Voyt^ ces articles. On glace les perfes, les indiennes,
les toiles peintes, &<.
Glacer, en terme de Confifeur, c’eft orner des
.plats de deffert d’une forte de garniture de fucre,
6c autres ingrédiens femblablès.
GLACER , terme de Tailleur , qui lignifie unir une
étoffe avec fa doublure , en y taillant d’efpace à autre
un bafti de foie ou de f il, afin qu’elles foient
plus unies enfemble & ne pliffent point.
GLACIAL, adj. ( Pkyjîq.) fe dit de ce qui a rapport
à la g lace, 6c fur-tout d’un lieu qui abonde en glace ;
ainfi nous appelions mer glaciale la partie de la mer
du nord qui eft pleine de glace. Les zones glacées ou
froides font appellées aufli quelquefois rynes glaciales.
Foye{ Froid , Glace & Glacé.
Plufieurs anciens n’ont pas cru que la mer pût fe
geler ; mais la mer Baltique & la mer Blanche fe
gelent prefque tous les ans, & les mers plus fepten-
trionales fe gelent tous les hyvers. Le Zuiderzée
même fe gele fouvent en Hollande.
Les fleuves du nord tranfportent dans les mers
une prodigieufe quantité de glaçons, qui venant à
s’accumuler, forment ces mafles énormes de glace
fl funeftes aux voyageurs ; un des endroits de la mer
glaciale où elles font le plus abondantes, eft le détroit
de Waigats qui eft gelé en entier pendant la
plus grande partie de l’anhée ; ces glaces font formées
des glaçons que le fleuve O by tranfporte prefque
continuellement. Elles s’attachent le long des
côtes, & s’élèvent à une hauteur confidérable dès
deux côtes du détroit : le milieu du détroit eft l’endroit
qui gele le dernier, & oit la glace eft la moins
élevée ; lorfque le vent celle de venir du nord, 6c
qifilfouflle dans la direction du détroit, la glace
commence à fondre & à fe rompre dans le milieu ;
ènfuite il s’en détache des côtes de grandes mafles
qui voyagent dans la haute mer.
Lès vaiffeaux qui vônt au Spitzbèrg pour la pêche
de la baleine, y arrivent au mois de Juillet, 6c
en partent vers le 1 5 d’Août. On y trouve des morceaux
prodigieux de glaces épaiffes de 60,70 & 80
braflës ; il y a des endroits où il femble que la mer
foit glacée jufqu’au fond ; ces glaces qui font élevées
au-deffus du niveau de la mer, font claires 6c lui—
fantes comme du verre.
Il y a aufli beaucoup de glaces dans les mers du.
Nord , de l’Amérique -, &c. Robert Lade nous aflïire
que les montagnes de Frifland font entièrement couvertes
de neige, 6c toutes les côtes de glace, comme
d’un boulevard qui ne permet pas d’en approcher.
» Il eft,dit-il, fort remarquable que dans cette mer
» on trouve des îles de glace de plus d’une demi-
rt lieue de tour extrêmement élevées, & qui ont 70
ou 80 brafles de ptofondeur dans la mer ; cette
>* glace qui eft douce eft' peut-être formée dans les
» détroits des terres voiflnes, &c. Ces îles ou mon-
» tagnes de glace font fi mobiles, que dans les tems
>i orageux elles fuivent la courfe d’un vaiffeau com-
» me fi elles étoient entraînées dans le même fillon ;
il y en a de fi groffes que leur fuperficié au-deffus
>y de l’eau furpaffe l’extrémité des mâts des plus gros
»navires, &c. » Voyt{ la traduction des voyages de
Lade , par M. l’abbé Prevoft, tome. I I . page 30S &
Jùivant'.
9 Voici un petit journal hiftorique au füjet des glaces
dé-la nouvelle Zemble. « Au Cap de Trooft le
» tems fut fi embrumé, qu’il fallut amarrer le vaif-
>> feau à un banc de glace qui avoit 36 brafles dé
»> profondeur dans l’eau, 6c environ 16 brafles au-
» deffus, fi bien qu’il avoit 52 brafles d’épaiffeur.
» Le 10 Août'les glaces s’étant fépârées, les gla-
>> çons confmencerent à flotter ; 6c alors on remar-
» qua que le gros banc de glace auquel-le vaiffeau
» avoit été ama rréfôuch oit au fond, parce que
>> tous les autres pafloient au long, 6c le heurtoïent
» fans l’ébranler ; on craignit donc de demeurer pris
» dans les glaces, & on tâcha de fortir de ce para-
» g e , quoiqu’en paflant on trouvât déjà l’eau prife,
» le vaiflèau faifànt craquer la glace bien loin au-
» tour de lui : enfin on aborda un autre banc où
» l’on porta vîte l’ancre de toiie, 6c l’on s’y amarra
» jufqu’au foir.
» Après le repas pendant le premier quart, les
» glaces commencèrent à fe rompre avec un bruit fi
» terrible, qu’il n’eft pas poflible de l’exprimer. Le
» vaiffeau avoit le cap au courant qui charrioit les
>* glaçons, fi bien qu’il faillit filer du cable pour fe
» retirer ; on compta plus de quatre cents gros bancs
» de glace qui enfonçoient de dix brafles dans l ’eau,
» & paroiffoient de la hauteur de deux brafles au-
>> deffus.
» Enfuite on amarra le vaiffeau à un autre banc
» qui enfonçoit de fix grandes brafles, 6c l’on y
» mouilla en croupiere. Dès qu’on y fut établi, on
» vit encore un autre banc peu éloigné de cet en-
» droit-là, dont le haut s’élevoit en pointe tout de
» même que la pointe d’un clocher, 6c il touchoit
» le fond de la mer ; on s’avança vers ce banc , 6c
>rl’on trouva qu’il avoit 20 brafles de haut dans
» l’eau, & à-peu-près 12 brafles au-deffus. '
» Le 11 Août on nagea encore vers un autre banc
» qui avoit 18 brafles de profondeur, 6c 10 brafles
» au-deffus de l’eau.
» Le 21 les Hollandois entrèrent affez avant dans
» le port des glaces, & y demeurèrent à l’ancre pen-
» dant la nuit ; te lendemain matin ils fe retirèrent,
» 6c allèrent amarrer leur bâtiment à un banc déglacé
»fur lequel ils montèrent, 6c dont ils admirèrent
» la figure comme une chofe très-finguliere ; ce banc
» étoit couvert de terre fur le haut, & on y trouva
» près de quarante oeufs ; la couleur n’en étoit pas
» non plus comme celle de la glace, elle étoit d’un
» bleu célefte. Ceux qui étoient là raifonnerentbeau-
» coup fur cet objet ; lés uns difoient que c’étoit un
» effet de la g lace, 6c les autres foûtenoient que c’é-
» toit une terre gelée. Quoi qu’il enfût,cebanc étoit
» extrêmement haut ; il avoit environ dix-huit braG
» fes fous l’eau, 6c dix brafles au-deffus. « Pag. 46"i
&C. iom. I . V y âge des Hollandois par le Nord.
"Wafer rapporte que près de la terre de Feu il a
rencontré plufieurs glaces flottantes très-élevées ,
qu’il prit d’abord pour des îles : quelques-unes , dit-
il , paroiffoient avoir une lieue ôü deux de long, St
la plus groffe de toutes lui parut avoir quatre ou cinq
cents piés de haut. Voyeç le voyage de V a fe t imprimé
à la fuite de ceux de Dampier, tom. IV.pag'.
3 04. Tout ceci eft tiré de YHiJl. naturelle, générale
& particulière, tome I.
Nous terminerons cet article par deux réflexions
fur les mers glaciales du nord 6c fur les mers glaciales
du midi ; ces obfer valions pourront être utiles
aux navigateurs.
On a cherché long-tenis, & l’on cherche encore
un paffage aux Indes par les mers du nord ; mais
dans la crainte d’un trop grand froid fi on s’appro-
choit trop du pôle, on ne s’eft pas affez éloigné des
terres, & on a trouvé les mers fermées par les glaces.
Il y a cependant apparence qu’il y a moins de
glace en plaine mer que près des côtes, parce qué
les glaces font apportées principalement par les fleuves.
Quelques relations affûrent d’ailleurs que des
Hollandois s’étant fort approchés du pôle, y a voient
trouvé une mer ouverte & tranquille, &: un air-
tempéré ; ce qui n’eft peut-être pas impoflible en
é té , à caufe de la préfence continuelle du foleil ali
pôle boréal pendant fix mois.
La fécondé obfervation regarde les mers glaciales
de l’hémifphere auftraL Les glaces, comme l’on fait,
commencent à paroitre dans ces mers beaucoup plus
près de l’équateur ; il y en a vers le cinquantième
degré de latitude, même au folftice d’é té, qui arrive
en Décembre pour cette partie de la terre : on
en a donné la raifon au mot Chaleur. Ce font ces
glaces qui empêcherent en 1739 M. Lozier envoyé
par la compagnie des Indes, de trouver les terres
auftrales qu’il cherchoit ; il y a apparence que fix,
femaines ou deux mois plus tard elles ne lui auroient
point fait d’obftacle : car comme le plus grand chaud
n’arrive prefque jamais dans nos. climats au folftice
d’été , mais fix femaines ou deux mois après (Voyeç
C haleur) , il y a apparence qu’il en eft de même
dans l’autre hémifphere, & qu’en Février la plus
grande partie des glaces de Janvier eft fondue. Viyc{
lettre fur le progrès des fciences par M. de Mauper-
tuis. (O)
Glaciale , (mer) Géog. partie de l’Océan fep-
tentrional, entre le Groenland à l’oiieft, 6c le Cap
glacé à l’eft. Par les nouvelles cartes de la Ruflie,
les côtes de cette mer font connues ; elle eft bornée
oiieft par le Groenland, fud par la mer du Nord,
par la Mofcovie, la Laponie , la mer Blanche & la
Sibérie, eft par l’île de Puchochotfch, au-delà de
laquelle elle fe joint avec la mer du Japon qui tient
à là mer du fud. Il y a long-tems que les Anglois &
les Hollandois cherchent vainement un paffage par
cette mer pour aller à la Chine 6c au Japon ; cependant
la nation angloife n’a point encore abandonné
ce projet : mais la quantité de montagnes de glaces
qu’on rencontre en tout tems dans cette mer, met
au fuccès d’une fi grande entreprife des obftacles
difficiles à vaincre. (D. ƒ.)
GLACIERE NATURELLE. ( i 7i/2. nat.) Parmi
les curiofités que la Franche-Comté offre aux natu-
raliftes, il en eft une très-digne de remarque ; c’eft
une efpece de glacière formée par la nature dont
voici la defcription. On la doit à M. le marquis de
Croifmare qui l’a faite fur les lieux en 1731.
A cinq lieues de Befançon à l’eft, dans un endroit
appellé Montagne près du village de Beaume,, on
trouve un petit bois, au milieu duquel on voit une
ouverture formée par deux mafles de rochers, qui
prenant leur naiffance à fleur-de-terre, conduifent
par une pente fort roide & longue de 72 toifes, à
l ’entrée d’une caverne dont le bas eft 146 piés au-
deffous du niveau de la campagne. Cette avenue
de rochers large d’abord de 48 piés fe réduit bientôt
à 36,puis s’élargiffant infenfiblement vient s’attacher
aux deux extrémités de la façade de la glacière ,
avec laquelle elle ne paroît plus faire qu’un corps
par la couleur & la difpofition de ces pierres. L’entrée
de la grotte large de 60 piés, & haute d’environ
80, eft couverte par deux lits de rocailles ho-
rifontaux, qui forment au-deffus de l’ouverture
deux efpeces de corniches ou corps avancés, coupés
quarrément, dont le plus, élevé eft le plus Taillant
, & eft furmonté d’un grand maflif de pierre
grifâtre coupé verticalement. On voit au-deffus
quantité d’arbres & d’arbuftes qui contribuent à entretenir
la fraîcheur de la glacière. Avant d’y entrer
on trouve à main droite une ouverture en forme
de fenêtre large de cinq piés, à demi-murée,
qui mene dans des concavités où l’on fe retiroit pendant
la guerre ; elles avoient un dégagement par le
dedans de la caverne, mais il eft prefque bouché
par des morceaux de pierre & de glace.
La grotte ^élargit pour prendre la figure d’une
ovale irrégulière, difpofée de façon qu’une extrémité
de fon grand diamètre fe rencontre dans fon entrée ;
elle a 13 5 piés dans fa plus grande largeur, & 1 6 8 de
longueur: cette ovale avant de fe terminer décrit un
cabinet ou cul-de-lampe large de ,27 piés & long
de 48. Dans la première partie le roc s’élève tout
Tome V U s
autour verticalement comme une muraille , à la
hauteur d’environ 30 piés, &.foûtient une voûte
élevée de 80 piés : la pierre du mur eft affez unie,
tirant fur le verd, & couchée par lits parallèles en-
tr’eu x , mais inégaux ; celle de la voûte,' quoique
très-brute, préfente cependant à l’oeil une courbe
fort agréable ; on y voit à droite une ouverture longue
, étroite 6c profonde, mais qui ne donne point
de jour ; les bords font ornés de feftons de glace, &
il en découle fans ceffe de l ’eau goutte-à-goutte, qui
fe réunifiant dans le bas de la grotte commence à
y former un corps glacé qui peut avoir 30 piés da
diamètre : on trouve aufli fur la gauche en entrant
une femblable maffe de glace, mais plus petite, l’eau
n’y tombant pas en fi grande quantité , 6c ne fortant
de la voûte que par des fentes ou veines qui ne font
point fenfibles. Ces deux mafles de glace étoient
autrefois d’une grande élévation, & Tormoient des
colonnes qui dans l’été touchoient au haut de la ca>-
verne ; mais la glace manquant dans Befançon, ces
colonnes furent détruites en 17x7 pour l’ufage du
camp de la Saône.
Le fol ou le bas de la grotte eft d’un roc affez uni,'
& entièrement couvert de glace épaiffe d’environ
un pié 6c demi ; mais au mois d’Août fon épaiffeur
peut être de quatre ou cinq piés. Ce plancher glacé
remplit tout l’efpace que décrit l’ovale dont il a été
parlé, 6c vient fe terminer à l’ouverture du cul-de-
lampe , où l’on monte par un talus de fix piés : le
dedans eft en voûte, & paroît d’un feul morceau de
roc ; la voûte prend fa naiffance dès le pié ; la pierre
en eft fort belle, une partie eft d’un rouge-brun clair,
& l’autre d’un bleu-pâle ; 6c tout paroît comme des
reftes d’une fculpture antique 6c ulëe, entre-coupée •
par des bandes vermiculées. On voit dans le haut une
petite crevaffe dont il tombe de l’eau, qui forme peu-
à-peu un corps de glace femblable aux premiers.
Le deffus de la grotte eftunterrein allez uni, fec,
pierreux, fans eau, couvert de beaucoup d’arbres,
& de niveau avec le refte du bois.
En hyver une partie de la glace fe fond, la grotte
femble fumer, & f e couvre d’un brouillard très-
épais qui la dérobe à la vûe ; mais aufli-tôt que
la chaleur fe fait fentir , la glace augmente ; ce
brouillard fe difîipe prefqu’entierement, 6c il ne refté
qu’une legere vapeur à l’entrée de la glacière. La
glace de cette grotte eft fenfiblement plus dure que
celle des rivières ; elle eft mêlée de moins de bulles
d’air, & fe fond plus difficilement.
Un coup de piftolet tiré dans la caverne y fait
un bruit confidérable ; mais il faut faire cette expérience
avec la précaution de ne pas s’expofer à la
chûte de la glace qui eft attachée à la voûte de la
grotte, de même que les ftalaôites de glaçons qui
pendent le long des toîts en hyver.
Il régné dans cette grotte ou glacière un froid très-
v if ; 6c quoique l’air extérieur fut affez chaud dans
le tems de ces obfervations, l’auteur fut obligé de
les interrompre plufieurs fois pour fe réchauffer.
Le prince de Montbéliard eft feigneur de ce canton.
Pour y aller de Befançon, on paffe à Maure,
de-là à Nancré, puis à Bouclan , enfuite à Goüffan
qui n’en eft éloigné que d’une grande lieuë : on les
fait à pié le chemin étant plus long 6c rude pour les
voitures.
Voilà l’état où étoit cette glacière naturelle en
17 3 1 , tems auquel elle fut examinée par M. le marquis
de Croifmare : on en avoit avant lui donné une
defcription beaucoup moins détaillée dans les mé±
moires de Vacadémie royale des Sciences , annee ip iz .
Au refte il paroît que cette glacière a éprouvé des
changemens confidérables par rapport à l’afpeft
qu’elle préfentoit, mais non par rapport au phénomène
fingulier qui la cara&érife.