme, ni leur
établiffement ; notre objet eft de faire connoître leur
fervice dans les troupes de France.
Louis XIV. en établit d’abord quatre par compagnie
d’infanterie ; ils furent enfuite réunis, 6c formèrent
des compagnies particulières, à l’exception
de quelques régimens étrangers au fervice,du Roi,
qui les ont conlervés jufqu’ici fur le pié de leur première
diftribution. Sa Majefté établit aufli en 1744
des compagnies de grenadiers dans chacun des bataillons
de milice ; nous en parlerons à l’article G r e n
a d i e r s R o y a u x .
Le corps des grenadiers eft le modèle de la bravoure
& de l’intrépidité. C ’eft dans ce corps redoutable
que l’impétuofité guerriere, cara&ere diftinélif
du foldat françois, brûle avec le plus d’éçlat. No-
Tome VIL
G R E 93 5
tre hiftoire militaire moderne fourmille de prodiges
dûs à fa valeur. Les grenadiers font des dieux à la
guerre. Ils joüiffent de l’honneur dangereux de por*
ter & de recevoir les premiers coups, & d’exé*
cuter toutes les opérations périlleufes. Il y a conf-
tamment une compagnie de ces braves à la tête de
chaque bataillon. Cette portion précieufe en eft l’a*
me 6c le foûtien. Elle eft compofée des foldats les
plus beaux , les plus leftes, 6c les plus valeureux*
fournis par les autres compagnies du bataillon. Un
foldat doit avoir fervi plufieurs années en cette qualité
, avant de pouvoir obtenir le titre de grenadier»
En le recevant, il contraéle l’obligation de fervir
pendant trois ans au-delà du terme de fon engagement
; mais il lui eft libre d’y renoncer pour fe con-
ferver le droit d’obtenir fon congé abfolu à l’expiration
de fon fervice.
Le grenadier joint d’une paye plus forte que lé fol-
dat, & d’autres diftinftions. Une des plus flateufes
eft de porter un fabre au lieu d’épée, & dans le partage
du fervice, d’occuper toûjours les poftes d’honneur.
On conçoit que ces troupes, fi fouvent, & trop
fouvent expofées, effuient de fréquentes pertes, 6c
ont befoin de réparations. On y fait remplir provi-
foirement les places vacantes par des grenadierspojli-
ches. Ces poftiches font des foldats afpirans au titre
de grenadier, defignés pour l’ordinaire par le fuffrage
des grenadiers même, fous les yeux defquels ils font
leurs preuves de vertu guerriere ; ainfi le fervice
des poftiches eft le féminaire des grenadiers. Voyeç
G r e n a d i e r P o s t i c h e . Un foldat pour être brave,
n’eft pas toûjours jugé digne d’être grenadier; il doit
encore être exempt de tout reproche du côté de
l’honneur & de la probité. Après des épreuves fufli-
fantes, les grenadiers pojliches font enfin affociés au
corps des grenadiers ; ils en prennent bien-tôt l’ef-
prit, 6c en foûtiennent la réputation. Malheur à celui
qui y porte atteinte par quelque aftion honteufe.
II eft fenfible que chaque foldat choifi fur ce qu’il
y a de meilleur pour entrer aux grenadiers, fait une
plaie au corps du bataillon, & que par cette raifon
il feroit dangereux pour le fervice d’en multiplier
trop l’efpece. C’eft aux maîtres de l’art à déterminer
jufqu’à quel point ils peuvent être portés. On
s’eft fixe en France à une compagnie de quarante-
cinq grenadiers par bataillon compoféde 68 5 hommes.
C ’eft encore aux grands capitaines à décider la
queftion, fi dans une aêlion on doit faire donner les
grenadiers de prime-abord, à diftinguer les cas oit l’on
doit faire mouvoir à-Ia-fois tous les reflorts de la
machine, de ceux où l ’on peut referver l’effort des
grenadiers.
Dans le relâchement de la difeipline, on a vû ce
corps confpirant fa ruine, ne refpirer que le duel, 6c
ne mefurer fa confidération que fur la quantité qu’il
verfoit de fon propre fang. Cette fureur deftru&ive
s’eft enfin ralentie. Le grenadier aujourd’hui moins
féroce, plus docile, 6c toûjours également brave ,
n’exerce plus ordinairement fon courage que contre
les ennemis de l’état. Nous devons cet heureux
changement 6c beaucoup d’autres avantages, au ré-
tabliffement de notre difeipline militaire; époque
glorieufe du miniftere de M. le comte d’Argenfon.
Cet article e(l de M. D u R IV A L le jeune.
G r e n a d i e r s a c h e v a l {Compagnie des'). Cette
compagnie fut créée par Loiiis XIV. au mois de Dér
cembre 1676, & unie à la maifon du ro i, fans néan-
; moins y avoir de rang, ni de fervice auprès de la
perfonne de S. M. Elle fut tirée du corps des grenadiers
, 6c compofée de quatre-vingt-quatre maîtres ,
non compris les officiers, pour marcher 6c combattre
à pié 6c à cheval à la tête de la maifon du roi.
Elle a foûtenu dans toutes les occafions la haute rc?