6j G I R
Il n’y a que le feul giroflier jaune qui ait attire fur
lui les regards.de quelques médecins.
Le giroflier ou le violier jaune, eft çette efpece de
giroflier nommée leucoium liu eum yvulgare, par C . B.
P. 202.Tournefort, inflit. 22.1. Boerh. ind. A . 2. 18.
Sa racine eft épaiffe j ligneufe, recourbée, de couleur
blanchâtre ; il en part plufieurs tiges ligneutes,
fragiles, entourées de feuilles pblongues, étroites,
& pointues : ces tiges portent à leurs fommets plufieurs
fleurs jaunes afl'ez larges, compofees de quatre
pétales d’une odeur fuave 6c douce ; elles font iui-
vies de longues cofl'es foibles, ou fi l’on veut de van-
feaux féminaux qui contiennent une petite femence
plate 6c rougeâtre. Ce giroflier croît volontiers fur
les bâtimens, les remparts, les matures, 6c les vieilles
murailles ; il fleurit en Avril 6c Mai ; on le cultive dans
les jardins. ,
Cette plante eft amere & d’un goût herbeux fale ;
elle rougit affez le papier bleu ; elle donne du lel
volatil concret, beaucoup d’huile 6c de terre : ainfi
l'on voit qu’elle abonde en lel ammoniac, en foufre,
6c en parties terreufes.; ; ■
Ses fleurs font regardées comme difcufîives, dé-
terfives, 6c apéritives ; on en fait une conferve dont
le fucre conftitue le plus grand mérite, un fyrop
plus vanté pour fa bonne odeur que pour les vertus;
6c quelquefois on en tire une eau diftillée : mais fon
huile par infulîon eft la feule préparation d’ufage;
elle paffe pour anodyne & réfolutive. (D . A )
GIRON, ou GUIRON, f. m. en terme de BLafon ,
eft une figure triangulaire qui a une pointe longue
nit au coeur de l’écu.
Ce mot fignifie à la lettre l’efpace qui eft depuis
la ceinture jufqu’aux genoux, finusgremium, àeaufe
que quand on eft aflis les genoux un peu écartés,
les deux cuiffes & la ligne qu’on imagine paffer d’un
genou à l’autre, forment une figure femblahle à celle
dont nous parlons.
On dit qu’un écu eft gironné, quand il a fix, huit,
ou dix girons qui fe joignent parleurs pointes à l’abîme
de l’écu. L'oyez G1RON.N.É. Chambers.
GIRONE, Gerunda y {Géog.) ancienne, forte, 6c
confidérable ville d’Efpagne, capitale d’une grande
viguerie dans la Catalogne, avec un évêché iuffra-
gant de Tarragone, érigé en l’an 500, fuivant l’abbe
de Commanville ; elle eft fur le T e r , à fept lieues de
la mer, feize de Perpignan, cinq nord-ôüeft.de Pala-
mos, dix neuf nord-eft de Barcelonne. Longit. 20.d>
5 2 '. latit. 4 / d. J 6 ',
C ’eft la patrie de Nicolas Eymeric, qui y mourut
inquifiteur général le 4 Janvier 1399 : le principal
ouvrage de ce fameux dominicain eft intitulé, Le dir
rectoire des inquifiteur s ; ouvrage digne des pays où le
tribunal qu’ils nomment la fainte inqufitïon exerce
fon cruel empire. (D . /.)
GIRONNÉ, adj. en terme de BLafon, fe dit d’un ,éçu
divifé en plufieurs girons qui font alternativement
de métal 6c de couleur. Voy.nos Planches de BLafon.
Gironné de f ix , argent & fable.
Quand il eft gironné de huit pieçes , on l’appelle
abfolument gironné; quand il y a plus pu moins de
girons, il en faut exprimer le nombre : girpjipé de
quatre, de quatorze, &c.
D ’autres l’appellent parti, coupé, tranché, & taillé,
parce qu’il eft fait par ces divifions de l’ecu ; y ayant
quatre girons qui forment un lautoir , 6c les quatre
autres une croix. Voye^_ Sa utqir. Chambers. \
Des Armoifes en Lorraine, gironné d’or 6c d’azur
de douze pièces.
* G1ROVAGUE, f. m. {Hifl. eccléfi) efpeçe de
moipes , la quatrième dont S. Benoît faffe mention
dans fa réglé,* ces girovagues ne s’attachoient à aucune
maiion ; ils erroient de monaftere en monaftere ,
G I R
genre de vie que l’indépendance leur faifoit préférer
à celui de Cénobites. S. Benoît n’aimoitpas ces cou«
vens-là. Mais le même nom de girovague ne convien-
droit-il pas également à ces moines qui n’habitent leur
cloître que le moins qu’ils peuvent, qui font plongés
dans les embarras du monde 6c les diflipations, qui
intriguent, quicabalent, 6c qu’on rencontre dans
tons les quartiers, dans toutes les maifons de la ville
? Si S. Benoît pouvoit élever l'a voix de deflous fa
tombe, ne leur crieroit-il pas : « Girovagues -, vous
» êtes pires que les Sarabaites ».
G IROUETTE, f. f. {Arts.) plaque de fer-blanc
qui eft mobile fur une queue ou pivot qu’on met fur
les clochers, les pavillons, les tours, & autres édifices
, pour connoître de quel côté le vent fouffle :
aufli quelques auteurs l’ont appellé ventilogium, quafl
index venti. Andronic de Cyrrhe fit élever à Athènes
une tour o&ogone, 6c fit graver fur chaque côté des
figures qui repréfentoient les huit vents principaux;
un triton d’airain tournoit fur fon pivot au haut de
la tour : ce triton tenant une baguette à la main, la
pofoit jufte fur le vent qui fouffioit. C ’eft peut-être
d’après cette idée ingénieufe, que nos coqs 6c nos
girouettes ont été grolîierement imaginées ; car leur
exécution eft toute entière gothique 6c barbare. ISBii I I Girouettes, {Marine.) ce font de petites'pieces
d’étoffe , foit toile ou étamine , qu’on met au haut
des mâts des vaifièaux; elles fervent à marquer d’où
vient le vent. Ordinairement les girouettes ont plus
de battant que de guindant, c’eft-à-dire qu’elles, font
plus longues que larges, en prenant le guindant pour
la largeur, 6c le batant pour la longueur.
Il y a des girouettes quarrées qui font faites de plufieurs.
cueilles, 6c qui ont la figure d’un quar-ré long.
Les girouettes à l’angloife font longues &: étroites.
GISORS , {Géog.) petite ville de France en Nor-
mandië , capitale du Vexin-Normand, avec titre de
comté & bailliage, qui eft un des fept grands bailliages
de Normandie. Cependant la ville n’eft pas fort
ancienne ; car elle doit fon origine à un château que
fit bâtir Guillaume le Rou x, roi d’Angleterre 6c duc
de Normandie, l’an 1097 , comme l’ affûre Ordérie
Vita l, qui nomme cette place Gifors, & au génitif
Gifortis. Les écrivains qui font venus après lui, l’ont
appellé Gifortium : elle eft fur l’Epte, dans un tèrrein
fertile en excellent b lé, à cinq lieues de Gournay,
quatorze dë Rouen, 6c feize de Paris. Long.
latit..q:Ç)A. <2>'■ {D. J'-)
GISSEMENT, f. m. {Marine.) Les marins défi-
gnent par ce mot la maniéré dont une côte gît & eft
fituée, eu égard aux rumbes de vent de la bouffole.
On dit, cette côte git nord & fu d , pour dire, quelle efl
fituée & quelle s'étend du nord aufud: on dit la-même
chofe de déux îles ou de deux lieux éloignési’uu de
l’autre ; ces deux îles giflent fud-efl&nord-oüeft à quinze
lieues de diflance, c’eft-à-dire que /’une efl fituée au
fud-fide L'autre à quinze Lieues.\{Z)
G ITE , f. m. {Gramm.) lieu où l’on s’arrête pour
coucher à la fin de la journée, lorfqu’on eft en voyage
: on a un peu étendu l’acception de ce mot, 6c il
fignifie fo.uvent en. général le lieu où L'on couche : ainfi
on dit, de retour au gîte, nous.finies, & c. il fe dit fur*
tout de l’endroit où le lievre a coutume de fèrepô-
fer. ■ 1 •;
Gîte , (droit dEt) Hift. de France ; dans les titres
ce droit s’appelle jus gifli, "giflum, j us fubventio-
nis y ou procucationis. Voye[ Ducange, au mot gif-
tum. Ancien droit que les r-ois de France levoient
dans les villes, bourgs, évêchés, & abbayes, pôur
les indemniier des frais du voyage, paffage , ou fé-
jour qu’ils failoient fur les lieux.
Quand, les rois de la première race & quelques-
uns de la fécondé, voyageoient, ce qui leur arrivo4
G I T
fouvent, ils logeoient avec leur fuite pendant une
nuit, aux dépens des villes, des bourgs, & des villages
qui étoient fur leur route. On leur fourniffoit tout
ce dont ils avoient befoin, 6c ils étoient magnifiquement
défrayés ; car leurs hôtes ne manquoient jamais
d’y joindre au départ quelque préfent en argenterie.
Peu-à-peu cet établiffement devint un droit
ro y a l, qu’on nomma droit de gîte; 6c perfonne n’en
fut exempt. Jean le Goq rapporte un arrêt qui déclare
les villes données en doiiaire à la reine, fujettes
au droit de gîte.
Les évêques & les abbés payoient ce droit de gîte
pour la vifite de leur églife ; & quand nos rois fe dégoûtèrent
de mener une vie errante, ils continuèrent
d’exiger leur droit de gîte des évêques, des ab-
hés, 6c autres prélats. Lors même que ces évêques
6c abbés furent affranchis du fervice militaire , ils
refterent foûmis au droit de giVe.LouisVII. en exempta
la feule églife de Paris , en reconnoiflance de l’éducation
qu’elle lui avoit donnée.
Ce droit de gîte étoit fixé à une certaine fomme pour
chaque évêché ou abbaye, toutes les fois que le roi
venoit vifiter l’églife ou l’abbaye du lieu : p. ex. l’abbé
du grand monaftere de Tours étoit taxé à foixante
livres du pays ; abbas majoris monaflerii Turonenfis
débet unum giflum, taxatumfexagintalibras turonen-
fes y levandas quolibet anno , f i rex vfitàverit eccle-
fiam.
Quelques églifes s’abonnèrent à payer le droit de
gîte à une certaine fomme', foit que le roi vînt ou
non les vifiter; l’archevêque de Tours prit ce parti,
& compofa pour cent francs. Pafquier rapporte à ce
fujet un grand paffage qu’il a tiré des archives de la
chambre des comptes, 6c dont voici le précis : L. anno
Domini 12,82. y dominus P. Maseru, epifcopus Atrebatenfis
,pro jure procuradonis................. compofuit in
ducentis & quadraginta francis auri , franco fexdecim
Jolidorum, pro eo quod debebat ,* de quibus fatisfaclum ,
dominus Atrebatenfis habet penïsfe litteras regias, un a
cum litteris quitationis fecretariorum. Le latin de ce
tems-là n’eft pas élégant, mais le fens en eft clair.
Ce paffage dit qu’en 1382 l’évêque d’Arras traita à
deux cents quarante francs d’o r , chaque franc de
feize fous, pour ce qu’il devoit du droit de gîte; qu’il
paya cette fomme, en prit l’écrit du ro i, 6c quittance
de fes fecrétaires.
Ce même paffage nous apprend pofitivement que
le droit de gîte fubfiftoit encore en 1382. « Enfin, dit
» Pafquier en fon vieux gaulois, le tems a depuis fait
» mettre en oubli, tant les fervices militaires, que
» droits de gîte ; au lieu defquels on a introduit l’oc-
» troi des décimes fur tout le clergé, n’étant demeu-
» ré de cette ancienneté, que la preftation de ferment
» de fidélité au roi, qui doit être faite par tous les pré-
» lats de France, lors de leurs avénemens ». {D .J .)
G î t e s , f. m . p l. {Artmilit.) c e fo n t des p iè c e s d e
b o is d o n t o n fe f e r t p o u r la con ftru& io n d e s p la te s-
fo rm e s d e s b a tte rie s fu r le fq u e lle s 011 p o fe le s m a d
rie rs . Voye^ P l a t e - F o r m e . (Q )
G î t e , {Boucherie & Cuifine.) Le gîte eft le bas de
la cuiffe du boeuf ; on y diftingue trois parties, le bas
où eft le morceau à la noix, 6c le derrière du gîte;
la levée & le gîte à Fos.
GIVET, Givetum, {Géog.) petite ville de France
auxJPays-Bas,'divifée en deux par la Meufe, dont
l’une s’appelle Givet Saint-Hilaire, 6c l’autre, Givet
Notre-Dame; il y a de bonnes fortifications & de
belles cafernes, ouvrages du maréchal de Vauban.
Givet eft près de Charlemont, à neuf lieues fud-
oiieft de Namur, huit nord-eft de Rocroi. J-o/zg,.22d.
22'. latit; S od. N. {D. J .)
G IULA, Juliay {Géog.) ville forte de'la haute
Hongrie aux frontières de la Tranfylvanie ; elle fut
prife par les Turcs en 1566 : les impériaux la repri-
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rent en 1595, 6c la conferverent parle traité de Car-
lowitz : elle eft fur le Kérès blanc, à douze lieues
nord-eft d’Arad, douze fud-oiieft du grand Varadin.
Longit. 3 9 . 3 ^' lutit. 46'. 26. {D . J.)
GIUND-, (Géog.) ville d’Afie dans la grande Tar-
tarie au Turqueftan, vers le Sihon, qui eft le Jaxarre
des anciens: Abulféda lui donne y8d. 4'. de long, elle
a , félon quelques-uns,43d. 30 '. de latit. feptentrio-
nale, {D. J.)
G i v r e , ou Fr im â t , f. m. {Phyfique.) forte de
gelée blanche, qui en hy v e r , lorfque l’air eft froid
6c humide tout enfemble , s’attache à différens
corps, aux arbres , aux herbes, aux cheveux, &c.
Le givre ou frimât ne diffère pas effentiellement de la
gelée blanche proprement dite : ces deux congélations
fe reffemblent parfaitement, fe forment de la
même maniéré , 6c dépendent du même principe.
Ce qui, dans l’ufage, fert à les diftinguer, c’eft que
le nom de gelée blanche n’eft guere donné qu’à la ro-
fée du matin congelée; au lieu que ce qu’on appelle
givre doit fon origine non à la rofée du matin, mais à
toutes les autres vapeurs aqueufes, quelles qu’elles
foient ,qui réunies fur la furface de certains corps en
molécules fenfibles, diftinftes 6c fort déliées, y rencontrent
un froid fuflifant pour les glacer.
La formation du givre fuppofant toujours, comme
nous venons de le dire, la réunion du froid 6c de l’humidité,
on déterminera fans peine les circonftances
particulières dans lefquelles cette efpece de congélation
doit fe manifefter. Q u’un grand brouillard foit
répandu dans l’air & fur la furface de la terre, il
mouillera confidérablement la plûpart des corps fo-
lides expofés à fon aétion : fi l’on fuppofe en même,
tems dans ces corps un refroidiffement jufqu’au terme
de la congélation & au-delà, il n’en taudra pas
davantage pour glacer les particules d’eau répandues,
fur la furface de ces mêmes corps, & qui y font adhérentes.
Ces premiers glaçons attireront d’autres
molécules aqueufes qui perdront de même leur liquidité
, 6c ainfi de fuite ; tous ces petits, corps gelés
conftituent le givre. Cequ’on a dit ailleurs de la gelée
blanche proprement dite, qu'elle eft compofée de
particules d’eau glacées féparément , unies en un
corps rare & leger, formant des filets oblongs di ver*
fement inclinés ; tout cela trouve ici fon application» Hoyei G e l é e b l a n c h e .
Le givre s’attache aux arbres en très-grande quantité
; il y forme fouvent des glaçons pendans qui fatiguent
’beaucoup les branches par leur poids ; c’eft
que les arbres attirent avec beaucoup de force l’humidité
de l’air 6c des brouillards.
Les poils des animaux font de même très-fujets à
s’hume&er confidérablement à l’air libre : ainfi il
n’eft pas furprenant qu’en.certains pays le givre s’attache
fréquemment aux cheveux 6c au menton des
payfans & des voyageurs, aux chapeaux, aux fourrures,
aux crins des chevaux, &c. 11 faut remarquer
au fujet du givre qu’on apperçoit fur les hommes 6c
fur les animaux, que les particules d’eau auxquelles,
il doit fon origine, ne viennent pas toutes de l’at-
mofphere : les vapeurs aqueufes qu’exhalent les animaux
par la refpiration; fe glacent de la même maniéré
dans de femblables circonftances ; 6c ce qui le
prouve évidemment, c’eft que le givre s’amafte autour
de la bouche & des narines en plus grande,
quantité. Dans les villes, quand on voit fur les personnes
qui viennent de la campagne l’èfpece d’eau,
glacée dont il eft ici queftion, on dit communément
qu’il a tombé du givre; expreffion très-peu e x a â e ,
fi l’on entend par-là que les particules d’eau qui, com-
pofent le givre, fe font gelées dans l’air : on dit de la
même maniéré, il a. tombé de la gelée blanche. II ne faut
pas toûjours chercher dans le clifcours ordinaire la
précifxon des Mathématiciens.